Conférence-événement Didier van Cauwelaert : Les incroyables pouvoirs de la bienveillance

Tout s’accorde à prouver que le maître mot de la vie, de l’évolution et de l’avenir, c’est la bienveillance. Et, pour la sauvegarde de notre planète et de notre espèce, il est urgent de la redécouvrir, de la pratiquer sans peur, sans honte et sans modération. Une bienveillance notamment capable de nous réconcilier avec nous-mêmes et de nous remettre en lien psychique avec les animaux et les végétaux qui n’attendent que ça…

L’auteur s’appuie sur des expériences personnelles, des faits historiques et des découvertes scientifiques pour démontrer que la bienveillance est la première loi de la nature. Et ce n’est pas seulement un choix, une inclination personnelle, un devoir moral ; c’est un héritage génétique issu des bactéries à l’origine de la vie, il y a quatre milliards d’années. La bienveillance est une force de construction, de résistance, de guérison. C’est à la fois une armure et une arme de dissuasion massive face aux attaques de la haine, de l’ego destructeur et du fatalisme ambiant. C’est la clé de notre survie.

À travers les liens secrets qui unissent plantes, animaux et humains,  Didier van Cauwelaert va nous faire découvrir des pouvoirs incroyables que nous possédons tous,  destinés à nous épanouir, nous protéger, nous guérir – nous-mêmes et les autres. Il vous donnera une intense soif de connaissance et le moyen d’agrandir votre cœur pour mieux voir et comprendre ce qui se passe autour de vous et en vous.

Pour prendre part à cet événement unique, rendez-vous le lundi 20 janvier 2020 à 19 h 30 au théâtre de l’Atelier à Paris. Réservations sur www.terre-etoiles.fr

 

 

 

 

Stéphane Allix entre ombre et lumière

Happinez : Que recherchez-vous lorsqu’encore adolescent, vous quittez la France pour l’Afghanistan en guerre ?

Stéphane Allix : À cette époque-là, l’adolescent assez naïf que je suis veut absolument faire du reportage de guerre, fasciné par les journalistes qui ont couvert celle du Vietnam. Je photographie souvent les manifestations parisiennes et m’enflamme lorsqu’elles dégénèrent et que commencent les affrontements avec les forces de l’ordre. Cette obsession me poursuit depuis plusieurs années déjà, même si je n’ai que 19 ans. Je n’ai pas spécialement de pensées suicidaires, je veux juste connaître ça. Ces lieux où l’on côtoie la mort, où on la regarde en face, suscitent énormément de fantasmes mais, une fois qu’on y est, provoquent un état de tension permanente qu’on ne retrouve pas dans notre vie quotidienne. Telle que je l’interprète aujourd’hui, c’est aussi, je pense, une forme d’initiation nourrie par des mémoires que je porte sans doute depuis plus longtemps que cette existence, un héritage de la guerre qui a baigné le continent européen de façon si tragique il y a à peine 80 ans. Je ne sais pas pourquoi je pars, je suis seulement l’appel qui me pousse vers cet horizon. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait toute ma vie, suivre ces appels un peu incertains, ces intuitions plus que fortes que la raison ou la logique.

Happinez : Quel fil rouge relie les diverses étapes de votre parcours de vie ?

Stéphane Allix : Un fil rouge que je trouve très cohérent. Au début, c’est l’envie de passer la frontière afghane, comme les quelques rares reporters, médecins et humanitaires qui s’y étaient risqués jusque là. Je me rends compte, plus de trente ans après, que ce désir de traverser des espaces un peu bizarres et hors-normes fait partie de mes dispositions fondamentales. Puis, ce désir s’est structuré, j’en ai fait un métier, je suis devenu journaliste. Tel un intermédiaire jetant une passerelle entre différents mondes, je me suis rendu là où personne n’allait pour comprendre ce qui s’y passait et tenter d’informer les autres sur les sujets de la guerre, de la drogue, du terrorisme… Après la mort de mon frère Thomas, j’ai remplacé les frontières géopolitiques par celles de la psychologie et de la science, toujours avec l’idée que quand on observe à distance un sujet que l’on ne connaît pas, on a tendance à projeter sur lui des idées préconçues qui, la plupart du temps, sont le fruit de nos propres fantasmes. C’est comme si pendant un peu plus de 10 ans de ma vie, j’avais appris ce métier de débroussailleur de l’information, creusant profondément et croisant mes sources, avant que les hasards de l’existence – si l’on croit au hasard – me confrontent à la mort et m’enjoignent d’appliquer ces outils d’enquêteur à d’autres sujets qui sont ceux de la vie après la mort et de la dimension spirituelle.

Happinez : Selon vous, notre existence consiste-t-elle à passer de l’ombre à la lumière ?

