Retrouver les chemins de l’essentiel, un webinaire avec le vétérinaire spirituel Norin Chai

L’idée qui accompagne ce rendez-vous virtuel est la suivante : on ne peut soigner le monde si l’on ne se soigne pas soi-même… Dans un élan résolument pratique, Norin Chai partage avec vous les outils qui l’ont aidé à surmonter ses épreuves, à atteindre ses rêves les plus fous, à atteindre l’harmonie, même dans les moments les plus sombres et surtout à trouver le courage de tout abandonner pour suivre son cœur. Son objectif ultime est très simple : éveiller les consciences.

Au programme de ce webinaire qui vous guidera d’abord au cœur de vous-même puis vous aidera à entrer en connexion avec les autres : les bases de la méditation – réapprendre à respirer, la respiration énergétique, être en accord avec son corps matériel, ressentir son corps énergétique et s’ancrer – ainsi qu’un travail sur l’autonomie émotionnelle – clarté mentale, gymnastique de la conscience, empathie et frontières personnelles.

Les fonds récoltés par ce séminaire serviront en partie pour les projets de l’association Yaboumba, qui a pour vocation principale l’étude et la préservation de la faune sauvage.

Pour vous inscrire : http://yaboumba.org/spiritualite/seminaire-spiritualite-fevrier-2021/

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L’art d’agir en accord avec la vie. Interview de Colette Poggi.

Happinez : Quelle est l’histoire de la Bhagavad Gîtâ et comment avez-vous découvert ce grand texte ?

Colette Poggi : Il m’est arrivé une chose étonnante dès mon premier cours de yoga, alors que je commençais tout juste mes études universitaires, une expérience d’apaisement et d’harmonie mettant le souffle, le corps et l’esprit à l’unisson. C’était donc possible ! J’aspirais à cela depuis toujours… car j’en avais soif, tout simplement. La lecture de la Bhagavad Gîtâ, des Upanishad, des traités de yoga, a immédiatement suivi, j’ai dévoré ces textes, encore et encore, et je sais aujourd’hui que leur approche procède en spirale, offrant toujours de nouvelles découvertes. Cet enchaînement de la pratique et de la plongée dans les textes fut un événement déterminant dans ma vie : il me fallait apprendre le sanskrit afin de traduire des textes inédits, tant de merveilles demeuraient encore inaccessibles, non traduites. Deux ans plus tard, avec un maître indien vivant à Paris, j’ai commencé à entrer dans le texte original de la Gîtâ. La traduction, la profondeur de sens qu’il véhiculait, tout cela attisait mon enthousiasme.

En bref, le “Chant du Bienheureux” (4ème siècle avant notre ère) appartient au sixième livre de la grande épopée du Mahâ-Bhârata. Il raconte en sept cent versets l’histoire d’un conflit à plusieurs niveaux : à la fois sur un champ de bataille, entre deux clans d’une même famille, et dans l’esprit d’Arjuna, un archer illustre pour sa vaillance. Mais ici, le héros défaille, s’effondre, doute et renonce à se battre. Cet incident est quasi-incompréhensible pour un kshatriya (ordre des guerriers). Il va à l’encontre de la préservation de l’Ordre cosmique, Dharma. Chacun, en effet, est censé jouer son rôle dans ce vaste agencement. Son cocher, Krishna, se doit d’instruire Arjuna afin de réveiller en lui le sens de son propre devoir svadharma. S’il n’agissait pas en conformité avec lui, l’Ordre du monde serait alors en péril.

 

Qu’est-ce qui fait sa richesse particulière ?

En dix-huit livres et sept cent versets, la Bhagavad Gîtâ récapitule sous la forme d’un dialogue poétique et vivant les éléments fondamentaux de la philosophie du yoga. Bien sûr, les thèmes aujourd’hui si présents dans le monde du yoga, tels que postures (âsana), centres vibratoires (cakra, padma) etc., ne sont pas abordés. Ces développements n’apparaîtront que quelques siècles plus tard, au début du premier millénaire, avec le grand courant du Tantra. Toutefois le message véhiculé par la Gîtâ sera repris et réinterprété par le philosophe tântrika cachemirien Abhinavagupta (10ème-11ème siècle) qui transpose le champ de bataille dans l’espace du corps individuel. Pour ce philosophe de la conscience, la véritable zone de turbulences se trouve là, dans notre pensée, où sont brassés dans un incessant mouvement nos savoirs, mais aussi nos désirs, nos peurs, nos aversions. Ces divers moteurs de la vie psychique sont de plus nourris par les mémoires inconscientes qui “hantent” notre corps subtil formé de trois dimensions emboîtées : mental, souffle-énergie, intuition.

