Des petits gestes pour sauver notre planète…

Mes petits gestes sauveront-ils la planète?

Une question fondamentale, centrale, qui agite l’esprit de tous les écoanxieux, les plus concernés comme les moins atteints. Une première réponse, malheureusement sans équivoque : ils ne permettront pas de ramener le monde à ce qu’il était avant la grande accélération de la destruction de notre écosystème. Seul le temps pourra recréer la richesse de la biodiversité. Le temps long. Avec, ou sans nous.

Une fois ce préambule pessimiste posé, faisons avancer le débat.

Mes petits gestes sauveront-ils la planète?

Tout dépend de ce que l’on appelle petit geste.

Certains produisent de petits effets, d’autres ont plus d’impact.

D’où la nécessité de se poser, une fois de temps en temps, pour les hiérarchiser.

Revenons sur l’objectif collectif, pour commencer.

Pour maintenir notre environnement dans un état viable, nous devons (en France) diviser notre empreinte collective par quatre (environ) dans les vingt-cinq années à venir. Vaste programme, me répondrez-vous, à l’issue incertaine.

Réfléchissons secteur par secteur.

Le transport.

Une part conséquente de mon empreinte (environ 70 %) vient de mes déplacements quotidiens. Professionnels, familiaux et récréatifs. Le transport aérien, d’une manière globale, représente à peine dix pour cent de nos émissions collectives. Diminuer mes trajets dans les airs jouera sur mon bilan carbone, bien sûr, mais moins que de rouler au quotidien dans une petite voiture, de favoriser les transports en commun et de me consacrer à des loisirs propres. Voilà par quoi je dois commencer pour diminuer significativement mon empreinte. Sans pour autant abandonner les autres petits gestes.

Second secteur, l’alimentation.

Mon appétence pour la viande, sous toutes ses formes, représente le gros morceau de cette catégorie, de l’ordre de 50 %. Le respect des cycles de la nature et de l’environnement dans la fabrication de mon alimentation pèse aussi, mais dans des proportions bien moins conséquentes. Devenir végétarien, ou s’en rapprocher, là réside le geste le plus impactant. Glisser en douceur vers quatre fois moins de repas incluant de la viande (quatre fois moins, l’objectif collectif en France, je le rappelle), une mission réalisable à l’impact colossal. Une (r)évolution qui me laissera, les mathématiques le disent de manière implacable, encore 5 repas de carnivore sur les 21 que compte une semaine.

Secteur suivant, l’habitat.

Principal poids pesant sur mon empreinte environnementale, le chauffage. De mon air, de mon eau et de ma nourriture. Éteindre les lumières en sortant d’une pièce, surtout quand elles sont tout équipées d’ampoules à basse consommation, économiser l’eau en préférant les douches aux bains, des petits gestes utiles, mais qui diminuent peu mon empreinte globale. Réduire la surface de mon habitation, mieux l’isoler et choisir les meilleurs modes de chauffage, là se cachent les sacrifices les plus utiles.

Quelques exemples parmi tant d’autres.

En conclusion, manger moins de viande, vivre à 18 degrés plutôt qu’à 21 degrés, acheter le moins possible de vêtements neufs, trois progrès a gros impact. Éteindre les lumières, prendre soin des abeilles et se battre pour parvenir au zéro déchet, des petits gestes indispensables, mais moins efficaces à court terme.

Mieux comprendre la portée de chacun de nos gestes, petits, moyens ou grands, m’aide dans la gestion de mes efforts. Nous avons vingt-cinq ans (une génération) pour diminuer nos sales habitudes par quatre.

C’est jouable.

En gardant en tête que nous n’avons pas tous le même chemin à parcourir pour atteindre notre objectif commun. En France, la moitié de la population la moins fortunée devra réduire son impact par deux. Les quarante pour cent suivants par quatre. Les dix pour cent les plus aisés par dix. Une bonne nouvelle puisque la part de la population la plus néfaste pour l’environnement est celle qui a le plus de moyens pour changer ses habitudes et la plus grande marge d’amélioration. Cette répartition nationale des efforts à fournir chez nous correspond à celle répartissant la planète entre les pays les plus développés, les plus pollueurs, et ceux les plus défavorisés, qui polluent moins. Les États-Unis devront réduire leur consommation davantage que les Maliens, et ils disposent de plus de moyens pour y parvenir.

Chacun son geste, chacun son objectif.

Une réponse à la question initiale s’impose : non seulement nos petits gestes sauveront le monde, mais c’est même la seule manière concrète d’y parvenir.

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

© Vlad Bagacian / Unsplash

Garder son calme pour mieux vivre son écoanxiété

J’aime la musique.

J’en écoute régulièrement, depuis toujours. Au volant de ma voiture. En bricolant. En faisant la cuisine. En marchant. En swipant sur l’écran de mon portable. En écrivant, aussi.

Lors d’un trajet en bus, il y a de ça quelques années, une envie me prend. Pas nouvelle, mais oubliée depuis longtemps. Écouter de la musique, sans rien faire d’autre. Je mets mon casque, ferme les yeux et me laisse envahir par les mélodies, les voix, les orchestrations. Je me concentre sur un texte, un instrument, un son particulier caché au milieu des arrangements. Je réécoute, pour comprendre pourquoi j’aime certaines chansons et moins les suivantes, pourquoi une mesure me fait sortir de ma transe, pourquoi certains accords me pénètrent plus que d’autres. Soudain, ces musiques que j’écoute pour certaines depuis des lustres prennent une autre dimension, alors qu’elles restent les mêmes. De ce moment consacré uniquement à la musique, sans aucune pollution extérieure, je ressors heureux, apaisé, enrichi. Calmé. Un plaisir simple et intense, devenu rare depuis l’avènement de notre société de la sollicitation. Depuis, je réitère fréquemment cette pratique, toujours avec les mêmes effets bénéfiques.

