Notre force intérieure est notre plus grand médecin ! Interview d’Alexandre Ferrini, réalisateur du film “Vivante !”

Happinez : Ce film se présente dans la lignée de Régénération. Pourriez-vous nous rappeler le propos de ce premier opus ?

Alexandre Ferrini : En biologie, il existe des principes de santé, et je pourrais même dire des principes du vivant dont j’ai cherché à comprendre les mécanismes et leur réalisation pratique… Dans Régénération, j’ai eu à cœur d’explorer le principe de l’homéostasie, qui est la recherche de l’équilibre de nos fonctions biologiques. Aujourd’hui, la théorie est là, mais il manque encore sa mise en application dans notre mode vie en général (éducation, agriculture, santé). L’homéostasie, c’est la recherche permanente et infinie d’un écosystème. Ce principe nous explique que tout être vivant tend à chaque instant vers son équilibre. Cet élan est inconscient, vital et puissant. Le seul rôle que nous avons afin de le favoriser est de limiter les perturbateurs pour faciliter ce mouvement vers notre équilibre. Il s’agissait donc dans Régénération de faire une grande enquête des perturbateurs possibles de notre santé : les émotions, les relations humaines, la nourriture, la qualité de l’eau et de l’air, le rapport au temps et au stress etc. L’homéostasie, c’est l’art de la non-intervention, du laisser-faire, de la foi envers le vivant ! On l’a vu avec le premier confinement, lorsque l’on enlève un élément perturbateur (l’agitation humaine) d’un écosystème (la planète),  le vivant retrouve sa verdoyante puissance… Force est de constater la même chose avec le corps humain.

 

Qu’est-ce que le principe de l’hormèse et qu’est-ce qui vous a amené à vous y intéresser ?

L’hormèse est un principe qui nous explique comment un écosystème peut se renforcer. Il nous invite à pratiquer “l’inconnu et l’inconfort” dans notre vie afin de garder notre système immunitaire alerte, et ainsi le renforcer. Il redéfinit la définition même de santé communément admise dans les cercles universitaires. Aujourd’hui à l’hôpital, la santé est corrélée à l’absence ou à la présence de symptômes. Si tu as beaucoup de symptômes, ta santé est considérée comme fragile et vice-versa. En médecine traditionnelle, comme en naturopathie, le symptôme n’est pas considéré comme une chose à abattre, mais comme étant l’effort que fait le corps afin de retrouver son équilibre. Ainsi, en cherchant à solliciter de manière positive son organisme (principe de l’hormèse) en se confrontant à un stress intense, de courte durée et choisi (eau froide, jeûne sec intermittent, sport de haute intensité, respiration en hypo ou hyper ventilation…) suivi d’un temps de repos qui est en réalité un temps d’intégration du stress subit, alors le corps gagne en amplitude et se transforme pour pouvoir être mieux armé la prochaine fois qu’il rencontre ce type de stress. Nous voyons notre vitalité globale augmenter, nos cellules apprenant à faire “plus et mieux” avec moins de ressources. Et c’est tout notre métabolisme qui y voit des bénéfices. On accède ainsi à une meilleure version de soi-même au niveau physiologique, émotionnel et mental. Mais l’hormèse est aussi une philosophie de vie basée sur le mouvement et l’inconnu. Je m’intéresse à ce principe car, aujourd’hui, on voit bien les limites des dogmes et des habitudes confortables. L’important n’est pas d’oublier ce que le vivant est capable de faire en nous. Car avec la force de l’habitude, petit à petit, la mémoire s’efface, c’est la force d’un dogme ! On a désormais l’habitude que nos enfants aillent à l’école pour “apprendre”, d’utiliser des pesticides afin que nos légumes “poussent”, d’avoir recours à nos médicaments pour se “soigner”. Et s’il existait des voies plus sages ? Mes films, Régénération, Notre révolution intérieure, En liberté et Vivante ! cherchent à remettre notre pouvoir à l’intérieur, à nous permettre de retrouver en nous cette confiance en la capacité du vivant à se soigner de lui-même, d’un enfant à apprendre par autodétermination et des jardins à pousser sans roundup !  Je crois qu’il est temps pour notre espèce de se rappeler qu’elle fait partie de la grande famille du vivant et que les principes de l’hormèse ou de l’homéostasie, sont présents en elle.

 

En quoi l’exemple de Wim Hof illustre-t-il bien le principe de l’hormèse ? 

Wim Hof a fait ce beau travail de se plier à la science pour prouver à notre monde moderne, si attaché aux chiffres et aux études, la puissance de l’hormèse. Il a permis de démocratiser cette philosophie. Il s’est fait injecter un virus, a plongé dans l’eau gelée, a traversé un désert, est monté au sommet de l’Himalaya. Il nous a réellement permis d’augmenter notre connaissance du corps humain. Cette vie de recherche fait suite à un drame familial : il s’est retrouvé seul avec ses 4 enfants. Il a eu le choix entre sombrer ou se relever. Il exprime bien le fait que ce n’est pas ce qu’il est qui le rend plus fort mais ce qu’il fait ! Ainsi, le chemin que Wim nous invite à prendre est un chemin où, consciemment, l’humain se replace dans son environnement naturel en arrêtant, par exemple, de fuir le froid mais de découvrir une relation plus amoureuse avec lui, de même pour la nourriture ou la gestion de nos émotions. Ne plus choisir le confort en permanence afin d’améliorer son corps, c’est vraiment ce principe qu’il démontre au travers de sa vie, de son hygiène de vie et de ses expériences dont l’exposition au froid, la plus célèbre, l’a fait connaître et dépasser beaucoup de records mondiaux.

 

Pourquoi le principe de l’hormèse n’est-il pas davantage préconisé par les représentants de la médecine classique ?

La médecine a construit toutes ses vérités sur un paradigme qui est totalement différent des principes biologiques que j’étudie dans mes films Régénération et Vivante !. J’ai, moi-même dans ma famille, des médecins, et malheureusement, ils ne s’intéressent pas vraiment à tout ça. Ils sont dans l’anti-symptôme à fond et ne cherche pas à gérer le problème à sa source. Nos médecins et nos universités ont encore une vision très particulière de la santé où l’humain n’est pas responsable. Ils remettent la faute sur les probabilités, l’hérédité, les virus, les microbes et le hasard. Pourtant il n’y a rien de hasardeux dans le fait de développer telle ou telle pathologie. Qu’en est-il de l’implication de notre hygiène de vie ? Notre environnement ? La gestion de notre stress, la qualité de notre sommeil ? Prenons enfin en considération les avancées en épigénétique et arrêtons de nourrir les grosses firmes pharmaceutiques qui s’intéressent avant tout à la santé de leur portefeuille plus qu’à celle des personnes qui se soignent. Le fait de retirer à l’Homme la responsabilité de sa santé permet de le rendre dépendant des traitements et protocoles de l’hôpital. Et c’est ici que mes films entrent en action, car ils interpellent l’être humain sur les causes du mal et surtout sur la manière d’agir en conscience dessus. Rien de magique ou de sorcier, nos anciens l’avait déjà compris. La médecine moderne est une médecine d’urgence. Comme tous nos métiers modernes, nous faisons tout avec un sentiment d’urgence qui fonctionne plus ou moins sur le court terme. La médecine est très mécanique et, comme un garage automobile, ouvre le corps et remplace des pièces, extrait ce qui ne va pas et referme le tout, sans forcément chercher à comprendre ce qui a entraîné le désordre responsable du “mal a dit”. En rien elle ne soigne. Elle inhibe le problème, le soustrait tout en croisant les doigts pour que le corps soit assez fort pour se relever… Et il l’est, jusqu’à un certain point ! C’est ainsi que certaines personnes ayant une vitalité forte peuvent bien vivre une chimio ou un autre traitement “anti-vie” (antibactérien, anti-inflammatoire, etc.) tandis que d’autres s’écroulent face à ce genre de processus. Ainsi, notre vitalité est intimement liée à notre temps de régénération : plus notre vitalité est grande et plus le retour à la santé sera rapide et donc plus les symptômes de régénération seront aigus. Plus notre vitalité est faible et plus notre chemin sera long. Mais la direction est toujours la même : La vie !

 

Quels seraient vos conseils pour appliquer ce principe dans notre quotidien ?