Stéphane Allix : Quelle que soit la manière dont le nouveau-né que nous étions est arrivé sur terre, l’éducation qui nous a été donnée et l’évolution culturelle de la société ont forcément modelé notre personnalité. Ce modelage a aussi réveillé davantage de peurs et d’appréhensions qu’il ne nous a mis face à celui que nous sommes réellement. L’ombre, qui habite tout être humain, constitue justement tout ce que nous n’avons pas envie de voir. Ce peut être aussi éventuellement nos désirs et nos pulsions. Et quand on vit totalement plongé dans cette ombre, on ne sait pas pourquoi on agit dans tel sens ni que ce qui nous porte n’est pas un désir altruiste mais l’expression de blessures, de fantasmes et d’idées fausses. Je pense que l’existence terrestre nous invite à faire la lumière sur cette ombre, non pas pour des raisons morales ou éthiques – parce que la lumière, c’est bien, c’est l’amour – mais tout simplement parce que plus on est lucide, plus on sait qui on est, plus on sait comment on fonctionne et moins on est esclave de cette espèce de rouleau compresseur psychologique qui, en règle générale, nous fait vivre à défaut.

Happinez : D’où vous vient la conviction désormais inébranlable que notre monde ne se limite pas à ce que perçoivent nos sens ?

Stéphane Allix : Elle est le résultat d’années de recherches et de questionnements sur ce qui, dans l’approche scientifique de la réalité, relève de la certitude ou du doute. Ce cheminement intellectuel honnête et rigoureux m’a conduit à remettre en question les convictions matérialistes dans lesquelles j’avais été élevé. Je me suis aperçu que l’idée que tout est matière et que l’esprit n’existe forcément pas, ne tient pas, n’est pas démontrée scientifiquement. À l’inverse, je me suis rendu compte qu’il existait des millions de témoignages relatant des phénomènes qui ne sont pas censées être possibles – comme les expériences de mort imminente – et qui laissent supposer que l’homme disposerait de capacités que j’appellerais “extrasensorielles”. Un être humain vivant et en parfaite maîtrise de ses fonctions cérébrales est parfois capable de sortir de son corps, de se rendre dans des espaces distants, de percevoir des informations éloignées – dans le temps ou dans l’espace – d’une façon absolument non-conventionnelle et inexpliquée à ce jour. Mais quand le cerveau se trouve en état de dysfonctionnement, voire en cessation d’activité, il arrive quand même que des gens rapportent avoir vécu des expériences de mort imminente, être sortis de leur corps ou avoir vu à distance. Il existe donc une dimension de nous-même qui n’est visiblement pas dépendante de la santé optimale du corps et du cerveau et qui peut continuer à vivre une fois que ceux-ci ne fonctionnent plus.

Happinez : Comment imaginez-vous aujourd’hui la vie après la mort ?

Stéphane Allix : Il est aujourd’hui évident pour moi que la vie se poursuit. La mort constitue une forme de métamorphose, un moment où la relation qui existe entre notre conscience immatérielle et un corps que l’on habite et qui est devenu une identité très forte, très structurée et très dense, se dissout. Les bouddhistes parlent, de façon très appropriée je trouve, de dissolution des éléments de la conscience après la mort. Personnellement, je m’inspire et j’ai beaucoup travaillé sur le Bardo Thödol, le livre des morts tibétains, qui explore en profondeur les différentes étapes de cette dissolution et les conséquences psychologiques qu’elles peuvent avoir sur la conscience. Par exemple, chose peu observable dans notre vie quotidienne, le fait que nous créons notre réalité devient éminemment visible et évident après la mort, lorsque le corps n’est plus là pour nous ramener dans une espèce de densité. Je pense que l’après-vie ressemble à un rêve où, tout d’un coup, on peut être à un endroit et la seconde suivante à l’autre bout du monde, où on peut être calme et détendu l’espace d’un instant et voir apparaître ensuite des personnes, des entités, des formes. Ce qui nous fait peur peut, brusquement, sortir de notre conscience et devenir apparent devant nos yeux, tout comme les choses qui nous font plaisir et nous enchantent. C’est aussi pour ça que le bouddhisme insiste énormément sur le fait crucial de cultiver durant notre existence cette lucidité, cette lumière qui nous permet de connaître l’origine des phénomènes et de nos pensées afin de ne plus en être trop esclave et ne pas subir ce mécanisme incessant de projection après la mort. Je ne vois la mort ni comme un espace angélique, ni comme un lieu dangereux. Il est vrai que notre vision occidentale de la spiritualité nous fait dire qu’après la mort viendra la lumière, l’amour, une espèce de félicité, ou inversement l’entrée soudaine dans un enfer, la condamnation à errer ad vitam aeternam telle une âme perdue. Ces deux visions sont extrêmes et, au même titre que notre existence terrestre est meublée de moments de bonheur et d’autres étapes un peu plus difficiles, ça continue de la même façon dans l’au-delà, avec des instants de joie et d’autres emplis de craintes qu’il peut nous sembler même parfois impossible de dépasser. La vie se prolonge avec son évolution, ses changements, ses opportunités, dans un contexte différent, en-dehors du temps et de l’espace, avec les bagages que l’on a acquis au fil de nos existences précédentes.

Happinez : Quelle expérience extraordinaire vécue il y a quelques années en Amazonie vous a-t-elle amené à comprendre la violence inexpliquée que vous portiez à l’intérieur de vous ?