Faire une seule chose à la fois calme mes trépidations existentielles.

Fait taire ce monkey talk cher à Eckhart Tolle, apôtre de l’instant présent. Cette petite voix intérieure du primate qui sommeille en moi et se réveille trop souvent. Un petit démon qui aime créer confusion et agitation dans mon esprit.

Se concentrer sur une seule action constitue un bienfait pour mon être entier.

Être à ce que je fais, comme disait ma défunte grand-mère.

C’est aussi un remède à mon écoanxiété.

Cet adversaire pourtant coriace, me rendant à la fois victime et coupable. Victime, par conscience de devoir subir de plus en plus les conséquences de nos abus, à mon petit niveau, dans les années à venir. Coupable, par acceptation de ma part de responsabilité, de la nôtre, collectivement. Une situation inconfortable, coincé entre le marteau et l’enclume.

L’action est le meilleur anxiolytique contre l’écoanxiété, certes, mais pas le seul. Je tente également de trouver une cohérence dans mon quotidien, une harmonie entre mes pensées, mes paroles et mes actes, pour engendrer un sentiment bénéfique d’avancer dans la bonne direction. Garder mon calme y participe. Pour repousser une sensation incontrôlable de panique qui ne résoudra rien, qui rendra tout plus difficile. Le calme et sa capacité concrète à produire un effet tache d’huile. En conservant mon calme, en le cultivant, j’influence mon entourage à devenir, à redevenir ou à rester calme. Une boucle vertueuse qui m’aidera à mieux vivre les épreuves au quotidien, qui nous permettra peut-être collectivement de prendre de meilleures décisions, plus justes, plus engagées, plus efficaces.

Se calmer, aussi, pour profiter pleinement des bienfaits d’activités apaisantes.

Marcher pieds nus dans l’herbe.

Un acte caricatural, stérile, voire carrément ridicule, au premier abord. Sauf si je le fais en pleine conscience. En faisant abstraction du reste du monde, en me concentrant exclusivement sur mes sensations, le contact de la plante de mes pieds sur ce tapis végétal vivant, le silence, l’instant. En m’interrogeant sur la signification spirituelle et métaphysique de ce geste évident de reconnexion à la nature.

Là, bien ancré dans l’instant, la magie opère, l’acte prend tout son sens.

Physiquement, sensoriellement, métaphysiquement.

Et ça fait un bien fou.

 

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en mai 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

© José M. Reyes / Unsplash

S’inspirer de la jeunesse pour mieux vivre son écoanxiété

Quand l’avenir s’assombrit trop, j’aime discuter d’écologie avec la nouvelle génération. Non pas que ces jeunes soient épargnés par l’écoanxiété, loin de là, mais leur appréhension de nos problèmes environnementaux, leur conscience écologique et leur implication croissante me font du bien.

Et me rendent plus optimiste.

Eux, ce sont les enfants de la génération Z, nés dans les années 2000, voir à la fin des années 90. Depuis leur plus jeune âge, depuis leur naissance en fait, ils baignent dans les effets présents et à venir du dérèglement climatique, la peur de la sixième extinction animale, la conscience du massacre de la biodiversité, et le développement d’écogestes toujours plus engagés.

À l’école, les cours d’EDD (Éducation au Développement Durable) s’invitent à tous les stades de leur scolarité. L’ambition globale, selon les textes du ministère de l’Éducation nationale, étant d’amener les élèves à une meilleure appréhension de la complexité du monde dans ses dimensions scientifiques, éthiques et civiques. De les aider à mieux percevoir l’interdépendance des sociétés humaines et du système Terre, à adopter des comportements adaptés à ces équilibres, et à tenir compte d’une indispensable solidarité à l’échelle mondiale. Un enseignement d’abord très didactique à l’école primaire qui devient de plus en plus transversal en accédant au collège, puis au lycée. Un programme scolaire ambitieux, en développement constant, qui passe par des cours engagés, des sorties et des jeux pédagogiques, et bien sûr par un profond engagement du corps enseignant. Certains établissements en font même une spécificité globale, leur tête de gondole, se fixant comme mission première la formation de futures adultes écoresponsables, de véritables fils et filles de Gaïa.

À la maison, en famille, ils apprennent dès leur plus jeune âge à trier les déchets, à fermer les robinets, à éteindre les lumières en sortant d’une pièce, à prêter attention à ce qu’ils mangent, à prendre soin du vivant. Et aussi à critiquer les mauvaises habitudes de leurs parents. Une seconde nature, pour eux. Une nouvelle manière d’être à laquelle ils adhèrent pleinement, sans aucun état d’âme, puisqu’elle fait partie intégrante de leur vie.

Sur leurs écrans, ils sont en permanence abreuvés d’informations sur la disparition des ours blancs, des abeilles, la prolifération des inondations, des sécheresses et sur la nécessité vitale de trouver un meilleur équilibre pour vivre en harmonie avec leur environnement, mais aussi sur celles et ceux qui, chacun dans leur domaine, chacun à leur manière, innovent et apportent leurs solutions pour un monde plus sain.