La première chose : no stress. Chacun peut y aller à son propre rythme.  La santé n’est pas affaire de rendement mais de libre expression des mécanismes de notre corps qui parlent au travers de nos gestes quotidiens. Prenons la respiration, le froid, le jeûne intermittent, le sport… Bref, se lancer dans des habitudes saines qui viennent bouger nos liquides, et qui font respirer nos tissus. Mettons en mouvement notre corps, rendons-lui ses lettres de noblesses en lui donnant tout ce dont il a besoin. Notre alimentation n’a pas besoin d’être parfaite, mais nous pouvons choisir d’améliorer sa qualité dans nos choix de consommation. Passons un maximum de temps dehors, jeûnons de manière intermittente de temps à autre pour venir soutenir et laisser au repos notre système digestif ultra-sollicité par les pollutions des aliments produits de manière moderne. Il y a tant à faire ! Vous savez, dans notre France contemporaine, nous avons une vision allopathique de la santé et nos chercheurs n’ont plus le réflexe de s’intéresser à tout le savoir et les expériences récoltées par nos anciens. Alors qu’en Chine ou en Inde, par exemple, les médecins classiques et traditionnels travaillent ensemble. Un jour, j’ai rencontré un chaman qui m’a raconté que la peur était la façon qu’avait trouvé notre âme pour nous guider. Là où je ressens la peur viscérale de faire quelque chose, je dois y aller ! Pas toutes les peurs évidemment, mais la majorité nous montrent le chemin. Aujourd’hui, nous vivons des vies confortables d’un point de vue extérieur, mais où se trouve la richesse dans une existence métro-boulot-dodo, dans laquelle, trop souvent nous sommes déconnectés de nos envies et de nos désirs profonds ? La première raison à cela est que nous voyons nos peurs, mais que nous ne les comprenons pas forcément. À la peur du manque d’argent, par exemple, nous préférons trop souvent réagir par la sécurité que par l’audace… Pourtant, une fois que la machine est lancée, la vie ne nous laisse jamais tomber. Nous remettre en mouvement dans le courant de la vie ! Nous remettre à marcher vers nos rêves et vers notre légende personnelle. Redresser la tête et nous découvrir beaucoup plus grand que ce qu’on croyait être ! Partir de cette société qui a banni le risque au prix des assurances. À force de vivre sans risque on vit sans vivre ; la vie est un risque et c’est une chance de s’en rappeler !

 

L’Homme peut-il se réconcilier avec la nature ? Sa course au “progrès” ne l’en a-t-elle pas déjà trop éloigné ?

Je pense que l’humain ne doit pas chercher à se réconcilier avec la Nature avant de le faire avec lui-même. Ce monde où règnent la peur, la compétition, la comparaison… Ce monde qui détruit le vivant… Ce monde construit de toutes pièces par l’humain est en train de se retourner contre lui. Le pouvoir que nous laissons à la société est un pouvoir que nous avons abandonné en nous-même. Petit à petit si nous retrouvons une autonomie spirituelle, émotionnelle, et plus prosaïquement alimentaire et quotidienne, notamment dans notre maison (chauffage, eau, électricité…), alors nous concrétiserons une réconciliation avec la Nature en agissant en conscience et en pensant à notre influence sur elle. J’ai le sentiment que l’humanité en est au stade de l’adolescence. Elle teste ses limites :

  • Puis-je survivre si mon air est de mauvaise qualité ?
  • Si mon eau est polluée ?
  • Si ma nourriture est ultra-transformée ?
  • Si mes émotions ne sont jamais libérées ?
  • Si mes relations avec les autres ne sont pas saines ? 
  • Si je ne dors plus ? 
  • Si je me drogue ? 
  • Si je mets un masque toute ma vie ? 
  • Si j’aseptise tout mon environnement ? …

Je reste positif et je souhaite ardemment qu’un éveil de masse se fasse sur les réalités que nous vivons tous actuellement. Il est temps de nous secouer assez fort pour que nous puissions entreprendre avec joie sans demeurer plus longtemps dans la passivité de la peur.

 

Pour visionner le film en VOD : https://vimeo.com/ondemand/vivante/379086340

 

Propos recueillis par Aubry François

 

 

 

 

Pour s’élancer avec confiance et optimisme vers une humanité durable

Happinez : Qu’est-ce que l’humanité durable ?

Marie-Cassandre Bultheel : Nous sommes tous plus ou moins familiers avec la notion de développement durable, c’est-à-dire répondre à nos besoins sans compromettre ceux des générations futures. C’est une façon d’organiser la société de manière à lui permettre d’exister sur le long terme. Je pense qu’il faut aller plus loin dans notre réflexion. L’humanité durable est la préservation, mais aussi la coexistence harmonieuse, des êtres humains entre eux et avec le vivant. Nous ne pouvons créer des solutions durables avec le même état d’esprit à l’origine des maux que nous connaissons aujourd’hui. Nous devons grandir en conscience et développer une perception plus holistique de notre expérience humaine. Il est temps d’établir une éducation positive de l’être. Nous avons appris à avoir et à faire avant de bâtir les fondations nécessaires à notre existence harmonieuse sur Terre. Cette décennie est celle de l’humanisme responsable qui replace l’Homme au sein du vivant. Le développement personnel est une forme d’activisme et avant tout notre responsabilité.

Comment est né votre intérêt pour l’être humain et cette nécessité pour lui de trouver une place harmonieuse au sein du grand Tout ?

Petite déjà, j’étais exploratrice de la vie. J’avais un besoin insatiable de poser des questions existentielles et d’essayer de comprendre le monde qui m’entourait. Je lisais beaucoup de livres de développement personnel que Maman, naturopathe et énergéticienne, laissait traîner. Je n’avais pas de rêve de statut social ou de travail précis en tête, si ce n’est écrire. Je voulais explorer, comprendre et transmettre. Et surtout, j’avais envie de créer un impact positif sur le monde mais la montagne semblait trop haute. J’ai commencé avec l’état d’esprit de vouloir changer le monde pour finalement comprendre que le monde sur lequel j’avais le plus d’influence est ma réalité intérieure. Ma mentalité a changé, je suis passée de “réaction” à “action”. Je me suis étudiée, j’ai appris à désapprendre pour ouvrir le champ des possibilités. Quand on travaille sur soi, on se rend vite compte de la complexité du chemin, mais aussi de sa beauté. Notre champ de vision s’ouvre pour laisser place à plus de paix, d’amour et de joie. L’envie de transmettre vient naturellement quand on comprend le mensonge collectif de séparation, de contrôle et de peur dans lequel nous baignons tous. Quand on aperçoit l’autre réalité, notre enthousiasme est tel que l’on souhaite passer le message.

Pouvez-vous partager avec nous l’une des sept racines du bien-être que vous présentez dans votre livre ?

Parlons du bonheur ! Le contexte actuel est le terrain propice pour se poser la question – qu’est qui me rend heureux ? Notre monde souffre en ce moment, nous sommes désorientés et anxieux quant à l’avenir. De grands idéaux sont tombés cette dernière décennie, notamment celui qui consistait à croire que l’argent fait le bonheur. Ce dicton n’est pas une invitation au rejet, mais à la réflexion afin d’établir une relation plus saine avec ce moyen d’échange. Notre situation d’aujourd’hui diminue notre consommation et notre rapport au matériel est durement affecté. Je le perçois comme une possibilité de renouer avec les fondations indispensables au bonheur, investir de nouveau dans la richesse de l’immatériel : le rapport harmonieux à soi, aux autres et à la nature – source de bien-être.

Comment conserver son optimisme face à l’état du monde ?

Nous vivons une illusion collective : celle du temps linéaire et de la séparation. Le changement est perçu comme une source de malheur, la vie est un combat et le temps qui passe nous amène vers la mort. Quand la vie est là, elle est, quoi qu’il arrive, source d’angoisse et de mal-être. Si l’on se détache de la notion purement fonctionnelle du temps, alors nous sommes arrivés, il n’y a pas de destination si ce n’est le moment présent. Prendre conscience que chaque instant est la Vie. Chaque instant n’est pas contre nous, mais pour notre évolution, alors ce besoin de contrôle, d’anticipation de la réalité et de jugement se dissout. En pratique, comment fait-on ? On laisse la place à une autre perception des choses. Nos certitudes et conditionnement nous emprisonnent, nous devenons pessimistes. On peut faire le choix de devenir plus conscient de nos actes afin de choisir sa vie et non la subir.