Stéphane Allix : Je m’étais engagé dans une retraite chamanique – le chamanisme étant pour moi un puissant outil d’exploration intérieure – pour faire un point à un moment charnière de mon existence, sans imaginer du tout ce qui allait en ressortir. Cette pause fondamentale m’a permis de mettre en lumière ma part d’ombre la plus douloureuse. J’ai choisi de m’y confronter et à mon retour de voyage, il n’a plus été question que de cela. Pour le dire simplement, je pense avoir vu émerger pendant cette retraite, la mémoire d’une vie antérieure particulièrement violente et traumatique. Et plutôt que de glisser ça sous le tapis, en essayant d’oublier rapidement cette expérience un peu bizarre, je suis allé retrouver l’identité de l’homme que j’avais sans doute été. Je me suis rendu dans les endroits où il avait vécu et essayé de retracer dans les moindres détails tous les éléments qui composaient sa vie pour comprendre qui il était, comment il avait été happé par l’ombre et la violence. Ce processus m’a aidé à en guérir, à m’en dissocier. Je raconte en détail ce parcours dans le livre Lorsque j’étais quelqu’un d’autre (Livre de Poche). Il existe, pour chacun de nous, des moments de vie où se produit un événement ou une expérience qui nous invitent à regarder plus profondément en soi. Ils se produisent de différentes manières, souvent désagréables. On appelle cela les épreuves. Elles nous enseignent à mon avis plus de choses que les moments où tout va bien. Elles nous invitent à comprendre un peu mieux qui l’on est, à se surpasser, à découvrir nos ressources insoupçonnées. L’expérience chamanique que j’ai vécue a consisté à demander de l’aide aux esprits pour comprendre le monde et la réalité. Il est illusoire de penser que nous sommes seuls en permanence ou qu’on a le plein contrôle sur notre vie. Je crois que nous sommes entourés d’aides, de guides, d’anges gardiens, peu importe le terme. Et quand on accepte justement de lâcher prise, de faire confiance et d’avoir de l’espérance en la puissance de la vie, elle dépose sur notre chemin ces manifestations, ces invitations qui peuvent nous être extrêmement profitables.

Happinez : À votre avis, la science pourra-t-elle un jour prouver l’existence de ces réalités invisibles étudiées par l’INREES et avec lesquelles notre conscience semble entretenir de nombreuses relations ?

Stéphane Allix : Oui. La science n’est pas une espèce de bloc qui, de façon un peu brutale et spontanée, aurait un jour fait tout un tas de découvertes pour les donner à contempler au monde. La science est plutôt une méthodologie en évolution permanente, une communauté d’individus très différents les uns des autres, au même titre que les humains à l’échelle de la planète. Certains, bornés, refusent catégoriquement d’interroger leurs croyances et vont, pour ça, nier ce qu’ils auront même observé. Face à des événements inexpliqués et inexplicables dans leur modèle de description entretenu jusqu’à présent, d’autres seront plus à l’aise avec l’idée de remettre en question ce qu’ils ont appris plutôt que de s’enfermer dans ce modèle. C’est ce qui s’est passé en physique quantique. Il y a un peu plus d’un siècle, Max Planck étudiait le rayonnement dans son laboratoire quand il a soudain observé quelque chose de bizarre. Et plutôt que de passer à côté, il a refait l’expérience, avec un résultat similaire, pour en conclure enfin que ses théories scientifiques et sa manière de voir les choses ne correspondaient peut-être pas à la réalité. Comment alors pourrait-il expliquer ce qu’il observe avec une nouvelle théorie ? Par ce processus intellectuel de questionnement, il a développé les bases de la mécanique quantique. Aujourd’hui, la mécanique quantique continue à faire débat, non pas sur sa réalité, mais sur son interprétation. Il y a mille écoles et la plupart des gens n’y comprennent rien. Les physiciens sont d’ailleurs les premiers à dire que si l’on croit comprendre quelque chose à la physique quantique, c’est qu’on se trompe. Cette physique n’est toujours pas en mesure d’être harmonisée avec la physique de la relativité, on a donc deux modèles scientifiques nous permettant de décrire la réalité. L’une macroscopique et l’autre microscopique. Les outils scientifiques comme la physique quantique, la médecine et la psychiatrie, nous confrontent aussi de plus en plus à des phénomènes de nature immatérielle et nous permettent, par là, de solidifier davantage cette réalité. Dans l’étude de l’extraordinaire dont notamment les expériences de mort imminente, on possède actuellement un tel nombre de données et d’éléments que cela nous incite à revoir le fonctionnement du cerveau. Tous les neurologues ne sont pas d’accord, il y a encore de grandes batailles, et c’est comme ça qu’évolue la science. Dans une espèce d’ébauche permanente et à travers de grandes batailles et de longs débats. Mais ça va dans le bon sens.

Happinez : Quelles leçons essentielles avez-vous retenu de toutes ces années passées ?