Cette révolution ne concerne pas encore l’ensemble de la jeunesse, bien sûr. Mais je me plais à croire que la part de nos têtes blondes touchée par notre situation alarmante grandit chaque jour davantage. Un constat réjouissant qui se confirme à chaque nouvel échange avec eux.

Une excellente nouvelle, à moyen terme.

Petit à petit, cette jeune génération va murir, grandir, s’affirmer et, bientôt, prendre les rênes de nos sociétés. Leur culture viscérale – quasi innée – de l’écologie les amènera dans le futur à prendre en considération des paramètres que nos générations plus anciennes réfutent, par peur, par déni ou par facilité. Ce changement de paradigme culturel, étape indispensable à une véritable mutation de notre rapport au monde, amènera cette jeune génération à faire preuve de davantage de discernement, à se montrer plus courageuse, et donc à prendre de meilleures décisions.

Plus engagées, plus radicales, plus efficaces.

Seul bémol à ce constat optimiste, le délai de prise de pouvoir. Leur avènement va encore demander des années, voire des décennies, le temps que les “vieux” acceptent de céder les responsabilités à ces jeunes qui auront pris de l’âge. Un précieux temps perdu avant de commencer à réellement changer le monde, mais les choses avancent, au moins de ce point de vue là, dans le bon sens.

La solution à nos problèmes résidant en grande partie dans notre capacité à changer fondamentalement notre rapport au monde, il se pourrait bien que cette (r)évolution structurelle finisse par faire une vraie différence.

Et, qui sait, un jour prochain, par tous nous sauver.

 

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en mai 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

© Providence Doucet / Unsplash

C’est un beau roman…

Entre Marco, star déchue qui oublie son passé trouble dans une petite existence paisible, sa compagne Adrienne, femme forte et indépendante dont le corps un peu rouillé menace la pérennité de sa passion artistique, et l’énigmatique Mathilde qui ne reculera devant rien pour mener à bien un projet scénique un peu fou, à chacun son couplet…

À moins que ces trois instruments de la trame romanesque ne finissent par jouer en chœur ? Pleine de fougue et pourtant si délicate, la chanson qu’entonne l’auteur de Presque libre pourrait avoir pour refrain cette question : la réalité fait-elle obstacle à nos rêves ou nous pousse-t-elle à les réaliser ?

La réponse vous attend, sans aucune fausse note.

Mon Dernier Concert, Pierre-Yves Touzot, Éditions La Trace, 20 €.

© Genessa Panainte / Unsplash

Comment se débarrasser des punaises de lit naturellement ?

Un foyer sur dix aurait été infesté par les punaises de lit entre 2017 et 2022 selon un rapport de l’Anses. La faute à l’augmentation des voyages, leur résistance aux insecticides et aux logements partagés – quel que soit le milieu social ou le niveau d’hygiène (toujours selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire). Depuis quelques mois et surtout depuis la rentrée 2023, les réseaux sociaux ont augmenté la psychose : métro parisien, cinéma, lycée… De nombreux parisiens ont signalé des invasions de punaises de lit. Plus de vigilance ou tout simplement plus de punaises de lit ? Selon la “Chambre syndicale de désinfection, désinsectisation et dératisation”, les interventions pour désinfection de punaises de lit auraient augmenté de 65% entre l’été 2022 et l’été 2023. Notre experte vous partage ses conseils pour les éviter (voire les éradiquer) le plus naturellement possible.

En voyage, dans les transports en commun, à l’hôtel… Comment éviter de ramener des punaises de lit ?

Isabelle Arnold-Bourdon : Chez vous, rangez ! Évitez d’encombrer les espaces afin de réduire le nombre d’endroits où les punaises de lit pourraient se cacher. Lavez vos vêtements de seconde main à 60 degrés et/ou nettoyez les meubles achetés en brocante (voire récupérés dans la rue) avec un appareil à chaleur sèche, avant de les introduire dans votre logement.
À l’hôtel, fermez toujours vos valises et ne les posez jamais sur le lit. Examinez de près les armoires avant d’y ranger vos affaires, et vérifiez le matelas, les draps, les oreillers et la tête de lit avant de vous y installer. De retour à la maison, inspectez vos bagages et encore une fois, ne les posez pas sur le lit ou le canapé et n’oubliez pas d’examiner vos vêtements avant de les laver. Enfin, si vous avez le moindre doute, passez l’aspirateur dans les valises et jetez le sac d’aspirateur.

Si le mal est fait, quels sont vos conseils pour se débarrasser des punaises de lit le plus naturellement possible ? 

Si vous en voyez une sur vos draps, écrasez-la avec un mouchoir (attention aux taches de sang) et jetez-la à la poubelle.  Ne secouez pas vos draps ou votre matelas par la fenêtre sous risque de les déplacer et de les voir revenir… encore plus nombreuses.

Quelques solutions naturelles pour évincer les puces de lit en début de contamination :

1/ Passez l’aspirateur partout en commençant par la literie, le canapé, les tapis et tous les recoins de la maison. Insistez sur les plinthes et entre les lames du parquet, jetez ensuite le sac aspirateur dans un sac-poubelle hermétique dans une poubelle à l’extérieur.

2/ Pulvérisez de l’huile essentielle d’arbre à thé et de l’eau sur la literie et les endroits infestés (ses propriétés antiparasitaires et répulsives repoussent les punaises de lit).