La puissance de la Gîtâ réside dans la dynamique du dialogue échangé entre Krishna et Arjuna. Surtout quand l’on comprend que tous deux sont des instances intérieures qui attendaient depuis longtemps de se reconnecter : un niveau mental et un niveau plus profond relié à l’intelligence universelle, qui sait avant que nous (notre mental) ne le sache. Quelque chose en nous vibre plus intensément lorsque nous réalisons une action en consonance avec la Vie. Cette action peut être physique, verbale ou mentale. Toute sa vie, jamais un seul instant, il ne faudrait cesser d’être attentif aux notes justes ou fausses que nous jouons. Cela requiert un grand discernement, mais c’est à ce prix seulement qu’il devient possible de percevoir au fond de soi la petite musique de l’Univers, et de ressentir si notre instrument est en accord ou non avec elle.

Comme un musicien qui accorde et ré-accorde inlassablement son instrument, nous sommes des musiciens de la vie, et nous sommes responsables de la qualité de cet instrument qui nous a été confié, le temps d’une vie. On appelle en sanskrit (langue sacrée des hindous) dharma-toushti le sentiment de bonheur éprouvé lorsqu’on accomplit notre dharma, ce que nous avons à faire dans ce monde… lorsque nous jouons correctement notre partition dans la symphonie cosmique. Respirer, marcher, travailler, ne rien faire, c’est tout cela, notre partition aux mille variations.

 

En quoi déploie-t-il toute une philosophie de l’agir ?

La Bhagavad Gîtâ ne prône pas une voie de renoncement et de retrait du monde. Il est vrai que ce cliché est associé à l’Inde et que certains ascètes, philosophes ou maîtres spirituels ont privilégié cette voie, du moins comme une étape, pour atteindre la délivrance. Ce but suprême signifie la sortie de la ronde des existences (samsâra), dans laquelle on retombe sans cesse en raison de l’attachement aux actes.

Cependant, il y eut en Inde bien d’autres voies intégrant expérience dans le monde et recherche spirituelle. Certaines doctrines tantriques en font partie, ainsi que celle enseignée dans la Gîtâ par Krishna. Pour ceux-là, ce ne sont pas tant les actes qui enchaînent au devenir, mais l’attachement au fruit des actes, l’intention égocentrée, l’autosatisfaction, la récompense attendue. Ce dont il faut se débarrasser, c’est de son identification au moi, au corps, aux pensées, etc.

La Gîtâ apparaît dans ce contexte comme une révolution copernicienne. Agir dans le détachement, en accomplissant le mieux possible l’action qui nous incombe, cela est un yoga, c’est le yoga de l’action. Krishna, le Bienheureux, parle sous le nom de Bhagavan, « celui qui se donne en partage », d’où la notion de collaboration collective à l’Harmonie cosmique. Dans le deuxième livre, il déclare à Arjuna que « le yoga est habileté dans les actes », ou encore que le yoga est « égalité d’âme », quoiqu’il arrive. « Dresse-toi ! Éveille-toi ! » sont des injonctions qui vont sortir Arjuna de sa léthargie.

Ainsi, il ne suffit pas d’agir, il est essentiel que l’action soit allégée du fardeau du moi, qu’elle soit réalisée pour un but plus noble que celui de son propre profit. La philosophie de l’action dans la Gîtâ se situe aux antipodes de l’individualisme. Il faut agir avec espoir, avec le sentiment que tout est inter-relié, avec foi ou confiance, shraddhâ. Ce terme sanskrit possède une puissante signification donnée par son étymologie : se poser dans le cœur (shrad-dhâ).

 

Le yoga est-il une manière d’appliquer dans la matière les enseignements de la Bhagavad Gîtâ ?

Le simple fait de respirer, de marcher, de parler, de se poser sur le tapis, devient yoga si l’on pratique le non-agir dans l’agir. Quel en est le sens ? Cette attitude consiste à laisser l’action s’accomplir dans une transparence, une sincérité totale, non pour se valoriser, non pour paraître, ni prétendre être quoi que ce soit, mais parce que c’est juste, que c’est le bon moment, que c’est dans l’ordre des choses.

On peut également formuler ce paradoxe ainsi : l’agir dans le non-agir. Cela suggère un aiguillage subtil de l’intention consistant en l’effort de ne pas faire d’effort. Cela ne peut être compris que par une expérience vécue. Or l’apprivoisement du souffle, le relâchement musculaire qui intervient après une posture tonique, l’abandon à la pesanteur, tout cela conduit les pratiquants à la lisière du non-agir.

