Les douze lois qui régissent notre karma

Tour à tour croix à porter comme sacerdoce, propulseur ou clé d’évolution et d’éveil, le karma fascine tant que Sandy Hinzelin et la photographe Anaka essaient de percer son mystère dans un ouvrage mêlant images et textes. Paru le 20 avril aux éditions Jouvence et intitulé Les 12 Lois du Karma, celui-ci retrace les différentes manifestations du karma par l’expression de ses lois : loi de cause à effet, dite – grande loi -, loi de l’attention, loi de l’hospitalité et du don, etc.

Se faisant l’écho du livre papier, la photographe ANAKA présentera une exposition temporaire de photographies couleur et noir et blanc dans une galerie parisienne. Ayant pour ambition d’être un support de méditation et une entrée directe et sensible dans la compréhension de la notion du “karma”, les douze images illustreront les douze lois existentielles.

Cette installation ne s’est pas déployée seule : elle est portée par ShoesLess by Melie Yoga, un projet d’expositions temporaires soutenant l’art et les artistes, dans des champs aussi diversifiés que la photographie, le dessin, la sculpture, la peinture et ce en collaboration avec des lieux et des espaces de pratique du yoga, partout en France.

Pour l’heure, l’exposition “Les 12 Lois du Karma” sera inaugurée lors d’un vernissage en présence des auteurs. Le thème de l’exposition invitant à l’introspection et à l’humilité, il est demandé de se déchausser à l’entrée.

Dates et lieu de l’exposition LES 12 LOIS DU KARMA (photographies de ANAKA) : du samedi 22 mai au 10 juillet 2021, au LM Studio Marais, à Paris.

Vernissage : le samedi 22 mai, de 14h à 18h, au LM Studio Marais, à Paris

Pour en savoir plus sur le projet d’expositions ShoesLess : www.melieyoga.com/shoesless

© Photographie : ANAKA

Marchez sur les chemins de la transformation grâce à des randonnées thérapeutiques !

En quête de mieux-être ? Envie de pleine nature ? Les « Chemins de la transformation » répondront peut-être à vos attentes ! Répartis sur une dizaine de destinations en France (Vercors, Drôme) et à l’étranger (Népal, Maroc),  les séjours atypiques proposés par Marie-Françoise Defranchi ont pour particularité de s’appuyer sur la singularité de chacun.

Pour tout futur participant, le projet de transformation débute par un bilan préalable au cours duquel il choisit une thématique répondant le mieux à ses attentes, parmi une multitudes de concepts nous mettant au défi dans notre vie quotidienne : l’incertitude, le mental, la relation à l’autre, etc. Cet accompagnement individuel sera maintenu pendant toute la durée des « Chemins de la transformation », soit de quatre à six jours. Afin de fluidifier la parole, les conversations marchées sont privilégiées. Si les repas végétariens et les méditations de groupe ponctuent les randonnées, des consultations spécifiques de coaching individuel sont également envisageables. Des spécialistes vous recevront alors pour une séance en numérologie, en kinésiologie ou encore en énergétique.

Dates et lieux des prochains « Chemins de la transformation » (compte-tenu du contexte sanitaire) :

Du  21 au 24 mai prochains, Retraite-Immersion dans les Alpes du Sud.
Du 3 au 6 juin, en Vercors.
Une retraite-immersion Luxe en Ardèche du 10 au 13 juin.

Pour en savoir plus sur ces randonnées thérapeutiques : www.cheminsdetransformation.com

Trouver sa raison d’être au nom d’un monde plus durable et plus humain

Happinez : Quels sont selon vous les enjeux les plus importants de cette première partie de 21e siècle pour l’humanité ?

Cyrielle Hariel et Sylvain Reymond : Le constat de départ de ce livre, c’est que jamais une génération n’avait fait face à autant d’urgences sociales et sociétales simultanément. La complexité de cette période, c’est justement la multiplicité de ces enjeux. La facilité serait de se résigner et de céder à une certaine fatalité. Il faut beaucoup d’audace pour continuer à croire en notre capacité commune à les relever. Il nous faudra un courage à toute épreuve pour y parvenir. Le plus grand défi de cette première partie de 21e siècle, c’est tout simplement de préserver la vie et de réhabiliter le vivre-ensemble. L’un n’allant pas sans l’autre. Lutter contre le réchauffement climatique alors même que ses premiers effets irréversibles (disparitions d’espèces animales, fonte des glaciers, démultiplication des catastrophes naturelles, etc.) sont perceptibles est indéniablement notre mission commune ultime. Pour y parvenir, il nous faudra nous rassembler et faire corps alors même que nos sociétés n’ont jamais été aussi fragmentées et que tout semble prétexte à division. Notre conviction, c’est que cette réinvention d’un projet de société commun et l’adhésion massive à ces causes ultimes passe par notre capacité à exprimer toutes nos raisons d’être personnelles et collectives. « Nos raisons d’être », ce sont d’abord toutes ces bonnes raisons d’agir ensemble.

Comprenez-vous que face au constat catastrophique de la situation environnementale, il soit difficile pour beaucoup de gens de rester optimistes ?

Évidemment ! Mais à quoi bon baisser les bras et se cantonner à prendre une posture fataliste ? Nous avons justement donné la parole à 37 leaders de tous horizons résolument motivés à faire bouger les lignes de notre société pour nous éveiller et nous donner l’inspiration et les leviers d’actions pour devenir acteurs de notre transition écologique et solidaire. Ces 37 leaders nous ouvrent la voie. Ils portent et nourrissent justement tous ces grands espoirs dont nous avons besoin pour continuer à y croire, malgré tout. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » pour ne citer que Mark Twain, voilà le mantra de ces 22 millions de bénévoles français qui agissent au sein de notre tissu associatif pour combler les failles de notre système. La recherche de sens et le sentiment d’utilité sont les deux choses qui marqueront plus que jamais cette ère post Covid19. Profitons de cette intarissable soif d’engagement qui se répand partout dans notre société pour donner raison à ceux qui espèrent encore.