3/ Lavez tout votre linge (vêtements, linge de lit, torchons…) à 60 degrés et séchez au lave-linge pendant 30 minutes minimum au cycle le plus chaud. Si vous avez des vêtements fragiles, placez-les au congélateur pendant 3 jours minimum. Ces petites bêtes détestent les températures très élevées ou au contraire, très basses.

Je recommande d’autres options naturelles si le problème persiste :

Le nettoyage vapeur : vous pouvez louer un nettoyeur vapeur et laver les surfaces entre 110 et 180 degrés pour tuer les punaises de lit (et surtout leurs œufs).

La terre de diatomée : cet insecticide naturel éradique les punaises de lit sans toxicité pour les humains ni l’environnement. Disposez-la dans tous les coins où peuvent se cacher les punaises de lit, sans oublier chaque pied de lit (pour éviter que les insectes ne montent jusqu’à vous).

Si l’invasion est importante, il est préférable de consulter une entreprise spécialisée.

Justement, quel est votre avis sur les sociétés de désinfection ?

C’est une solution plus coûteuse (NDLR : l’Anses évalue ces interventions à 866€ en moyenne) mais efficace pour se débarrasser des punaises de lit. Je recommande de privilégier les sociétés spécialisées dans la détection, notamment celles ayant recours à des chiens renifleurs.

Comment bien choisir une société de désinfection sans risque pour la santé (ou son porte-monnaie) ?

Une chose à vérifier, si l’entreprise est en possession du certificat “Certibiocide” délivré par le ministère de la Transition écologique et solidaire depuis moins de cinq ans. Pour bien choisir la société en question, rendez-vous sur le site du gouvernement. C’est l’assurance de trouver une entreprise qualifiée et certifiée à proximité du lieu à assainir.

Peut-il y avoir des allergènes ou des contre-indications dans les formulations des produits utilisés par ces spécialistes ?

En principe, les protocoles et les produits agréés “Certibiocide” (bien que chimiques) sont sans danger pour les nourrissons, les femmes enceinte, les animaux… mais il faut parfois se méfier ! Il est tout à fait possible qu’il y ait des allergènes ou des contre-indications liés aux produits utilisés. Il est donc important de prendre en compte les précautions et les avertissements mentionnés par les sociétés lors de l’utilisation de ces produits, et ne surtout pas être dans la pièce lors de la pulvérisation du produit.

Que pensez-vous des produits anti-punaises de lit naturels qui font leur apparition sur le marché ?

Ces produits sont certainement très bien, mais je ne les ai pas testés. Je dirais que leur utilisation se tente en première intention sur un vêtement sur lequel on aurait repéré une punaise mais je n’ai pas encore de recul ni de témoignages qui attestent de leur efficacité. Affaire à suivre !

En cas de piqûre, y a-t-il un risque pour la santé (sans parler, bien sûr, des effets sur la santé mentale) ?

Se faire piquer par des punaises de lit peut en effet représenter un risque pour la santé. Bien que les punaises de lit ne transmettent pas de maladies graves, leurs piqûres peuvent provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes. Les symptômes courants incluent des démangeaisons, des rougeurs et des gonflements au niveau des piqûres. Dans certains cas, cela peut également entraîner des infections cutanées si elles sont grattées excessivement. Il est donc important de prendre des mesures pour éliminer les punaises de lit et éviter les infestations.

Comment apaiser naturellement des piqûres de punaises de lit ?

Il existe plusieurs moyens naturels pour apaiser les démangeaisons causées par les piqûres de punaises de lit. Voici 10 suggestions qui peuvent apporter un soulagement temporaire et fonctionner différemment selon les personnes, à chacun de trouver ce qu’il lui conviendra le mieux. Si les démangeaisons persistent ou s’aggravent, il est également recommandé de consulter un professionnel de la santé.

1/ Compresse froide : Appliquez une compresse froide ou un glaçon enveloppé dans un linge propre sur les piqûres. Cela peut aider à réduire l’inflammation et soulager les démangeaisons.

 2/ Aloe vera : Appliquez du gel d’aloe vera directement sur les piqûres. L’aloe vera possède des propriétés apaisantes et anti-inflammatoires qui peuvent aider à calmer les démangeaisons.

 3/ Huiles essentielles : Certaines huiles essentielles comme l’huile de lavande, l’huile d’arbre à thé ou l’huile de menthe poivrée peuvent être diluées dans une huile de support (comme l’huile de coco) et appliquées sur les piqûres. Veillez à bien diluer les huiles essentielles et effectuez un test de sensibilité cutanée avant de les utiliser. N’oubliez pas de vous reporter à leurs contre-indications avant toute utilisation.

4/ Vinaigre de cidre de pomme : Mélangez du vinaigre de cidre de pomme avec de l’eau dans un rapport de 1:1, puis appliquez ce mélange sur les piqûres à l’aide d’un coton ou d’une compresse. Le vinaigre de cidre de pomme peut aider à soulager les démangeaisons et à réduire l’inflammation.

 5/ Bicarbonate de soude : Mélangez du bicarbonate de soude avec de l’eau pour former une pâte épaisse, puis appliquez-la sur les piqûres. Laissez agir pendant quelques minutes avant de rincer à l’eau tiède. Le bicarbonate de soude a des propriétés anti-démangeaisons.

