Suivez l’appel transformateur de l’océan avec Pierre-Yves Touzot

Happinez : Comme votre héros, nous sommes nombreux à avoir vécu une période d’isolement ces derniers temps. Selon vous, en quoi la solitude invite-t-elle à se poser les “bonnes” questions ?

Pierre-Yves Touzot : La solitude a de nombreux effets bénéfiques qui amènent forcément, si ce n’est à se poser les “bonnes” questions, au moins à se poser des questions. Être seul permet de se découvrir, d’apprendre à vivre avec soi-même. J’ai voyagé en solo pendant six mois. Ne pas avoir à partager mes émotions en permanence avec autrui a rapidement libéré mon instinct, ce qui m’a appris à mieux l’écouter, à lui faire confiance. Une fois libérés de ces influences extérieures, nous sommes amenés à voir les choses différemment, donc à nous poser de nouvelles questions, qui bien souvent se révèlent être les bonnes questions. Passer du temps seul est une expérience constructive, à l’autre bout du monde comme dans notre jardin. Gwen, le héros de mon roman, va être confronté au cours de son très long séjour sur l’eau à des situations inattendues, qui vont se traduire par des remises en question, parfois douloureuses, parfois jubilatoires, auxquelles il va faire face seul, débarrassé en grande partie de l’influence du monde extérieur. Un voyage intérieur autant qu’extérieur qui va bouleverser son regard sur lui-même, et sur le monde.

Nous grandissons dans une société qui tend à promouvoir l’apparence au détriment de l’intériorité. Faut-il risquer de décevoir les autres pour se réaliser soi ?

Je ne pense pas qu’il faille le voir comme une source de déception pour les autres, mais plutôt comme une source potentielle d’éloignement. Se libérer de ses propres chaînes, changer de regard sur la vie, de voie, prendre des virages radicaux, tout cela peut entraîner une forme d’incompréhension, voire parfois de jalousie. Essayer de voir le monde à travers notre propre regard en s’affranchissant de l’influence de notre éducation, de notre culture et d’une manière plus générale du poids de la société est un long voyage, libératoire, parfois douloureux et nécessairement solitaire par moment. Et comme chacun suit son propre chemin, cela peut exacerber des divergences de point de vue, qui peuvent éloigner les uns et les autres. Mais si la réalisation de soi exige de passer par une forme ou une autre de déception, d’incompréhension ou même de rejet de la part de son entourage, je pense qu’il faut prendre le risque. Comme mon personnage le fait dans le roman. Durant son voyage, il va jusqu’à trahir sa parole et couper momentanément les liens avec ses proches pour permettre à la mue de s’opérer.

Les aléas météorologiques jouent un rôle crucial dans la course de votre héros. Jusqu’à quel point le hasard influence-t-il d’après vous le cours de notre existence ? 

Le joueur de poker amateur que je suis ne peut que reconnaître qu’il y a des soirées plus faciles et d’autres plus difficiles. Mais sur la durée, les choses s’équilibrent, et le meilleur gagne plus régulièrement que les autres. Le hasard influence forcément nos vies, mais je me plais à croire que nous pouvons aussi influencer le hasard. Ce facteur de réussite inconstant et imprévisible que l’on peut appeler chance, ou malchance, se provoque, se cultive, s’appelle ou se repousse. Dans le monde de la course à la voile, les concurrents proches les uns des autres bénéficient des mêmes systèmes météorologiques, ce qui les met sur un pied d’égalité. En revanche, ceux moins performants qui se sont laissés décrocher bataillent dans d’autres conditions de navigation, ce qui crée une forme d’injustice sportive. Mais malgré ce nivellement par le talent et les qualités techniques intrinsèques du voilier, personne n’est à l’abri d’une collision avec un OFNI, ces objets flottants non identifiés qui peuvent mettre fin à une course en une fraction de seconde. Difficile donc de ne pas croire au hasard, même si certains lui préfèreront le mot destin. Pour gagner ce genre de compétition, ou bien figurer au classement final, il faut forcément un brin de réussite, car, c’est une évidence, il est plus facile d’avancer sur mer comme dans la vie avec le vent dans le dos qu’avec le vent dans le nez. Comme nous n’avons que peu d’influence sur le sens dans lequel il va souffler, il faut surtout savoir s’adapter, face à l’adversité comme face à la facilité.

Votre ouvrage présente la transformation d’un jeune homme. Pensez-vous qu’il soit nécessaire de se tromper pour grandir ?

Je n’aime pas l’idée qu’il faille nécessairement se tromper pour grandir, mais je me sens obligé, par expérience, de reconnaître que les erreurs aident à avancer. À condition bien sûr de les assumer, de les analyser et d’accepter de se remettre réellement en question. L’échec accélère le processus, mais je crois qu’il y a d’autres manières de grandir, ne serait-ce que l’envie sincère de progresser, d’évoluer, de s’améliorer. Au départ de la course, Gwen ne se trompait pas, il ne savait pas encore réellement qui il était. Enfermé comme beaucoup d’entre nous dans un chemin de vie qu’il n’avait que partiellement choisi, il n’avait pas trouvé son propre essentiel. Cette longue épreuve en solitaire dans la difficulté, au bout du monde, va opérer comme un catalyseur, en lui permettant à la fois de se rencontrer et de se connecter plus intimement avec la Nature. Un chemin que nous devons tous urgemment emprunter si nous voulons assurer notre survie et grandir en tant qu’espèce.

Le mental est-il plutôt un frein ou un allié ?