Quel pourrait être le visage des entreprises de demain, si elle se mettaient à l’écoute des besoins actuels de notre monde ?

Déjà aujourd’hui, des entreprises pionnières s’engagent partout en France et dans le monde. Partout, elles viennent en appui de la puissance publique pour prendre en charge ces fameuses urgences sociales, sociétales et environnementales. Beaucoup font preuve d’une extrême résilience dans la période que nous traversons. Cessons de le nier et de donner raison à la poignée d’entreprises qui ont jeté l’opprobre sur le reste du monde économique parce qu’elles ont malhabilement usé et abusé des pratiques du green ou social washing. Nous le démontrons dans ce livre, le monde ne changera pas tant que nos entreprises ne s’engageront pas à le changer. Nous avons besoin d’elles. Certains des dirigeants que nous avons interrogés dans ce livre donnent véritablement un visage plus humain à ces groupes de toutes tailles. L’entreprise de demain sera à raison d’être et/ou à mission. Elle accordera autant d’importance à la cause sociale ou sociétale qu’elle inscrira dans ses statuts qu’à ses enjeux de rentabilité financière. L’entreprise de demain sera politique au sens premier du terme : elle prendra toutes ses responsabilités dans la gestion de la Cité et de ses citoyens. L’entreprise de demain se sera réconciliée avec notre jeunesse et les 30 000 signataires du Manifeste Etudiant pour un réveil écologique. L’entreprise de demain sera engagée ou ne sera pas. Tout simplement parce qu’aucune entreprise ne peut prospérer dans un écosystème qui n’est pas pérenne.

Avons-nous vraiment le temps de négocier de façon progressive le virage vers une société plus durable et humaine ? La situation nécessite une action rapide et commune, or les intérêts des uns et des autres empêchent tout accord véritable qui pourrait avoir une portée planétaire…

Nous n’avons plus forcément le temps, mais nous avons encore le choix. Vous l’aurez compris, à la résignation nous préférons la résilience. En lieu et place du réalisme fataliste, nous encourageons à réinventer une science des rêves et de nouveaux récits. Face à la destruction, face à l’indifférence et face à ceux qui s’y résolvent, ne cessons pas de vouloir reconstruire et régénérer le monde. Ne cessons pas de donner la parole à ces jeunes qui sont prêts à tout changer. Ils portent nos plus grands espoirs. Écoutons notre jeunesse. Entendons-la. Ne cessez pas vous-même, dans les médias, de mettre en avant ces leaders du changement auxquels nous avons donné la parole dans ce livre. Préférez leurs solutions aux problèmes qui perdurent. Accordez-leur vos Unes et donnons-leurs les moyens de leurs ambitions. Croyons profondément en eux. Car ce sont leurs témoignages, nous en sommes convaincus, qui parviendrons à accélérer toutes les prises de conscience. Car ce sont leurs actions sur le terrain qui finiront par susciter de nouvelles vocations de citoyens engagés.

Quels sont les points communs qui réunissent les personnes que vous avez interviewées dans le cadre de cet ouvrage ?

Nos 37 leaders qui témoignent (Bertrand Piccard, Yann Arthus-Bertrand, Samuel Le Bihan, PDG de Orange, de Renault, Julie Chapon, la fondatrice de YUKA, etc.) partagent une même envie d’être utile et de donner du sens à leur existence. Tous aspirent à mener des actions à impact positif sur la société. Enfin, tous ont une farouche envie de « transmettre » aux autres cette envie d’agir pour ce qui leur semble juste.

Une rencontre vous a-t-elle particulièrement inspirés ?

Cyrielle Hariel : Celle de Samuel le Bihan qui a plusieurs casquettes, comme celle d’acteur mais aussi d’entrepreneur qui se préoccupe de la gestion de nos déchets plastiques avec sa société Earthwake.

Sylvain Reymond : Difficile de n’en retenir qu’une seule. J’ai pour ma part été néanmoins profondément marqué par la « raison d’être personnelle » exprimée par Anne-Laure Kiechel dans ce livre, parce que je sais qu’elle parvient à lui rester fidèle à tout prix. Sa raison d’être c’est « d’être libre, toujours ».

Quelle est votre propre raison d’être ?

Cyrielle Hariel :  Mettre en lumière celles et ceux qui ont des projets d’impact qui répondent aux 17 Objectifs du développement durable des Nations-Unis.

Sylvain Reymond :  Aider les autres à trouver leur propre raison d’être et d’agir en faveur de grandes causes.