 6/ Oatmeal (avoine) : Ajoutez de l’avoine colloïdale à l’eau du bain et trempez-vous pendant 15 à 20 minutes. L’avoine a des propriétés apaisantes qui peuvent soulager les démangeaisons.

 7/ Camomille : Préparez une infusion de camomille en faisant infuser des fleurs de camomille séchées dans de l’eau chaude. Laissez refroidir, puis appliquez sur les piqûres à l’aide d’un coton ou d’une compresse. La camomille a des propriétés anti-inflammatoires et apaisantes.

 8/ Miel : Appliquez une fine couche de miel brut sur les piqûres. Le miel a des propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires qui peuvent aider à réduire les démangeaisons.

 9/ Basilic : Écrasez quelques feuilles de basilic fraîches pour libérer les huiles essentielles, puis appliquez sur les piqûres. Le basilic a des propriétés anti-inflammatoires et peut soulager les démangeaisons.

 20/ Bains d’eau salée : Ajoutez du sel de mer ou du sel d’Epsom à l’eau chaude du bain et trempez-vous pendant 15 à 20 minutes. Le sel peut aider à réduire les démangeaisons et à favoriser la guérison des piqûres.

Propos recueillis par Margaux Steinmyller

Visuel : © Kate Stone Matheson / Unsplash

Pour mieux vivre notre écoanxiété, balayons d’abord devant notre porte

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lentement mais sûrement, un tourisme planétaire de masse s’est imposé, pour les populations des pays développés comme pour celles des pays émergents. Le voyage est devenu un acte romantique, une quête moderne de découverte culturelle et de positionnement social. Il est de bon ton de parcourir le monde, de le visiter maintenant qu’il est accessible, de s’ouvrir à d’autres manières de vivre pour s’en inspirer et grandir. Même si, dans la réalité, une large majorité des touristes traversent la moitié de la planète pour prendre des vacances dans des endroits privilégiés où ils exigent de retrouver leurs habitudes quotidiennes, en mieux, dans un cadre familier. De préférence au bord de la mer ou d’une immense piscine exotique. Le résultat de ce grand brassage perpétuel est davantage une uniformisation de nos modes de vie qu’un véritable enrichissement par la variété et la différence. Si ce processus a le mérite de répartir (un peu) les richesses, son prix écologique est désastreux. À tel point que certains spécialistes estiment que la fin des excès dus au tourisme international suffirait à résoudre nos problèmes de réchauffement climatique.

Intéressante théorie, à méditer, mais ce paragraphe d’introduction ne mène pas là.

Cette vision romantique du voyage a des effets sur notre rapport à la nature.

J’ai souvent envisagé de traverser la France pour aller nettoyer les plages de l’Atlantique. D’aller participer à une opération de replantation d’arbres dans le désert pour lutter contre l’avancée des sables. D’embarquer à bord d’un des navires de Sea Sheperd pour aller protéger les baleines dans l’Antarctique.

Récemment, une amie proche, écoanxieuse, elle aussi, me disait à juste titre qu’avant d’aller sauver ces bouts du monde (en contribuant grandement à la pollution pour s’y rendre), nous devions tous commencer par balayer devant nos portes.

Être actif, localement.

Dans nos maisons, nos jardins, nos rues, nos quartiers, nos villes…

Où il y a déjà tant à faire que le choix peut s’avérer difficile. Personne ne peut tout entreprendre de front, c’est une évidence. Chacun d’entre nous doit trouver sa voie, ses combats, sa propre manière d’être actif et utile à la cause. Pour y parvenir, il faut chercher, essayer, tester.

Mes principaux chevaux de bataille ? Le respect de la vie animale sous toutes ses formes, la limitation à l’extrême du poids de mon véhicule, de la taille de mon habitat, le non-consumérisme et la décroissance, la reconnexion à la nature, sans oublier bien sûr l’écriture de ces chroniques et de romans abordant ces sujets. D’autres renoncent à prendre l’avion, deviennent végétariens, font une croix sur leur passion pour les sports mécaniques, s’installent dans des maisons autonomes, se nourrissent des fruits de leur potager, nettoient les forêts, organisent des manifestations de sensibilisation à la cause écologique…

Mon amie a ses propres combats, concrets, pointus, parfois originaux.

Deux exemples.

Dans son studio de banlieue parisienne, elle récupère les eaux froides et tièdes qui précèdent l’arrivée de l’eau chaude dans son évier, une manne qu’elle utilise pour l’arrosage et le ménage. Elle raconte continuer à être stupéfaite par la vitesse à laquelle le bidon se remplit, et par les économies inhérentes dans sa consommation d’eau. Elle a mené dans sa ville une campagne de sensibilisation à la maltraitance des végétaux sur la voie publique en faisant le tour des restaurateurs pour les inciter à rester attentifs à la qualité de l’eau qu’ils vident à leur pied pour les arroser. Patiemment, les uns après les autres, elle leur a expliqué que, parfois, leur bonne volonté écologique se révélait contre-productive, de nombreux produits (eau javellisée, de cuisson, de ménage) ayant des effets catastrophiques sur la santé des arbres, des plantes et des fleurs, même quand ces produits sont largement dilués dans de l’eau. Elle raconte avoir été touchée par leurs réactions positives, par la sincère générosité de leur engagement. Ils étaient inconscients, au sens étymologique du terme, et avide de compléments d’information pour mieux faire. Ce qu’elle s’est efforcée de leur apporter, en veillant, selon ses propres mots, à ne jamais se poser en donneuse de leçons, à se contenter de passer de l’information sans prosélytisme ni sensation de supériorité.