Stéphane Allix : La leçon la plus importante, selon moi, est que la vie ne se réduit pas à ce qui se situe entre le moment de notre naissance et celui de notre mort. Elle englobe une dimension beaucoup plus vaste et nous invite à apprendre, à évoluer, à devenir plus lucide sur ce qui nous anime. Pourquoi ? Pour être quelqu’un de bon – et, là encore, il ne s’agit pas d’une question de morale. Je ne cherche pas le bon point d’un curé, d’un imam, d’un rabbin ou d’un moine. Être bon exprime simplement un équilibre intérieur. Il est aussi important de se rappeler qu’on est aidé mais que personne ne cherche à nous punir parce qu’on aurait mal agi ou je ne sais quoi. Notre existence est constituée de tout un ensemble d’événements, certains absolument dramatiques comme la perte d’un enfant, chose innommable. Mais quand on parvient à apaiser un petit peu la douleur, quand on arrive à prendre de la distance, à ne plus considérer cet épisode comme une injustice qui s’abat sur nous, on peut peut-être réaliser qu’il nous invite à considérer l’existence différemment. Certains parents touchés par ce drame avaient notamment pu s’ouvrir à une dimension spirituelle à travers un cheminement exemplaire. Je ne veux pas laisser croire que les choses vont tout à coup bien, quelques années après la perte d’un enfant, qu’il n’y a plus de douleur parce qu’on aurait parcouru un chemin spirituel. Ce serait donner une vision angélique des choses. Non, on conserve ce manque, cette déchirure tout au long de notre vie, mais malgré tout, on touche à quelque chose d’autre. Le monde dans lequel on vit voudrait nous faire croire que la recherche du bonheur est synonyme de ne rien faire, de siroter des bons cocktails au soleil, mais c’est une image complètement dévoyée. Le bonheur se trouve au contraire dans le dépassement de soi, dans la réalisation intérieure. Ce que certains événements nous imposent de faire.

Propos recueillis par Aubry François

Portrait Brigitte Baudesson © Flammarion

 

 

Film “Artistes de la vie” : œuvrons pour un monde plus beau

Résultat de 12 années de multiples entretiens organisés par l’association On passe à l’acte, qui l’a produit avec la plateforme citoyenne Kamea Meah, le film Artistes de la vie donne la parole à ceux qui n’ont pas hésité à suivre leurs rêves et qui mettent aujourd’hui leur énergie au service de l’émergence d’un monde plus positif où tous les individus contribueraient au bien commun. Certains d’entre eux avaient pris un mauvais départ, sur une voie qui n’était pas la leur, mais ils sont parvenus à se (re)trouver et à inventer un métier en phase avec ce qu’ils sont profondément. Le témoignages de ces humains de tous âges et de tous horizons nous invite à devenir, à notre tour, artiste de notre vie en révélant notre potentiel et en œuvrant pour l’harmonie.

Mais Artistes de la vie n’est pas qu’un film. Il est la première étape d’une campagne citoyenne qui est née de l’envie de démultiplier concrètement les projets positifs qui amélioreront le monde et qui a pour but de convertir les émotions provoquées par le visionnage du film en potentiel d’action. Pour vivre pleinement cette véritable expérience transformatrice qui peut aider tous ceux qui le souhaitent à trouver leur voie pour qu’ils fassent ensuite profiter l’ensemble de la communauté humaine de ce que leur cœur et leur âme ont à offrir, vous pouvez organiser ou participer à des ciné-actions qui vous permettront de vous recentrer sur vous-même, de penser à ce que vous pourriez créer d’utile et d’échanger librement avec d’autres porteurs de projets. Vous trouverez aussi, sur le site de la campagne, plus de 250 outils pour passer à l’action.

Pour en savoir plus sur le film, les ciné-actions ou profiter des outils : artistesdelavie.fr

 

Conférence-événement de Stéphane Allix et Laurent Gounelle : trouver son véritable chemin de vie

En dialoguant ensemble sur la scène du théâtre de l’Atelier, les deux amis tenteront d’éclairer les nombreux questionnements qui naissent du désir de trouver son chemin : comment dépasser les peurs et les conditionnements qui nous empêchent de dialoguer avec notre intériorité ? Peut-on traverser de lourdes épreuves ou être lucide sur l’état actuel du monde en gardant l’espoir d’y trouver un sens qui vaille la peine ? N’existe-t-il pas, derrière les aspects superficiels de la vie, une dimension plus profonde qui puisse nous nourrir, voire nous transformer ? Comment reconnaître et nous connecter à cette part immatérielle, spirituelle, qui nous constitue ? Voir dans la mort autre chose qu’une fin absurde ? Est-il possible de rester rationnel tout en s’ouvrant à l’invisible ?

À travers leurs expertises respectives et plusieurs épisodes, parfois intimes, de leur existence, Laurent et Stéphane tenteront de nous aider à défricher, à notre tour, notre chemin de vie.

Pour plonger dans l’aventure :
• Rendez-vous le 4 novembre 2019 à 19h30 (ouverture des portes à 18h30)
• Théâtre de l’Atelier à Paris
• Tarif unique à 25 €
• Placement libre

Pour en savoir plus www.terre-etoiles.fr 

Billetterie https://caramba.trium.fr/index.php/39/manifestation/18761

© Sylvie-Humbert / MAIF

 

Coup de cœur de la rédaction : « Ode à la bienveillance » d’Alexandre Sattler

Magnifique livre photo préfacé par le moine, philosophe et photographe Matthieu Ricard et publié par les éditions Hozhoni, Ode à la bienveillance nous fait contempler les figures humaines qui portent dans le cœur cette si précieuse bienveillance.