 

Propos recueillis par Aubry François

Visuel © Jeremy Bishop / Unsplash

 

 

Les conseils santé du Dr V. : Faire la paix avec l’étranger

L’étranger est radicalement autre. C’est l’enfant qui naît, un voisin, un migrant. Considéré comme un « semblable », il perd son altérité ; on l’envisage à partir de nous-même et on lui ôte, au passage, tout ce qui fait de lui un être autonome (mystérieux… effrayant). L’étranger, c’est l’animal. Domestiqué, parqué dans un zoo, nous ne le craignons plus. C’est l’insecte nuisible, envahisseur incontrôlable qu’on éradique. L’étranger, c’est l’être imperceptible qui laisse des traces dans le réel : un dieu, un esprit, un mort, un monstre sous le lit : d’emblée confinés à l’intérieur de l’individu, ces « produits de notre imagination » restent inoffensifs. Et enfin, invisible, incontrôlable, surgit l’étranger mal intentionné par excellence : le virus.

Nous sommes programmés pour nous méfier de l’étranger. Or, dans tous les textes fondateurs, l’étranger est là pour nous apprendre quelque chose : il nous enrichit depuis sa différence, il sait ce que nous ignorons. Ce virus étranger nous met sous le nez une vérité vieille comme la mort : nous sommes impuissants à maîtriser le vivant. Et plus on empêche le vivant de vivre sa vie, plus il devient imprévisible, plus il nous fait peur, plus on le persécute… cercle infini.

Je crois que l’idéologie humaniste – l’humain et ses « semblables » sont au centre et à la source de tout – a fait son temps, et déjà trop de ravages. Ce virus nous offre l’occasion inespérée d’expérimenter un autre mode relationnel, fondé sur l’écologie. Regardons de plus près une forêt tropicale, ou même un lopin de terre en permaculture : chaque organisme y est une ressource irremplaçable, un puits de connaissance et de savoir-faire uniques. Chaque être y a une place, et se relie à l’autre sur le mode de la négociation. Je sais, ce mot n’est pas séduisant, mais l’autre terme, harmonie, me paraît encore hors de notre portée. En fin de compte, tout est peut-être une question de perception, d’espace et d’organisation.

Je vous prescris donc ce mois-ci un test. Si une mouche vous dérange, offrez-lui, sur une parcelle de votre espace, quelque chose dont elle aurait besoin, en échange de votre tranquillité (ça marche aussi avec les fourmis, les rats, les voisins).

Bon rétablissement,

Dr. V

Participez au congrès virtuel Surdouessence, dédié aux hauts potentiels, les 14 et 15 novembre 2020

Happinez :  Qu’est-ce qui relie (puis, à l’inverse, différencie) les surdoués et les hypersensibles ?

Alban Bourdy : Il faut tout d’abord bien s’entendre sur les mots, parce qu’on a affaire à de plus en plus d’amalgames terminologiques. On dit normalement de quelqu’un qu’il est surdoué suite à un test de Q.I. (WAIS, ou WISC pour les moins de 16 ans) qui a révélé un score égal ou supérieur à 130 sur l’échelle de Wechsler. On dit d’un surdoué qu’il est un HPI (personne à Haut Potentiel Intellectuel), ou encore, pour les plus neutralistes, un HQI (personne à Haut Quotient Intellectuel). On parle là d’une proportion de la population d’entre 2 et 3 %. Un hypersensible, ou HPE (personne à Haut Potentiel Émotionnel), est une personne qui réagit sensitivement et émotionnellement bien plus que la moyenne. On parle là d’une proportion de la population aux alentours de 30 %. Afin de déterminer l’hypersensibilité d’un individu, il existe bien le fameux test d’Elaine Aron ou d’autres questionnaires de ce type, mais il s’agit là surtout d’indicateurs, il n’y a rien qui soit universellement reconnu comme déterminant.

De l’opinion majoritaire, tous les surdoués sont hypersensibles. L’hypersensibilité serait une caractéristique du haut potentiel. Cela s’expliquerait par une intensité électrique dans le corps plus importante allant de pair avec un fonctionnement cognitif, sensoriel et nerveux amplifiés. Il serait effectivement assez logique que tout soit lié, tout fonctionnant dans un ensemble. Toutefois on observe qu’il y a beaucoup plus d’hypersensibles que de surdoués, c’est donc qu’on peut très bien être HPE sans être HPI. L’hypersensible non-HPI se retrouve beaucoup dans le fonctionnement du surdoué, mais il ne partage pas avec lui la vitesse de raisonnement et la précocité intellectuelle (souvent spectaculaire dans la petite enfance).

 

Vous organisez un congrès virtuel à la mi-novembre. Quels sont les grands moments qui vont rythmer cette rencontre ?

Ce congrès virtuel, organisé par l’équipe suisse de Surdouessence, propose sur le week-end des 14 et 15 novembre 2020, 10 conférences, 1 atelier, et 2 tables rondes.

Comme moments phares de ce programme, je citerais :

– L’intervention conjointe, le samedi 14 à 09h30, de Saverio Tomasella (docteur en psychologie clinique) et Yor Pfeiffer (auteur-compositeur-interprète et écrivain, artiste zèbre) pour une conférence de cœur à cœur sur la sensibilité avantageuse, avec instants musicaux.

– L’atelier de Daphnée Boulogne (coach, diplômée de l’ESSEC), à 13h20 le dimanche, pour booster la confiance en soi.

– L’intervention, à 15h15 le dimanche, de Monique de Kermadec, Ph. D., qui a soutenu le projet Surdouessence lorsqu’il n’était encore qu’une idée dans ma tête et un élan dans mon cœur. Monique de Kermadec répondra aux questions des participants lors de ce temps d’échange.

– Les deux tables rondes, le samedi à 16h30 et le dimanche à 16h, qui réuniront tous les intervenants du week-end ainsi que quelques personnalités supplémentaires.

Avec pour thématiques l’hypersensibilité, le haut potentiel et l’autisme, on ne peut rêver mieux pour créer de grands moments lors de cette rencontre que de pouvoir compter sur la présence de Saverio Tomasella, Monique de Kermadec et Josef Schovanec.

On peut réserver pour le programme entier, ou bien seulement pour une, ou quelques, conférence.s. Les tables rondes sont en accès gratuit dès lors que l’on s’inscrit à une conférence du programme. Tous les horaires que j’indique sont à l’heure d’Europe centrale, mais le congrès est bien entendu accessible dans le monde entier, d’autant qu’après le direct, où s’offre la possibilité d’interagir, toutes les interventions sont visionnables à volonté au minimum jusqu’au 31 décembre 2020. Vous trouverez le programme complet, ainsi que la page d’inscription, sur le site surdouessence.ch

 

Auriez-vous l’exemple de trois personnalités (HPI ou HPE) qui vous ont particulièrement marqué et qui participent à l’événement ?

Saverio Tomasella. Pour la deuxième édition du salon Surdouessence, j’invite donc Saverio Tomasella, dont je viens de finir la lecture d’À fleur de peau. Je ne le connais pas du tout, nous ne sommes nullement en connexion. Je l’invite, comme je le fais souvent, par Facebook avec un petit message. Les jours passent, pas de réponse, ce n’est pas tout le monde qui lit les messages par Facebook des non-amis et je finis par faire le deuil de sa participation. Et juste quelques jours avant l’événement, miracle, il me répond et dit oui ! J’étais dans la voiture avec la secrétaire de l’association Surdouessence lorsque j’ai lu sa réponse, nous passions sur une voie ferrée, tout mon corps a été parcouru d’un frisson délicieux. J’ai été béat tout le long du trajet, après avoir rapidement repensé le programme pour lui faire une place. Il arrive que l’on puisse être déçu de faire la connaissance personnellement de quelqu’un pour qui on s’est pris d’affection via ses ouvrages. Avec Saverio, c’est loin d’être le cas, au contraire, plus je le connais et plus je l’affectionne. Il est de ces êtres avec qui être en contact fait fleurir le cœur. Ce qu’il instaure humainement dans les conférences qu’il a proposées à Surdouessence est d’une qualité exceptionnelle, les assistances d’une centaine de personnes se transforment en familles de cœur. Il est un phare pour tous les hypersensibles, une personne comme je n’en connais pas d’autres au monde, d’une chaleureuse simplicité déconcertante et d’un optimisme inaltérable.

– Daphnée Boulogne. Je l’ai rencontrée au salon Surdouessence de Nanterre en avril 2018, elle était participante. Elle est de ces gens que je remarque au milieu d’une foule parce qu’on la dirait nimbée d’une pureté et d’une lumière un peu surnaturelles. Elle porte un éclat particulier, et une personne à qui je l’ai présentée m’a fait part d’un ressenti similaire sans que je lui aie fait état du mien. Je suis toujours ô combien admiratif de ces personnes qui osent vivre dans la vérité de leur sensibilité et qui portent une telle force de vie communicative. Diplômée de l’ESSEC, Daphnée a fermé son cabinet de conseil en recrutement et tourné le dos à une vie toute tracée pour suivre la voie de son hypersensibilité. Devenue coach certifiée et membre de l’EMCC (Conseil Européen du Coaching, du Mentorat et de la Supervision), elle accompagne avec dynamisme et une infinie douceur ses homologues hypersensibles.