Il peut être les deux, avec, sans doute, dans un cas comme dans l’autre, autant de puissance de nuisance que de bienfaisance. Je pense qu’il faut à la fois utiliser le mental, à bon escient, avec parcimonie, et être capable d’en faire abstraction, pour laisser s’exprimer l’instinct. Les marins embarqués pour de longues courses autour du monde ne tiendraient pas le choc psychologiquement et physiquement s’ils ne comptaient que sur leur mental. Très vite, ils s’épuiseraient. Il est nécessaire pour eux de s’abandonner à leur instinct, pour tenir sur la durée, supporter la solitude, l’isolement, et la tension nerveuse inhérente à la compétition. Et profiter pleinement de l’expérience. Durant son tour du monde, Gwen apprend à faire taire sa voix intérieure qui lui criait de tout faire (et de tout sacrifier) pour gagner. Il parvient alors à s’abandonner au moment présent, à savourer pleinement sa présence dans l’ici et maintenant, seul sur son voilier au milieu de l’océan.

Qu’est-ce que la liberté ?

Pour moi, la liberté, dans le sens intériorisé du terme, c’est apprendre à se connaître soi-même suffisamment pour vivre en harmonie avec ce que l’on est véritablement, tout en trouvant un équilibre avec le monde qui nous entoure, avec les individus qui croisent notre route comme avec notre environnement au sens large. Être libre, c’est parvenir à se débarrasser de ses propres peurs pour exister plus sereinement, être capable d’accepter l’évolution et le changement lorsqu’ils se présentent, de penser par soi-même, libéré de l’influence du monde extérieur. Comme un Albatros pourrait se résumer comme l’histoire d’un jeune homme qui acquiert au prix fort sa véritable liberté, un prix fort qu’il continuera à payer une fois de retour à la civilisation durant une inexorable phase de réadaptation à la vie dite “normale”. Une période sans doute compliquée qu’il traversera d’autant plus sereinement qu’il sera dorénavant plus sûr de son identité, et de la direction globale qu’il entend donner à son chemin personnel.

Comme un albatros donne à lire une certaine inquiétude face à la catastrophe écologique visible au sein de la sphère océanique. Que pouvons-nous mettre en place dans notre quotidien pour agir ?

Vaste sujet ! Il y a tellement de choses que nous pouvons mettre en œuvre chacun à notre niveau ! La seule attitude à éviter en face de cette catastrophe écologique en cours est le déni, qui mène à l’inaction. Tout ce que nous entreprenons, chacun à notre niveau, les petites résolutions comme les grosses révolutions, contribue à résoudre notre problème collectif. Et cet activisme est une manière concrète de lutter contre l’éco-anxiété, cette peur croissante de l’avenir due à la manière dont nous participons activement à la sixième extinction en cours du monde animal, et à la destruction de notre environnement.

Pour répondre concrètement à votre question, voici quelques exemples de ce que chacun d’entre nous peut facilement entreprendre pour soulager les océans d’une pression humaine toujours plus destructrice :

  • Utiliser le moins possible les matières plastiques qui, sous une forme ou une autre, finiront toutes dans les océans.
  • Refuser de consommer des produits alimentaires ou manufacturés qui doivent faire un demi-tour du monde en porte-container pour arriver chez nous.
  • Prendre son vélo ou au pire les transports en commun plutôt que sa voiture pour ne pas inciter les compagnies pétrolières à surexploiter les océans en particulier pour nous fournir de l’essence.
  • Ne pas manger trop souvent du poisson, et vérifier scrupuleusement qu’il ne vient pas de l’autre bout du monde, et qu’il n’appartient pas à une espèce en voie d’extinction.
  • Plus globalement, accepter l’idée qu’une croissance infinie dans un monde fini est une hérésie, et qu’il est urgent de changer de paradigme.

Et j’invite ceux qui sont concernés par la sauvegarde de nos océans à découvrir les écrits de Paul Watson, et à soutenir les activités de son association Sea Sheperd, seule (et fragile) force d’intervention concrète dans cette zone de non-droit que sont les eaux internationales.

 

Propos recueillis par Lara Turiaf

 Photographie : Geran de Klerk / Unsplash

 

Participez au financement de “Grain”, un nouveau magazine dédié aux modes de vie conscients et à la poésie du quotidien !

Grain est une revue semestrielle à paraître à l’automne, au papier respectant les critères IMPRIM’VERT.

Le magazine fondé par Pauline Blanchard se veut être un compagnon de chevet pour ceux qui apprécient la beauté des choses simples et qui s’intéressent à un monde nouveau tourné vers l’écologie et un mode de vie plus conscient des enjeux climatiques actuels.

Au lieu d’être une fenêtre austère sur l’état du monde, Grain propose une mise en page et des textes lumineux et poétiques sur des thèmes environnementaux.

Pour son premier numéro, plus de 25 contributrices, autrices, journalistes et photographes de talent explorent le mot “racines”. Un mot aux mille significations qui nous pousse à interroger l’importance de notre ancrage personnel, à comprendre et à protéger nos forêts, à imaginer un monde radicalement différent ou encore à (ré)apprendre à cuisiner les légumes poussant sous terre. Au sommaire de ce numéro de lancement : une ode à l’hiver, le portrait d’un ébéniste engagé, une rencontre avec un messager des peuples racines…

Pour aider Grain à pérenniser son projet d’édition, une campagne participative ambitieuse est organisée du 20 septembre au 14 octobre prochains.

Le premier numéro pourra ainsi être pré-commandé dès le début de la campagne via sa page KissKissBankBank.