Il faut une certaine audace pour s’abandonner au courant de la vie, sans aucune tentative de contrôle mental. Arjuna, le héros invincible, avance dans l’entre-deux, au milieu du champ de bataille car il cherche à voir qui se trouve dans l’autre camp ; il exprime sa vérité en s’effondrant, et de là, de cet espace vacant au-dedans de lui, il pourra percevoir une Parole salvatrice. Si nous aussi, nous osons faire un pas de côté, nous pouvons découvrir dans le champ de notre corps, la présence de la vie cosmique. La posture s’accomplit d’elle-même, on se laisse “danser” au rythme du souffle, en ajustant le timbre de son instrument à celui de l’orchestre, sans cesse changeant.

 

Quel écho trouve-t-elle aujourd’hui selon vous ?

Le monde actuel est depuis quelques mois bloqué par une crise sanitaire, inimaginable, ne serait-ce que l’an passé à la même époque. Figé et sombre, ce monde a aujourd’hui un urgent besoin que, de nouveau, circulent l’énergie et la lumière, que, de nouveau, circule un souffle partagé lors des rencontres amicales, des enseignements, des concerts ou pièces de théâtre. Oui, cette période est une épreuve très difficile à traverser pour beaucoup d’entre nous. L’effondrement fait penser à celui d’Arjuna, au milieu du champ de bataille.

Cependant, un aspect positif m’apparaît au sein de ces ténèbres, on sent naître une soif de sens plus intense, une aspiration à vivre la vie dans ce qu’elle a de plus fondamental, de moins extérieur et futile. Un nouveau sentiment de solidarité pourrait aussi voir le jour parce que toute la planète est menacée, et qu’il ne faut pas baisser les bras mais agir, comme l’ont fait les soignants tout au long des mois passés et encore aujourd’hui.

La Bhagavad Gîtâ, nous transmet, de toute évidence, un message d’une grande actualité : agir oui, mais pas n’importe comment, avec discernement, altruisme, désencombré du moi bruyant qui nous empêche de respirer, de penser, librement et nous ouvrir à la réalité universelle.

Ce n’est pas un luxe de reconnaître qui nous sommes vraiment, une onde de vie au sein de l’univers. Notre existence s’exprime nécessairement dans l’action, et la plus achevée consiste à agir sans rien retenir dans les remparts de l’ego. Tel est le message si limpide de la Gîtâ pour nous aujourd’hui, comme l’ont incarné Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, et bien d’autres dont l’histoire a oublié le nom. La militante écologiste indienne Vandana Shiva en est un vivant témoignage, elle agit avec passion et détachement dans un but qui dépasse sa propre existence ; de même, cette autre femme indienne, Vimala Thakar, qui s’est toute sa vie investie dans les projets sociaux et n’a cessé de transmettre l’esprit de recherche, au sein du monde. Son credo en parfaite consonance avec la Gîtâ s’exprimait en ces termes : « accomplir, c’est s’accomplir ».

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Gwladys Louiset Photography, pour Yoga magazine.

 

Pour les étudiants : diverses disciplines de bien-être proposées gratuitement !

Sur le compte Instagram, franck_goeury_qi_gong, vous trouverez le planning des propositions variées offertes mis à jour régulièrement. Il suffit, pour l’étudiant.e, d’entrer directement en contact avec le ou la spécialiste et de profiter de l’offre.

À l’origine de cette initiative, Franck Gœury, professeur de Qi-gong, discipline traditionnelle chinoise mêlant auto-massages, méditations et mouvements apaisants. Il est aussi praticien Shiatsu. Retrouvez son actualité et ses pratiques sur son site www.franckgoeury.com

Ali et Barbara, ou l’histoire de la rencontre inoubliable d’une chanteuse et d’un orphelin

Happinez : Pourriez-vous nous parler de l’histoire qui a donné naissance au titre Ali ?

Barbara Opsomer : En décembre 2019, je suis partie à Marrakech pour un voyage humanitaire dans un orphelinat. Les fêtes de fin d’année sont pour moi une période où je ne suis pas forcément heureuse, pendant laquelle je ne me sens pas vraiment bien. J’ai donc décidé de me rendre utile et d’apporter mon aide à l’association Radia, qui accueille les orphelins de zéro à 24 mois. J’y ai passé quelques jours et j’ai été complètement bouleversée. Bouleversée par ces petits êtres arrivés sur cette Terre avec, déjà, leurs petits cœurs mis à rude épreuve. Sur place, j’ai eu un véritable coup de cœur pour un petit garçon de quelques mois, du nom d’Ali. Entre nous, un lien indéfectible s’est créé, je me suis énormément attachée à lui et lui ai donné beaucoup d’amour. Il était très difficile pour moi d’être si loin de lui. Il était présent dans chacune de mes pensées. J’ai eu envie de le sortir de l’orphelinat et de lui donner la vie qu’il méritait. J’ai donc commencé les démarches d’adoption mais je suis revenue à la raison et je me suis dit que je ne pouvais malheureusement pas lui apporter tout ce dont il avait besoin, en tout cas pas à ce moment-là. Il m’est encore très difficile de parler de lui et de ces espoirs envolés. Pour notre bien à tous les deux, j’ai dû malgré moi limiter mes allers-retours à Marrakech, c’est une décision qui m’a déchiré le cœur.

