1ère Journée Internationale du Pardon le mercredi 18 septembre

Écrivain, traducteur et formateur, Olivier Clerc fut profondément marqué par sa rencontre avec Don Miguel Ruiz, dont il a traduit les incontournables Quatre accords Toltèques. Avec lui, il a pu vivre une expérience inoubliable de pardon qui lui a inspiré la création de Cercles de Pardon, puis de Journées du Pardon. Pour aller encore plus loin, il s’est lancé le défi d’organiser, dans pas moins de 20 pays, la première Journée Internationale du Pardon, concept inédit à vocation universelle où chacun est invité à mettre en œuvre ou participer à une manifestation autour du pardon (une conférence, un concert, un cercle de pardon, un temps de prière, une projection de film…).

Rares sont ceux qui peuvent dire « je n’ai jamais été blessé » ou « je n’ai causé de tort à personne ». Sans oublier toutes ces fois où l’on se fait du mal à soi-même, parfois inconsciemment, en se jugeant ou en culpabilisant de ne pas correspondre à un idéal que l’on s’est fixé. De ces attaques naissent des rancœurs et des rancunes qui nous enferment, au bout du compte, dans un schéma intérieur destructeur, un mal-être où triomphent les souffrances, les violences et l’isolement. Avez-vous déjà emprunté la voie du pardon ? S’y risquer, c’est marcher dans la bonne direction pour recréer du lien avec les autres, apaiser les tensions, se libérer et avancer dans l’épanouissement.

Plus de 120 événements sont déjà programmés, dont les cercles de Pardon d’Olivier Clerc, les cérémonies de pardon radical de Colin Tipping, les soirées « par don d’amour » du Dr. Laskow, les soirées Ho’oponopono selon la méthode hawaïenne, un débat de l’équipe de recherche Littérature et spiritualité à l’Université d’Alger 2, une soirée unique organisée à Genève et diffusée en live sur Youtube, et bien d’autres.

L’agenda du site www.journeeinternationaledupardon.org vous permettra de savoir ce qui est prévu dans votre département.

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Jean-Louis Étienne : L’autonomie, une route vers la liberté

Happinez : Qu’entendez-vous par la notion d’autonomie ? En quoi se différencie-t-elle de la liberté, qui nous est aujourd’hui très chère ?

Jean-Louis Étienne : Dans nos démocraties occidentales, les libertés ne sont pas vraiment sous contrainte. Défendre sa liberté, de décider et d’agir, est avant tout une pratique personnelle exigeante. La liberté ne se gagne pas sur les autres, elle se gagne sur soi. Abandonner ce que l’on a acquis pour de nouvelles explorations, c’est oser un chemin vers plus d’autonomie, mais il n’est pas dit qu’on y gagne en liberté. L’autonomie s’est naturellement imposée à moi. Par goût pour le travail manuel et aussi par nécessité, je me suis toujours demandé comment j’allais m’y prendre plutôt que d’acheter ou de confier aux autres. Cette indépendance au monde a toujours été un gage de liberté, d’insouciance et d’audace. Quoi qu’il arrive, je savais qu’avec mes dix doigts je pouvais construire une cabane, avoir un jardin et des poules, être autonome, ce qui m’a laissé le champ libre pour inventer ma vie.

 

Happinez : Devenir autonome n’implique-t-il pas forcément de se couper un peu du monde et des autres ?

Jean-Louis Étienne : L’autonomie a de multiples facettes. Notre système nerveux autonome par exemple, celui des automatismes – battements du cœur, respiration, émotions, douleurs – est le plus souvent laissé en friche. La méditation, le yoga, la sophrologie et bien d’autres pratiques permettent de s’en saisir à des fins de confort, de soulagement, ce sont des voies de thérapies autonomes.

Nous sommes manipulés, pavloviens, addicts au flot des informations continues qui dépasse nos capacités à les métaboliser. Certes, la presse garantit le bon fonctionnement de la démocratie, mais nous, citoyens, comment nous forger une opinion, comment préserver une joie de vivre après ces défilés sans fin de nouvelles, rarement légères ? Hiérarchiser, mettre en perspective, reprendre son libre arbitre… Un chemin autonome nécessaire pour se préserver des turpitudes du monde.

 

Happinez : Vous qui avez toujours répété à vos enfants « Soyez autonomes », quels conseils pourriez-vous nous donner pour atteindre cet idéal en phase avec les besoins actuels de notre planète ? 

Jean-Louis Étienne : Certains parlent avec aisance de changer de paradigme, autant dire changer de planète. Facile de se réfugier derrière des concepts inaccessibles. « Il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci » écrivait Paul Eluard : chacun a le devoir d’être l’acteur d’un meilleur environnement, prendre sa part de responsabilité, être efficace dans sa zone d’influence.

Rechercher l’autonomie n’est pas la quête d’un idéal, c’est se constituer une trousse à outils qui permette de faire face aux évènements avec indépendance. Être autonome, c’est savoir se soulager de la multitude d’encombrants que la vie nous délivre. Les plus entreprenants font de leur carré de pelouse un potager en permaculture. Pour certains bricoleurs, le graal est de devenir autonome en énergie ! L’autonomie, c’est apprendre à se débrouiller, à entreprendre. Il y a du fun et de la fierté à devenir autonome.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

© Valentin Salja/Unsplash

 

Fêter l’éclosion d’une mode durable

Lors de cette soirée, Atelier Unes présentera le fruit de son travail avec Surfrider, référence dans le combat pour la protection des océans.