Trouver sa voie, la suivre, agir autour de chez soi, dans son quotidien, partager son savoir et ses expériences… Une démarche qui ne suffira peut-être pas à sauver le monde, mais qui participera concrètement à améliorer notre situation globale tout en soignant notre moral. Ce qui est déjà considérable.

 

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en mai 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

Visuel : © Art Institute of Chicago

 

En finir avec les poncifs et autres phrases toutes faites sur l’écoanxiété

Exemples choisis de poncifs que j’entends régulièrement en tant qu’écoanxieux. Dans l’espoir que ceux de mes petits camarades qui se sentent isolés dans leurs ressentiments réalisent qu’ils ne sont pas seuls, et que les autres, les sceptiques, enrichissent la palette de leurs réactions orales.

Premier exemple : faut pas confondre crise environnementale, dérèglement climatique et éventualité d’un effondrement de nos sociétés, ça n’a rien à voir.

Si, bien au contraire.

Les trois sont connectés, profondément.

Certes, l’écoanxiété vient avant tout de la destruction de la nature, mais elle est le plus souvent liée à une forme d’inquiétude face au dérèglement climatique et à une peur d’une rupture de notre manière de vivre ensemble. Pour preuve, la plupart des solutions apportées à une de ces trois problématiques servent les deux autres.

Tout est lié, en fait, pour le pire et pour le meilleur, n’en doutons pas.

Second poncif, le célèbre chacun fait ce qu’il veut.

Dans l’absolu et dans un monde parfait, oui. Mais cette figure de proue de nos sociétés individualistes, libérales et consuméristes ne peut pas s’appliquer dans notre situation.

Je m’explique.

La passivité des uns et l’activisme des autres ne peuvent être renvoyés dos à dos au nom de la liberté individuelle, car face aux risques actuels, la réciprocité ne fonctionne pas. Imaginez que, nous alarmistes, ayons tort, que les catastrophistes de tous poils se trompent, et que tout se termine bien. Alors, nous devrons nous excuser d’avoir importuné notre entourage, parfois jusqu’à l’excès, pour rien. Mea culpa. Imaginez maintenant que nous soyons dans le vrai, que notre monde soit en péril, que tout se termine mal. Alors les climatosceptiques et les anti-collapses devront s’excuser d’avoir laissé la situation se dégrader sans réagir, peut-être même d’avoir participé à l’affaiblissement, voir à la disparition, de notre espèce.

Pas vraiment équilibré, n’est-il pas ?

Une forme d’inégalité avec laquelle je dois composer, et que je compense en m’évertuant à convaincre, encore et toujours, sans découragement ni agacement, que le danger encouru est trop grand pour fermer les yeux, et prendre le risque de se tromper.

Autre remarque qui revient de temps à autre : la fin du monde te fait peur, mais j’ai aussi l’impression qu’elle t’excite, qu’elle t’attire, que tu l’attends avec impatience.

Hey, les gars, vous êtes fous ?

En tout cas, moi, je ne le suis pas.

On peut espérer le changement, l’amélioration, voire attendre la révolution, mais pas la fin du monde ! Je ne suis ni un alarmiste morbide ni un chevalier de mauvais augure. Et encore moins un adepte convaincu et décomplexé du mouvement survivaliste impatient de passer enfin à l’action. Je suis un simple citoyen du monde, m’efforçant de rester informé et lucide, inquiet face aux perspectives de notre civilisation.

Et, je vous l’assure, je préfèrerai ne pas penser ce que je pense ! Ma vie serait plus simple, mes émotions plus apaisées. S’il y existe un domaine dans lequel je serai plus qu’heureux d’avoir tort, c’est bien celui-là ! J’espère de tout mon être que nous trouverons des solutions, que notre monde tiendra.

Bref, que tout ira pour le mieux.

À ce stade de la conversation, j’entends parfois : tu devrais arrêter de penser à tout ça, ça ira mieux, tu verras.

Chaque fois, j’espère qu’il s’agit d’une plaisanterie, mais la plupart du temps, je dois le prendre au premier degré. J’ai alors envie de répondre par cette question simple : si vous appreniez que votre compagnon (ou votre compagne) était victime d’une grave maladie, vous seriez capable, vous, de faire comme si vous ne le saviez pas ?

Non.

Vous pourriez accepter de vivre avec cette information, avec ce fardeau, mais vous ne parviendriez pas à en faire totalement abstraction. La réaction est la même avec la crise écologique, le dérèglement climatique ou encore l’éventualité d’un effondrement. Une fois qu’on y croit, qu’on est convaincu du risque, voir du danger, il n’est plus possible de faire machine arrière. Il n’y a plus d’échappatoire, il faut vivre avec.

Enfin, je termine par la plus classique des remarques, le célèbre : je pense que tu t’inquiètes pour rien.

Bien sûr. Depuis une dizaine d’années, plus de 98 % des publications scientifiques officielles clament que nous sommes en danger. Et comme l’explication la plus simple est presque toujours la meilleure, il vaut mieux croire dans la réalité du risque que dans une hypothétique conspiration visant à… à je ne sais pas trop quoi, en fait.

En conclusion, gardons notre patience et marchons derrière nos convictions, et luttons comme nous le pouvons contre cette forme agaçante d’obscurantisme écologique.