Pendant la crise sanitaire, j’ai ressenti le besoin de me rendre à l’association pour revoir Ali, mais lorsque j’ai voulu prendre mes billets, les frontières entre la France et le Maroc ont fermé. J’ai cherché par tous les moyens à partir, mais ce n’étais pas fluide, ma petite voix intérieure me disait de ne pas y aller. Pendant le confinement, je souffrais énormément de la distance. Je souhaitais rendre hommage à notre histoire, à ce petit être, je voulais aussi répondre aux très nombreux messages que je recevais sur les réseaux sociaux, mais cela m’était trop difficile. J’ai raconté cette histoire à un ami et on a écrit un texte, une mélodie, sans forcément penser à commercialiser le titre, cela me faisait du bien de mettre enfin notre histoire par écrit. Et de fil en aiguille j’ai souhaité partager avec tout le monde ce que j’avais vécu, des difficultés de l’impossibilité d’adopter à la douleur liée à la distance, et montrer que cela n’arrive pas qu’aux autres. Je suis fière de ce titre, qui me correspond enfin, et qui est un héritage à Ali. Je souhaite qu’un jour il écoute sa chanson, et qu’il se dise que dans le monde, il y avait une femme qui l’aimait et qui était prête à l’accueillir.

Comment vous définiriez-vous en tant que femme aujourd’hui ?

Toute ma vie, j’ai été à la recherche de cet instant… De ce moment où je serais vraiment Moi. Mon Moi profond. J’avais alors, durant tout ce temps, une idée bien précise de la femme que je voulais être. Une femme fière d’elle, qui donne de l’amour aux âmes dans le besoin, exprimant des messages forts dans le but d’aider les personnes qui doutent d’elles-mêmes. Je voulais pouvoir un jour montrer que l’on peut s’aimer tout simplement, que l’on apprend en grandissant, en se trompant, et qu’il est possible de se relever et de faire différemment. Je ne suis pas parfaite mais je m’accepte maintenant telle que je suis et je me pardonne. C’est comme si le puzzle prenait enfin forme. Je me sens enfin à ma place et c’est avec beaucoup de gratitude que je remercie la vie de m’avoir amenée là où je suis. Aujourd’hui, je ne sais pas encore où je vais, mais je fais confiance à la vie et à ce qu’elle met sur mon chemin.

Et en tant que chanteuse ?

Plongée jeune dans l’univers musical, j’ai signé un contrat avec Warner Music, mais malheureusement, nos objectifs étaient différents. Eux voyaient en moi la nouvelle Mylène Farmer et souhaitaient que je chante de la pop. Quant à moi, je préférais la douceur et la mélancolie. À l’époque, je ne le savais pas encore, je n’avais pas pris le temps de me poser la question de qui j’étais et où je souhaitais aller. Ça été trop rapide, je n’étais pas forcément bien entourée, peut-être pas assez prête… Il m’a fallu de longues années de pause pour réaliser enfin aujourd’hui que j’ai envie de faire des choses qui me parlent vraiment et qui me correspondent, pour une fois, tout en étant dans la vérité et en apportant des messages d’espoir. J’ai encore du mal à me considérer comme une chanteuse, je dirais plutôt que je suis une romancière des mots.

Quelle est la place de la spiritualité dans votre vie ?

Dans ma famille, la spiritualité a toujours été omniprésente. Mon arrière-grand-mère tirait les cartes et avait prédit la mort de son mari. Ma mère a toujours eu un don magnétique, elle en a d’ailleurs fait son métier. Petite, il m’est arrivée des phénomènes paranormaux, je n’y croyais pas avant que tout cela arrive, j’ai vite compris que nous n’étions pas seuls et qu’il se passait des choses assez fortes autour de moi. Mais par peur, je les évitais, ce n’était pas des choses agréables. J’ai toujours eu un 6e sens très développé, cela m’a beaucoup servi, encore plus aujourd’hui. Chez moi, ce don se développe de jour en jour, étant de plus en plus connectée. Lors de mes soins énergétiques, j’ai toujours des retours très positifs. Je suis une femme  très intuitive, sensible aux vibrations des gens et des lieux. Je sais que sans cette spiritualité, je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui. Même si j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, la spiritualité m’a énormément aidée dans ma vie, continue à me porter et me définit totalement.