Il donne aussi la parole à des auteurs et des penseurs pleins de sagesse et d’humanité, et propose des histoires de rencontres et des histoires de vie.

Pour en savoir plus sur Alexandre Sattler : https://www.gaia-images.com/

© Alexandre Sattler

 

Et s’il suffisait de marcher pour aller mieux ?

Happinez : En tant que médecin et psychiatre, y-a-t-il un mal que vous voyez toucher plus particulièrement les personnes qui vous consultent ?

Dr Éric Griez : Les troubles dépressifs et anxieux. Rien de surprenant à cela, puisque d’une part, ça correspond à l’expertise spécifique de mon cabinet médical, et que d’autre part, dépression et anxiété au sens large sont les troubles mentaux les plus fréquents, allant jusqu’à toucher en Europe, chaque année, près d’un quart de la population, selon les chiffres de l’OMS.

On pourrait aussi donner un sens plus général au terme « mal » que vous utilisez et se poser la question « qu’est ce qui est le plus regrettable dans cet état de choses où tant de gens sont confrontés, tôt ou tard dans leur existence, à souffrir d’un épisode anxieux ou dépressif ? » Je dirais alors que ce « mal » est la relative méconnaissance du pouvoir de la prévention.  Prévenir vaut mieux que guérir dit le vieil adage. Or en matière de souffrance mentale, aussi bien dans le chef du grand public que dans celui des professionnels, on oublie trop souvent les vertus de la prévention. Ce n’est qu’une fois la souffrance installée qu’on se pose les questions et qu’on applique un traitement.  Même chose quand quelqu’un va mieux : on se satisfait de la « guérison » sans songer à s’équiper pour prévenir une récidive. La troisième partie de mon livre est toute entière consacrée au principe de la prévention. Il existe aujourd’hui des stratégies pour augmenter sa résilience, pour s’armer contre l’anxiété et la dépression avant qu’elles ne pourrissent votre vie, et l’activité physique, la marche en particulier, en est une. La vraie prévention, c’est une hygiène de vie, une attitude à acquérir devant l’existence, un style de vie à adopter. Le terme anglais de « lifestyle medicine » désigne cette approche nouvelle qui accorde désormais une grande attention aux facteurs de prévention, tant dans le domaine de la médecine physique que dans celui des troubles mentaux.

 

Happinez : Au 18ème siècle déjà, un philosophe comme Jean-Jacques Rousseau vantait dans ses œuvres le bonheur de la marche. Ces dernières années, quelles découvertes ont conduit cette fois la science à envisager sérieusement de prescrire cette activité aux patients plutôt que d’autres traitements comme les antidépresseurs ?

Dr Éric Griez : Ce sont des observations fortuites relativement récentes qui ont attiré l’attention des chercheurs sur les vertus de l’activité physique. Au début des années 2000, quelques grandes enquêtes épidémiologiques dans les pays nordiques notamment, ont montré que les gens qui pratiquaient régulièrement un sport ou une autre forme d’activité physique obtenaient des scores systématiquement moins élevés sur des échelles standardisées d’anxiété et de dépression. Inversement, on avait constaté que les individus anxieux et plus encore les personnes dépressives bougent peu : leur activité physique dans la vie quotidienne, mesurée par des appareils très précis, s’avère être réduite au minimum.  Ces constatations ont suggéré l’hypothèse que l’activité physique avait peut-être un effet protecteur bénéfique applicable au traitement de cas cliniques. Depuis, les études se sont succédé, et aujourd’hui il est raisonnablement établi que toute forme d’activité physique, pour peu qu’elle soit régulière et suffisante, a un pouvoir thérapeutique dans la dépression, et dans une mesure un peu moindre, dans beaucoup de formes d’anxiété.

Des travaux de laboratoire se sont attachés à expliquer les mécanismes sous-jacents. Trois grandes hypothèses émergent à l’heure actuelle.  La première est que l’activité physique amortit la réponse hormonale au stress : la montée d’adrénaline et de cortisol suite à une agression extérieure est atténuée. La seconde hypothèse est que l’exercice, pratiqué régulièrement a un effet antiinflammatoire ; or nous savons que certaines formes de dépression sont associées à un état inflammatoire chronique. La troisième explication est que l’activité physique stimule la sécrétion du facteur neurotrophique du cerveau (BDNF), substance chimique produite par le cerveau lui-même, et favorise la vitalité des cellules nerveuses.

Beaucoup de ces effets sont analogues à ceux des antidépresseurs, bien que certainement de moindre intensité. Il n’y a donc pas compétition, mais très probablement synergie entre les deux approches.

 

Happinez : Pourriez-vous nous donner trois exercices autour de la marche pour mettre en place une bonne hygiène de vie ? 

