Mémoire du corps, mémoire des cicatrices

Happinez : Quelle place donnez-vous au corps dans votre travail psychanalytique ?

Danièle Brun : Depuis L’Enfant donné pour mort (Aubier, 2013), livre portant sur la guérison du cancer chez l’enfant et sur le devenir de la relation à la mère dans le contexte de la peur de perdre son enfant, je n’ai cessé de m’intéresser au rôle que tient le corps dans notre existence et sur la façon dont il produit des peurs ou des angoisses, parfois des joies. À plusieurs reprises dans mes travaux, je me suis penchée sur les exigences du corps malade de tel ou tel membre de la famille afin d’envisager ses répercussions sur l’ensemble qui la constitue, les parents, les conjoints, la fratrie. Dans le cas présent, celui du livre intitulé L’Empreinte du corps familial / Mémoire des cicatrices, c’est la famille comme corps qui occupe ma plume. J’invite à un travail de connaissance et de reconnaissance sur le savoir dont le corps est dépositaire. J’invite à une forme de retrouvailles avec l’histoire de son corps et à prêter à ses cicatrices une fonction de mémoire.

Happinez : Qu’appelez-vous le “corps familial” et en quoi serait-il connecté aux cicatrices dont est porteuse notre enveloppe physique ?

Danièle Brun : Je parle de corps pour faire image, pour que l’on comprenne l’importance des membres d’une famille et les raisons de leur cohésion autour d’un nom et d’une histoire. Cette histoire, différente dans chaque famille, est toujours marquée par un manque, actuel ou passé, que les uns ou les autres ont essayé de masquer sinon de compenser. Celle ou celui qui y parviendra au nom de l’ensemble du groupe familial occupera une place dans ce que j’appelle le peloton de tête du corps familial. C’est pour cela que je me réfère à l’anatomie. Quant au tronc, je le vois formé par le manque qui fédère la famille, même si elle se dissocie pour un temps. On peut constater qu’aucune famille n’est épargnée par le manque. Si ce n’est l’argent, c’est le sol, l’habitat, le travail, les enfants, un fils, une fille, une reconnaissance, et l’amour bien sûr. Les cicatrices sont des petites inscriptions que l’on garde des menus incidents, accidents qui ont émaillé l’existence depuis notre tendre enfance : une morsure, une dent cassée au cours d’un jeu entre sœurs alors que le père est dentiste, une trace de barbelés franchis pour traverser une propriété gardée… On peut éprouver une certaine tendresse ou de la négligence pour ces histoires sans paroles que le corps engrange sous forme de cicatrices. « Nos cicatrices nous rappellent d’où on vient […] », disait Nelson Mandela. Quoique extraits du contexte carcéral, auquel vraisemblablement ces mots se rapportent, ils illustrent, à mon sens, de la façon la plus concise, ce qui se passe dans les corps à corps que les différentes personnes de la famille initient avec le bébé. Il y a sur son corps tout neuf, et avant toute autre relation à la mère ou au père, une inscription collective au cours de laquelle l’histoire familiale avec ses déceptions, ses manques et ses joies va laisser son empreinte sur la chair du très jeune enfant. Cette empreinte dira plus tard la place qu’il occupa dans la dynamique familiale et il pourra la reconstruire et s’approprier son histoire. Les cicatrices, et le moment où elles se sont produites, seront des pistes ouvrant sur les temps qui ont marqué son parcours.

Happinez : Peut-on rapprocher cette notion de “corps familial” de celle de “transgénérationnel” ?

Danièle Brun : Chaque famille a sa manière de faire corps avec son histoire, de la vivre dans son corps et de la transmettre par son corps avant de pouvoir la traduire en mots. Une histoire se noue entre le corps que forme le collectif d’une famille et celui que chacun possède à la naissance. L’empreinte est, avant tout autre mode d’expression, corporelle. Le fait qu’elle participe de ce que l’on appelle la transmission ne permet pas de la situer dans le registre de ce qu’on a appelé transgénérationnel. L’empreinte est tout à fait singulière et elle évolue chaque fois qu’une famille nouvelle est constituée. Chaque enfant la reçoit à sa façon même si les éléments communs au groupe familial en constituent la trame. Ce que je propose avec la notion de “corps familial” est en somme une méthode, un schéma pour une construction identitaire qui permet à terme de transformer les dissensions, de les inscrire dans une histoire plus complexe et de se libérer d’une emprise familiale pesante.