Pour soutenir l’aventure  :  www.kisskissbankbank.com/fr/projects/grain-la-revue

Texte : Hélène Robert

Photographie : Amir Esrafili / Unsplash

 

Reportage : reconnexion à soi lors d’un stage “Yoga et spiritualité chamanique”

À la recherche de mes animaux de pouvoir…

Dans ma vie, j’ai participé à trois appels totémiques. Le contexte était à chaque fois différent. Ma première expérience s’est déroulée dans un coin de verdure de la forêt de Fontainebleau avec deux copines. L’une d’entre elles venait de terminer une formation en chamanisme et nous l’avons encouragée à se lancer dans la guidance des voyages, à l’abri des regards sceptiques et des jugements à l’emporte-pièce. Ma seconde expérience s’est tenue dans l’appartement d’un chamane plus confirmé mais néanmoins toujours non professionnel, en compagnie de connaissances.

Ma troisième expérience devait être la bonne. D’abord, parce qu’elle était placée dans les meilleures circonstances qui me semblaient envisageables. Ensuite, car j’avais consolidé l’espoir d’une réussite naturelle, comme celle qu’on a tous connue un jour au terme d’essais infructueux riches en enseignements et d’un travail sur soi.

En raison d’une difficulté à lâcher prise ou d’une explication qui m’échappe encore, il ne s’est jamais rien passé de tangible.  Je n’ai vu ni passage vers “le monde totémique”, ni bête plus ou moins imposante. Même si je n’ai toujours pas rencontré mes animaux de pouvoir, j’ai préféré le voyage proposé par l’enseignante chamane Karine aux précédents. Pourquoi ? Celui-ci respectait un protocole chamanique précis dont certaines participantes ont su tirer pleinement profit, dans un endroit charmant par sa singularité.

Le moulin de Tessé

Quand Karine a visité pour la première fois le Moulin de Tessé, elle a pressenti que la tenue d’un stage là-bas constituerait une expérience inédite pour elle. Son intuition ne l’a pas trompée. Le week-end du 4 et 5 septembre derniers, l’enseignante-chamane a en effet dû collaborer plus qu’à l’accoutumée avec les esprits de l’eau, omniprésents au regard du lieu. Outre ce contexte inhabituel, le programme de Karine s’est déroulé selon les grandes étapes prévues, dans la joie d’une cohésion féminine. Nous étions exclusivement des femmes !

Avec son intervenante Nathalie, dont la mission était de nous enseigner matin et soir le yoga et la méditation, les deux femmes ont formé un binôme éducatif harmonieux. Au fil d’exercices de yoga et de cercles chamaniques, Karine et Nathalie sont parvenues à nous plonger dans l’exploration et la libération de nos émotions enfouies (élément eau / chakra sacré). De plus, elles nous ont aidées à dissiper nos pensées et à ouvrir notre cœur (élément air / chakra du cœur).

Je vais vous raconter les événements saillants de ma journée passée en leur compagnie.

 

Des préparatifs minutieux

Après être arrivée la veille puis avoir dormi dans une chambre aménagée pour leur venue, chaque participante a débuté la journée de stage par un petit déjeuner collectif dans la spacieuse salle à manger du moulin. C’est à ce moment-là que je les ai rejointes, portée par l’enthousiasme d’une journée promise à l’aventure et à la connaissance de soi.

À 10h, Karine nous a expliqué le programme du jour avant de constituer deux groupes de travail : l’un se rendant à un cours de yoga dispensé par Nathalie, l’autre s’embarquant à ses côtés dans une série de voyages chamaniques.

Sous la protection spirituelle de Karine ayant au préalable préparé la salle pour la venue des esprits, nous étions invitées à rentrer en relation avec nos animaux totem. En particulier l’animal totem dit “de force”. Il faut savoir qu’une telle rencontre ne s’improvise pas : des préparatifs s’imposent. Avant notre venue, Karine a donc eu la charge de pratiquer des soins sur les participantes et d’établir des “diagnostics chamaniques” en contactant l’esprit gardien du lieu du Moulin de Tessé. S’en sont suivies les consignes de travail à réaliser sur place. Au petit matin, la chamane a créé un autel dans la salle pour honorer les Esprits protecteurs. Après le petit déjeuner, cette dernière s’est occupée du nettoyage énergétique des voyageuses en brûlant de la sauge autour de chacune d’entre elles. Avant d’entrer dans le cercle, Karine nous a expliqué le fonctionnement du monde chamanique. Toutes ont pu prendre conscience des dangers qu’il pouvait comporter. Enfin, elle nous a donné les instructions des voyages à effectuer. J’avais un peu d’appréhension. L’appel fonctionnerait-il cette fois-ci pour moi ? Verrais-je ce félin inconnu dont le précédent guide m’avait vaguement parlé et que je n’avais pas eu la chance de rencontrer jusqu’alors ?

 

 

L’appel de l’animal de force

Au total, les appels totémiques auront duré près de deux heures. D’abord, Karine nous a demandé de déposer des offrandes personnelles sur l’autel à l’attention des esprits sur le point d’être convoqués. Puis nous avons appelé nos totems, couchées au sol, au son de son tambour. Au terme de ces trois explorations, les retours d’expériences ont été riches : certaines ont éprouvé des difficultés à voir quoi que ce soit, d’autres n’ont pas su passer dans « le monde totémique ». Pour les quelques-unes qui y sont parvenues, elles ont évoqué la difficulté à reconnaître clairement leur animal totem de force parmi ceux rencontrés. Si pour leur part, Karine et sa fille Carla ont bien visualisé les animaux totems de chaque participante, elles n’ont pas révélé le fruit de leurs découvertes. Lors d’une telle expérience, l’objectif est d’accéder par soi-même à son animal, sans être influencé par la vision d’autrui, quand bien même viendrait-elle du chamane encadrant le voyage. Quant à moi, je suis ressortie frustrée de l’expérience, avec une sensation hélas familière d’impuissance. Lorsque celle-ci se présente, j’ai coutume de me remémorer la patience et la persévérance nécessaires à tout chemin spirituel et travail sur soi. Cette pensée m’apaise et me redonne de l’entrain à poursuivre mes démarches, aussi éthérées puissent-elles paraître !