Au programme également :

  • Des ateliers make up bio, zéro déchet et style
  • Un buffet bio
  • Un défilé
  • … Des surprises

Un bon moyen de découvrir les impacts de notre consommation et de nous amener à agir pour notre planète !
Plus d’informations sur :  www.atelier-unes.co

 

Sur les pas d’Eva Ruchpaul

Happinez : En quoi Eva Ruchpaul est-elle une figure incontournable dans l’univers du yoga ?

Colette Poggi : Imaginons un archéologue qui découvre un jour, à l’autre bout du monde, un site resté inconnu. Il s’immerge, explore, s’émerveille, éprouve de nouvelles sensations et manières de vivre. Puis il revient dans sa propre culture et ramène quelques trésors ! Eva a, de même, redécouvert l’art millénaire du yoga indien alors qu’il était méconnu en Occident, elle en a discerné les merveilles. Bref, Eva est une pionnière incontestable du yoga en Europe. Comme un passeur, d’une culture à l’autre, elle a su dégager les principes-clefs en allant au cœur des choses. Comme seul un poète peut traduire un autre poète, Eva “interprète” avec une liberté pleine de créativité, tout en étant parfaitement en accord avec la tradition la plus pure. Elle parle la langue du yoga en poète !

Happinez : Quel regard sur cette pratique transmet-elle à ses élèves depuis bientôt trente ans ?

Colette Poggi : Ô, plus encore, depuis soixante ans ! Son style consiste à fait vivre autrement le corps, le souffle, la conscience. Découvrir au détour d’une posture notre “charnelle compétence”, le savoir-faire vibrant au creux de nos cellules. Apprivoiser l’énergie du souffle par une écoute intérieure, subtile, du rythme inspir-expir, laisser l’espace, entre les deux, pour un “temps de rien” correspondant à un suspens sans force ni volonté. Cette pratique correspond, mine de rien, à la plus haute connaissance livrée par les diverses sagesses indiennes : elle ouvre à une expérience de la conscience, allégée de ses tourbillons, de ses fardeaux, de ses illusions. Alors, pourquoi ne pas essayer d’improviser cette danse intérieure, ce nouveau pacte avec la vie ! L’intelligence du vivant ne joue-t-elle pas en nous sa partition toujours nouvelle ?

Happinez : Qu’est-ce qui vous le plus marqué dans ses transmissions qui forment le corps de votre livre ?  

Colette Poggi : Nous avons toutes deux beaucoup échangé, de saison en saison, pendant plus de deux ans ; chez Eva, le plus extraordinaire, c’est un insatiable appétit de découverte, une jubilation née de cette indéfectible aspiration à comprendre et à transmettre. C’est ce que l’on appelle en Inde le svadharma, son chemin de vie, sa vocation innée ! Mais il y a plus : à cet élan se joint un esprit virtuose qui se passionne, aujourd’hui encore, pour les neurosciences, pour les dernières découvertes en sciences diverses. Eva est un être en dialogue qui transmet avec humour et l’air de ne pas y toucher, elle laisse jaillir d’incroyables intuitions dans une langue digne de Montaigne, et le livre en regorge !

 

Propos recueillis par Aubry François

 

 

 

 

Film « En liberté ! », les premiers pas d’un écovillage démocratique

Adieu ces conditionnements qui limitent notre être depuis le berceau, l’air pollué des métropoles hyperdéveloppées et les injonctions à devenir quelqu’un aux yeux du monde.

Alex Ferrini a filmé les premiers pas de l’écovillage démocratique de Pourgues, né au printemps 2017 dans une vallée digne du paradis terrestre. Ne nous y trompons pas, son film En liberté ! n’est pas le récit d’une lubie hippie ou d’une rébellion anarchique ; enfants et adultes apprennent à se réapproprier, sous le signe de l’essentiel et au service de l’épanouissement de chacun, tous les domaines du vivre-ensemble : agriculture, éducation, économie, gouvernance, consommation et santé.

Dans leur laboratoire des futurs plus beaux, ils évoluent en parallèle d’un système chancelant, pour montrer à tous qu’il est possible, dans des conditions favorables, de devenir la personne que notre intériorité appelle de tous ses vœux.

Au cinéma le 9 octobre 2019.

 

Déchiffrer le langage du rêve pour mieux se comprendre

Happinez : Quel rôle les rêves jouent-ils dans nos vies, tant au niveau psychologique que physiologique ?

Tristan-Frédéric Moir : Les fonctions du rêve sont multiples. Tout d’abord, d’un point de vue neurologique, les rêves régulent nos émotions au quotidien ; le cerveau les traites et les gère pendant le temps du rêve. D’une façon générale, le rêve met en mémoire les informations, les données issues des acquis et des expériences de la journée, mais il permet à l’inverse le nettoyage des données surnuméraires. Il valide nos avancées et nos réussites. Sur le plan psychologique, les rêves sont des messages de l’inconscient adressés au conscient, des messages qui signalent nos blocages, nos peurs ou nos traumatismes, tout en nous rappelant à nos qualités et talents. Ils sont des révélateurs de tous nos potentiels inexploités et l’expression de nos véritables désirs. Dans la perspective freudienne, le rêve est l’exutoire de nos désirs refoulés. Pour Carl Jung, le rêve reconnecte l’individu à sa nature fondamentale, sa spécificité, tout en le guidant sur son chemin d’individuation, c’est-à-dire, devenir ce qu’il est vraiment, un individu unique et autonome, un individu adulte.