– Christine Leclerc-Sherling. J’ai rencontré Christine il y a à peine un an et elle a pris beaucoup d’importance dans le projet Surdouessence. Elle partage ma démarche à un point inespéré, la côtoyer ravive la flamme de toutes mes aspirations trop vite découragées par le passé. Elle a amené au projet de l’équilibre, de l’assise, et aussi des étoiles. J’admire son énergie positive, sa capacité de travail herculéenne, son équilibre entre sérieux et légèreté, son multiculturalisme dirigé vers la construction de ponts, son ambition tenace d’œuvrer à contribuer au mieux dans le monde, sa présence vibrante tellement présente, sa capacité de dévouement à servir les missions qu’elle s’est choisies. Sa formation en psychologie glanée aux quatre coins du monde lui confère une acuité rare, une vision circulaire  et fraternelle. Son esprit libre, créatif et ultrasensible est un bel exemple de haut potentiel épanoui.

 

Étant vous-même surdoué, pourriez-vous nous raconter votre histoire ?

J’avais 5 ans lorsque le mot “surdoué” m’est tombé dessus, devenant une identité de substitution. On m’appelait de partout “le surdoué”, étant le seul identifié ainsi dans tous les établissements scolaires que j’ai fréquentés, le seul dans ma famille et le seul dans le quartier où je vivais (il a d’ailleurs fallu attendre l’année de mes trente ans pour que je rencontre quelqu’un qui me dise qu’il avait été “diagnostiqué” surdoué lui aussi). Enfant, et encore adolescent, il arrivait fréquemment que des personnes, que je ne connaissais pas et qui ne connaissaient pas mon nom, me montrent du doigt en disant aux personnes avec eux : “c’est lui, le surdoué“. On m’a fait passer le test de Q.I. à mon entrée au C.P. parce qu’on s’est rendu compte avec ébahissement que je savais déjà lire et écrire sans n’avoir jamais rien fait pour apprendre (cela faisait deux ans que je savais lire, mais le personnel de l’école maternelle ne s’en était jamais rendu compte). Le fait que je sois “surdoué” expliquait aux yeux du personnel de mon école primaire que j’aie su lire et écrire spontanément, et point barre. Il n’y avait aucune autre explication ou aménagement. On m’a fait passer directement dans la classe supérieure, le CE1, mais je m’y ennuyais tout autant. Un ennui qui s’est prolongé tout au long de ma scolarité chaotique à laquelle j’ai mis un terme un peu avant d’avoir seize ans. J’avais une boulimie d’apprendre que je ne pouvais assouvir que chez moi avec des livres. Je me suis toujours senti en grand décalage avec le contexte scolaire, et ça n’est pas allé en s’arrangeant en devenant adulte. J’attendais pourtant avec impatience de devenir adulte, depuis l’âge de trois ans je me sentais comme un adulte dans un corps d’enfant et je souffrais de n’être pas pris au sérieux quand je me trouvais plus crédible et réfléchi que la grande majorité des adultes que j’observais. Je souhaitais ardemment être une fille, je ne me sentais bien qu’avec les filles, j’étais très précoce dans le domaine sentimental, les garçons m’horripilaient, et j’avais en horreur ce diktat de “t’es un garçon, alors sois fort et con !” que je percevais partout. J’étais vraiment mal avec mon apparence et ce corps dont je ne comprenais pas l’existence, trop focalisé sur mon activité cérébrale. Ma grande émotivité m’a fait échouer à tous les entretiens d’embauche que j’ai passés, à l’exception d’un pour un centre d’appels où j’étais sorti le meilleur à l’écrit et où on m’a repêché pour cela. J’ai toujours vécu dans un décalage assez abyssal avec le monde environnant. Adulte, je me sens comme un enfant dans un corps d’adulte. J’ai apprivoisé ce décalage tout d’abord par l’écrit, mon moyen de communication le plus naturel, en écrivant de nombreux ouvrages de différentes natures. La communication orale était un gros problème lorsque j’étais adolescent et jeune adulte, parce que, quand quelqu’un me parlait, j’étais assailli d’une part par l’émotion, et de l’autre par une multitude de réflexions générées, me venaient une grande quantité de réponses possibles, cela était tellement dense dans ma tête que quand ma bouche s’ouvrait les mots se bousculaient… et rien ne sortait. Paradoxalement, je m’exprimais avec aisance sur des scènes de théâtre. La communication orale privée a mis longtemps à s’ajuster, je l’ai apprivoisée petit à petit, puis à vitesse grand V à partir du moment où j’ai accepté ma grande émotivité.

 

Quelles sont les récentes découvertes des neurosciences à ce sujet ?

Au sujet de l’hypersensibilité, à ma connaissance, les seules études scientifiques menées sur le sujet sont l’œuvre des équipes d’Elaine Aron, docteure américaine en psychologie clinique. Les résultats récents de ces études sont intéressants. Il a été découvert notamment qu’il existait chez les animaux aussi une proportion d’hypersensibles, une proportion semblable à celle observée chez les humains.

Pour ce qui est du haut potentiel intellectuel, j’ai eu la chance de pouvoir consulter en exclusivité de récents résultats d’études américaines dont les rapports n’ont pas encore été traduits en français. N’étant pas de formation scientifique, je ne peux me prononcer sur la validité ou non des protocoles utilisés, mais ces études ont observé un flux électrique cérébral plus marqué et plus rapide chez les sujets surdoués. Les résultats de ces études ont aussi semble-t-il démontré l’arborescence, en montrant le trajet d’activité neuronale. On constate sur les sujets étudiés qu’un souvenir, ou une question, suscite chez les non-HP un trajet “éclairant” des zones selon une trajectoire unique, tandis que chez les HP cela se démultiplie de façon assez anarchique, “éclairant” toutes sortes de zones. Parfois la trajectoire est dans les deux cas d’un même point A à un même point B, mais chez le sujet non-HP le chemin utilisé a été le chemin le plus droit tandis que chez le sujet HP on a fait des détours et des boucles en tous sens (mais attention, sans pour autant perdre du temps, au contraire en allant plus vite, jusqu’à douze fois plus vite).

 

Quels seraient vos conseils à tous ceux qui vivent ces spécificités au quotidien et qui se sentent submergés ?

La règle fondamentale me semble être celle des 3 A : s’accepter, s’accueillir, s’aimer. Cela paraît souvent difficile, voire insurmontable, mais s’y atteler sérieusement en vaut, ô combien, la peine.

Jusqu’à mes 30 ans, j’étais totalement paralysé par cette hypersensibilité. Les regards extérieurs me renvoyaient que mes réactions étaient inappropriées, stupides, voire monstrueuses, et, adoptant cette optique, je m’embourbais. Quand je sentais l’émotion monter très fort, ou que je réagissais très fort à un stimulus d’un de mes sens, cela me faisait de plus en plus paniquer et ce stress venait dilater énormément la réaction en elle-même. Ma jeunesse a été dévorée de l’intérieur par le stress. Ce que j’aurais souhaité, c’est que l’on vienne me dire que ce que je ressentais était normal, que je n’étais pas le seul dans ce cas, et que je n’avais pas en avoir peur, bien au contraire. C’est ce message d’apaisement qui est le ciment de ce que je transmets dans l’ouvrage « Lettres à un jeune zèbre » (Rosso éditions).

Lorsque j’ai pris connaissance pour la première fois des ouvrages qui s’écrivaient sur l’hypersensibilité et le haut potentiel, j’ai d’un seul coup vu mes réactions autrement. Le pouvoir libérateur en a été immense, j’ai shifté d’un coup ! Je me suis mis à ne plus voir cela comme quelque chose à combattre, mais comme quelque chose à accueillir pour apprendre à composer avec. Ma vie a incroyablement changé, brutalement. J’ai, petit à petit, expérimenté de nombreux aspects positifs de mes particularités. Le fardeau est devenu trésor. C’est la volonté de communiquer ce miracle intérieur qui m’a poussé à faire des conférences sur mon parcours et à créer Surdouessence.

 

Au quotidien, les “conseils” que je partagerais sont :

– Lorsqu’on se sent trop submergé (de pensées ou d’émotions), favoriser le retour sensoriel au corps. Par exemple en se touchant tendrement les poignets, la nuque ou les tempes. Ces contacts rassurent, adoucissent et permettent un recentrage, un rééquilibrage. Pour les pensées, c’est aussi une chose très efficace de porter sa concentration dans ses pieds. On s’allège alors en portant la concentration et l’énergie ailleurs que dans la zone en surchauffe.