Manger pour se recentrer

À 12h, un pique-nique a réuni les deux groupes. Dans une atmosphère conviviale, nous avons appris à mieux nous connaître.

L’appel de l’esprit de la grenouille

À 15h, le groupe entier a répondu à un nouvel appel chamanique. Celui de l’esprit…de la grenouille ! Nulle fantaisie ici. Simplement la volonté d’en convoquer la médecine. Allongées autour d’une mare désignée par l’esprit du lieu avec qui Karine communique, après avoir effectué de nouveau une offrande le cœur empli d’amour et de gratitude, nous nous sommes laissé porter par le son du tambour. Sous un soleil de plomb et soumise à des attaques de moustiques, je n’étais pas à mon aise. Pour autant, à un degré subtil, il s’est bien passé des choses. Certaines participantes ont ainsi décrit un contact avec l’esprit de la grenouille et ses énergies de guérison.

Dialoguer avec les arbres

À 17h, un orage s’est soudainement rapproché du Moulin. Malgré sa présence menaçante, il nous a laissées en paix. Ainsi avons-nous pu nous connecter avec sérénité à deux grands arbres du domaine. Le but ? Ressentir l’aura des végétaux puis entrer dans un échange respectueux et aimant avec eux. Durant la séance et à l’écoute du tambour de Karine, bon nombre d’entre nous ont ressenti une chaleur au cœur. Quelques-unes ont même reçu des informations personnelles précieuses – réponse à une problématique, conseil pour le futur, etc. D’autres enfin ont pris conscience du caractère sacré de chaque arbre, alors même que la vie moderne a tendance à détourner notre attention de leur puissance naturelle.

 

Une soirée joyeuse

La soirée s’est poursuivie dans un esprit de joie, entre moments de convivialité – une piscine qui n’attendait que nous ! – et de repos – certaines étant retournées dans leur chambre.

Une danse de la gratitude a clôturé cette première journée de stage.

Retour d’expérience(s)

Dans le train me ramenant à Paris, j’ai repensé à cette journée passée et à ces rencontres foisonnantes. Je me suis identifiée à toutes ces femmes. Comme moi, elles cherchent, trébuchent. Comme moi, elles trouvent quelque chose. Rarement ce qu’elles ont demandé. Généralement pas ce qu’elles ont espéré. Autre chose. Est-ce toujours notre inconscient, l’ultime vainqueur de nos quêtes ?

Dès le début du stage, Karine a partagé ses difficultés à travailler en étroite collaboration avec l’eau. Au-delà d’une fatigue nouvelle ressentie à nous accompagner dans cet environnement particulier, elle ressentait de l’embarras à accéder à certaines informations subtiles. Mais heureusement que nous portions du blanc – un conseil de l’esprit du lieu que la chamane nous avait au préalable transmis. La couleur yin nous a aidées à nous reconnecter à deux qualités nécessaires pour s’ouvrir à la spiritualité en soi : la pureté et la douceur.

Les quelques mots d’une participante au stage, Maeva (33 ans, aide-soignante).

« Depuis petite, je me sentais différente et en décalage avec les autres, sans comprendre pourquoi. La spiritualité m’a permis d’accepter et de développer cette singularité. Au fil de mes voyages chamaniques avec Karine, j’ai pris conscience de certains blocages persistants, par exemple la colère que j’éprouvais vis-à-vis de mes parents en raison d’un passé commun douloureux. Je les ai donc convoqués pour une discussion à cœur ouvert et je leur ai accordé mon pardon. Sur un plan général, ma santé s’est aussi améliorée. »

 

Pour contacter Karine et participer à ses stages de chamanisme à travers la France :

Mail : lamainbienveillante@orange.fr

Page facebook : Karine La Main Bienveillante | Facebook

Site web : https://karinelamainbienveillante.jimdofree.com

Pour contacter Nathalie et participer à ses cours de yoga :

Site web : https://coeuraucorps.fr/

Page Facebook : Ducoeuraucorps

Les photos du lieu ont été prises dans la maison d’hôtes du Moulin de Tessé (à Flexanville) :

Moulin de Tesse | Happy-lead

Moulin de Tessé (@moulin_de_tesse) • Photos et vidéos Instagram

Les conseils santé de Dre V. : Muscler son imagination

Et voilà une déclaration impitoyable que j’entends trop souvent  : « Je n’ai aucune imagination (car) je suis terre à terre ». Autant dire « un triangle a quatre angles (car) il n’en a pas cinq ».

Cette assertion d’identité inversée est dite “inversion d’Arignotès”. En 503 avant Jésus, Arignotès, fille ainée de Pythagore, pressent déjà une Europe envahie de monolithes : les matheux, les farfelus, les imaginatifs, ceux qui ont le sens de l’orientation, ceux qui ne l’ont pas, les littéraires, les scientifiques, les ordonnés et les chaotiques… qui se réduisent eux-mêmes à l’infini selon ce qu’ils mangent, ce qu’ils portent, etc., jusqu’à s’inverser. Elle voit donc encore plus loin que les savants plurivoques de la Renaissance, vous savez, ces peintres botanistes, cartographes biologistes, médecins poètes, marins géomètres… et met en garde contre la délégation des compétences à une fourmilière d’experts, d’artistes et de machines, aujourd’hui banale. Selon elle, ce phénomène trouverait sa source dans un abandon rapide et massif de responsabilités.