Happinez : Sur quels éléments les dictionnaires des rêves s’appuient-ils pour donner un sens aux images et symboles oniriques ?

Tristan-Frédéric Moir : Le rêve est constitué à 90% d’images qui sont aussi les reflets de nos émotions. Elles sont choisies par le psychisme pour leur pouvoir symbolique, leur valeur et leur puissance signifiante, sémantique et énergétique. Pendant le temps du rêve, nous sommes connectés à l’inconscient collectif, banque d’images communes à l’humanité qu’a définie la psychologie jungienne.  Ces images sont des symboles et des bases de données psychiques universelles qui ont un sens commun pour tous les rêveurs. Il est nécessaire de connaître et d’étudier ces symboles (représentations mentales) et les archétypes (gabarits universels) dans leur sens et leur valeur ainsi que dans leur assemblage – le langage onirique – pour pouvoir interpréter les rêves. La méconnaissance de ce langage et des fonctionnements psychiques fait dire au profane qu’on ne peut pas interpréter les rêves sans connaissance de l’histoire du rêveur ou que les rêves n’ont pas de sens, qu’ils soient personnels ou universels. La connaissance profonde de ce langage permet l’interprétation analogique du rêve, interprétation spontanée et directe réalisée par l’interprète, mon axe de travail. Le rêve utilise aussi, en faible proportion, des symboles personnels, exclusifs au rêveur. On ne peut donc pas les inclure dans un dictionnaire, mais les entendre en mode associatif, de la bouche du rêveur, comme le veut la psychologie freudienne.

Happinez : Les détails oubliés après la nuit, la tentative de rendre cohérent ou acceptable le récit du rêve pour satisfaire notre part rationnelle : toutes ces lacunes ne nous empêchent-elles pas, dès le départ, d’apporter une interprétation valable du rêve ?

Tristan-Frédéric Moir : Ce qui importe dans le rêve, c’est ce dont nous nous souvenons au réveil. Bien évidemment, plus nous avons la mémoire intacte du rêve, plus nous sommes fidèles à son contenu, et plus le message sera explicite. La façon dont nous le retranscrivons est essentielle ; la construction des phrases et la sémantique du texte sont révélatrices de notre construction mentale. Comme je l’ai dit plus haut, le rêve est un message de l’inconscient adressé au conscient et la façon dont nous l’écrivons consciemment est aussi l’un des aspects du rêve, si nous ne le dénaturons pas volontairement. L’écriture du rêve est le reflet de notre structure psychique.

Happinez : Certains spécialistes des rêves donnent toute leur importance à ce tiers à qui nous racontons notre rêve et qui a la hauteur de vue nécessaire pour l’interpréter. D’après vous, peut-on bien interpréter un rêve par soi-même ?

Tristan-Frédéric Moir : Oui et non. Dans un premier temps, le rêve s’adresse d’abord à nous-même, à notre conscient. Il vient nous interpeller émotionnellement, nous invitant à réfléchir sur nous-même et à prendre du recul. Étant le démiurge et le récipiendaire du rêve, nous sommes normalement capable d’en saisir la teneur, si nous ne nous cantonnons pas au premier degré – la représentation symbolique – et aux aspects superstitieux que véhicule la tradition populaire (si nous rêvons de perte de dents, il s’agit d’un ressenti de stress personnel ou de perte de vitalité, mais pas de l’annonce du décès d’un proche). Avec discernement, nous pouvons entendre et comprendre les messages de notre Inconscient.

Cependant, nous pouvons bloquer sur le sens de son langage spécifique, c’est-à-dire symbolique, et, parfois, nous ne sommes pas la personne la plus apte à l’interpréter ; nos résistances psychiques peuvent nous incliner à la subjectivité. Le rêve est aussi fait pour être raconté et entendu par une personne extérieure qui est neutre affectivement. Ainsi, le recours à un tiers ou à un spécialiste du langage du rêve est parfois judicieux ; il reste objectif émotionnellement devant le contenu manifeste du rêve, ce qu’il lui permet d’en entendre le sens latent plus clairement.

Happinez : Sans forcément parler d’interprétation, quels conseils donneriez-vous à une personne qui voudrait commencer à s’intéresser à ses rêves ?

Tristan-Frédéric Moir : La première chose, c’est de les noter, au moins un par semaine, le plus fidèlement, comme évoqué précédemment. Pas besoin d’en consigner 5 par nuit – certaines personnes ont la faculté de se souvenir de tous leurs rêves – mais retranscrire le plus marquant. Quand nous écrivons nos rêves, nous rationalisons une émanation émotionnelle de notre psychisme, ce qui la rend plus logique. Même si nous ne les interprétons pas, en les retranscrivant, nous donnons une forme concrète et de la valeur à ce qui vient du plus profond de soi, nos désirs véritables. N’oublions pas non plus que les rêves sont toujours codés ; il ne faut jamais les prendre au premier degré. Pour éviter la subjectivité inhérente à la résistance de chacun, et pour avoir une idée de ce que veut nous signifier le rêve, il parfois judicieux de laisser reposer son rêve pendant 15 jours, après l’avoir noté, et le regarder ensuite comme s’il n’était pas le nôtre, avec distance. Ensuite, il faut utiliser un dictionnaire sérieux des symboles oniriques (le vocabulaire du rêve) pour comprendre le sens latent signifié. La syntaxe du rêve, ou grammaire du rêve, obéit à une logique précise qu’il est important de respecter pour pouvoir véritablement entendre le sens profond du rêve. Le langage du rêve possède un vocabulaire et une grammaire précise. Mais, n’oublions pas qu’un rêve est un support de communication, qu’il fait aussi pour être verbalisé et raconté, pour communiquer autrement avec l’autre, de conscient à conscient. En cas de doute ou d’incompréhension, une écoute extérieure objective sera toujours très précieuse.