 

Propos recueillis par Aubry François

Photographie : Zac Durant / Unsplash

 

 

 

Les conseils santé du Dr V. : Récupérer le sensuel

Mes travaux, vous le savez, portent sur les moyens à notre disposition de réanimer l’interaction subtile entre nos corps et le monde sensuel dans lequel ils se sont formés. Ces recherches se fondent sur un principe simple ; si j’existe, c’est uniquement parce que je ne suis pas autre chose que moi-même. Dès lors que je ne suis ni une musaraigne, ni un pommier, ni un caillou, ni une barrière de corail, ni un ruisseau, ni ma mère, je suis moi. Cependant, c’est aussi, évidemment, parce que tout cela existe que je suis moi. Pour le dire d’un peu plus loin encore, nous ne sommes humains que dans la convivialité avec ce qui n’est pas humain. Nos corps font partie d’un réseau de textures, nos yeux, nos oreilles, nos bouches, notre nez et notre peau ne jaillissent pas du néant. Notre matière est en lien avec la Terre animée où prennent racine tous nos modes d’expression. Attardons-nous sur le langage. Les mots ne flottent pas, détachés, distants, au dessus de nos têtes et dans les dictionnaires. Même si notre culture les a lessivés avec acharnement, leur sensualité respire encore dans la poésie, dans le théâtre, dans l’art, où la langue retrouve sa parenté avec le sifflement du merle, le chant de la baleine, le souffle du vent, le hurlement des loups, le crépitement du feu. Soigner la Terre, et donc nous-mêmes, c’est raviver sans relâche cette délicate réciprocité de tout ce qui vit. Et le langage est un puissant soufflet. Comment le réanimer au quotidien ?

D’abord, chers lecteurs, affirmez sans hésiter que tout ce que vous percevez du monde est animé. Vous ne serez alors plus la source des mots mais un passage, et vous pourrez sentir le pouvoir du langage parlé, capable de modifier, d’influencer, de transformer les perceptions. Plus concrètement encore, mettez le sens au corps. Par exemple, si vous avez du mal à avoir confiance en vous, prenez la phrase « je me fais confiance », et étalez-la comme une crème sur toute la surface de votre peau. Essayez, ça marche avec tout, et ça hydrate. Pour les mots écrits, c’est plus difficile. On a trop vite fait de croire qu’ils sont séparés du mouvement, du temps, de l’espace, du corps. J’ai demandé dernièrement à une patiente de réveiller l’intelligence terrestre qui sommeille dans certains mots coincés en les plantant, comme des graines, sous les rochers, aux pieds des arbres… Hippocrate me défend de dévoiler la façon dont cette femme, par la suite, a fleuri.

Bon rétablissement,

Dr V. (Lisa Diez)

 

Photographie : Milo Blond

 

Lisa Diez est une chercheuse tout-terrain. Depuis sa tendre enfance, elle ausculte avec passion les facettes du vivant, du sensible, de l’invisible et déniche dans la matière les formes qui les relient. Plasticienne, clown, auteure mais aussi formatrice et médiatrice artistique, elle invite les personnes à plonger dans l’expérience de la création.

 

 

A partir du 12 avril, participez au stage en ligne « Mieux vivre avec l’endométriose » animé par Minako Komatsu

Durant 12 semaines, Minako Komatsu va vous inviter à explorer avec elle cette maladie chronique encore trop peu connue qu’est l’endométriose et qui touche de nombreuses femmes.

Elle-même atteinte d’une forme d’endométriose interne, l’adénomyose, Minako a souffert très jeune de règles douloureuses.  À 27 ans, la yogini remarque une nette diminution de ses douleurs menstruelles à la suite d’une amélioration de son mode de vie, notamment grâce à une pratique régulière de yoga. Alors que plusieurs années s’écoulent dans l’accalmie, les douleurs reviennent encore plus fortes, et Minako décide de communiquer avec son utérus. En 2013, elle développe alors le Kunda-Yoga, un yoga qui porte une attention particulière au bassin. S’ensuivent alors des programmes de coaching individuel dédiés aux femmes atteintes d’endométriose. Selon Minako, la manifestation de l’endométriose chez les femmes serait une expression somatique de la puissance féminine comprimée. Finalement, pour l’auteure de Mon cahier Yoga féminin (éditions Solar, 2020), ce parcours de guérison doit surtout être accompagné d’une écoute toute particulière de notre rythme et de notre cycle menstruel, afin d’accorder une juste place à notre puissance féminine.

A travers le stage en ligne « Mieux vivre avec l’endométriose », elle vous aidera aussi à retrouver santé, vitalité et joie de vivre, en transformant la contrainte de la maladie en défi : celui d’apporter plus d’équilibre dans votre vie. Car votre corps vous parle et Minako, forte de près de dix années d’enseignement aux femmes, vous apprendra à en écouter les signaux. Cette approche corps-esprit globale qui mêle yoga, respiration, exploration, méditation ou encore alimentation vous apportera des clés concrètes à mettre en place dans tous les domaines de votre existence. Vous soignerez les maux de votre corps mais ouvrirez aussi l’espace pour vous reconnecter à vos besoins profonds et à votre créativité.

Programme complet et inscriptions sur formations.terre-etoiles.fr.

Texte : Clémentine Kœnig, Juliana Metheyer ; EXTRAIT du dossier “Apprenez à écouter votre corps” (Yoga magazine n°35 – Sortie le 6 avril 2021) Photographie : Anaka – Yoga magazine

 

Apprenez à mieux vous connaître par le langage de vos mains

Happinez : Doit-on considérer la chirologie comme une science ou comme une forme de voyance ?

Catherine d’Amécourt Rathle : La chirologie est une science d’observations des formes et des signes inscrits dans les mains et du message qu’ils nous révèlent. En grec, « chiros » veut dire la main et « logos » la parole, en bref le langage des mains. Notre existence n’est pas prédestinée. Les lignes et les signes ainsi que la forme de nos mains se modifient tout au long de notre vie. Depuis les temps anciens, les mains ont été utilisées comme support de voyance pour y lire notre état de santé et pour guérir et bénir. Pour les personnes possédant un don de voyance, les mains peuvent servir de support à leurs prédictions. Mais la chirologie moderne utilise les mains pour y découvrir notre personnalité, notre état de santé, nos talents et les possibilités qui se présentent dans notre vie. Cette lecture, au moment où nous la faisons, nous permet de faire connaissance avec nous-même et de savoir où nous en sommes dans notre existence.