Dr Éric Griez : La marche est la forme d’activité physique la plus simple et la plus naturelle qui soit. Elle est à l’espèce humaine ce que la nage est au poisson et le vol à l’oiseau. Elle peut se pratiquer comme un sport (marche dite « sportive » au stade ou en randonnée, marche nordique etc.)

La forme que je préconise est la simple ambulation (mettre alternativement un pied devant l’autre dans la vie de tous les jours, qu’on soit à l’intérieur ou à l’extérieur). Pour retrouver cette habitude de bouger son corps, voici trois principes :

  • Porter en permanence un traqueur d’activité ou un podomètre.
  • Viser un minimum de 5000 pas par jour ; s’assurer d’avoir atteint environ la moitié de cet objectif à la mi-journée (ce qui compte c’est la régularité et la constance, pas les à-coups)
  • Ajouter le plus souvent possible (deux à trois fois par semaine) une marche formelle de 2000 pas au rythme de 100 pas par minute.

Un chapitre de mon livre est constitué d’une série de suggestions très concrètes pour stimuler l’imagination et soutenir l’effort des personnes qui débutent.

 

Propos recueillis par Aubry François

© Jonathan Pie/Unsplash

 

Davina Delor : « La méditation est un rituel qui appelle le bonheur »

Happinez : Comment avez-vous découvert la méditation ?

Davina Delor : Par la pratique de la prière. Dès mon enfance, ma mère de culture chrétienne autant que bouddhiste, nous réunissait chaque matin et chaque soir dans notre petit sanctuaire pour offrir nos dévotions au Christ et au Bouddha. Nous récitions des textes anciens et chantions des mantras, à la suite de quoi nous entrions dans le silence pendant quelques instants. Ma mère m’a enseigné la prière comme un moyen de développer la gratitude et remercier le plan divin pour toutes les grâces qui comblent notre vie et aussi de ne pas nous affliger outre mesure par les difficultés rencontrées. En apprenant à observer le souffle à chaque respiration, j’ai d’abord rencontré la profondeur d’un calme sans limite. En poursuivant avec assiduité, c’est une joie tranquille sans motif particulier qui s’est installée dans mon cœur, et je peux assurer que cela rend le quotidien bien plus confortable. Plus tard et toujours à présent, je rends grâce à la méditation contemplative qui m’a fait connaître la nature véritable de mon être en me détachant de la vision égotique pour un regard élargi à l’infini. Dès lors, c’est en un état de conscience dans le monde et au-delà du monde que je poursuis le chemin de ma vie.

 

Happinez : Pour vous, qu’est-ce que méditer ? 

Davina Delor : C’est vivre pleinement la réalité de l’instant. Sans artifice et sans illusion, la méditation nous révèle la véritable dimension de notre être et le sens de notre existence autant que de toutes choses. Au cours de la méditation, l’esprit du pratiquant s’épanouit dans sa claire lumière et tout devient transparent et limpide. On peut dire beaucoup de choses à ce propos mais les paroles ne remplaceront jamais l’expérience méditative qui doit être vécue pour être comprise et appréciée à sa juste valeur. L’instant de méditation est un instant béni qui peut être comparé à cet infime passage reliant un souffle à un autre au cours de chaque respiration. C’est là où tout se joue, soit la vie continue soit elle s’arrête. Nous n’en avons que peu conscience mais l’énergie de l’existence est constamment remise en question en cette fraction de temps où à la fin de chaque inspiration et de chaque expiration, le souffle se suspend. L’instant méditatif peut être comparé à cette suspension du souffle à la différence qu’en méditant, le temps s’unifie à la continuité dans une égalité sans remise en question. C’est pourquoi, si tous les exposés permettent d’informer, d’enseigner et de guider, rien ne peut se substituer à l’expérience personnelle. Le vécu méditatif sera différent pour chacun car c’est à partir de là où l’on se trouve que commence le développement. C’est donc à partir de sa propre personnalité, de ses attentes, de sa motivation et de sa détermination que le chemin de progression se dévoile. Inutile d’essayer de se calquer sur un modèle quelconque, l’important est de s’engager dans la simplicité et l’authenticité de son être en suivant les conseils de sagesse des grands pratiquants dont l’histoire retrace les parcours de vie. Quelles que soient les conditions d’existence, l’âge, n’importe quelle croyance ou pas de croyance du tout, réserver un moment pour méditer chaque jour est possible. Même s’il ne s’agit que de quelques minutes de concentration, la méditation est un rituel qui appelle le bonheur.

 

Happinez : Quels bienfaits avez-vous observé dans votre vie suite à cette pratique ?

Davina Delor : Je peux témoigner des bienfaits de la pratique méditative sur tous les plans de ma vie. En premier lieu et qui me semble le plus important, la méditation ouvre les portes de la conscience et élève le niveau d’être et de penser. La pratique introspective permet de voir où nous en sommes sur notre chemin d’évolution par ce que nous faisons de toutes les opportunités qui se présentent. Elle nous place devant nos perturbations émotionnelles, ce qui nous donne le choix d’abandonner nos faiblesses au bénéfice du développement de nos qualités. Méditer aide à s’améliorer et à progresser. En toute conscience des valeurs authentiques, le cœur s’ouvre, nous devenons plus attentifs au monde et en même temps nous savons prendre la distance nécessaire pour réagir avec discernement et patience. Une certaine sérénité fait place aux emportements de jadis, la vie devient plus agréable à contempler.