Happinez : Comment est née chez vous la passion des rêves ?

Tristan-Frédéric Moir : Depuis ma plus lointaine jeunesse, je me suis intéressé au monde symbolique, aux contes et légendes, à la mythologie, au fantastique et bien sûr, j’ai toujours été fasciné par les processus oniriques et leurs somptueuses mises en scène. Le rêve m’a toujours interpellé, autant les miens que ceux des autres. Ils m’ont toujours paru signifiants, révélateurs d’une autre réalité ou de la réalité profonde. J’ai été aussi un grand lecteur de littérature classique – découvrant chez ses auteurs les premiers véritables psychologues –, de littérature moderne, fantastique, mais aussi de science-fiction, ces dernières étant des mises en images parfaites des perspectives oniriques. J’ai commencé à aborder la psychologie en terminale. Je me suis ensuite intéressé à la spiritualité et à la place du rêve dans l’histoire des religions. J’ai pratiqué le yoga à un haut niveau, la méditation et ses bienfaits sur le mental. J’ai étudié aussi la représentation du mental dans les autres cultures et l’impact du rêve dans les processus de prise de conscience. À une époque, je me posais quotidiennement cette question : « Est-ce que je rêve ? ». Le rêve est venu à moi tout autant que je suis venu à lui ; ce sont mes propres rêves qui m’ont mené sur les chemins du langage du rêve et de la psychothérapie par les rêves. Pour moi, le rêve est le vecteur le plus rapide et le plus efficace pour se rendre au cœur du problème, s’il y en a, et pour aller à l’essentiel de soi-même.

Pour en savoir plus : www.tristan-moir.fr

Propos recueillis par Aubry François

© Michael Paredes /Unsplash

 

 

 

Dr. Frédéric Saldmann : les leçons anti-vieillissement du rat-taupe nu !

Happinez :  Pouvez-vous nous parler un peu du rat-taupe nu et nous dire en quoi cet animal a retenu votre attention de scientifique ?  

Frédéric Saldmann : Le rat-taupe nu est une petite souris que l’on trouve en Afrique de l’Est, en Somalie et en Éthiopie. Alors qu’une souris vit au maximum trois ans, l’existence de celle-ci dure entre trente et trente-deux ans. Mais toutes deux possèdent un code génétique très proche du nôtre, au point que l’on ait fait des essais de médicaments sur la souris avant de les tester chez l’Homme. Trente ans pour un rat-taupe nu, c’est exactement comme si nous, humains, vivions six cent ans en bonne santé. Jamais de cancers : les tumeurs cancéreuses qu’on lui implante sont rejetées tout de suite et, fortement exposé à des cancérigènes chimiques, l’animal n’en développe pas davantage. Jamais non plus de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Les rats-taupes nus sont comme neufs jusqu’au bout et leur fertilité demeure également intacte, mâles et femelles. Non seulement ils n’ont pas de maladies, mais en plus ils ne vieillissent pas. Imaginez-vous traverser des siècles en restant à l’âge de 18 ans. Et à l’autopsie, aucun organe n’est abîmé. Il est donc extraordinaire d’essayer de comprendre pourquoi. J’ai installé, à l’École Vétérinaire de Maisons-Alfort, la première animalerie en ramenant d’Afrique des rats-taupes nus. Et la Fondation de Recherches en Physiologie, dont je suis le directeur scientifique, l’étudie aussi.

À partir de votre observation de cet animal, pourriez-vous nous transmettre deux ou trois règles essentielles pouvant favoriser notre longévité ?

Premier point, déjà, le rat-taupe nu ne tient pas en place. On l’a mis dans des cages en plexi reliées à d’autres cages par des grands tuyaux en plastique, et il fait de la gym en permanence. On sait que chez l’humain, trente minutes d’exercice physique par jour sans s’arrêter diminuent de 40 % cancers, Alzheimer et maladies cardio-vasculaires. Les vingt premières minutes ne servent pas à grand-chose, on brûle du sucre, mais au-delà, on commence à brûler des mauvaises graisses, et une étude a montré qu’on libérait des molécules protectrices. Cependant, ces molécules n’ont qu’une durée de vie de 24 h. Ce qui veut dire que si l’on veut réellement se protéger du vieillissement, le premier réflexe, c’est de faire de l’exercice physique tous les jours. Cela marche comme une pilule de jouvence quotidienne ; il y a des gens qui me disent qu’ils font du sport le week-end, je leur réponds que c’est comme se brosser les dents uniquement en fin de semaine ! Cela peut être de la marche, du vélo, de la natation… L’essentiel est que l’exercice physique soit continu. Toutes les personnes passent au moins une demi-heure tous les jours à lire leurs mails, à envoyer des SMS ou à regarder la télévision. Eh bien moi, je peux vous dire que je fais quotidiennement une heure de vélo d’appartement en faisant mon courrier. C’est vital.