 

Propos recueillis par Aubry François

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Les conseils santé du Dr V. : Articuler l’esprit et le corps

La pleine conscience, dont on entend beaucoup parler, me semble être une pratique à remettre en question dans la mesure où elle est souvent comprise depuis la séparation de l’esprit et du corps. De plus, si elle s’en tient à une exploration mentale des sensations, l’un surplombe inévitablement l’autre. Cette conception dualiste et hiérarchisée du phénomène humain, très ancrée, écarte d’emblée la complexité, la nuance, l’entremêlement. Elle nous pousse à considérer “par essence” la pensée et l’action comme deux mouvements distincts voire opposés, nous empêchant ainsi d’expérimenter la capacité de notre corps à penser, et celle de notre esprit à agir. Impossible alors de nous ouvrir à l’intelligence du vivant – où la conscience est un épiphénomène – afin d’exister comme une algue, une banane, un rocher, une musaraigne… Quel dommage !

Supprimer l’hégémonie de la conscience, et non la conscience (tout l’art, ici, est de ne pas verser dans l’excès inverse), nous permettrait de faire confiance au vivant, de le laisser nous toucher, nous éroder, nous fleurir. Nous pourrions retrouver les fondations de notre vie propre. Comment ? L’enfant que nous étions, tourné vers l’action au dehors, prêt à tout type de relation dans une présence totale, avait cette faculté innée d’hybrider le penser et l’agir, de se fondre avec son environnement. L’enfant puise à chaque instant sa force vitale et sa puissance dans l’engagement de tout son être, corps et esprit mêlés, au cœur du réel. Son intelligence se trouve dans l’expérience même de ce plongeon. En somme, il sait vivre parce qu’il est inconscient qu’il vit. L’enfant s’échappe continuellement de lui-même, et pourtant il ne viendrait à l’esprit de personne de lui conseiller de faire de la pleine conscience.

Je pointe ici l’incongruité fondatrice de nos vies d’adultes civilisés, que je développe dans ma thèse sur la santé en pleine inconscience. Plus nous sommes conscients et présents à nous-mêmes, moins nous nous connaissons, et moins nous allons bien. Oublier qu’on existe afin d’exister mieux, c’est se déplacer de son propre centre, se rendre à l’inattendu qui nous tonifie et nous transforme. Le “je” disparaît alors, et là, le ”je“ peut guérir. Car en s’oubliant, il se laisse traverser par toutes les forces vitales dont il a besoin et qui, si j’ose dire, ne dépendent pas que de lui.

Comment ébranler nos habitudes de perception ? Comment ne plus penser pour agir en pensant ? Commençons par deux exercices simples :

1/Prendre un végétal, une banane par exemple. L’écouter, puis la toucher, puis la humer, puis la regarder, et enfin la gouter, dans cet ordre. Vous explorerez là l’approche dualiste et fractionnée habituelle.
2/Prendre une autre banane, passer plusieurs jours à ses côtés – la placer dans votre sac à main, dans votre poche… jusqu’à l’oublier (ça peut être long). Noter comment elle va peu à peu s’imprégner en vous, dans vos rêves, par exemple, car il est presque certain qu’elle viendra vous y rencontrer et répondre à des questions que vous ne connaissez pas encore.

Bon rétablissement,

Dr.V

Du 29 au 31 janvier, célébrons la différence lors du congrès 100% en ligne Atypikessence

Préparez-vous à vivre 3 jours de partage placés sous le signe de la rencontre humaine, sous toutes ses formes, en direct et en replay pendant un mois (compris automatiquement dans l’inscription).

Ce web-congrès réunit des scientifiques, des psychologues, des écrivains, des philosophes, des artistes, des sexologues et des coachs.

Au total, une trentaine d’intervenant.e.s prestigieux sont au programme.

Parmi lesquel.le.s la psychologue et sociologue australienne Judy Singer (à qui l’on doit le terme de neurodiversité), la psychologue américaine Paula Prober, Monique de Kermadec, Yor Pfeiffer, Catherine Testa, la neuropsychologue belge Cathy Assenheim, le philosophe Fabrice Midal, le comédien et auteur Maurice Barthélémy, la docteure en psychologie internationale Christine Leclerc-Sherling, la philosophe Juliette Speranza, la coresponsable de l’Observatoire de la Sensibilité Élodie Crepel, Charlotte Wils, la romancière zébrée Isabelle Bary, Carol Pirotte, Nicolas Souchal, Claire Stride, et Josef Schovanec.

Se succéderont conférences, interviews, musique, théâtre, échanges, partages, débats, avec en apothéose une table ronde réunissant les principaux intervenants.

Les organisateurs se sont employés à tâcher de recréer les conditions du présentiel, notamment en proposant durant les pauses des sessions d’échanges entre tous les participant.e.s.