Les neurosciences confirmeront ses intuitions : l’être humain naît (c’est un fait désormais irréfutable) avec un bassin de riches univers mentaux et une production imaginaire que la sélection naturelle n’a pas réservée à quelques-uns. De nombreuses études tentent donc péniblement de remettre à l’endroit cette inversion en postulant l’imaginaire comme un réservoir et l’imagination comme la membrane qui l’entoure, muscle qui s’active automatiquement en temps de rêve et de rêverie, qu’on tolère chez l’enfant, qu’on ne juge pas utile de renforcer chez l’adulte. Or, le muscle étant invisible, on préfèrera affirmer collectivement qu’il n’existe pas plutôt que d’avouer qu’il est flasque.

Et l’inversion continue de fleurir, malgré l’avancée de la science, qui explique pourtant que cette membrane est exceptionnelle: contrairement à un muscle apparent, en le renforçant, ce n’est pas sa silhouette qu’on sculpte, mais celle du monde. Et, par effet boomerang, en galbant le monde, on galbe sa propre forme dans le monde. Une imagination musclée, c’est un corps qui retrouve sa place et, j’oserais dire, sa capacité d’exister.

Par conséquent, je ne saurais trop vous inviter à redonner ses pleins pouvoirs à votre membrane. Pour commencer, prenez un cahier vierge et notez vos rêves. Au bout de cinquante, vous verrez déjà la différence: valorisés, les rêves donneront le meilleur d’eux-mêmes et l’impulsion pour les exercices suivants.

Bon rétablissement,

Dre. V.

 

Photographie : Linda Barberis

 

Lisa Diez est une chercheuse polyvalente, sorte d’artiste tout-terrain. Plasticienne, clown, autrice, formatrice, elle ausculte sans relâche le vivant, le sensible, l’invisible en inventant des formes qui les relient. Promenez-vous sur son site, toujours en construction, www.atelierdiez.com

La Permaculture, une culture du vivant, épisode 2 : L’Aérium

Un hiver pas comme les autres…

Lorsque nous parlons de permaculture, les liens au sein même du vivant se font vite. Légumes, arbres, aromates, etc. Mais qu’en est-il de l’écosystème humain ? Pendant mes trois mois au cœur des Cévennes, je découvre ce que signifie concrètement “vivre ensemble”. Perché dans un écrin de châtaigniers au pied du Parc National des Cévennes, à 700 mètres d’altitude, le collectif de l’Aérium a fêté ses 10 ans. J’ai eu la joie d’y passer un confinement hors du commun.

Découvrir l’autre et vivre avec est devenu l’un des plus grands défis à relever de nos jours

Dans ce collectif, j’apprends à mettre des mots sur mes émotions et à oser les exprimer. “Être, vivre et agir ensemble, selon notre nature profonde…” Cette vision n’est plus une utopie ici, mais une réelle ambition qui perdure dans le temps. Le collectif de l’Aérium, à bien des égards, est devenu l’un des lieux qui m’a le plus inspiré sur cette route du Permacooltour. 10 ans d’évolution commune et de coconstruction d’un lieu de vie collectif par une vingtaine d’adultes et une dizaine d’enfants. Face aux défis du monde contemporain, elles et ils ont fait le choix, avec leurs diversités réunies, de développer des outils visant à une meilleure connaissance de soi et de sa relation aux autres. Vivre avec et non contre…

Une gouvernance qui se travaille

Au sein de l’Aérium, la gouvernance est complètement horizontale. Se voulant aussi évolutive qu’organique, elle permet une véritable efficacité collective tout en amenant chaque participant·e à améliorer son propre centrage. Qui suis-je ? Pourquoi cela me met-il en tension ? L’autre devient le miroir de moi-même en mettant en évidence ce que je ne supporte pas chez moi. Nécessitant tout de même une certaine implication et de nombreuses réunions afin de se mettre d’accord et discuter de chaque point pour satisfaire tout le monde, la maîtrise des bases de l’intelligence émotionnelle devient un jeu pour le “nous”.

Apprendre à vivre avec d’autres, c’est apprendre à vivre avec soi-même

C’est connaître ses limites pour tendre ensuite à les dépasser. En devenant notamment responsable de ses propres émotions. Des outils basés sur la Communication Non Violente et l’IFS (système familial intérieur) permettent d’œuvrer collectivement en incarnant le soin et l’enthousiasme dans les relations de vie. Avec ce modèle, le collectif développe son aptitude à accueillir avec curiosité et bienveillance ce qui habite chacun·e, ses conflits intérieurs, ses réactions face aux autres, à la vie. C’est à la fois un modèle, une méthode et un art de vivre. Ainsi, le sens des mots change et ce qui aurait pu, par exemple, se révéler source de tensions devient un cadeau pour améliorer la vie du groupe et le faire avancer. Une tension n’a plus sa négativité. Elle devient l’amorce du muscle avant d’engager son mouvement…

Retrouvez dans ce podcast de l’Odyssée Permacurieuse, une interview puissante du collectif à l’intention de celles et ceux qui se demanderaient comment il est possible de vivre en communauté ! 🌱

https://soundcloud.com/user-494510187/laerium-vivre-sa-nature-profonde-ensemble-le-permacooltour-podcast-17

Merci pour votre attention et à la joie !

Photographie et texte : Kevin Simon

Kevin est photographe, aventurier, réalisateur, monteur, permaculteur… et il fait le tour de France de la Permaculture et des éco-lieux avec le Permacooltour.

Écoutez les portraits et découvrez l’aventure permacurieuse en images à ses côtés !

Ce poème né il y a un demi-siècle dans le cœur d’une fillette amoureuse de la nature est plus actuel que jamais

Dans le monde endeuillé au visage sanguinolent,

Dans la rue mal pavée où grouillent les petits enfants,

J’ai vu une fleur s’épanouir dans l’océan mouvant,

J’ai vu une corolle large ouverte, criant

Criant au mal, au plaisir du monde de maintenant,

Et elle est morte manque d’air ou d’eau, d’or ou d’argent.