Le deuxième exemple, très intéressant, est que le rat-taupe nu a une température de 32°C. Si l’on fait baisser la température d’un demi-degré, la durée de vie des souris augmente de 15 à 20 %. Et une étude a montré que les centenaires ont en commun une température plus basse. Comment baisser notre température corporelle pour faire de vieux os en bonne santé ? Pour cela, il n’y a pas de médicament et si l’on se met au froid, notre thermostat interne fait aussi que l’on se réchauffe tout de suite. Donc cela ne fonctionne pas. Par contre, il y a une première clé. Quand on mange beaucoup et qu’on est en surpoids, on a chaud après un repas. À l’inverse, les gens qui pratiquent un jeûne séquentiel ont un peu froid. La température baisse et l’inflammation aussi. Si l’on propose aux rats-taupes nus une alimentation abondante, ils prennent juste ce qu’il faut. Pour ma part, je pratique le jeûne séquentiel : pendant quatorze heures tous les jours, je bois du thé vert, de l’eau, du café sans sucre et sans édulcorant… Et je fais deux repas au lieu de trois. On produit 20 millions de cellules à chaque seconde pour remplacer celles qui sont usées ou mortes. Et le risque d’erreur de copie augmente avec l’âge. Quand on jeûne, on renforce son ADN : moins d’erreurs de copie, moins de cancers. On a le teint plus clair, plus tonique, moins d’allergies, moins d’asthmes, moins de rhumatismes. En fait, on lutte à ce moment-là contre notre obsolescence programmée, on laisse au corps le temps de se régénérer, de se réparer. Il est d’ailleurs très intéressant de constater que toutes les religions du monde, depuis le début de l’humanité, parlent du jeûne, c’est un message qui vient de la nuit des temps. On réactive un marqueur biologique ancien. Donc, si l’on veut tenter ce jeûne séquentiel, sauf si l’on a un problème d’hypoglycémie et que le médecin le contre-indique, cela vaut le coup d’essayer. On va gagner en énergie. Digérer, ce n’est pas rien. Cela met en route plusieurs dizaines d’organes dont le foie, les reins, des hormones, des enzymes, c’est tout un bazar !

Aujourd’hui, on ne meurt pas de carences, on meurt d’excès. Dès que l’on a faim, c’est une calamité : vite, il faut que l’on mange ! Nous vivons dans un monde où tout symptôme appelle son médicament. J’ai une douleur : un antalgique ; je n’arrive pas à dormir : un somnifère ; je suis triste : un antidépresseur ; j’ai un problème d’érection : un comprimé ; et ainsi de suite. La faim est déclenchée par une hormone que l’on nomme la ghréline, l’hormone de l’appétit. Et l’on vient de découvrir que cette hormone a d’autres actions : elle stimule l’autophagie. L’autophagie est une sorte de cure de détox expresse, de purification intérieure où l’on élimine nos cellules malformées, malades ou mortes. Un chercheur japonais a d’ailleurs été récompensé par un prix Nobel pour ses recherches sur le sujet. Par ailleurs, la fameuse ghréline stimule l’hormone de croissance qui est aussi anti-vieillissement. Autrement dit, lorsqu’on a faim, il faut, pour se faire du bien, vivre un peu avec cette faim et se mettre à table uniquement si notre corps le demande vraiment. Écouter avec bon sens ses signaux. Quand il ne nous en envoie pas, c’est qu’on n’en a pas besoin. Par contre, il est nécessaire de boire beaucoup d’eau, de toujours bien s’hydrater au cours de la journée.

Troisième exemple : j’ai publié un article sur PubMed, paru aux USA il y a très peu de temps, au sujet de l’oxydation. On a observé que, quand le rat-taupe nu naît, il est complètement oxydé. Un taux d’oxydation et de carbonisation record. On se dit « mais il va mourir ! » Et pourtant, il demeure en parfaite santé pendant 30 ans. Cela questionne donc les antioxydants.

Le quatrième et dernier point, qui est essentiel, est que les gens vivent plus longtemps lorsqu’ils donnent du sens à leur vie, qu’ils sont en activité. Et on s’est aussi aperçu que seules les “vraies” activités nous apportaient quelque chose. Exemple typique, on s’est récemment mis à étudier des dossiers concernant l’Alzheimer chez l’Homme et le point commun, c’est la retraite précoce. Même la retraite de celui qui dit « Oh là là, depuis que je suis en retraite, je suis débordé entre le golf, le bridge, l’association des petits chevaux, le conseil, les petits-enfants, c’est pire qu’avant, je n’ai plus une minute à moi ». La biologie ne ment pas. Quand un homme prend sa retraite à 55, 60, 65 ans, les risques d’Alzheimer augmentent de 15% tous les 5 ans.

En résumé, pour vivre plus vieux : faire de l’exercice physique – parce qu’un à deux pour cent de perte de muscle par an ce n’est pas rien ; s’intéresser à sa nutrition car 30 % de calories en moins, c’est 20 % d’espérance de vie en plus ; prendre deux repas au lieu de trois et bien s’hydrater. Le point bonus est l’activité sexuelle : on a découvert que 12 rapports par mois augmentaient de 10 ans l’espérance de vie en bonne santé.