 

Happinez : Quelle est la finalité de la méditation ? 

Davina Delor : L’espace de la conscience est infini, en lui il n’y a pas de début et donc pas de fin. Par conséquent, la méditation ne connaît pas de finalité, elle est un fil conducteur vers la liberté. La méditation fait partie actuellement d’un phénomène de mode qui prendra fin pour beaucoup lorsqu’un sujet nouveau aussi mystérieux qu’attrayant sera venu le remplacer. Tant que pour le public la méditation se bornera à rester une méthode de mieux-être, son intérêt à la longue finira par s’émousser par manque de résultat, mais cela seulement pour ceux qui n’en auront fait qu’une parade. En revanche, aux personnes engagées dans l’expérience personnelle de la méditation, la découverte de bénéfices insoupçonnés est assurée. Pour eux, la pratique s’inscrira dans la continuité avec de belles réalisations à la clé. Des siècles et des siècles ont vu passer des sages et des yogis qui ont voué leur vie au retrait et au recueillement, fournissant nombre de témoignages exprimant la saveur ineffable de l’acte de méditer. Certains tels de grands prédicateurs comme le Bouddha, ont démontré que la méditation conduisait à l’Éveil dont c’était le but. En étudiant les paroles de sagesse où il est exposé que l’Éveil n’est autre que la réalisation d’un état d’être délivré de toute trace de perturbation émotionnelle, un état où l’esprit baigne dans une parfaite sérénité, on ne peut que penser qu’il ne s’agit pas là d’une finalité mais bien au contraire d’un commencement.

 

Happinez : Comment relier méditation et action ? 

Davina Delor : Méditer n’est pas une action, il ne s’agit pas de faire quelque chose, et ce n’est pas une attitude, il n’y a rien à démontrer extérieurement. Méditer est un état d’être parfaitement libéré, intégré au cœur de toutes les expressions de la vie. En fait, méditer c’est se tenir relié au plus beau, au plus grand, au plus pur, mais aussi au plus naturel en soi, et ceci sans interruption. Ce qui n’est pas de l’ordre de l’obsession mais plutôt d’une attention appliquée à l’observation de tout ce qui est propice à élever l’âme et à ouvrir le cœur. Plus précisément, méditer est l’outil de nos projets de vie, la force qui nous relie à la force initiale qui demeure en chacun de nous et qui nous permet de progresser. Devenir plus aimant, plus compréhensif, plus généreux, plus authentique, est le moyen d’être infiniment plus heureux. N’est-ce-pas ce que nous cherchons tous ? La conquête du graal du bonheur passe par le défrichage de notre jardin intime, le labourage de notre terre intérieure, là où nous construisons le monde dans lequel nous vivons, et les semences de bien-être que nous déposons dans les sillons de nos efforts d’amélioration personnelle. Ceci pour comprendre que méditer n’est pas s’asseoir de temps à autre en rêvant aux papillons bleus de l’espérance, mais d’impliquer nos plus infimes faits et gestes quotidiens à l’œuvre de création de notre être de lumière.

 

Happinez : Quel secret de méditation pourriez-vous partager avec nous avant la lecture du livre ?

Davina Delor : Le secret que j’aimerais partager avec vous est d’aborder la méditation le plus simplement possible. Ne pas se faire un monde de ce qui est naturellement disponible et accessible à tous. Si je vous disais que vous savez parfaitement méditer et que vous pratiquez déjà sans vous en rendre compte quand vous êtes absorbé dans le plaisir de savourer un carré de chocolat, quand vous écrivez une lettre à vos aimés, quand vous vous concentrez sur la meilleure décision à prendre ? Sans aucun doute vous savez tout naturellement méditer. L’idée maintenant, c’est d’aller au plus profond de vous chercher l’essentiel dans le meilleur de vous-même, vos plus belles aspirations, vos élans les plus créatifs, pour les faire jaillir à la surface de votre quotidien, tel un flot de bonheur à partager.

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Pascale Barithel

 

 

Frédéric Lenoir : cultiver l’esprit critique et l’ouverture dès l’enfance

La réalisatrice Cécile Denjean a suivi pendant un an les ateliers de philosophie de Frédéric Lenoir dans deux écoles primaires.

Son film, Le Cercle des petits philosophes, nous fait assister à ces moments d’éveil où les enfants apprennent à interroger le monde, à débattre dans le respect de l’autre, à suivre leurs ressentis et à se forger leur propre opinion.

Ils se confrontent, en toute authenticité, à la complexité du monde et à la violence de leurs émotions. Leurs réflexions de vieux sages éveillés nous étonnent autant que nous amusent les puériles divagations qu’ils veulent bien nous offrir, pour le plaisir d’une pause clownesque.