 

Vous dites que les inscriptions sur nos mains se modifient au cours de notre vie. C’est-à-dire ?

Les empreintes de nos mains ne cessent de changer tout au long de notre vie en résonance avec nos actes, notre état psychique et affectif et celui de notre santé. Nos mains révèlent donc nos possibilités potentielles au moment où nous les regardons. Elles nous disent notre capacité à nous remettre en cause afin d’avoir le courage de changer de route. Nous possédons notre libre arbitre et notre histoire personnelle est à écrire dès la naissance. En les déchiffrant comme un langage, nos mains nous permettent de mieux nous connaître et de nous apprécier. « Connais-toi toi-même » est-il écrit sur le fronton du temple de Delphes. Mais la chirologie nous donne aussi les moyens de faire connaissance avec notre entourage et notre famille.

 

Quelle est l’origine de la chirologie ? 

Très ancienne, la chirologie existe dans toutes les civilisations. En Inde, la médecine védique l’enseignait au sein du Samudrika Shastra dont il existe un parchemin datant de 2500 ans av. J.C. Dans les civilisations antiques, la chirologie faisait partie d’une initiation religieuse et orale tenue secrète jusqu’au milieu du 13ème siècle en Europe.  Le premier livre de chiromancie, Die Kunst Chiromancia de Joseph Hartlieb, paraît en 1448 peu de temps après l’invention de l’imprimerie. Les gitans sont-ils dépositaires de ce savoir très ancien ? Pour survivre à travers leur errance, ont-ils trahi ces secrets initiatiques en disant la bonne aventure ? La main est aussi symbole de guérison et de protection. La Bible en fait mention a plusieurs reprises. Chez les musulmans, la main de Fatma est un porte-bonheur. Dans l’Antiquité, les grands médecins établissaient leur diagnostic médical et psychologique en examinant les mains comme Hippocrate, Galien et les grands philosophes comme Platon et Aristote. Citons aussi, au Moyen Âge, Avicenne, le “prince des médecins” et Averroès, savant arabe, introducteur d’Aristote et initiateur de la chiromancie en Europe. Cet examen médical de la main s’est poursuivi jusqu’à la fin du Moyen Âge jusqu’à ce que s’installe la chirologie moderne enrichie au 19e siècle par la physiognomonie, la signification psychologique du corps humain ainsi que l’observation des dermatoglyphes, le motif ou empreinte au bout des doigts.

 

Que peut-elle nous apprendre sur nous-même ?

Au travers des lignes, des signes, de leur couleur, de leur taille, l’examen des mains fait apparaître une personne que nous avons du mal à cerner : nous-même. Cette lecture nous permet donc d’aller à notre propre rencontre. Il est plus facile d’examiner les mains d’autrui que d’avoir le recul suffisant pour observer les nôtres et se tenir à la synthèse de nos observations.  Et pourtant ! Ces observations nous révèlent la qualité de notre vitalité, notre état de santé, comment nous aimons, comment nous pensons. Comment nous avons vécu notre enfance et notre adolescence. Si nous préférons le célibat ou la vie à deux. Si nous aurons des enfants. Quelles sont les dates importantes de notre vie, les moments de difficulté et les instants de bonheur. Si nous avons des dispositions pour être heureux. Si notre but dans l’existence est de faire une grande carrière reconnue par tous. Ou si nous préférons être fidèle à notre nature profonde et à nos aspirations en accomplissant le but que nous nous sommes fixés.

 

Pourriez-vous nous présenter une ligne précise de la main, ce qu’elle révèle et comment l’interpréter sans se tromper ?

La plus haute dans la main, la ligne de cœur, représente notre affectivité, nos émotions et notre manière d’aimer sur le plan sentimental et sensuel. Elle débute sous l’auriculaire et traverse la main vers le mont de Jupiter, le petit renflement sous l’index. Elle se lit et se date en partant de l’auriculaire. Elle doit toujours être interprétée en tenant compte de la ligne de tête, la ligne située au-dessous et qui lui est parallèle. Tenez compte du mont de Vénus, le renflement sous le pouce. Bien renflé, vous aimez les plaisirs sensuels. Votre sensualité est plus imaginative avec de petites lignes dessinées sur le mont. L’amour mène lorsque la ligne de cœur est longue et qu’elle remonte en courbe vers l’index en se terminant en trident. Votre sensibilité et votre émotivité l’emportent sur la raison. D’une nature loyale et fidèle, vos attachements sont durables et profonds. Lorsque vous aimez, c’est pour la vie. La raison mène quand elle est plus courte et droite en s’arrêtant sous le médius. D’abord réaliste en amour, voire méfiant, la bienveillance et l’ouverture aux autres vous viennent avec l’âge surtout si la ligne se termine en trident. Vous n’aimez pas vous laisser déborder par vos émotions.

 

Propos recueillis par Aubry François

Photographie : Ravi Roshan / Unsplash

 

Les conseils santé du Dr V. : Démystifier la Vérité

Dernièrement, je me suis beaucoup promenée dans vos cercles de développement personnel. Pour comprendre mon agacement, je me suis attelée à dépiauter comme un oignon vos pratiques, vos postures, les innombrables techniques destinées à accompagner la quête d’un Graal appelé vrai moi, être authentique, ou encore enfant intérieur. Certains éclairés clament avoir rencontré leur être véritable à la suite d’un travail sur leurs blessures. Quelques-un, appelés aussi coachs, transmettent ensuite fiévreusement leurs outils. D’autres se déclarent volontiers en chemin – sous-entenduvers eux-mêmes, semant joyeusement ce champs lexical initiatique qui ne cesse de m’interloquer.