Pensez-vous que notre esprit puisse avoir un rôle dans le processus de guérison ?

Il existe une force mentale qui soigne et, au plus profond de l’être, des moyens d’autoguérison extrêmement puissants qui peuvent prévenir les maladies. Par exemple, on a fait une étude sur les gens soulagés par l’effet placebo. On leur a donné un comprimé parce qu’ils avaient mal au dos et 40% d’entre eux se sont sentis soulagés alors qu’ils n’avaient pris que du sucre, sans le savoir. On s’est dit « c’est dans la tête », mais des prises de sang réalisées après-coup ont révélé que ces personnes sécrétaient des taux très élevées d’une molécule comparable à la morphine. Chacun fabrique donc ses propres médicaments. À l’inverse, nous pouvons aussi nous dévorer de l’intérieur en secrétant d’énormes quantités de cortisone. Ce qui peut aider, c’est la méditation, les massages, la joie de vivre, les amis. Tout cela est positif. En même temps, il faut faire très attention à soi. Nous sommes des montres automatiques qui se rechargent dans le mouvement, le mouvement intellectuel et physique. Einstein l’a dit : « La vie, c’est comme la bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ». Quand on a les deux jambes dans le plâtre pendant deux mois, au moment de le retirer, on tombe, parce qu’il n’y a plus de muscles. Eh bien, pour le cerveau, c’est la même chose.

 

Propos recueillis par Jean Staune et Aubry François

© Anton Malanin/Unsplash

 

 

Dr. Richard Davidson : les bienfaits de la méditation sur le cerveau et le corps validés par la science !

Happinez : La méditation peut-elle être étudiée d’un point de vue scientifique ?

Richard Davidson : De plus en plus de preuves suggèrent que la méditation, qui constitue une famille d’exercices mentaux, peut aider à promouvoir différents aspects du bien-être. Il n’y a rien de mystérieux non plus concernant la façon dont ces exercices peuvent affecter notre cerveau et notre corps. C’est pour cela que, comme tout autre type de processus mental, ils peuvent être explorés par la science.

Happinez : N’est-ce pas Sa Sainteté le Dalaï-Lama qui vous a poussé, au début, dans cette direction ?

Richard Davidson : Oui, à vrai dire, Sa Sainteté le Dalaï-Lama a été une inspiration, un catalyseur. Il nous a demandé d’utiliser les outils de la science moderne pour étudier la méditation. Mais il a également été prudent en disant « utilisez les outils scientifiques les plus rigoureux, et si vous trouvez – et seulement si vous trouvez – que ces techniques ont de la valeur, alors diffusez-les ». Il avait donc adopté, dans sa requête, une posture très scientifique.

Happinez : Pouvez-vous résumer les principales conclusions des études que vous avez menées et auxquelles ont participé des méditant expérimentés comme Matthieu Ricard ?

Richard Davidson : Eh bien, nous avons maintenant les résultats de beaucoup d’études. Nous nous sommes intéressés aussi bien aux personnes pratiquant la méditation sur le très long terme qu’à celles qui ne faisaient que commencer, voire à celles qui méditaient pour la première fois, à titre de comparaison. Nos conclusions générales montrent que la méditation change effectivement le cerveau, et que le type de méditation mis en œuvre compte aussi. Chaque type de méditation a ses effets. Nous avons également conclu que la pratique régulière de la méditation est essentielle et que les changements que nous observons chez un individu qui médite ne sont pas les mêmes que ceux constatés chez les novices. Le nombre d’heures qu’il y consacre nous permet par ailleurs de prédire l’ampleur des changements que nous enregistrerons ensuite dans son cerveau !

Happinez : Vous dites que chaque type de méditation apporte différents résultats. Pouvez-vous développer ?

Richard Davidson : Deux formes de méditation sont plus couramment enseignées et pratiquées en Occident. L’une est la méditation de pleine conscience et l’autre une méditation de compassion. Nous-mêmes, ainsi que d’autres scientifiques, avons noté que la méditation de pleine conscience a tendance à avoir un impact sur les réseaux du cerveau qui jouent un rôle important dans la régulation de l’attention, alors que la méditation empreinte de compassion touche des réseaux du cerveau liés à l’émotion et à l’empathie. Ces deux formes de méditation impliquent donc différents réseaux cérébraux.

Happinez : Avez-vous mesuré d’autres impacts de la méditation sur le cerveau ?

Richard Davidson : L’un des domaines d’investigation les plus passionnants est l’âge cérébral. Si vous prenez un large échantillon d’individus et que vous calculez – par des mesures objectives qui peut être dérivées à partir d’une analyse IRM, sans aucune interprétation subjective, car elles sont basées sur des modèles anatomiques – leur âge cérébral, vous verrez qu’en moyenne l’âge de leur cerveau est fortement corrélé à leur âge chronologique. Mais chez certains, ce n’est pas le cas. Leur cerveau peut vieillir plus vite ou plus lentement. Vous aurez par exemple une personne de 60 ans dont le cerveau aura l’air d’avoir 75 ans et une autre du même âge dont le cerveau ressemblera à celui d’une personne de 45 ans. La méditation ralentit donc le vieillissement du cerveau et ceux qui méditent sur le long terme ont un cerveau plus jeune que ne le laisse supposer leur âge chronologique.

