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Trouver sa raison d’être au nom d’un monde plus durable et plus humain

Catégorie(s) : Livres, Développement personnel, Bien-être, Art de vivre, Nature, Rencontres

Le nouveau visage du monde a de quoi dérouter. Et quand le pire est annoncé, se réfugier dans un déni confortable ou dans le fatalisme de ceux qui semblent avoir déjà consenti au naufrage, peut sembler la seule action possible face à son propre sentiment d’impuissance. Mais c’est ignorer cette force intérieure que possède l’être humain, un creuset inaltérable d’espoir et de confiance dans les choix les plus justes. Ce n’est pas manquer de lucidité que de croire en des changements positifs et une action efficace à mener au nom de la terre, des hommes et d’une société où il ferait bon vivre ensemble. C’est ce que montrent la journaliste Cyrielle Hariel et le conseiller Sylvain Reymond dans leur livre Nos raisons d’être, publié en avril aux éditions Anne Carrière, qui sont partis à la rencontre des leaders du monde de demain, personnalités reconnues ou parfaits anonymes, et leur ont demandé quelle était leur vision d’un monde plus durable et plus humain. Ils nous en parlent ici avec un optimisme contagieux.

Happinez : Quels sont selon vous les enjeux les plus importants de cette première partie de 21e siècle pour l’humanité ?

Cyrielle Hariel et Sylvain Reymond : Le constat de départ de ce livre, c’est que jamais une génération n’avait fait face à autant d’urgences sociales et sociétales simultanément. La complexité de cette période, c’est justement la multiplicité de ces enjeux. La facilité serait de se résigner et de céder à une certaine fatalité. Il faut beaucoup d’audace pour continuer à croire en notre capacité commune à les relever. Il nous faudra un courage à toute épreuve pour y parvenir. Le plus grand défi de cette première partie de 21e siècle, c’est tout simplement de préserver la vie et de réhabiliter le vivre-ensemble. L’un n’allant pas sans l’autre. Lutter contre le réchauffement climatique alors même que ses premiers effets irréversibles (disparitions d’espèces animales, fonte des glaciers, démultiplication des catastrophes naturelles, etc.) sont perceptibles est indéniablement notre mission commune ultime. Pour y parvenir, il nous faudra nous rassembler et faire corps alors même que nos sociétés n’ont jamais été aussi fragmentées et que tout semble prétexte à division. Notre conviction, c’est que cette réinvention d’un projet de société commun et l’adhésion massive à ces causes ultimes passe par notre capacité à exprimer toutes nos raisons d’être personnelles et collectives. « Nos raisons d’être », ce sont d’abord toutes ces bonnes raisons d’agir ensemble.

Comprenez-vous que face au constat catastrophique de la situation environnementale, il soit difficile pour beaucoup de gens de rester optimistes ?

Évidemment ! Mais à quoi bon baisser les bras et se cantonner à prendre une posture fataliste ? Nous avons justement donné la parole à 37 leaders de tous horizons résolument motivés à faire bouger les lignes de notre société pour nous éveiller et nous donner l’inspiration et les leviers d’actions pour devenir acteurs de notre transition écologique et solidaire. Ces 37 leaders nous ouvrent la voie. Ils portent et nourrissent justement tous ces grands espoirs dont nous avons besoin pour continuer à y croire, malgré tout. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » pour ne citer que Mark Twain, voilà le mantra de ces 22 millions de bénévoles français qui agissent au sein de notre tissu associatif pour combler les failles de notre système. La recherche de sens et le sentiment d’utilité sont les deux choses qui marqueront plus que jamais cette ère post Covid19. Profitons de cette intarissable soif d’engagement qui se répand partout dans notre société pour donner raison à ceux qui espèrent encore.

Quel pourrait être le visage des entreprises de demain, si elle se mettaient à l’écoute des besoins actuels de notre monde ?