Je m’excuse pour mon manque de délicatesse auprès de celles et ceux qui trouvent dans cette recherche un sens à l’existence. Mais pardonnez-moi, toutes ces formulations me grattent. D’abord, elles sont assénées, martelées (donc irritantes), et ensuite, elles mettent en lumière la tyrannie mielleuse d’une quête impossible ! Cette croyance, très répandue, qu’en chacun de nous repose un être véritable m’inquiète profondément et me pose question. L’authentique soi-même est-il un bloc immobile où une substance en mouvement ? Une toile de fond vierge, incorruptible ou une matière malléable ? La réponse ne va pas de soi mais semble unanime : cette vérité est unique, immuable, permanente… à l’image de Dieu. Aurait-il glissé depuis le ciel jusqu’à votre cœur ? Pourquoi pas ? Il fallait bien le mettre quelque part… Or, ce Dieu du dedans n’a pas changé ses habitudes : il sait tout, entend tout, voit tout, il est parfait, plein, il est amour et se suffit à lui-même. L’être pur, vrai, authentique au fond de soi est aussi abstrait et intangible. Cette quête peut-elle engendrer autre chose qu’une immense frustration ?

Le vrai moi n’est qu’un concept, et ce qui m’inquiète, c’est précisément que l’on soit tendu vers un concept étranger à la vie elle-même. L’idéal d’une vérité stable, prostrée à l’intérieur de soi, coupe l’humain de ce qui le fonde : le monde sensible, et donc la relation, l’expérience, le mouvement. Pourquoi diable les humains refusent-ils d’être simplement les fragments d’une nature en perpétuelle mutation ? Mon ami Jean-Claude (Van Damme), le formule ainsi : « en vérité, la vérité, il n’y a pas de vérité !… »

Il suffira (ou pas) de lire ou relire Platon, puis Saint Augustin, pour constater l’enracinement de cette conception dualiste qui d’un côté valorise le vrai, l’esprit, la lumière, et de l’autre méprise le faux, la chair, l’ombre. Le Bien et le Mal. Nous en sommes encore là, sinon dans nos perceptions, au moins dans notre vocabulaire. Mais trêve d’érudition, passons à la prescription. Vous qui êtes friands de vérité, je vous invite à en trouver une ailleurs qu’en votre intérieur. Prenez un papier, un crayon. Regardez par la vitre d’une fenêtre fermée. Décrivez ce que vous voyez sans métaphore, sans “je”, sans “moi”. Laissez infuser. Envoyez-moi le texte si vous le désirez (soinartistique@gmail.com).

Bon rétablissement,

Dr V. (Lisa Diez)

 

Photographie : Milo Blond

 

Lisa Diez est une chercheuse tout-terrain. Depuis sa tendre enfance, elle ausculte avec passion les facettes du vivant, du sensible, de l’invisible et déniche dans la matière les formes qui les relient. Plasticienne, clown, auteure mais aussi formatrice et médiatrice artistique, elle invite les personnes à plonger dans l’expérience de la création.

 

 

 

La liberté d’être soi avec Jacques Schecroun, le 15 avril prochain en conférence live Happinez

Happinez : Qui était Baruch Spinoza ? 

Jacques Schecroun : J’imagine que si vous me posez la question, c’est pour m’inviter à une réponse différente de celle que vous trouverez sur Wikipédia ou dans toute autre encyclopédie ou dictionnaire. Et elle le sera en effet. Qui était Baruch Spinoza ? — Je vous répondrais : un maître spirituel. Et je dirais même le premier maître spirituel de l’époque moderne en Occident. Le premier et, peut-être le seul de tous les philosophes qui a compris, non seulement dans sa tête, mais dans son être, le grand principe fondateur du monothéisme, à savoir que Dieu est Un.

C’est intriguant, vous pouvez nous en dire plus ?

Très volontiers. En fait, la plupart des gens associent l’idée que Dieu est Un avec le fait qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Mais Dieu est Un signifie aussi et surtout que nous ne faisons qu’Un ; et c’est ce dont Spinoza a eu la connaissance intuitive. Nous ne sommes pas séparés les uns des autres car, noirs ou blancs, arabes ou juifs, chrétiens ou athées, nous ne faisons qu’UN, puisque Dieu qui est tout est Un. Et au-delà même des différences de couleur de peau ou de religions, nous n’avons pas besoin d’être séparés pour exister, pas besoin de nous opposer les uns aux autres, pas besoin de dire non quand l’autre dit oui, pas besoin de passer notre vie à nous battre contre quelque chose puis autre chose, contre quelqu’un puis quelqu’un d’autre et ainsi de suite, indéfiniment. En fait, Spinoza nous invite à envisager différemment notre rapport avec l’autre, notre rapport avec le monde, notre rapport avec nous-même et, évidemment notre rapport avec Dieu.

Quelle est, alors, plus précisément, sa vision du divin ?

Pour Spinoza, et là, je le cite, « Seul Dieu existe ou, tout ce qui existe, existe en Dieu ». Cela emporte deux conséquences incommensurables : La première tient au fait que si Dieu est tout et qu’il a tout, alors, cela implique qu’il ne nous demande rien. On comprend, dès lors, que cette conclusion à laquelle il est parvenu n’ait pas fait plaisir aux religions. En effet, si Dieu ne nous demande rien, alors il n’y a plus de péché, plus de carême, plus de culpabilité, plus de confession, plus de Grand Pardon, plus de Ramadan, etc. Pas étonnant, voyez-vous, que la religion à laquelle il appartenait lui ait fait un procès, mais il en aurait été de même s’il avait été chrétien ou mahométan, comme on disait à l’époque.