–  Écrire, ou parler à voix haute si l’écriture n’est pas quelque chose de naturel pour soi. Ne pas avoir peur de parler tout seul si on n’a personne de disponible pour nous écouter. Il faut exprimer tout ce que l’on a sur le cœur, même si ça semble irrationnel à notre raison. Il est bon de mettre des mots sur ce que l’on ressent, sur ce qui nous submerge, on désamorce souvent beaucoup de choses rien qu’en faisant ça. On s’en faisait toute une montagne, mais bien délimité et exprimé par des mots, cela s’avère, d’un seul coup, beaucoup moins compliqué. Et le fait d’avoir nommé ce qui nous taraudait change notre perspective, on l’a un peu apprivoisé. Il ne faut pas garder les choses à l’intérieur, nous sommes des éponges et il faut prendre soin de nous presser, souvent, avec délicatesse, pour nous épurer. L’écriture et la parole profonde et authentique sont de bons moyens de maintenir la pureté de notre cœur et le bon fonctionnement de notre mental, de notre part émotionnelle et de notre système nerveux.

– Se rassurer, par des gestes et des paroles, et ne jamais se laisser figer par la peur. Pour une raison étrange, notre bonheur se cache souvent derrière la porte que l’on a le plus peur d’ouvrir. Oser, sans forcer, en se faisant confiance, en écoutant l’intuition dont nous sommes dotés.

– Prendre soin de soi constamment avec la même attention que l’on peut avoir pour ses enfants. La créature que nous sommes est comme notre premier enfant, si nous ne veillons pas sur elle avec amour et douceur, nous ne serons plus en état d’accomplir ce que nous voulons accomplir dans la vie. Si l’on ne prend pas soin de soi, on ne peut ni efficacement ni longtemps prendre soin des autres. Cette prise de conscience est particulièrement essentielle pour les haut-potentiels, lesquels sont souvent perfectionnistes et peu indulgents avec eux-mêmes ; ils aimeraient que leur corps puisse suivre l’hyperactivité de leur cerveau.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Visuel © Danielle MacInnes / Unsplash

Portrait © Léa Barré

 

 

Partez à la découverte de votre singularité dans le Bazar du zèbre à pois de Raphaëlle Giordano

À quoi fait référence le titre de votre roman ?

Le Bazar du zèbre à pois est le nom de la boutique qu’ouvre mon personnage principal, Basile. Il ne s’agit pas d’une boutique ordinaire, mais bel et bien d’une boutique “d’un troisième type”, comme il n’en existe pas… Car Basile est un étonnant inventeur, pas un inventeur de concours Lépine, mais un inventeur d’objets provocateurs… d’émotions, de sensations, de réflexions ! Des objets tout sauf utiles qui font du Bazar ce qu’on appelle, dans cette étrange période, une boutique “non essentielle”. Et pourtant. À travers ses inventions, Basile va venir réveiller en nous la part sensible, intuitive et créative. Il nous embarque dans son univers plein d’émotions et de poésie qui redonne à l’ordinaire ce supplément d’âme si précieux, et vient toucher en nous peut-être justement “un essentiel”. Ce roman, à sa manière, fait l’éloge de la “singularité qu’on porte en soi”. C’est une invitation à découvrir ce qui fait de chacun de nous un être unique, et à s’affirmer dans ses talents spécifiques. Quand j’ai cherché un symbole graphique fort pour incarner la notion d’atypisme et de singularité, j’ai d’abord songé au zèbre, déjà incroyable avec ses rayures ! Mais les “pois” renforcent encore le concept. Je me suis demandé comment faire vivre à mon lecteur ce cheminement intérieur pour trouver sa singularité. Alors, je me suis amusée à le mettre dans la peau de mon inventeur, dans la tête d’un explorateur, d’un esprit libre qui ose, invente et entreprend… Basile, ce personnage de zèbre qui s’affirme tel qu’il est et a réussi dans la vie sans rien renier de son originalité, c’est un modèle inspirant, je trouve. Les zèbres, c’est ainsi qu’on appelle aujourd’hui les personnes dites “à haut potentiel”, des personnalités souvent perçues comme singulières, avec une forme de surdouance et de sensibilité exacerbée. Pas forcément plus intelligentes, mais plutôt intelligentes “autrement”. Nous vivons dans un système qui privilégie encore beaucoup la normo-pensée et les capacités du cerveau gauche : réflexion, pragmatisme, esprit rationnel, performance, parce que c’est rassurant et quantifiable. Le quotient intellectuel est encore mis sur un piédestal. Pourtant, le quotient émotionnel témoigne d’une autre forme d’intelligence tout aussi précieuse, si ce n’est plus. Je me plais à dire que Basile est un ambidextre du cerveau. Lui a réussi à “décloisonner son esprit” et sait utiliser les pleines capacités de ses deux hémisphères. Ce qui lui a permis de déployer d’incroyables potentialités et de se donner “une autre dimension d’être”.

 

Y a-t-il un fossé entre les personnes considérées comme “normales” et les autres, ces fameux zèbres ?

Pour moi, il n’y a pas de fossé. Nous avons tous deux cerveaux à disposition, donc, a priori, tous la possibilité d’en exploiter les potentialités. Seulement, dans la pratique, on retrouve d’un côté les personnes qui, par nature, intuitivement, ont appris à se servir du potentiel de leur cerveau droit, et de l’autre des personnes qui ont ces capacités mais n’en ont pas toujours conscience ou n’ont pas appris à les utiliser. Quand nous étions petits, nous avions tous l’incroyable énergie de “l’enfant libre” qui explore le monde sans se mettre de freins ou de limites. L’enfant libre, ce sont vraiment les caractéristiques fondamentales de l’esprit créatif : beaucoup de spontanéité, une créativité foisonnante, et surtout une ouverture d’esprit non limitée par un esprit critique envahissant. En grandissant, nous passons ensuite tous par un système éducatif qui, en posant ses règles et ses normes, nous fait parfois perdre contact avec cette partie de nous. L’adulte normatif a repris le dessus et avec lui beaucoup d’injonctions, de croyances limitatives, sur ce qu’il faut, ce qui doit être fait… Bien sûr que le cadre et les normes sont importants pour structurer. C’est quand ils nous enferment que cela pose question. L’esprit créatif, c’est apprendre à sortir du cadre pour mieux y revenir, le temps de trouver des idées et des solutions en élargissant ses points de vue.

 

Quelles sont les conditions nécessaires pour permettre à ce quelque chose qui nous rend unique d’éclore ?

Pour moi, chacun de nous est un être singulier et il est tout à fait passionnant de se mettre en chemin pour trouver sa véritable essence. C’est comme s’il s’agissait de retrouver son ADN, ce qui caractérise notre être profond. Je me suis amusée à me servir du sigle ADN comme moyen mnémotechnique. A : s’Affirmer dans sa singularité. D : Développer ses talents et compétences spécifiques. N : Nourrir sa confiance en soi, en acceptant sa singularité qui est un mélange de forces et de vulnérabilité. J’ai la conviction qu’en faisant ce travail sur soi, cela va permettre de mettre à jour qui on est vraiment puis de chercher cet endroit “bon pour soi”, où l’on aura le sentiment d’être dans la bonne activité, le bon environnement, entouré des bonnes personnes. C’est en réunissant toutes ces conditions que l’on va pouvoir donner le meilleur de soi. Mieux on se connaît, mieux on connaît sa manière de fonctionner, ce qui nous ressource, ce qui nous motive ou au contraire ce qui plombe nos énergies, plus on se donnera toutes les chances de réussir à s’épanouir dans ses projets. “Trouver sa place” comme on dit, cela implique bien sûr de se mettre en mouvement car les réponses ne tombent pas du ciel. Mais le jeu en vaut tellement la chandelle !

 

Comment définiriez-vous l’“audacité”, concept important dans votre roman ?