 

Dans le bois dépeuplé, aux arbres dénudés, tués,

Dans la clairière rasée où grouillent les papiers,

J’ai vu une source courir dans de petits graviers,

Dans de petits graviers, j’ai vu un lézard argenté,

J’ai vu un torrent d’eau limpide, gémissant, criant,

Criant au mal, au plaisir du monde de maintenant,

Et il est mort manque de fleur ou d’air, d’or ou d’argent.

 

Dans la clairière immense aux horizons emmurés,

Dans le carré d’herbe où grouillent les grillons, les derniers,

J’ai vu une frêle biche s’abreuver de rosée,

Dans le vert, j’ai vu l’ombre gaie d’une divinité,

Et j’ai vu un visage animal pleurant, bramant,

Bramant les faons perdus du monde de maintenant,

Et elle s’est écroulée manque d’amour et d’enfant.

 

Dans l’univers grandiose, dans le soleil couchant,

Dans le chemin triste où ne grouille plus rien d’antan,

J’ai vu un homme rire parce qu’il était content,

Content d’avoir humilié la fleur en l’écrasant,

Content d’avoir tari la source en la captant,

Content d’avoir apaisé la biche en la tuant,

Content de pouvoir tout détruire … en se détruisant.

 

Patricia Hornebecq

 

 

Photographie : Vitolda Klein / Unsplash 

Éveillez votre puissance féminine avec Lalâ Dit !

Avant de devenir une thérapeute dédiée à la cause des femmes, Lalâ Dit a été journaliste. Un métier où le corps disparaît au profit de l’esprit ; où la douceur et la vulnérabilité sont connotées négativement. Mais la maternité et d’autres bouleversements l’ont poussée à appréhender sa féminité de façon nouvelle. Elle s’est alors intéressée à diverses pratiques corporelles : mime, danse, yoga, clown et théâtre.

Fascinée par la capacité d’auto-guérison du corps humain, Lalâ Dit s’est également formée au Reiki, au massage tantrique, au chamanisme et à la psychophonie.

Grâce à ce panel de compétences, elle est apte à accompagner sur de nombreuses problématiques liées au féminin : problèmes de santé gynécologique, manque de confiance ou d’amour de soi, mésestime de son corps, difficultés sexuelles…

En région toulousaine, Lalâ Dit propose trois types de soins :

  • Un éveil de l’énergie du féminin, à partir d’un soin énergétique transmis par Miranda Gray, auteur du best-seller Lune rouge.
  • Un massage tantrique à l’huile chaude, pour se reconnecter en douceur à son corps et à sa sexualité.
  • Des cercles de paroles en pleine nature entre femmes, durant lesquels celles-ci sont invitées à s’exprimer en toute liberté sur leurs difficultés ou sur des sujets plus joyeux comme le plaisir. Suivant un esprit de solidarité et d’entraide, elles peuvent aussi prendre part à des rituels éminemment féministes, tels que la bénédiction… de l’utérus !

 

Pour en savoir plus sur l’accompagnement proposé par Lalâ ou la contacter afin de connaître ses possibilités de se déplacer dans votre région : www.ritueldefemmes.fr

 

 

Texte : Hélène Robert

Photographie :  freestocks / Unsplash

 

Écoutez des contes qui prennent soin du monde avec Patrick Fischmann

Né à Neuilly-sur-Seine en 1954, Patrick Fischmann est un conteur émérite. Depuis trente ans, ce poète compose des contes musicaux qu’il interprète sur scène avec d’autres musiciens. Pour autant, ses productions ne sont pas éphémères : l’artiste a en effet enregistré une quinzaine d’albums et ses histoires sont publiées dans la prestigieuse collection du Seuil des Contes des Sages. De plus, il présente ses créations dans des lieux variés : maisons d’arrêt, quartiers sensibles, entreprises, pleine nature…

Ami(e)s des mélodies et des sagesses du monde, rejoignez ce dimanche Patrick Fischmann… au square des Épinettes ! Durant une heure, il récitera tel un barde ses histoires drôles et profondes, au son du ukulélé, du tambour et de la guitare. Que vous soyez avec vos enfants, en famille ou en solo, voilà l’occasion idéale pour vous remémorer la beauté du monde et certaines de ses vérités immuables.

Voici quelques-uns de ses mots à écouter dimanche : « Au temps où les arbres marchaient sur la Terre, qu’ils soulevaient leurs robes de racines et allaient parlant le vieux langage, eut lieu une grande assemblée boisée… »

Sa poésie vous attend impatiemment…

 

Date et lieu du spectacle “LES CONTES DES SAGES GARDIENS DE LA TERRE” :

Dimanche 12 septembre 2021 à 15h30

Square des Épinettes

Kiosque à Musique

75017 PARIS

 

Tout public à partir de 6/7 ans. Accès gratuit (pass non nécessaire).

 

 

Goûtez à l’amour inconditionnel avec Blanche de Richemont

Happinez : Qu’avons-nous à apprendre des enfants en matière d’amour ?

Blanche de Richemont : L’amour inconditionnel, c’est aimer sans attendre en retour. Et les enfants nous enseignent cet amour-là jusqu’à la fin de notre vie. Des nuits blanches du nourrisson aux crises d’adolescences, puis au vertige de leur vie de jeunes adultes, nous faisons de notre mieux pour les accompagner. Nous n’agissons pas ainsi dans l’attente qu’ils nous rendent quoi que ce soit en retour, mais parce que c’est plus fort que nous. Dès que nous mettons des conditions à notre amour, nous ne sommes plus dans l’amour mais dans une négociation. De plus, les enfants nous confrontent et nous éprouvent sans cesse, ils nous poussent à aller chercher en nous une patience et une attention jusqu’alors inconnues.