 

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en mai 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

 

 

Agir tous ensemble pour mieux vivre notre écoanxiété

N’est-il pas déjà trop tard?

La question se pose, elle est légitime.

À titre personnel, voilà ma réponse.

Trop tard pour revenir à la situation d’origine d’avant la révolution industrielle?

Oui, assurément.

Trop tard pour améliorer nos perspectives et sauver ce qui peut encore l’être?

Non, incontestablement.

Il est (et sera) toujours temps d’agir, de diminuer l’ampleur des éventuelles catastrophes à venir. Ça n’est pas seulement une façon de rester positif, c’est une réalité, n’en doutons jamais. Nous devons être actifs, sans attendre, tous ensemble, de manière la plus radicale et la plus engagée possible.

Facile à dire, mais comment faire ?

Comment s’y mettre sans se décourager face à l’immensité de la tâche, et à l’éventualité latente du pire ?

En restant dans l’instant présent, en oubliant hier et demain, en étant dans le concret, et, en ce qui me concerne, en avançant pas à pas sur de multiples fronts.

Un exemple.

Depuis des années, j’envisage de devenir végétarien.

Par respect pour le bien-être animal, en grande partie. Pour économiser les centaines de litres d’eau nécessaires pour produire un kilo de viande, aussi. Parce que nos très chers bœufs et autres mammifères comestibles assimilés sont de solides émetteurs de méthane, petit frère du CO2 par ses capacités à augmenter l’effet de serre. Enfin, pour éviter qu’une partie conséquente de la viande des étals de nos boucheries continue à venir d’Amérique du Sud jusque dans nos cuisines, une aberration écologique absolue.

Je le sais depuis le début : devenir végétarien, pour moi, est un vrai challenge tant la culture de la consommation de viande imprègne mon ADN, en particulier lorsqu’elle prend la forme d’une côte de bœuf sur une grille de barbecue, ou d’une fondue bourguignonne entre amis. L’arrêt complet et immédiat représente un défi encore plus ardu que d’arrêter de fumer.

J’ai fini par trouver une solution, graduelle et indolore, une forme de compromis pour changer mes habitudes en douceur et avancer dans la bonne direction. En m’obligeant d’abord à un repas sans viande par semaine. Puis à deux. Puis à trois. Puis à une journée par semaine. L’étape suivante : un repas végétarien sur deux. Puis, ne plus manger de la viande qu’une fois par semaine. Avant, enfin, ne plus en manger du tout.

Je suis encore sur la route, à mi-chemin de l’arrivée. Bien sûr, tout arrêter du jour au lendemain serait plus courageux, plus fort, plus engagé, mais face à l’ampleur des changements culturels à apporter à mon mode de vie, je m’octroie le droit d’y aller petit à petit, étape par étape.

Ne pas viser trop haut, ni être trop pressé, mais avancer dans la bonne direction, humblement et concrètement. Ne pas se fixer des objectifs trop ambitieux qui mèneraient au découragement, et à l’échec. Et à chaque col franchi, savourer les avancées.

Depuis que je consomme moins de viande, je me sens en meilleure santé, un phénomène confirmé par les diététiciens, qui, dans leur immense majorité, recommandent de freiner la consommation de chair animale. Grâce à cette lente évolution, je me sens actif dans ma volonté de soulager mon environnement de mes excès, un activisme qui apaise concrètement mon écoanxiété. J’avance pas à pas, à mon rythme, vers un mode de vie plus vertueux dont le principal objectif est de moins peser sur mon environnement.

La liste des actions à entreprendre est longue.

Moins utiliser sa voiture.

Moins consommer.

Mieux isoler sa maison.

Recycler.

Réutiliser.

Investir son temps libre dans une association pour la protection de l’environnement.

Ses économies dans une entreprise verte.

Manifester.

Militer.

Imaginer le monde d’après plutôt que de s’épuiser à vouloir à tout prix sauver celui d’avant.

Tous ces engagements n’ont pas le même impact, mais ils ont un point commun : ils permettent d’être actif, et de sentir en construction un futur moins dramatique. En progressant, petit à petit, dans l’ensemble de ces directions, je reste dans l’action, une action qui pèsera d’autant plus que nous serons plus nombreux à nous engager.

Et je me plais à croire que nous sommes de plus en plus nombreux.

Agir.

Tous ensemble.

 

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves a publié un nouveau roman en mai 2023, également coup de cœur de la rédaction, Mon dernier concert

Mieux vivre son écoanxiété, c’est aussi se foutre la paix…

« Si je dois faire attention à tout, alors c’est sans fin », se plaint récemment un proche avec qui je parle de réduction d’empreinte écologique.

Il a raison, je compatis.

J’ai souvent cette sensation de mener un combat sans fin, de découvrir sans cesse de nouveaux territoires, de nouvelles actions à entreprendre pour diminuer encore et toujours mon impact sur mon environnement. Ces derniers mois, j’ai commencé à ne plus remplir ma bouilloire à ras bord quand j’ai besoin d’eau seulement pour une tasse. À vider le coffre de ma voiture du superflu pour économiser quelques kilos à déplacer. À aller demander des sacs en papier à l’accueil d’un supermarché pour éviter ceux en plastique des rayons frais.

Entre autres.

Tous mes faits et gestes ont un impact, les plus anodins comme les plus essentiels. Tout est source d’amélioration, en permanence, de plus en plus quand on apprend à marcher dans la bonne direction.

Une quête objectivement sans fin.