Cet événement s’inscrit dans une démarche de mise en lumière de la richesse des atypismes pour un monde plus conscient, plus sensible, plus joyeux, plus éthique, plus diversiforme, plus harmonieux, et plus coopératif.

Pour accéder à la billetterie (et utiliser le code promo HAPPINEZ21) : www.helloasso.com/associations/surdouessence/evenements/atypikessence

Pour découvrir le site de l’événement, avec la présentation de tou.te.s les intervenant.e.s : www.atypikessence.com/

Pour visionner la vidéo de présentation : www.youtube.com/watch?v=01KyRhbjkqw

 

Visuel © Hannah Busing / Unsplash

Pour un Noël apaisé… Entretien spécial “famille” avec Saverio Tomasella

Happinez : Est-il vraiment possible d’être soi-même au sein de la famille ? 

Saverio Tomasella : C’est possible, mais cela s’avère souvent ardu, car nos proches ont des idées arrêtées sur nous, sur nos qualités et nos défauts. Notre famille nous cantonne fréquemment à une identité fixe : “le bon gars”, “la fille qui fait rire”, “le grincheux”, “la chiante”, etc. Ils nous considèrent d’une manière qui leur est propre. Lors de l’adolescence ou des débuts de la vie d’adulte, un individu développe d’autres aspects de sa personnalité qui, parfois, ne sont pas mis en valeur par sa famille. Des incompréhensions peuvent subvenir lorsque des membres d’une famille n’arrivent pas à comprendre et à accepter les évolutions d’un des leurs. Cette identité forgée par le cercle familial nous enferme dans une catégorie qui nous étouffe et nous empêche d’exprimer notre véritable personnalité. Cela peut donc devenir problématique, surtout quand cette identité fantasmée est formulée sous forme de contraintes et de reproches.

 

Comment expliquer qu’après des années passées auprès d’eux, les membres de notre famille restent parfois des étrangers pour nous ?

Lorsque chacun joue un rôle dans le clan familial, on a peu d’occasions d’exprimer qui l’on est de façon authentique et l’on devient un étranger pour les autres. Ils restent, au fond, des inconnus pour nous et réciproquement.

Une grande partie des mésententes familiales viennent de la façon dont les parents ont fantasmé chaque enfant avant sa naissance. Ces fantasmes sont compensatoires, ils se construisent en fonction des blessures, des aspirations échouées, des manquements dans la vie scolaire, professionnelle ou personnelle des futurs parents. Ils produisent une idée artificielle et biaisée de l’enfant rêvé, idée à laquelle ils vont s’accrocher comme à un impératif. Lorsque l’enfant se révèle être différent des attentes de ses parents, ceux-ci se sentent trahis et lui en veulent de ne pas correspondre à leurs fantasmes. Cela contribue également à créer ce sentiment d’étrangeté et d’incompréhension au sein d’une famille.

 

Il arrive aussi que les parents ne parviennent pas à laisser grandir leurs enfants, même lorsque ceux-ci sont déjà des adultes. Comment, en tant qu’enfant, le leur faire comprendre sans provoquer de souffrances ou de rupture ?

Notre mission vitale d’être humain est d’aller de l’avant, d’évoluer, de nous accomplir. C’est l’enfant devenu adulte qui décide de la bonne distance à instaurer avec sa famille, et notamment avec ses parents. Grandir et se réaliser nécessite immanquablement la séparation avec ses parents. C’est le mouvement de la vie et il est primordial d’être ferme là-dessus vis-à-vis de ses parents.

Il n’y a aucune obligation dans les relations familiales. Le “il faut”, c’est du devoir, donc un aspect à bannir dans une relation. Les relations humaines sont faites de désir, de communication, de plaisir, d’amour, et non de devoir. Bien sûr, on attend du respect mutuel, mais on n’est pas obligé de s’aimer. Parfois, la seule manière de faire la paix avec soi-même est de couper avec sa famille : ce qui compte, avant tout, c’est la tolérance, l’indulgence et la douceur envers soi-même.

 

Comment guérir les blessures ancrées au cœur de la cellule familiale ?

Il s’agit d’un processus très complexe, car il requiert de panser les blessures de chacun et celles des relations au sein de la tribu. Il existe trois phénomènes qui peuvent permettre de guérir de ses propres blessures :

  • Un grand amour durable, qui permet de se rendre compte qu’on peut être aimé pour soi-même, en étant apprécié à sa juste valeur.
  • Un long voyage, durant lequel la rencontre avec une autre culture, une autre langue, de nouvelles personnes et de nouveaux paysages nous aide à nous libérer de nos souffrances.
  • Une thérapie en profondeur : parfois, ces blessures d’enfance ou d’adolescence sont très profondes. Elles se sont inscrites en nous et se réveillent dans les moments de grande vulnérabilité : on a alors besoin d’une aide professionnelle.