Je crois aussi que beaucoup d’enfants aiment leurs parents de manière inconditionnelle car ils sont parfois prêts à tout pour les protéger même s’ils les font souffrir. Il s’agit là de l’amour des origines qui nous façonne et nous colle à la peau quel que soit le chemin que prennent nos relations avec nos parents. Un jour ou l’autre l’enfant s’éloigne de ses parents pour voler de ses propres ailes et les parents doivent encore montrer leur amour en les laissant partir, en ne cherchant pas à les retenir. Les parents doivent donner des ailes tout en restant un refuge. Ce pourrait être une définition de l’amour.

N’est-il pas trop audacieux d’envisager de vivre l’amour inconditionnel à tout instant de notre vie, comme des saints ?

Si les saints incarnent cet amour inconditionnel, c’est-à-dire un don absolu d’eux-mêmes au divin, aux autres, à la vie sans chercher de profit, ni de plaisir, juste pour la joie de s’offrir au monde, nous, nous pouvons seulement le vivre par fulgurance. Avoir conscience de ces moments si simples, ordinaires, discrets, magnifiques où nous aimons sans rien attendre, agrandit notre vie. À mon sens, nous sommes sur Terre pour grandir en amour. Il ne s’agit pas de ressembler aux saints, mais de se ressembler. Là réside la grande audace. Oser être soi, c’est-à-dire un cœur battant, car au fond, nous ne rêvons tous que d’amour. Sous toutes ses formes.

Sainte Thérèse d’Avila disait que Dieu réside aussi dans les casseroles. Cela signifie que chaque geste s’il est empreint d’amour vise un mystère. Je ne crois pas aux grandes paroles sur l’amour, je ne crois qu’aux gestes simples, attentionnés qui éclairent notre vie et lui offrent plus de chaleur. J’ai connu des personnes qui parlaient de Dieu de manière sublime mais étaient incapables d’aider à simplement laver une casserole… Dans les monastères zen, les grands maîtres se révèlent dans la façon dont ils lavent le riz. L’amour se dévoile dans les détails. Tout ce que nous faisons peut faire signe vers une dimension plus haute.

Quelle est la limite entre amour et sacrifice ?

Dans mon livre, j’ai écrit une partie qui s’appelle “Bonne poire”. J’étais en vacances avec des amis et pendant que je faisais la cuisine, eux se prélassaient au bord de la piscine. Je me suis alors demandé si j’étais dans l’amour ou une bonne poire. J’ai mené une véritable enquête pour répondre à cette question. Et j’ai découvert deux choses, la première est que tout ce que nous faisons avec amour, nous le faisons sans effort, cela nous porte et nous semble naturel. La seconde est qu’aimer, c’est savoir dire non. Car nos petites lâchetés et l’acceptation des petits abus quotidiens nous blessent et n’aident pas ceux qu’on aime à évoluer car ils se complaisent dans une attitude qui les enferment. J’ai raconté l’histoire de cette mère juge pour délinquants qui a dénoncé son fils trafiquant de drogues. C’est ainsi qu’il est sorti du cercle infernal. Si elle l’avait caché ou lui avait donné de l’argent pour le protéger, elle serait devenue une bonne poire car elle aurait vécu un enfer sans pouvoir l’aider à en sortir. Il lui fallait un détonateur fort pour changer de vie. Parfois rejeter son propre fils est une preuve d’amour… C’est un sacrifice, car c’est le renoncement à toutes les idées que l’on se faisait de l’amour. Mais “sacrifice” signifie “rendre sacré”…

En quoi donner sans rien attendre en retour peut-il être considéré comme un acte de résistance dans une société qui nous incite parfois à expérimenter les liens comme un échange mercantile ?

Tout acte de réel amour est un acte de résistance lumineuse dans une époque matérialiste. Je parle d’un amour qui n’est pas un besoin, un marchandage du cœur, une objectivation, la recherche de son intérêt. On confond souvent amour et besoin. Quand l’amant dit à l’être aimé : « J’ai besoin de toi », il faudrait fuir en courant. Car si l’amour nous enchaîne et répond à nos besoins, ce n’est pas de l’amour, mais une forme d’amour. La résistance dans une période où les besoins sont rois et doivent être sans cesse comblés, c’est dire : « Je t’aime puisque je n’ai pas besoin de toi. Je t’aime pour ce que tu es, simplement ».

Que nous reste-t-il à la fin de notre vie si ce n’est l’amour donné, l’amour reçu ? Tout le reste ne compte plus au seuil de la mort. Nous rêvons tous de nous envoler avec une main d’amour dans la nôtre. Nos possessions n’ont plus aucune valeur face à cet instant de vérité pur, l’instant du cœur sans masque, l’instant de l’âme.

Quelle est la place du corps dans votre approche de l’amour ?

Je me suis très tôt intéressée au tantrisme. Car j’ai vite ressenti que l’acte sexuel allait au-delà du simple plaisir. J’ai ressenti que le corps qui se donne et s’abandonne vise un mystère qui lui échappe. Que dans ce mystère loge un amour inouï. On aime faire l’amour pour se défaire en lui. Si le tantrisme est un courant indien millénaire qui me semble très loin d’une mentalité occidentale, il fait néanmoins sens dans cette aspiration à prendre soin des sens. L’union des corps n’est jamais anodine. Elle peut se vivre comme une union sacrée où soudain le ciel s’ouvre. Il ne s’agit pas tant de chercher son plaisir ou celui de l’autre mais de s’unir et laisser faire le mystère ; le laisser guider nos gestes pour que les peaux à peaux soient des cœurs à cœurs.