Vous connaissez mon amour pour l’invention de mots concepts ! L’audacité est le petit dernier ! Concept clé de voûte de mon roman Le Bazar du zèbre à pois. J’y prône la notion d’audace. L’audace, c’est un élan extraordinaire, c’est cette énergie qui vous porte et vous pousse à oser. Mais elle n’est pourtant pas tout à fait suffisante si elle s’arrête là. C’est pourquoi j’ai ressenti le besoin d’y rajouter la notion de ténacité. Car sans persévérance, je crois que beaucoup de projets n’iraient pas au bout. Essayer, réessayer, recommencer, ne jamais baisser les bras. C’est cela l’audacité. Ce n’est pas une méthode, c’est une énergie et une philosophie. La philosophie du zèbre ! L’audacité, c’est la pensée hors du cadre, oser changer de point de vue, sortir du conformisme, des sentiers battus. Bien sûr, cela suppose de quitter sa zone de confort, alors précisément ce n’est pas toujours très confortable au départ. L’idée est donc de le faire progressivement sans pour autant tomber dans la zone de panique : un changement trop brutal et radical serait un sabotage ! Certes, il est important de ne pas avoir froid aux yeux, mais le courage d’oser est différent d’une intrépidité irraisonnée qui conduirait à l’échec. Pour moi, l’important dans l’audacité, c’est d’envisager deux phases : celle de l’exploration où on laisse librement toutes les idées émerger – cela correspond, en technique de créativité, à la divergence – et une seconde phase où l’on sélectionne les idées selon des critères plus rationnels, où on pourra étudier la faisabilité du projet et mettre en place des stratégies de moyens.

 

Votre roman évoque également notre rapport avec les autres, un peu mis à mal par la crise sanitaire actuelle. Comment retrouver, selon vous, ce lien, malgré une année qui nous a séparés ?

Le contexte, depuis plusieurs mois, aura été très pénible et compliqué. Il aura plutôt poussé au repli sur soi et pas tellement à sortir de sa zone de confort, et pourtant… Face à cette forme d’adversité, nous avons deux choix de postures : soit rester dans l’énergie de la peur et nous recroqueviller, entretenir la morosité et la négativité ; soit choisir la posture, lucide sur les difficultés, mais décidé à agir pour aller dans le meilleur sens. Mon roman prône l’ouverture sous toutes ses formes. Ouverture d’esprit, ouverture des possibles, ouverture des idées et des solutions. Combien d’exemples avons-nous vus, pendant cette crise sanitaire, de personnes qui, grâce à leurs idées et à leur élan positif, ont réussi à générer des projets porteurs de sens et fédérateurs ? Dans ma vie, la créativité a toujours été un levier puissant pour m’en sortir et rebondir. Et dans la créativité, il y a aussi l’idée de cocréation. Tout seul, on ne va pas très loin. Quand on est ensemble, il se passe vraiment des choses. C’est encore une fois une vision du monde : soit on joue la méfiance, la mauvaise compétition, soit on croit en la cocréation, aux rencontres-silex, on joue la carte du “être ensemble”, on compose avec les talents, on fait de nos différences une richesse. Cette année, nous aurons été certes souvent physiquement séparés mais peut-être qu’enfin on s’est tous un peu plus sentis appartenir à la même planète ! Ce qui est dommage, c’est d’attendre les situations de crise pour comprendre qu’on fait partie du même bateau. Pour moi, le meilleur de l’humain se révèle dans la mise en commun des idées, des énergies et de tout ce qui va dans le sens du progrès. Dans le Bazar du zèbre à pois, j’ai imaginé un rôle de protagoniste qui s’est perdu dans un mode de pensée un peu trop étriqué qui l’a coupé du chemin du bonheur. Mais qui finira par comprendre, au contact de mes drôles de zèbres, qu’en décloisonnant les esprits, on recommence à penser et à rêver plus grand ! On a tous la capacité de devenir inventeurs de notre vie. Cette flexibilité, cette ouverture d’esprit, cela passe par de la transmission, de l’éducation. Ce n’est pas encore au programme dans les écoles d’aujourd’hui… peut-être une discussion à ouvrir du côté des ministères ? (rires)

 

Propos recueillis par Aubry François

Photographie Melania Avanzato

 

 

Dans son nouveau livre “La posture juste”, Thierry Janssen nous montre le chemin vers la paix, la confiance et l’unité

Happinez : Que doit-on comprendre dans l’idée d’une posture juste ?

Thierry Janssen : Il est important de faire la distinction entre les notions de justice et de justesse. La justice se définit par rapport à des lois qui entendent faire respecter le droit de chaque individu au sein d’une organisation sociale où la distribution des rôles a été convenue en vertu d’un projet commun. Elle sanctionne celui qui ne respecte pas les lois et elle demande réparation pour celui dont les droits n’ont pas été respectés. La justesse, quant à elle, est ce qui rend une personne ou une chose parfaitement adaptée à une situation donnée. Justice et justesse sont liées à l’intuition qu’il existe une vérité supérieure, un bien indiscutable. Le tout est alors de tenter de comprendre quelle est cette vérité, quel est ce bien. Nous avons tendance à affirmer que le bien est ce qui nous fait du bien – ce qui participe à notre confort et à notre survie. Lorsque la conscience s’éveille en nous, nous comprenons que le bien suprême est la Vie – ce qui participe au plein épanouissement de la Vie en nous et autour de nous, au maximum d’équilibre et d’harmonie.

La plupart du temps les décisions et les actions qui permettent de s’adapter parfaitement à une situation ne respectent pas forcément l’équilibre et l’harmonie de tout ce qui existe. Ce qui est juste pour certains ne l’est pas forcément pour d’autres. La justesse est donc une notion très relative. Toutefois la conscience éveillée nous montre qu’il existe une justesse absolue. On pourrait dire que la posture vraiment juste est l’attitude qui permet de s’adapter aux situations en agissant dans le respect de l’équilibre et de l’harmonie de la Vie en nous et autour de nous. Cette posture est à la fois énergétique, psychologique et physique. Être à ce niveau de justesse demande d’oublier notre intérêt personnel pour nous mettre au service de plus grand que nous, au service de la communauté des êtres humains, au service de tous les êtres vivants, au service de la nature dans son entièreté, en respectant la loi du moindre mal, en essayant d’abîmer le moins de potentiel et de vitalité en nous et autour de nous.

 

Quelle est selon vous la raison des crises individuelles et collectives que nous vivons ?

Toute crise comporte le danger de ne pas identifier les causes qui nous ont plongés dans le chaos et donc de nous y enfoncer plus profondément. Cependant, toute crise comporte aussi l’opportunité de comprendre ces causes et, de ce fait, d’assumer notre responsabilité en agissant autrement pour sortir du chaos et trouver un nouvel équilibre. Encore faut-il comprendre quelles sont les causes des crises auxquelles nous sommes confrontés.

Dans La Posture juste, je montre que le fonctionnement de notre personnalité est à l’origine de la plupart des crises auxquelles nous sommes confrontés. En effet, qu’elles soient physiques, psychologiques, sociales, économiques ou écologiques, les crises individuelles ou collectives sont le résultat des déséquilibres et des tensions créés par nos egos qui se croient séparés des autres et de leur environnement. En fait, tout vient de nos comportements névrotiques.

 

Qu’est-ce qu’un comportement névrotique ? Pourquoi avons-nous tant de mal à les modifier ?

La névrose – au sens où j’en parle dans le livre – est un processus qui met en place des comportements de survie destinés à nous éviter d’avoir à revivre les traumatismes et les peurs de notre enfance. Ces comportements ont la particularité de recréer ce qu’ils étaient censés nous permettre d’éviter. Ainsi, par exemple, notre peur de perdre le lien avec autrui nous amène à développer des stratégies pour ne pas perdre la connexion quitte à rechercher une fusion avec l’autre; à la longue ce dernier n’a pas d’autre choix que de s’éloigner de nous pour retrouver un peu de liberté et nous sommes alors confrontés à la perte de lien tant redoutée. La logique névrotique est implacable. Elle nous oblige à quitter l’illusion de nous croire séparés des autres et de notre environnement. C’est comme si la Vie, à travers la répétition de traumatismes et donc des crises de notre existence, nous amenait à refaire en conscience l’unité qui est son essence. Car la Vie n’est qu’au travers des liens sains et des interactions justes qui l’animent. Plus nous dépassons notre névrose, plus nous sommes en phase avec la Vie, ajustés à ce dont elle a besoin pour s’épanouir pleinement en nous et autour de nous.

Ce n’est pas simple car, à force de se répéter, nos comportements névrotiques finissent par être des conditionnements profondément inscrits dans les mécanismes de survie de notre cerveau reptilien. Nous avons beau nous raisonner, la volonté ne suffit pas. Nous nous croyons libres mais nous ne le sommes pas vraiment. Nous retombons facilement dans les pièges de nos conditionnements. La psychologie cognitive et comportementale affirme que l’on peut reprogrammer le cerveau en se remettant en situation, en conscientisant nos croyances et en choisissant d’expérimenter d’autres réponses. Personnellement, j’ai constaté que ce processus de libération est plus facile et plus rapide lorsque le corps est impliqué. Car chaque blessure, chaque peur induit des mouvements énergétiques accompagnés d’émotions qui se manifestent dans le corps. Souvent ces émotions sont inhibées dans les contractures musculaires qui changent la posture corporelle.