Happinez : Cette relâche du vieillissement cérébral a-t-elle été observée dans d’autres domaines, par exemple chez les scientifiques de haut-niveau, les joueurs d’échecs ou les personnes ayant des activités intellectuelles, ou s’agit-il d’un effet propre à la méditation ?

Richard Davidson : C’est une excellente question. Et la réponse est la suivante : nous ne le savons pas pour le moment. Parce qu’on n’a pas assez étudié ces différentes populations. Il se peut donc bien que cela ne soit pas spécifique à la méditation et qu’il existe peut-être toute une gamme d’activités différentes qui favorisent l’épanouissement et conduisent toutes à un ralentissement du vieillissement du cerveau.

Happinez : Après toutes ces expériences et vos nombreuses années de pratique, quel est votre avis sur la méditation ?

Richard Davidson : J’en suis un grand partisan. Sur la base de ma propre pratique habituelle, je pense que la méditation peut être extrêmement précieuse pour tout le monde. Il n’est pas nécessaire d’en faire beaucoup, mais il faut s’y livrer quotidiennement. C’est presque une question de santé publique. Par exemple, quand les êtres humains ont évolué pour la première fois sur cette planète, aucun d’eux ne se brossait les dents. Aujourd’hui, ce comportement est clairement acquis, car nous avons compris toute son importance pour notre hygiène personnelle. La méditation n’est pas différente. Nous parlons de simples exercices que nous pensons utiles pour l’hygiène mentale d’une personne. Et je crois que si les gens passaient chaque jour autant de temps à s’occuper de leur tête qu’à se brosser les dents, ce monde serait alors vraiment différent. Pour ma part, je médite tous les jours, c’est une partie très importante de ma vie et j’ai différents types de pratiques : certaines visent à renforcer la conscience et d’autres mettent en œuvre la compassion et la gentillesse.

Happinez : Vous diriez donc que la méditation peut réellement profiter à toute la société ?

Richard Davidson : C’est même certain. Les difficultés fondamentales de notre société sont dues aux problèmes de l’esprit humain, sa cupidité, son égocentrisme. Les divisions que nous observons entre les groupes humains et les mauvais traitements infligés à l’environnement y sont aussi liés. Et ce sont des obstacles que nous pouvons traverser en nous formant tous à la méditation. Pour reprendre l’image précédente, j’irais jusqu’à dire que la plupart des gens, lorsqu’ils y réfléchissent vraiment, pensent que leur mental est bien plus important que leurs dents. Et c’est quelque chose que je me suis donné comme mission : changer cet état de fait.

Happinez : La méditation aurait-elle sa place dans les écoles ?

Richard Davidson : Absolument ! L’une des choses fondamentales que nous savons, et ce de façon certaine, c’est que la méditation peut améliorer la concentration. Et la concentration est la pierre angulaire de toutes les autres formes d’apprentissage. Ne pas permettre à nos enfants de tirer parti de ces bienfaits est un scandale inexplicable. Nous avons les moyens d’instaurer la pratique de la méditation dans les écoles et, selon moi, c’est même une obligation morale.

 

Propos recueillis par Jean Staune

© Muhammed Fayiz/Unsplash

 

Plantons ensemble des micro-forêts

Assistant au festival Aux Arbres, à Nantes, en juin dernier, Jim et Stéphanie ont décidé d’agir de leur côté pour reboiser notre environnement. Un déclic provoqué par la découverte du travail de Shubhendu Sharma, ingénieur indien qui est parvenu à replanter 140 forêts en s’inspirant directement de la méthode du botaniste japonais Miyawaki. Imaginez des forêts qui posséderaient 30 fois plus d’étendue verte que les forêts normales – consacrées pour la plupart à la sylviculture industrielle. Elles pousseraient également 10 fois plus vite et contiendraient 100 fois plus de biodiversité. Décidément étonnantes, ces forêts composées de 300 arbres ne dépasseraient pourtant pas la surface de 6 places de parking.

Inspiré par cette rencontre, le duo s’est familiarisé avec la terre et ses essences multiples avant de créer, aux Sorinières (non loin de Nantes), une micro-forêt native à croissance rapide, la première en France. Une “minibigforest” aux nombreuses espèces, extraordinairement résiliente grâce à la coopération de tous ses membres, qui permettra aussi de réduire les nuisances sonores et la pollution alentour.

Pour reforester la planète, restaurer les sols et reconnecter les gens à la nature, Jim et Stéphanie ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Ils entendent multiplier ces forêts miniatures dans tous les espaces urbanisés ou dégradés par l’homme. Mais pour cela, ils ont besoin de votre soutien et de votre aide.

Faire un don ou adhérer au projet : www.minibigforest.com

© David Vig/Unsplash

 

Dr. Daniel Scimeca : L’homéopathie, une médecine adaptée à chacun

Happinez : Quel est le principe de l’homéopathie et d’où tient-elle son origine ?

Daniel Scimeca : L’homéopathie est une méthode thérapeutique reposant sur un principe de similitude. Toute substance qui peut provoquer des symptômes chez un sujet sain, peut également, une fois préparée selon la méthode homéopathique de dilution et de dynamisation, guérir ces mêmes symptômes. Par exemple, le café, réputé donner de l’insomnie peut aussi, une fois préparé, être un médicament favorisant le sommeil. La belladone, plante toxique provoquant des maux de tête et une congestion du visage, peut guérir les crises migraineuses une fois préparée selon la méthode homéopathique. C’est un médecin allemand, Samuel Hahnemann qui est à l’origine de sa découverte, il y a plus de deux siècles. Mais on retrouve, chez Hippocrate, l’idée que l’on peut soigner par les contraires (médicaments classiques) ou par les semblables (la similitude des médicaments homéopathiques).