Mais le lien entre l’amour et le corps est encore plus large, il enveloppe la vie entière. Il se loge dans la façon dont on donne la main, dont on tient une fleur, la façon dont on accueille le jour qui se lève ou l’eau sous la douche. Tout ce que nous rencontrons ou ressentons peut être un moment d’amour. Une musique, un parfum, une terre, un bon vin. Alors parfois on dit seulement merci d’aimer sans raison, juste pour le bonheur de vivre avec tous ses sens et de se laisser cueillir par la magie du monde. Pour celui qui aime, le corps écoute.

Pourquoi lier amour infini et confiance absolue en la vie ?

Le Dalaï Lama soutient que la vie est dirigée par deux émotions centrales : l’amour et la peur. Selon lui, quand il y a de la peur, il n’y a pas d’amour. Il écrit : « La peur est l’énergie qui contracte, referme, attire, court, cache, entasse et blesse. L’amour est l’énergie qui s’étend, s’ouvre, envoie, reste, révèle, partage et guérit ». Ainsi, lorsque l’on aime, on ne retient pas, on se n’accroche pas, on a confiance. Et c’est en cela que l’amour donne des ailes car il ne blesse pas l’autre avec ses peurs. Aimer la vie c’est avoir confiance en elle, confiance en son pouvoir de régénérescence et de métamorphose. Aimer la vie, c’est traverser les périodes douloureuses en se laissant transformer par elle, confiants en cette faculté qu’ont la nature et l’homme à renaître sans cesse. La confiance est donc le langage secret de l’amour. Si notre amour est plein de peur, ce n’est pas de l’amour, c’est de la peur. Vijayananda, le maître que j’allais voir en Inde me répétait : « Aimer, c’est penser chaque jour : je te veux du bien ». Et avoir peur pour l’autre, ce n’est pas vouloir du bien, c’est manquer de confiance en lui et à sa faculté de rebondir, de prendre des chemins de traverse et d’apprendre d’eux. Dire : « Je crois en toi » rend plus fort que de dire : « J’ai peur pour toi ». Car au fond, nous sommes tous infiniment plus capables que nous l’imaginons.

Selon vous, la notion de couple favorise-t-elle ou fait-elle plutôt obstacle à cette communion avec le Tout ?

 Il existe plein de couples initiatiques qui aspirent à grandir ensemble. L’amour dans un partage si intime est une grande initiation, une grande aventure. Car vivre avec quelqu’un tous les jours c’est apprendre tous les jours à aimer. En amour comme dans tout chemin initiatique, on n’arrive jamais quelque part de manière définitive, chaque matin est un nouveau départ. À mon sens, chaque moment d’amour vrai est un moment d’union avec le mystère qui nous entoure. Mais il ne se limite pas au couple. Chez les brahmines en Inde, la caste des prêtres, quand les enfants sont grands et autonomes, les parents s’isolent ensemble pour méditer, puis, ils s’isolent l’un de l’autre. À un certain niveau l’amour inconditionnel prend la forme du détachement car il rayonne sur tout sans s’attacher. Mais je ne suis pas capable d’énoncer de règles, je crois que nous avons tous une voie qui nous est propre. Si l’on choisit de grandir en amour, tout devient chemin. C’est notre attitude mentale qui favorise ou fait obstacle à notre réalisation. Mais il est vrai qu’il y a quand même des modes de vie plus ou moins propices à une forme de paix intérieur. Le trouble et l’agitation nous éloignent de nous-mêmes.

Comment dépasser ses peurs et ouvrir son cœur ? 

En pratiquant chaque jour des gestes gratuits, des gestes de lumière afin qu’ils deviennent spontanés, qu’ils fassent parti de nous et deviennent cellulaires. Plus l’amour est présent dans nos vies, plus la peur s’en va d’elle-même. Mais il s’agit de choisir vraiment ce chemin, de ne pas se contenter d’en rêver, d’oser la métamorphose et la mise à bat de tous nos schémas. L’amour inconditionnel sort de toutes les cases puisqu’il est sans conditions. En amour, il n’y a pas d’impossible, mais un possible à chaque instant. L’amour inconditionnel dit : ne juge pas, aime. Malgré ta blessure, malgré ta peur, malgré ta rancune, aime plus fort, plus haut, autrement, pardonne. Et poursuis ta route vers une étoile inaccessible qui éclaire et guide ta vie. Alors la peur n’est plus un problème, elle est juste une étape à traverser. Il y a une façon de rendre nos vies plus aimantes, c’est de se poser cette question : « Dans cette situation, que ferait l’amour ? ».

 

Propos recueillis par Lara Turiaf

Photographie : Nikos Aliagas

 

 

 

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Le Tai Chi a toujours permis à Joslène Reekers de surmonter ses angoisses. Cette ancienne chargée d’études dans une société japonaise a appris à gérer la pression professionnelle quotidienne grâce à la pratique de cet art martial. En 2008, elle a continué à porter de lourdes responsabilités en tant qu’assistante parlementaire de Dominique Voynet au Sénat. De nouveau, le Tai Chi lui est apparu comme un soutien de taille pour accroître sa force intérieure.

En 2003, Joslène Reekers est devenue professeure diplômée de Tai Chi. Un cheminement naturel pour cette passionnée par la recherche de pratiques corporelles. Grâce à des outils développés au fur et à mesure de ses années d’expérience, Joslène Reekers propose désormais un accompagnement varié et complet destiné aux amateurs autant qu’aux experts. Son crédo ? Le cours sur mesure !

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