La deuxième conséquence : c’est que si Dieu est tout, il est parfait et s’il est parfait, tout est parfait. Là encore, le fait que tout soit parfait, juste parce que c’est ce qui existe, c’est un propos in-entendable par les hommes habitués à ne pas vouloir accepter la réalité de ce qui est, à lutter contre, à s’en plaindre, à en désespérer. En ce sens, Spinoza rejoint Descartes qui disait que nul, pas même Dieu, ne peut faire que ce qui est ne soit pas. À partir de là, notre philosophe d’Amsterdam nous propose de suivre la voie de la responsabilité, c’est-à-dire, pour reprendre son expression, d’augmenter notre puissance d’être et d’agir. Je vois que vous froncez les sourcils… (rires)… laissez-moi préciser :

Lorsque vous acceptez la réalité de ce qui est, par exemple du mal qui vous a été fait, vous avez deux options :

– Soit vous faites avec, en vous disant : ok, c’est ainsi, comment vais-je grandir avec cela maintenant ? Là, vous augmentez votre puissance d’être et d’agir car vous êtes, vous-même, le maître de votre vie.

– Soit, c’est l’autre option, de loin la plus courante, vous vous lamentez, vous maudissez le coupable, vous demeurez victime de ce qui est arrivé. Et là, vous diminuez votre puissance d’être et d’agir car vous subissez et les évènements et votre existence.

Les religions sont-elles vouées à disparaître ?

On pourrait penser que je ne les porte pas dans mon cœur, mais c’est tout le contraire. J’aime me retrouver dans une église, dans un temple, dans une synagogue ou dans une mosquée. J’aime sentir l’ardeur de la foi, j’aime mesurer en levant les yeux jusqu’au plus haut des colonnes et des voûtes, ce dont l’homme s’est rendu capable à la gloire de Dieu, j’aime chanter cette même gloire de Dieu et j’aime être en communion avec les autres qui, dans une langue ou dans une autre, me disent pax vobiscum, chalom aleichem, salam aleikum, que la paix soit avec vous. Bien sûr, comme Spinoza, je suis mal à l’aise lorsque les ministres du culte tiennent un discours qui sépare ou lorsque le rituel fait la différence entre les croyants et les prétendus mécréants (ne sommes-nous pas tous enfants de Dieu ?), et mon rêve serait que les religions s’adaptent, qu’elles se transforment pour relier les hommes à Dieu au lieu de les en éloigner.

Comment appliquer la pensée de Spinoza pour vivre un quotidien plus épanoui ?

En un mot comme en mille, en pratiquant la bienveillance. On dit souvent de Spinoza qu’il est le philosophe de la joie. Je crois qu’il est aussi le philosophe de la bienveillance. Sa devise, en effet, je vous le rappelle, est : ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre. Ne pas railler, c’est, en termes actuels, ne pas se moquer, ne pas tourner en dérision, ne pas dénigrer et finalement respecter l’autre dans ses pensées, ses propos, ses positions. Ne pas déplorer, c’est arrêter de se lamenter, de regretter, de s’indigner et accepter ce qui est parce que ce qui est ne peut pas ne pas être quoiqu’on le voudrait tant, c’est aussi arrêter de subir les situations. Ne pas maudire, c’est ne plus dire du mal de qui que ce soit, à propos de quoi que ce soit. Chiche !  (rires… )

Pourquoi avez-vous choisi de raconter cet épisode particulier de la vie de Spinoza que constitue son procès ?

J’ai dédié ce roman à toutes celles et à tous ceux qui, de tous temps, ont été exclus pour avoir osé penser autrement. Je l’ai dédié aussi à toutes celles et à tous ceux qui, de nos jours encore, ici et ailleurs, sont menacés d’être exclus de leur famille, de leur communauté, de leur patrie, de leur groupe, de leur cercle, juste parce qu’ils envisagent la liberté. Et comme on ne parle jamais que de soi, il faut croire que je fais partie de ceux qui ont vécu la douloureuse expérience d’être mis à l’écart pour avoir osé penser autrement. Voilà pourquoi j’ai voulu raconter le Procès de Spinoza. Avec plus ou moins d’intensité, beaucoup, je pense, devraient aussi s’y retrouver.

Pensez-vous, finalement, que nous soyons, comme à l’aube du siècle des Lumières, sur le point d’accéder à un nouveau paradigme de la conscience humaine ? Si oui, de quel ordre ?

S’il s’agit de prendre mes rêves d’aujourd’hui pour la réalité de demain, je vous réponds oui, sans hésiter. Un principe de réalité m’oblige à être plus prudent et à mettre une dose de réalisme dans mon optimisme joyeux. En même temps, lorsque je vois le chemin parcouru par notre civilisation en quelques décennies, et je ne parle pas du point de vue de la technologie, mais du point de vue de la conscience, je suis enclin à y croire. Voyez donc, en à peine cinquante ans, le bébé, qui était considéré comme incapable de ressentir quoique ce soit, est devenu une personne qui comprend tout et ressent tout, la femme qui n’avait pas le droit de détenir un compte en banque sans l’accord de son mari est totalement autonome, la psychologie clinique qui n’était que pour les fous est l’objet de toutes les attentions, et il y a bien d’autres exemples qui montrent à quel point les consciences ont évolué. Alors, vous savez, puisque vous me demandez ce que j’en pense, moi, je vous dirais que mes rêves les plus fous sont toujours devenus réalité. Aussi je ne désespère que mes petits-enfants vivent dans un monde où les hommes ne feront vraiment qu’un, où la bienveillance guidera leurs pas en toutes circonstances et où la joie sera dans les cœurs.