Le plus souvent, nos parents ne nous ont pas apporté l’amour, l’attention, la reconnaissance et le soutien dont nous avions besoin. Nous devons donc réaliser le deuil de nos attentes d’enfant. Ce deuil dure toute la vie ou au moins jusqu’à la mort de nos parents. Nous passons notre existence à grandir par rapport à notre famille. Lors des prises de contact avec nos proches, nous faisons face à des déceptions. C’est ainsi que notre deuil avance.

En ce qui concerne les blessures des relations dans la famille, le processus est plus difficile car il concerne différentes personnes. En dehors des thérapies familiales et de la Communication Non Violente, l’une des méthodes pour pacifier les relations familiales est de trouver la bonne distance.

 

Quels seraient vos conseils en cas de dispute ou d’importants désaccords, par exemple entre parents et enfants ou entre frères et sœurs ?

Le préalable est d’avoir conscience du conflit qui peut survenir pour éviter par exemple de parler de tel sujet avec telle personne. Il s’agit d’aborder la relation familiale avec sagesse au lieu d’apparaître comme le grand réformateur en voulant mettre cartes sur table, ou pire en provoquant les autres, ce qui conduit directement à l’affrontement. En tant qu’adultes, nous avons suffisamment d’espaces de vie hors de notre famille pour ne pas demander à notre clan de nous accepter avec toutes nos facettes et nos idées. Le mieux est aussi d’aborder les relations familiales avec modestie, avec le souci d’arrondir les angles, de fluidifier les relations, bref, y aller seulement pour se retrouver en famille, sans vouloir régler un problème de fond.

Lorsque l’on sent arriver une discussion qui risque de devenir conflictuelle, on peut changer de conversation. Même si cela déplaît à certains, cela lance l’idée qu’il est possible de parler d’autre chose en lieu de s’enliser. Sinon, on peut aussi quitter la pièce et faire autre chose. En quittant la scène du conflit, on ouvre la possibilité à d’autres d’en faire autant.

 

Pour vous, la famille a-t-elle un caractère sacré ? Peut-on transférer ce caractère essentiel de la famille dans un groupe amical lorsque notre famille de sang est incapable de jouer ce rôle ?

Je partage cette idée de Bouddha : « Rien de proscrit, rien de maudit, rien de sacré ». Cette position éthique permet de rester libre en toutes circonstances. La famille n’est pas sacrée, et la désacraliser est nécessaire pour devenir adulte, indépendant, libre de penser et d’agir selon sa propre conscience. Nous avons donc aussi cette liberté, si notre famille est trop conflictuelle ou trop décevante, de nous créer une famille de cœur…

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Ondrej Bederka

 

 

Hommage à la chanteuse Anne Sylvestre

Elle continuera longtemps à bercer les âmes d’enfants de sa voix rassurante et singulière et de son incroyable fantaisie… Une immense chanteuse nous a quittés. Mais Anne Sylvestre laisse derrière elle des trésors d’humour et de tendresse pour l’enfance ainsi qu’un répertoire pour adultes d’une grande richesse qui mérite d’être réécouté tant ses textes résonnent encore d’une incroyable actualité… Engagée depuis la première heure, elle a très tôt alerté sur la destruction des espaces naturels, dénoncé la violence et défendu la cause des femmes. Nous partageons ici l’une de ses chansons culte : Les gens qui doutent, composée en 1977, qui célèbre et réhabilite l’hypersensibilité… un concept dont on ne parlait guère en ce temps-là. N’est-ce pas le propre des poètes d’être des visionnaires ?

Portrait © Getty / Pierre Vauthey / Sygma

Contempler la vie avec émerveillement

Happinez : Quel regard portez-vous sur la maladie dans ce roman ?

Blanche de Richemont : La maladie est considérée comme une épreuve initiatique. Elle force à chercher plus loin, ailleurs, autrement, des clés pour survivre, supporter, se réinventer puis se reconstruire. À l’image de toutes les épreuves, elle peut devenir une l’occasion de se réajuster et se tourner vers une vie qui nous ressemble plus. Quand on tombe malade, on peut essayer de guérir à tous les niveaux de son existence. Le sourire de l’aube raconte ce chemin, cette métamorphose. Peut-être que la vie nous convie sans cesse à un travail alchimique où l’on fait de la lumière avec de l’ombre. Mais cette histoire ne parle pas beaucoup de la maladie, elle évoque surtout ce qu’elle ouvre, ce qu’elle réveille chez les personnages qui sont tous bousculés, dérangés et donc surprenants. On ne sort jamais indemnes d’une maladie, on se retrouve blessés, renouvelés, éveillés, transformés, attristés, renforcés ou affaiblis. Et cela ne tient qu’à nous d’en faire quelque chose. On ne sort de toute façon jamais indemnes de la vie en général, elle vient toujours nous bousculer et c’est une merveilleuse nouvelle car elle ouvre sans cesse un champ de possibles.