« Le Diable se cache dans les détails », écrivait Nietzsche à travers son personnage Zarathoustra. Dieu aussi, d’ailleurs, quand on lit Thomas d’Aquin ou Gustave Flaubert.

Je n’ai pas le choix, je dois faire avec cette réalité. Avec ce phénomène le plus souvent indépendant de ma volonté qui peut rapidement se transformer en ogre, devenir oppressant, obsédant, surtout dans un contexte d’urgence croissante. J’use alors de stratagèmes défensifs pour apaiser mon esprit, et lutter contre toute tentation de découragement.

J’énumère, par exemple, la liste des résolutions essentielles que j’ai déjà prises pour aller dans le bon sens. Vivre dans une petite habitation facile à chauffer, rouler dans une voiture légère qui consomme peu, trier consciencieusement mes déchets, faire attention à l’origine des aliments qui me nourrissent, n’acheter du neuf que lorsque je n’ai pas le choix… Autant de bonnes actions, probablement insuffisantes, mais qui ont le mérite d’être concrètes !

Pas si mal, déjà !

Quand ce bilan ne suffit pas à m’apaiser, j’emploie les grands moyens. Je m’oblige à prendre du recul, et à lâcher prise. À me foutre la paix. L’espace d’un moment plus ou moins long, j’essaye de faire taire — ou de ne plus écouter, cela revient au même — cette voix intérieure qui me pousse à toujours faire mieux. Je m’efforce de fermer les yeux sur mes dérives, mes failles, mes petits arrangements avec moi-même. Tout en me répétant qu’à l’impossible, nul n’est tenu.

Si cela ne fonctionne toujours pas, je m’oblige à m’en ficher momentanément de tout ce qui concerne cette problématique d’empreinte écologique. Je peux pousser cet élan de révolte jusqu’à m’offrir une barquette de kiwis néozélandais, un excès de vitesse dans ma mini-voiture, un bain chaud longue durée, voire dans les cas extrêmes un truc neuf en plastique made in China.

Et je me sens mieux.

Je reprends mes esprits, je retrouve ma rigueur et ma combattivité. Cet équilibre entre action et indulgence difficile à trouver, instable, forcément très personnel. Mais savoir de temps à autre relâcher la pression m’est indispensable pour tenir dans le temps, nourrir ma motivation, avancer et ainsi grappiller de nouvelles conquêtes, de nouvelles victoires.

Pierre-Yves Touzot

 

Pierre-Yves Touzot est réalisateur, romancier et blogueur. Dans ses romans, il invite ses lecteurs à s’interroger sur leur rapport à l’environnement, à se reconnecter à la Nature, une étape indispensable pour lui vers la résolution de nos problèmes écologiques. Depuis plusieurs années, il construit à travers son blog une médiathèque de romans, d’essais, de bandes dessinées, de films, de documentaires, tous consacrés à cette thématique. Pour en savoir plus : www.ecopoetique.blogspot.com

Après le roman Presque libre, coup de cœur de la rédaction Happinez, publié aux éditions La Trace, Pierre-Yves prépare un nouveau roman pour le mois de mai 2023, Mon dernier concert.

 

 

Renaître… Une parole inspirée de Frédérique Lemarchand

Renaître

C’est à 34 ans qu’il m‘a semblé renaître. Ma première naissance aurait pu être la dernière, s’il ne m’avait été donné, par grâce, une seconde naissance. Au cœur de ma mort a éclaté un germe qui fleurit encore et encore d’une manière infinie. Son parfum est une présence aussi imperceptible que prégnante, étonnamment silencieuse.

Tout a basculé en un instant alors que rien n’avait apparemment changé. Dans l’hôpital, je propulsais mes bras criblés de perfusions comme une locomotive lancée dans la nuit. Alors que ma poitrine saignait, je dessinais le silence dans le noir. L’équipe médicale m’a allongée sur la table d’opération, dans la synchronicité de la fête de Notre Dame de Lourdes, jour du plus grand rassemblement de prières faites pour les malades, dans le monde.

Je me suis trouvée renaître au moment de ma mort clinique, durant la transplantation cœur-poumons. La vie est devenue véritablement vivante lorsqu’en moi se tenaient à m’en écarteler, le plus terrible et le plus merveilleux. Les côtes grandes ouvertes, j’ai reçu l’entièreté de cette vie, de la crucifixion à la lumière. Entre les doigts des chirurgiens s’opérait la transmutation des douleurs effarantes du monde, en une extase. Le cœur arraché, j’ai reçu une deuxième naissance qui bat le rappel à la vie éternelle.

Cela dépasse tout entendement. Il ne suffit pas de naître, il suffit d’entendre « je t’aime depuis toujours et pour toujours » pour vivre… Voici qui je suis, une vivante depuis ma renaissance.

Retrouvez les Paroles Inspirées de Frédérique Lemarchand dans le n°72 du magazine HAPPINEZ, paru le 21 février en kiosques et disponible ici

Frédérique Lemarchand se consacre principalement à la peinture, qui est pour elle une façon de célébrer le miracle qu‘est la vie. Auteure du récit autobiographique et poétique le Cantique du cœur, elle réalise aussi des illustrations de livres, des spectacles de peinture en direct, des séminaires et des conférences où elle témoigne de son expérience au seuil de la mort (EMI). Elle a suivi les enseignements d‘Annick de Souzenelle à l’Institut d’anthropologie spirituelle à Angers.

© Vadim Koza / Unsplash