 

Propos recueillis par Aubry François

Photographie : Jack Ward / Unsplash

 

Nous vous donnons rendez-vous pour la conférence de Jacques Schecroun, autour de son livre Le Procès de Spinoza (Albin Michel), le 15 avril, à 19 h, sur la page Facebook du magazine HAPPINEZ : www.facebook.com/happinezfr

 

 

Photographie : tous droits réservés

 

 

Arpentez les « Chemins du Sacré » avec Frédéric Lenoir, en librairie et sur Arte

Happinez : Comment définir le sacré ?

Frédéric Lenoir : La définition la plus commune du sacré a été formulée par le sociologue Émile Durkheim qui a montré que les grandes religions historiques faisaient une distinction fondamentale entre le “sacré” et le “profane”, en sacralisant des temps et des espaces (hauts lieux, temples, synagogues, églises, mosquées, etc.). Par extension, on dira que le sacré, c’est ce que nous mettons à part, au-dessus de tout : les valeurs sacrées de nos démocraties modernes, par exemple, sont la liberté de conscience et d’expression. J’ai toutefois préféré utiliser dans cet ouvrage la définition plus anthropologique proposée par Rudolf Otto : le sacré, c’est ce sentiment de crainte et d’émerveillement que ressent l’être humain devant la beauté de la nature et le mystère de la vie. Ce sentiment universel du sacré est à l’origine de toutes les quêtes spirituelles du monde, qu’elles soient religieuses ou laïques.

Quelle est l’histoire de cet ouvrage et qu’y trouveront les lecteurs ?

Tout est parti d’une collection de films documentaires que j’ai coréalisée pour Arte qui m’a permis de faire des voyages et des rencontres extraordinaires sur les cinq continents. J’en ai profité pour écrire un récit de voyage et photographier des paysages sublimes et des personnes magnifiques que j’ai rencontrées, que ce soit au Japon, en Australie, au Pérou, en France, au Canada, en Inde, en Éthiopie et ailleurs. J’ai découpé les films et le livre en cinq grandes thématiques : ceux qui expérimentent le sacré à travers la nature (comme les peuples animistes), à travers la marche (comme les pèlerins de Compostelle), à travers la sagesse (comme les moines zen), à travers la solitude (comme les ermites) ou à travers la beauté (comme les artistes).

Auriez-vous l’exemple d’une rencontre qui a particulièrement éveillé en vous ce sentiment du sacré ?

Au Guatemala, un rituel chamanique effectué par quatre femmes mayas devant un volcan qui est entré en éruption pendant la cérémonie ! Ce fut un moment incroyable que je n’oublierai jamais et ces femmes chamanes étaient magnifiques. Mais à côté de tous ces anonymes, dont la plupart m’ont ému par leur authenticité, j’ai aussi profité de ces voyages pour rencontrer des personnalités que j’aime beaucoup, dont certains sont des amis, et qui sont aussi des grands témoins du sacré : Hubert Reeves dans sa maison de Malicorne, Matthieu Ricard dans son monastère au Népal, John Kabat-Zinn (le fondateur de la mindfulness) à New York, ou Nicole Bordeleau à Montréal.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Visionnez le film-documentaire Les Chemins du Sacré, de Frédéric Lenoir et Bruno Victor-Pujebet, du 27 mars au 3 juin 2021, sur arte.tv, ou à l’antenne, le samedi 3 avril 2021 à 20h50.

Découvrez aussi la série documentaire éponyme en cinq épisode, du 20 mars au 15 septembre 2021, sur arte.tv

 

PORTRAIT © Hannah Assouline

PHOTOGRAPHIES © Camera Lucida Productions – Les Protagonistes Productions

 

 

Devenez, vous aussi, gardien.ne de la nature !

Happinez : Vous parlez d’une nouvelle révolution copernicienne qui serait actuellement en cours. C’est-à-dire ?

Marine Calmet : En démontrant que le modèle géocentrique était erroné et que la Terre n’était pas le centre de l’univers, Copernic et Galilée ont déconstruit la vision établie de l’ordre du monde. Malgré cette vision défendue par les dogmes religieux, la science a donc démontré que l’homme n’était pas au sommet de la création divine, ébranlant une croyance qui contribuait à justifier sa domination sur le reste du vivant. Aujourd’hui aussi, nous sommes face à un moment charnière de notre histoire. Notre modèle de développement anthropocentré reposant sur l’exploitation de la nature par et pour l’homme est mis en défaut par la communauté scientifique. Le mythe de la croissance infinie est remis en question et le monde occidental libéral, confortablement installé dans cette idéologie, prend progressivement conscience de son interdépendance avec la nature. Une nouvelle révolution copernicienne est en train de remettre en question notre place au sein de la communauté du vivant, non plus comme “maîtres et possesseurs” de la nature comme le défendait Descartes, mais comme gardiens ou gardiennes.

 

Comment expliquer la crise écologique que nous vivons ?