 

« Mieux qu’aimer ou ne pas aimer, soyons l’amour »

 

Comment mettre en place les conditions favorables afin que notre conscience puisse s’éveiller ?

La conscience peut s’éveiller en nous lorsque le mental est suffisamment apaisé. Le mental est l’ensemble des capacités cognitives produites par l’activité du cerveau. Le mental pense. La conscience ne pense pas, elle constate, tout simplement. La conscience dont il est question ici n’est pas la conscience intellectuelle qui permet de mettre des mots sur les expériences que nous faisons. Elle est ce que j’appelle dans le livre “la pure conscience”. Cette notion est difficile à appréhender par la neurologie ou par la psychologie qui s’intéressent à la conscience comme un produit de l’activité cérébrale. Elle ne peut se comprendre qu’au travers de l’expérience contemplative, lorsque le mental est profondément désactivé. Le meilleur moyen d’apaiser le mental est la méditation. Ainsi, pour répondre à votre question, les conditions les plus favorables pour que la pure conscience puisse s’éveiller en nous est de méditer régulièrement. Je dirais même de vivre notre existence comme une méditation dans la constatation et l’accueil inconditionnel de ce qui est.

 

Quelles sont les voies d’apprentissage proposées aux élèves de l’École de la Présence thérapeutique ?

L’École de la Présence thérapeutique (EDLPT) accueille des professionnels de la relation d’aide et de soin ainsi que d’autres personnes qui ont toutes l’intention de révéler ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain et de se mettre au service de la Vie qui est en nous et autour de nous. Pour y parvenir, nous leur enseignons deux “outils”.

Le premier de ces outils est contemplatif : il s’agit d’une méditation que nous appelons la “plongée dans le silence intérieure”, dont la particularité est d’impliquer une profonde détente corporelle et mentale obtenue par l’ouverture du cœur. Il n’est pas seulement question de cultiver des pensées bienveillantes (ce qui est encore de l’ordre du mental) mais de détendre la poitrine et d’ouvrir le cœur physiquement, énergétiquement, de façon véritablement tantrique. Le tantra est constitué d’exercices physiques et méditatifs destinés à éveiller la conscience de l’énergie et stimuler l’énergie de la conscience. L’effet sur l’apaisement du mental est très puissant, il facilite grandement l’éveil de la pure conscience.  Cette pure conscience que nous pouvons appeler “l’esprit” (en français on confond souvent l’esprit avec le mental, c’est une erreur, en anglais le mental est le mind, l’esprit est le spirit). Ce premier outil d’éveil de la conscience est donc un outil spirituel.

Le second outil est psychologique. Il s’inscrit dans la lignée du travail psychocorporel développé dans les années 1930 par Wilhelm Reich, élève et dissident de Sigmund Freud, et plus tard par Alexander Lowen et John Pierrakos. Cette approche permet de percevoir les mouvements énergétiques qui accompagnent nos comportements névrotiques, d’identifier les changements de posture physique et psychologique liés à ces comportements, et, le cas échéant, d’opérer en conscience les ajustements qui permettent de revenir à ce que nous appelons “la posture juste”, cette posture à la fois énergétique, physique et psychologique qui permet de nous adapter aux situations en agissant dans le respect de la Vie en nous et autour de nous.

Cette approche autant psychologique que spirituelle révèle l’essentiel de l’être et transforme profondément la vie personnelle et professionnelle des élèves. Je suis très admiratif de constater l’engagement et le courage de toutes ces personnes qui viennent à l’EDLPT suivre le programme proposé sur trois ans. Cela me donne une grande confiance en l’être humain.

 

Quel message adresseriez-vous aujourd’hui à l’humanité pour qu’elle prenne pleinement acte des défis qui sont les siens dans cette première partie de 21e siècle ?

Je ne crois pas aux discours, aux idées prêchées, aux idéologies imposées. Je ne crois qu’aux actes concrets, à la puissance de notre présence. « Soyons le changement que nous souhaitons voir dans le monde » disait le Mahatma Gandhi. Nous voulons un monde plus juste, plus vivant et plus aimant. Alors adoptons une posture vraiment juste, soyons pleinement vivants, sans peur, avec confiance et joie, et aimons, acceptons ce qui est, ne le nions pas. Mais accepter ne signifie pas se résigner. Faisons quelque chose de plus juste, de plus vivant et de plus aimant avec ce qui est. Mieux qu’aimer ou ne pas aimer, soyons l’amour.

 

Y-a-t-il un enseignement précis à tirer de la crise de la Covid-19 ?

Cette crise sanitaire aujourd’hui planétaire m’apparait d’abord comme une crise de civilisation. J’ai bien dit “de civilisation”, c’est bien plus profond qu’une crise de société. Deux visions de la Vie et du monde se rencontrent et s’entrechoquent. D’un côté, il y a ceux qui, totalement pris dans les conditionnements de leur mental, considèrent la Vie comme dangereuse, refusent l’idée même de la mort et espèrent contrôler la Vie à l’aide de la technologie, quitte à s’empêcher de vivre pleinement et joyeusement. De l’autre, il y a ceux qui, en contact avec le silence et la paix de la conscience, acceptent la Vie telle qu’elle est, considèrent que la mort fait partie de la Vie au même titre que l’existence, font confiance aux ressources de bonne santé qui sont en nous et s’inquiètent lorsque la vitalité est brimée et la joie disparaît.

Ce que nous vivons est énorme, inévitable. Le monde qui nous attend est très différent de celui dans lequel nous avons vécu jusqu’ici. J’espère que La Posture juste guidera nos pas sur le chemin qui nous y conduit. C’est pour cela que j’ai créé l’EDLPT et écrit ce livre.

Pour suivre l’entretien live de Thierry Janssen et Nathalie Cohen, organisé par les éditions L’Iconoclaste et Happinez, sur le thème “Le sens des crises de l’existence : une occasion unique de se réajuster à la vie”, rendez-vous le jeudi 10 décembre 2020 à 20h sur Facebook : https://www.facebook.com/events/209108237389905?active_tab=about

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Thierry Balasse

 

 

 

 

Guérissez vos souffrances émotionnelles en pratiquant l’EFT par vous-même !

Happinez : Qu’est-ce que l’EFT ? 

Agnès Bévierre : L’EFT – Emotional Freedom Techniques ou Techniques de Libération Emotionnelle – est une technique innovante de gestion du stress et de l’anxiété, de traitement de petits ou gros traumatismes émotionnels, de phobies, d’addictions, de douleurs, de blocages au changement. On peut dire que c’est une pratique ”psychocorporelle”, “psycho” parce qu’il s ‘agit de s’exposer, comme dans les TCC – Techniques Cognitivo Comportementales – en pensant à notre problème ou évènement, et “corporelle” car nous stimulons certains points d’acupuncture très précis sur notre corps avec le bout des doigts. Ces points spécifiques se situent à l’extrémité de méridiens énergétiques, utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise, qui date de plus de 5000 ans. En se reconnectant à l’émotion douloureuse liée au problème ou à l’évènement, et simultanément au calme par la stimulation des points, on désactive l’alerte qui était enregistrée dans notre cerveau jusqu’à maintenant. Nous déprogrammons alors le fonctionnement inapproprié, d’où la notion de libération émotionnelle.

 

Quels sont les bienfaits de cette pratique ?

L’EFT a de nombreux bénéfices, tant au niveau émotionnel, physique, psychique, qu’énergétique. Pour avoir réalisé plusieurs milliers de séances dans mon cabinet, je peux témoigner de l’efficacité et de la rapidité avec lesquelles les personnes voient leur vie changer. Pour illustrer ces propos, je vous donne quelques exemples de cas traités.

Marie, phobique des araignées, était incapable de se rendre en Australie où « il pleut des araignées » dit-on, pour rendre visite à son fils. Une séance a suffi à la libérer définitivement.

Christine, qui souffrait de douleurs intenses causées par une fibromyalgie, et qui était suivie par le centre anti-douleur du CHR, a vu baisser leur intensité dès la 1ère séance, et après quelques séances à travailler sur l’évènement déclencheur, a pu reprendre son travail à temps partiel et des activités qu’elle ne pouvait plus se permettre jusque-là.