À contre-courant d’une société qui les veut adultes bien avant l’heure, la philosophie apporte aux jeunes les moyens de profiter, en toute conscience, du temps privilégié de l’enfance. Un bijou d’émotion !

Le DVD du film, qui sort le 1er octobre, sera l’occasion de découvrir, en bonus, des interviews inédites de la réalisatrice et de Frédéric Lenoir, mais aussi une présentation de l’association SEVE.

 

 

Photo © L’ATELIER DISTRIBUTION…

Fêtez le lien intergénérationnel avec Paris en Compagnie

Initié par la Ville de Paris et porté par des structures comme les Petits Frères des Pauvres, Lulu dans ma Rue ou Autonomie Paris Saint-Jacques, Paris en Compagnie offre aux aînés parisiens isolés, de plus de 65 ans, la possibilité d’être accompagnés gratuitement dans leurs diverses sorties quotidiennes. Se balader au parc, se rendre chez le médecin ou flâner entre les étals d’un marché sera pour vous, futurs bénévoles, l’occasion de refaire le monde à leurs côtés.

Depuis sa création en janvier 2019, Paris en Compagnie compte déjà plus de 600 citoyens bénévoles qui s’engagent pour donner un visage plus humain à la ville et redynamiser la société.

Rejoignez, ce jeudi 19 septembre, la communauté d’aînés et les personnes qui ont déjà eu la chance de les rencontrer, aux Canaux (6 quai de la Seine, dans le 19ème arrondissement), pour fêter le millième accompagnement de Paris en Compagnie. Témoignages et temps d’échanges, concert jazzy, buffet, atelier photos et autres animations favoriseront, dans la joie et le partage, le lien intergénérationnel.

Pour en savoir plus, vous engager ou demander à être accompagné : www.parisencompagnie.org

Le pardon : une étape essentielle sur notre chemin de vie

Happinez : Quelle histoire raconte votre roman ?

Jacques Schecroun : Pardonne, Aime et revis raconte, en fait, deux histoires. Celle d’Augustin, un psychothérapeute qui a entrepris d’écrire un livre sur le pardon et qui a le plus grand mal à pardonner à son père. Celle de Manon, une de ses patientes, qui en veut terriblement à son propre père qui a abandonné sa mère avant même sa naissance. Deux histoires en écho l’une de l’autre qui finiront, peut-être, par se rejoindre de façon inattendue.

 

Happinez : Que gagne-t-on à pardonner à l’autre ce qui a tout d’impardonnable ?

Jacques Schecroun : On croit souvent que pardonner à l’autre serait lui faire la part trop belle et lui permettre, malgré ce qu’il (elle) nous a fait, de s’en tirer à trop bon compte. Mais le pardon n’a finalement pas grand chose à voir avec cet autre que nous tenons pour responsable des maux dont nous souffrons. Le pardon est beaucoup plus en rapport avec soi. Tant que nous refusons de pardonner, nous sommes dans le ressentiment et, à sans cesse ressasser le passé, c’est à nous-mêmes que nous faisons du mal. Dès lors, pardonner, c’est arrêter de se faire du mal à soi-même. C’est refuser que la passé nous empêche de vivre notre présent. C’est encore, et ce n’est pas un détail, cesser de donner à l’autre du pouvoir sur notre vie.

 

Happinez : Et se pardonner à soi-même?

Jacques Schecroun : L’autre n’est souvent qu’un paravent mais, en définitive, il n’y a de ressentiment que pour soi. Il importe donc de se pardonner à soi-même pour cette raison essentielle que, contrairement à ce que nous avons toujours pensé, nous sommes innocents. Innocents de tous les forfaits que nous nous imputons (avoir fait souffrir notre mère, ne pas avoir été assez sage, lui avoir donné du fil à retordre, etc.) et qui nous paralysent de culpabilité. La culpabilité est l’un des principaux poisons de l’âme et s’en libérer est un cadeau que l’on se fait. Rien de mieux, dès lors, que de se pardonner. Cela permet d’avancer dans la vie en considérant que l’important n’est pas ce qui s’est passé, quoiqu’il se soit passé, mais ce que nous allons en faire.

 

Happinez : Quels seraient vos conseils pour réussir à pardonner ?

Jacques Schecroun : Mes conseils ? Je dirais d’abord que s’agissant de pardonner, il n’y a rien d’obligatoire. Le pardon ne peut pas résulter d’un « il faut » ou d’un « je dois ». Il n’est efficace que conjugué avec « j’ai envie » ou « je choisis ». Ensuite, une bonne façon d’y parvenir est de pratiquer la bienveillance. Plus on s’installe dans cet état d’être et moins il sera difficile de pardonner. Enfin, je suggère d’aimer. Aimer non point tel que la plupart d’entre nous l’avons appris (notamment en recevant un amour qu’on nous menaçait de nous retirer, ce que nous nous sommes empressés de reproduire) mais aimer sans condition. Aimer en se posant, à chaque instant, cette question de savoir ce que l’amour ferait s’il était à notre place. Dans ce contexte, pardonner n’est plus un problème. C’est une évidence.

 

Propos recueillis par Aubry François

© Lina Trochez/Unsplash