 

Quelle rencontre va permettre à Camille de changer sa relation à la vie ?

D’abord la rencontre avec elle-même. Un jour, elle comprend qu’elle n’est pas la maladie, qu’elle ne correspond réellement à aucune définition dont elle s’affuble et qui l’enferme. Elle ressent qu’elle est beaucoup plus large que toutes les limites qu’elle appose à son être. Elle n’est ni jeune, ni belle, ni fatiguée, ni vieille, ni malade, elle est, tout simplement. Et cette sensation immense, presque vertigineuse lui offre une force de vie tout à fait nouvelle. Alors elle se réveille vraiment. Ses rapports à son mari, à sa fille, à son corps changent. Une autre vie commence. Elle rencontre un vieux monsieur, un sage anonyme, un voisin mystérieux qui l’initie aux secrets de la vie avec une immense simplicité et une joie confondante. Elle et sa fille entrent grâce à lui dans la magie du monde. Mais cela n’aurait pas été possible si elle n’avait pas d’abord fait ce chemin toute seule, si elle n’avait pas posé des actes forts qui la libèrent de ses chaînes. Il faut de l’espace pour que le mystère advienne. La rencontre avec le silence est aussi décisive dans ce chemin.

 

D’où vous vient cette sagesse de l’émerveillement face aux choses simples qui se présentent à nous dans l’instant ?

Dans mon roman, Camille découvre que le regard que l’on porte sur le monde est décisif. La capacité de s’émerveiller nous sauve du néant. Ce regard magique, poétique capable d’enchanter le monde, je l’ai moi-même découvert. Le sourire de l’aube est le fruit de vingt ans de quête dans le désert puis en Inde. Dans le Sahara où je vais encore régulièrement, j’ai découvert l’épure, la simplification et le silence. Quand on marche dans une terre vierge, le moindre signe de vie devient un miracle. Puis en Inde, auprès d’un sage, j’ai compris que nous étions sur terre pour trouver la joie et qu’elle peut se cueillir à chaque instant pour celui qui sait voir. Il s’agirait seulement d’être attentif à tout ce qui nous entoure. Dans Le sourire de l’aube, les personnages comprennent que lorsque l’on est capable de simplement sourire au jour qui se lève, sans raison, on a tout.

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Hannah Assouline  

 

 

Un Noël solidaire et écoresponsable

De plus en plus de personnes aspirent à consommer plus sobrement, refusant le gaspillage ou l’achat systématique d’objets neufs, mais aussi plus solidairement. Faire ses achats sur le site Label Emmaüs ou dans ses boutiques et Ressourceries, c’est découvrir l’univers foisonnant de la récup’, du réemploi, du surcyclage. On y trouve des essentiels du quotidien aux objets de collection en passant par les vêtements, accessoires, meubles, jouets, électroménager, smartphones et matériels informatiques reconditionnés ou encore des créations upcycling.

En raison de la précarité supplémentaire engendrée par les crises actuelles, de nombreux consommateurs s’orientent vers des produits peu chers. Label Emmaüs constitue une alternative humaniste aux géants du web et permet d’effectuer des achats en ligne écoresponsables et de qualité. Ces achats solidaires valorisent l’action de centaines d’hommes et de femmes qui récupèrent, retapent et donnent une nouvelle vie à tous les objets disponibles en boutique et sur le site Label Emmaüs. Ils permettent une vraie économie circulaire en limitant la surconsommation, le gaspillage, les pollutions et l’épuisement des ressources naturelles.

Le partenariat des Ressourceries avec Label Emmaüs s’inscrit dans un processus d’insertion professionnelle et d’acquisition de nouvelles compétences. Il permet de former des personnes en difficulté à toute la chaîne d’une activité de e-commerce par des professionnels et entre pairs : du shooting photo produit à la gestion des expéditions, en passant par la rédaction web, la gestion d’un back-office et le colisage. C’est ainsi créer des emplois qualifiés sur les métiers d’avenir de la logistique et du e-commerce ; des emplois non délocalisables sur des territoires parfois à fort taux de chômage. Une trentaine de Ressourceries a déjà rejoint la formation à l’instar des Ressourceries La Mine à Arcueil et Bon Débarras à Bédarieux.

Pour soutenir cette initiative et consommer autrement : www.label-emmaus.co/fr/

Le Réseau National des Ressourceries a lancé une campagne #adopteplusqu’unobjet à suivre sur  TwitterFacebookInstagramadopteplusquunobjet.fr.