 

Happinez : Quels sont ses bienfaits ?

Daniel Scimeca : L’homéopathie utilise des médicaments totalement dénués de toxicité ou d’effets secondaires.  On peut les utiliser chez l’enfant comme chez la femme enceinte ou allaitante sans aucun danger. L’homéopathie peut soigner les maladies aiguës chaque fois qu’un traitement classique n’est pas nécessaire, un mal de dos, une bronchite, une migraine. Elle peut soigner les maladies chroniques en traitant le terrain profondément et constituer ainsi une médecine préventive. Elle peut aussi accompagner les maladies qui nécessitent un traitement classique, comme le cancer. Dans ces cas, elle ne soigne pas la maladie mais plutôt le malade, dans son état général, son moral, ses défenses immunitaires et ses capacités à supporter les éventuels effets secondaires des traitements nécessaires.

 

Happinez : Que lui reproche-t-on concrètement et pourquoi se trouve-t-elle aujourd’hui en danger ?

Daniel Scimeca : On lui reproche avant tout d’être une alternative à des traitements coûteux ! Les médicaments sont sans danger, peu chers aujourd’hui. Depuis un an, un mauvais procès d’une agressivité sans précédent tend à la dénigrer et à la ravaler au rang de simple croyance. 77 % des français y sont attachés et 50 % l’utilisent régulièrement. Face à ce service médical rendu très évident, des adversaires virulents veulent l’évaluer sans tenir compte de sa spécificité. Pour les médicaments classiques, nous avons un médicament pour un symptôme ou une maladie (une inflammation entraîne un anti inflammatoire, une infection un antibiotique). En homéopathie, nous avons un médicament par profil de patient. On refuse aujourd’hui de prendre en compte cette spécificité et du même coup, on jette à la poubelle toutes les études pourtant probantes, sous prétexte qu’elles ne représentent pas un assez grand nombre de patients. C’est une évacuation partielle et peu honnête.

 

Happinez : Peut-on apporter des preuves de son efficacité ?

Daniel Scimeca : Il existe un grand nombre d’études qui montrent que cette loi de similitude est valide. Les ultra hautes dilutions d’aspirine, par exemple, produisent des caillots alors que l’aspirine est plutôt réputée pour fluidifier le sang. D’autres études montrent l’efficacité de certains médicaments homéopathiques face à la fibromyalgie, aux douleurs des seins chez la femme non désireuse d’allaiter, à la grippe, etc. Les études sont légions. Enfin, une grande étude épidémiologique (EPI 3) montre que dans la pratique de tous les jours, les patients traités par homéopathie sont les mêmes que les autres, avec les mêmes maladies. Elle montre que dans les trois domaines les plus impactant pour les français (les douleurs des muscles et des articulations, les infections respiratoires et les troubles anxieux, dépressifs et du sommeil), l’homéopathie a des résultats comparables à la prise en charge classique. Mais elle soigne aussi bien avec deux fois moins d’antibiotiques, deux fois moins d’anti douleurs et trois fois moins de médicaments tranquillisants, antidépresseurs et somnifères.

 

Happinez : Quels seront les conséquences de son déremboursement ?

Daniel Scimeca : Des conséquences négatives sur les comptes publics et sur la santé des Français. Le médicament homéopathique est actuellement à 2,35 € et remboursés à 30%, ce qui fait 70 centimes auxquels il convient de retirer les 50 centimes de franchise. Nous parlons de 20 centimes ! Une fois déremboursé, il y aura pour un certain nombre de patients un report sur des médicaments classiques dont le prix moyen est au-delà de 10 € et remboursés à 70 % (donc 7 € comparés à 20 centimes). Ce report va entraîner des effets secondaires, des utilisations inutiles de médicaments classiques (mésusages) qui auront un impact très mauvais sur la santé et du même coup sur les comptes publics puisqu’il faudra soigner ces effets secondaires et ces mésusages. Enfin, le médicament va augmenter pour trois raisons. Les laboratoires vont augmenter le prix, bloqué depuis 1988, le taux de TVA va monter, le prix sera totalement libre pour le pharmacien. De 2 €, on passera j’en suis sûr à 5 ou 8 €. Une impossibilité pour les plus démunis.

 

Happinez : Comment l’homéopathie s’est-elle intégrée à votre pratique de la médecine généraliste ?

Daniel Scimeca : Pour moi, la médecine générale est un merveilleux métier qui associe la science médicale et la dimension humaine. Le généraliste est au plus près de ses patients. Il est normal qu’il veille à utiliser les bons médicaments, au bon moment, pour le bon patient et pour la bonne maladie. Soigner l’hypertension par des médicaments classiques adaptés et en même temps être capable de soigner une insomnie avec des médicaments n’entraînant aucune accoutumance et traitant le terrain anxieux en profondeur, je trouve cela passionnant. J’ai, de la même manière, intégré les plantes, l’acupuncture et tous les outils dont j’ai besoin pour soigner. La médecine est une, mais les outils peuvent être divers. C’est cette notion de médecine intégrative, non exclusive qui me pousse chaque jour à exercer.

 

Propos recueillis par Aubry François