Le monde industriel lancé dans une course sans fin à l’accaparement des richesses naturelles, dépasse toujours plus les limites biologiques de notre planète. En Guyane française, les industries minières pillent l’Amazonie, en Bretagne les élevages intensifs dérèglent les écosystèmes et sont responsables de pollutions massives aux algues vertes… Les exemples ne manquent pas. Je crois que la crise écologique que nous traversons est aussi liée à une crise identitaire, à notre incapacité à reconnaître notre place dans la nature. Or aujourd’hui avec la pandémie qui nous frappe, nous pouvons choisir entre relancer l’économie, reprendre notre trajectoire là où elle s’était arrêtée, filant droit vers une augmentation globale des températures de 4 °C, ou alors prendre conscience que nous sommes devenus une menace non seulement pour la nature mais aussi pour nous-même. Mon livre veut apporter une méthode pour entamer une transformation profonde de notre société et changer le cours des choses.

 

Qu’avez-vous appris aux côtés des Premières Nations ?

Travailler en Guyane avec les peuples amérindiens qui ont survécu à la colonisation m’a permis de faire un pas de côté, de nous observer nous, la société occidentale, à travers leurs yeux. Contrairement à nous, pour de nombreux peuples autochtones, le lien à la nature est toujours bien là, il est intrinsèquement lié à leur identité, à leur culture et cimente leur organisation sociale. Ils ont un système de valeurs bâti sur la défense de droits collectifs et refusent traditionnellement la propriété privée. Comprendre que notre société et ses dogmes n’étaient pas universels, mais qu’au contraire il existe de multiples manières de former une communauté de vie, cela m’a beaucoup inspirée. Je poursuis désormais ces pistes avec l’association que j’ai cofondé à mon retour de Guyane, Wild Legal qui s’engage pour l’émergence de nouveaux concepts, tels que le crime d’écocide, les droits du Vivant et les gardiens et gardiennes de la Nature.

 

Vous vous êtes notamment intéressée au projet “Montagne d’or” ? De quoi s’agit-il et quel en a été le dénouement ?

La Montagne d’or est un gigantesque projet de mine industrielle à ciel ouvert au milieu de la forêt amazonienne qui est dans les cartons de Bercy depuis l’époque où Emmanuel Macron était encore ministre de l’économie. Je me suis engagée dans la lutte contre cette destruction du vivant, en tant que porte-parole du collectif Or de question. Nous avons inlassablement dénoncé les effets pour le climat, la biodiversité, l’eau et nous avons manifesté aux côtés des peuples autochtones de Guyane durant de long mois. Finalement, le président de la République a fini par céder et a annoncé l’abandon du projet. Mais nous restons mobilisés, Montagne d’or n’était qu’un projet parmi d’autres, l’arbre qui cache la forêt. Nous voulons obtenir la fin de l’industrie minière sur le territoire.

 

Avez-vous un exemple de gardien de la nature ?

Une gardienne de la nature avec laquelle je me suis battue contre le projet de mine industrielle “Montagne d’or”, Kadi Eleonore Johannes, porte-parole du collectif Or de question et femme amérindienne engagée pour les droits des premières nations de Guyane. Elle siège à la commission des mines et dénonce la collusion entre l’État français et les entreprises qui détruisent l’Amazonie. J’ai rencontré de nombreux gardiens et gardiennes de la Nature et mon livre est aussi une façon de rendre hommage à leur engagement. À Paris, j’ai eu la chance d’accompagner certains membres de la Convention citoyenne pour le climat et de rencontrer Guy Kulitza, technicien informatique retraité, qui s’est révélé être un fantastique défenseur de la reconnaissance du crime d’écocide, un gardien plein de bon sens et d’empathie pour notre planète. L’expérience des membres de la Convention prouve qu’on ne naît pas gardien ou gardienne de la Nature, on le devient.

 

En quoi les femmes ont-elles un rôle particulier à jouer dans le monde de demain ?

Les femmes ont un rôle essentiel. Elles sont omniprésentes dans les mouvements pour la défense du vivant, en Guyane comme en métropole. Invisibilisées, longtemps objectivées, souvent brutalisées, le combat pour les droits des femmes illustre l’importance de la transformation juridique pour fixer de nouvelles règles et ainsi construire un monde juste. Tout comme la femme n’est aujourd’hui plus la propriété de l’homme qui pouvait en disposer comme bon lui semble, le statut de la nature doit être remis en question pour en finir avec l’exploitation à outrance de la terre. Avec le mouvement metoo, la parole des femmes s’est libérée pour dénoncer un système bâti sur la violence, l’oppression et la domination envers les femmes. Mais ces mêmes mécanismes s’exercent également contre la nature, les minorités etc. Les femmes font entendre leur voix, pour elles et pour les autres, celles qui n’ont pas la force de parler ou alors ceux qui ne peuvent pas parler du tout, les rivières, les arbres, les animaux…

 

Comment devenir un gardien de la nature ? Peut-on mener des actions particulières depuis notre quotidien ?

Ma démarche n’est pas de rajouter des injonctions supplémentaires aux écogestes, pétitions et autres appels à manifester. Dans mon livre, j’ai voulu donner une méthode plutôt que des actions clef en main. Si j’ai choisi la forme du récit initiatique, c’est pour convaincre d’autres personnes d’entamer leur propre cheminement pour devenir gardien ou gardienne de la Nature. Au quotidien, il s’agit de passer par de nombreuses étapes que je décris au travers d’anecdotes, notamment apprendre à écouter et à comprendre la Nature, réussir à se “décoloniser” et être prêt à déconstruire ce que nous tenons pour acquis, passer son rite d’initiation, savoir résister ensemble et construire une communauté basée sur la solidarité entre humains et non-humains. C’est un processus pour se reconnecter au Vivant.

 

Propos recueillis par Aubry François

Photographie : Réda Settar