Déjà aujourd’hui, des entreprises pionnières s’engagent partout en France et dans le monde. Partout, elles viennent en appui de la puissance publique pour prendre en charge ces fameuses urgences sociales, sociétales et environnementales. Beaucoup font preuve d’une extrême résilience dans la période que nous traversons. Cessons de le nier et de donner raison à la poignée d’entreprises qui ont jeté l’opprobre sur le reste du monde économique parce qu’elles ont malhabilement usé et abusé des pratiques du green ou social washing. Nous le démontrons dans ce livre, le monde ne changera pas tant que nos entreprises ne s’engageront pas à le changer. Nous avons besoin d’elles. Certains des dirigeants que nous avons interrogés dans ce livre donnent véritablement un visage plus humain à ces groupes de toutes tailles. L’entreprise de demain sera à raison d’être et/ou à mission. Elle accordera autant d’importance à la cause sociale ou sociétale qu’elle inscrira dans ses statuts qu’à ses enjeux de rentabilité financière. L’entreprise de demain sera politique au sens premier du terme : elle prendra toutes ses responsabilités dans la gestion de la Cité et de ses citoyens. L’entreprise de demain se sera réconciliée avec notre jeunesse et les 30 000 signataires du Manifeste Etudiant pour un réveil écologique. L’entreprise de demain sera engagée ou ne sera pas. Tout simplement parce qu’aucune entreprise ne peut prospérer dans un écosystème qui n’est pas pérenne.

Avons-nous vraiment le temps de négocier de façon progressive le virage vers une société plus durable et humaine ? La situation nécessite une action rapide et commune, or les intérêts des uns et des autres empêchent tout accord véritable qui pourrait avoir une portée planétaire…

Nous n’avons plus forcément le temps, mais nous avons encore le choix. Vous l’aurez compris, à la résignation nous préférons la résilience. En lieu et place du réalisme fataliste, nous encourageons à réinventer une science des rêves et de nouveaux récits. Face à la destruction, face à l’indifférence et face à ceux qui s’y résolvent, ne cessons pas de vouloir reconstruire et régénérer le monde. Ne cessons pas de donner la parole à ces jeunes qui sont prêts à tout changer. Ils portent nos plus grands espoirs. Écoutons notre jeunesse. Entendons-la. Ne cessez pas vous-même, dans les médias, de mettre en avant ces leaders du changement auxquels nous avons donné la parole dans ce livre. Préférez leurs solutions aux problèmes qui perdurent. Accordez-leur vos Unes et donnons-leurs les moyens de leurs ambitions. Croyons profondément en eux. Car ce sont leurs témoignages, nous en sommes convaincus, qui parviendrons à accélérer toutes les prises de conscience. Car ce sont leurs actions sur le terrain qui finiront par susciter de nouvelles vocations de citoyens engagés.

Quels sont les points communs qui réunissent les personnes que vous avez interviewées dans le cadre de cet ouvrage ?

Nos 37 leaders qui témoignent (Bertrand Piccard, Yann Arthus-Bertrand, Samuel Le Bihan, PDG de Orange, de Renault, Julie Chapon, la fondatrice de YUKA, etc.) partagent une même envie d’être utile et de donner du sens à leur existence. Tous aspirent à mener des actions à impact positif sur la société. Enfin, tous ont une farouche envie de « transmettre » aux autres cette envie d’agir pour ce qui leur semble juste.

Une rencontre vous a-t-elle particulièrement inspirés ?

Cyrielle Hariel : Celle de Samuel le Bihan qui a plusieurs casquettes, comme celle d’acteur mais aussi d’entrepreneur qui se préoccupe de la gestion de nos déchets plastiques avec sa société Earthwake.

Sylvain Reymond : Difficile de n’en retenir qu’une seule. J’ai pour ma part été néanmoins profondément marqué par la « raison d’être personnelle » exprimée par Anne-Laure Kiechel dans ce livre, parce que je sais qu’elle parvient à lui rester fidèle à tout prix. Sa raison d’être c’est « d’être libre, toujours ».

Quelle est votre propre raison d’être ?

Cyrielle Hariel :  Mettre en lumière celles et ceux qui ont des projets d’impact qui répondent aux 17 Objectifs du développement durable des Nations-Unis.

Sylvain Reymond :  Aider les autres à trouver leur propre raison d’être et d’agir en faveur de grandes causes.

 

Propos recueillis par Aubry François

Photographie : Zac Durant / Unsplash