Antoine, cadre supérieur, était au bord du burn-out. Il était investi dans son travail, reconnu, et quelque peu perfectionniste. Il estimait lui-même ne jamais en faire assez, ou que ce n’était jamais assez bien et s’épuisait à faire en sorte que tout soit parfait. En séance, nous avons retrouvé un évènement où il avait subi, enfant, une humiliation que nous avons traitée. Il a pu aborder ses journées ensuite de manière sereine.

 

Peut-on s’y exercer seul ? Ne vaut-il pas mieux faire appel à un professionnel ?

Ce qui m’a attirée dans cette technique, en dehors des preuves scientifiques, de l’efficacité et de la rapidité, c’est qu’elle s’utilise de manière autonome par tous. Je donne aux personnes que je reçois une fiche qui reprend les 15 points précis à stimuler et la démarche simplifiée. Cela leur permet de pratiquer autant de fois qu’ils le souhaitent, chaque fois qu’ils en ont besoin, pour traiter toutes les petites contrariétés du quotidien ou un manque d’énergie. Les enfants adorent cette technique qu’ils trouvent ludique, rapide et efficace. Certains adolescents accrochent la fiche dans leur chambre et s’y adonnent régulièrement, tellement ils en sentent les bienfaits.

Cependant, pour les personnes qui auraient vécu un stress intense, un accident, une agression, un deuil, voire des abus, un attentat ou une guerre, il est recommandé de faire appel à un professionnel qui va savoir contenir l’émotion et accompagner la personne à son rythme pour se libérer de la charge émotionnelle.

Vous pouvez trouver une liste de praticiens bien formés sur le site www.ifpec.org.

 

Auriez-vous un exercice à partager avec nous ?

Je vous en propose un facile qui est lié à une peur, plus ou moins intense, ressentie par 75% des personnes : celle de parler en public.

Disons que vous avez à intervenir devant une assemblée, que vous vous imaginez perdre vos moyens, ne plus savoir où vous en êtes, et vous vous voyez arrêter de parler au beau milieu de votre discours. Intéressant, non ?

Commencez par la phrase de préparation en stimulant le tranchant de la main.

« Même si je ressens de la peur quand je pense aux regards des participants qui attendent que je continue ma présentation, je m’accepte complètement tel que je suis. »

Continuez ensuite par les “phrases de rappel”, phrases courtes qui vous permettent de rester centré sur l’aspect du problème à traiter, et stimulez une dizaine de fois chaque point indiqué. Vous pouvez ajouter ce qui vous vient à l’esprit pendant que vous “tapotez”, à condition de rester centrer sur le même moment.

ST (sur la tête) : « tous les participants me regardent »

DS (début du sourcil) : « je suis confus, je ne retrouve pas mes idées »

CO (coin de l’œil) : « je suis ridicule »

SO (sous l’œil) : « tout le monde attend la suite »

SN (sous le nez) : « j’ai du mal à respirer »

ME (menton) : « mes mains tremblent »

SC (sous clavicule) : « je ne sais plus ce que je dois dire »

SS (sous les seins) : « tous ces regards sur moi »

SB (sous les bras) : « j’ai peur »

PO (Pouce) : « je ne suis pas à la hauteur »

IN (Index) : « je ne devrais pas être là »

MA (Majeur) : « je me sens nul »

AU (Auriculaire) : « je ne vais pas y arriver »

PK (Point karté) : « les autres y arrivent, pas moi »

PG (Point de Gamme) : « j’ai peur »

Reprenez jusqu’à ce que l’intensité de l’émotion soit descendue à 0 ou proche de 0.

 

Visuel © Marionel Luciano / Unsplash

 

 

Prenez part au Sommet virtuel “Entrepreneuses du Nouveau Monde”, du 26 au 30 octobre 2020

Engagées, courageuses, passionnées, spirituelles, elles livrent, à travers leurs témoignages et partages d’expériences, les clés d’un partenariat au féminin centré autour des valeurs du cœur.

Parmi elles : Mélissa Carlier (kinésithérapeute et fondatrice de Cyclointima®), Mai-Lan Ripoche (guerrière pacifique, coach et conférencière), Maëva Morin (professeure de yoga, auteure et créatrice de malas talismans), Alice Torquet (créatrice d’une agence de voyage pour aller à la rencontre des peuples premiers), Juliette Siozac (fondatrice des ateliers pour enfants de Mon Moment Magique), DocLaLuna alias Nathalie Geetha Babouraj (docteur en médecine à l’origine de l’Institut de Santé Intégrative), et bien d’autres.

Organisé par la business coach holistique Vanessa Fourcaudot, cet événement gratuit a pour objectif d’offrir l’inspiration, les prises de conscience et les conseils pratiques dont les femmes ont besoin pour découvrir, elles aussi, leur possible contribution unique au monde, en alignement avec leurs valeurs. « J’espère que ce sommet sera un encouragement, une rampe de lancement, vers la transformation intérieure exaltante qu’est la voie de l’entrepreneuriat. Une invitation à se mettre en action maintenant, sans attendre de se sentir prête. » explique Vanessa.

Pour en savoir plus ou vous inscrire : www.entrepreneuses-du-nouveau-monde.com/

Portrait © Eva Bigeard Photographie

 

Les conseils santé du Dr V. : Réconcilier la vie et la mort

Je suis sidérée de voir à quel point ces deux-là se sont désimbriquées : dans toutes les bouches, sur toutes les ondes, la mort se présente comme un événement problématique, anormal, étranger. Vous ne trouvez pas ça fou ? En l’espace d’un siècle, les corps froids ont quitté nos foyers, les cimetières nos centres-villes, la mort elle-même est devenue rupture : là où elle était intégrée aux mouvements de la vie, et, d’une certaine manière, facile, elle est aujourd’hui extraordinaire. Exclue de nos sociétés marchandes dont la seule compétence est d’organiser les vivants (en bonne santé), la mort est inacceptable. Privées de mythologie, de récits familiaux, de rituels, nos mœurs laïques sont démunies face à ce désordre insoutenable qui nous arrache au confort, nous jette dans l’irrationnel et le chaos…

Chères lectrices, chers lecteurs, ne serait-il pas temps de reprendre la mort en mains ? De l’accueillir, de l’apprivoiser, de lui donner une place parmi les vivants ? Ne serait-il pas temps, par exemple, de réintégrer dans notre quotidien ceux qui sont proches de la mort ? Je songe à nos vieux, ceux qu’on regroupe au sein d’îlots hermétiques, qu’on branche aux téléviseurs et aux médicaments, ceux qui trouvent normal d’être écartés de la société, bien conscients qu’ils la dérangent. Je songe à ceux parmi eux, encore nombreux, qui ont connu cette époque où la mort était familière, et qui se préparent à partir en se moquant doucement de l’injonction moderne à sauver des vies. Pourquoi se prive-t-on de ce vaste puits de sagesse qui s’éteint en silence ?

N’ayant pas de réponse nette à ces questions, je vous prescris ce mois-ci quelques actions simples :
1/ Demandez à une personne très âgée de vous raconter ses expériences liées à la mort.
2/ Prenez l’habitude de fêter les anniversaires de quatre à six ancêtres de votre choix.

Bon rétablissement,

Dr. V.

Du 2 au 8 novembre, rejoignez le mouvement universel de l’Altruisme en Action !

Cette année, tous les dons vont au terrain. Ils serviront à soutenir un projet d’électrification par panneaux solaires de 600 foyers au Népal, installés et entretenus par 12 femmes formées par l’association.

Pour participer, plusieurs options :

  • Imaginez un projet solidaire et créez votre page de collecte sur la plateforme Action for Karuna. Vos proches peuvent s’inscrire en faisant un don sur votre cagnotte.
  • Rejoignez un projet existant et choisissez l’atelier auquel vous voulez participer sur le site puis faites un don pour vous inscrire.
  • Participez aux LIVE organisés bénévolement par les ambassadeurs de Karuna du 2 au 8 novembre. Matthieu Ricard, The Yoginist, Xuan Lan, Nébuleuses et Cacao, Spirulaire… vous proposent du yoga, de la cuisine, de la méditation, de la photo. Toutes les infos sur l’événement Facebook
  • Achetez une photo dans le cadre de la vente de photos solidaire organisée par Matthieu Ricard, Nébuleuses et Cacao, Olivier Adam et Pascal L’Ancien sur la plateforme.
  • Faites un don libre sur le site de Karuna-Shechen pour soutenir le projet au Népal.

Déjà 40 porteurs de projet ont créé leur initiative altruiste et 4800€ ont été récolté ! Aidez-les à mettre en place des projets humanitaires au Népal et œuvrez avec eux pour un monde plus altruiste !