Happinez : Tout comme toutes nos cicatrices corporelles ne peuvent être complètement effacées, n’est-il pas impossible de résoudre toutes les problématiques liées à la famille ? 

Danièle Brun : Les cicatrices corporelles ne s’effacent pas spontanément. Elles s’estompent, ce qui n’est pas la même chose. Elles s’estompent comme les souvenirs. Il faut leur redonner de l’actualité et cela se fait par la parole. Pour les faire disparaître, il faut faire appel à la chirurgie. La fille d’une de mes amies se plaignait récemment à sa mère d’une cicatrice demeurée trop visible à son poignet à la suite d’une coupure survenue à l’époque de ses 18 ans, moment où elle se préparait à « prendre son envol », me dit cette amie. L’anecdote se termina par une suggestion que la mère fit à sa fille de s’adresser à un chirurgien pour effacer ladite cicatrice. « Mais, Maman, il n’en est pas question, c’est mon histoire », répondit la jeune femme. Quant à résoudre toutes les problématiques liées à la famille, ce serait un projet totalitaire qui m’est tout à fait étranger. Encore une fois je propose une voie d’accès à sa propre histoire en s’appuyant sur quelque chose de familier : son propre corps et leurs cicatrices dont la fonction de mémoire est précieuse.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Portrait © Sarah Moon

 

 

 

Du burn out aux 4 sagesses indiennes

Happinez  : Au regard de ce que vous avez vécu ensuite, diriez-vous que votre “burn out” fut une expérience négative ?

Caroline Frisou : Ayant toujours porté un regard spirituel sur la vie, je considère mon burn-out comme une étape qui fut nécessaire à mon évolution. Aussi, et même si cet événement fut douloureux à vivre, je n’estime pas qu’il ait été négatif. En faisant imploser l’existence à cent à l’heure dans laquelle je m’essoufflais, il m’a permis de me confronter à cette question centrale que je ne cessais de fuir : « Quel sens veux-tu vraiment donner à ta vie ? ». Le cheminement qui s’en est suivi fut délicat, déstabilisant… mais, en même temps, quelle libération de faire éclore son âme, ses rêves et de les incarner ! À présent, je me sens sereine et pleinement alignée sur mon chemin de vie : cela aurait été certainement différent si je n’avais pas vécu cette épreuve.

Happinez  : Comment avez-vous découvert les 4 sagesses indiennes qui forment votre ouvrage ? 

Caroline Frisou : Ce sont les synchronicités de la vie qui m’ont fait découvrir ces 4 sagesses. Un matin, alors que prenais le tramway pour me rendre au travail, un contrôleur m’a remis un marque page, persuadé qu’il m’appartenait. Sur ce dernier figuraient Ganesh, le Dieu à tête d’éléphant, ainsi que des lignes écrites en sanskrit. Amoureuse invétérée des éléphants depuis l’enfance, j’ai pris cela comme un signe et me suis mis en tête de décrypter ces phrases : celles-ci me révéleraient l’intitulé des 4 préceptes. Pour y parvenir, j’ai contacté l’amie d’une amie, d’origine indienne, qui m’a aidé à les traduire et à en comprendre la signification ainsi que toute la profondeur. En relisant mes notes, j’ai frissonné, ressentant la puissance qui émanait de ces principes ancestraux. J’ai eu envie de transmettre ce que j’avais découvert : c’est ainsi qu’a commencé l’écriture du livre !

Happinez  : Pourriez-vous, sans trop en révéler, nous présenter ces perles spirituelles qui ont changé votre rapport à la vie ? 

Caroline Frisou : Ces quatre préceptes sont universels et peuvent ainsi faire écho en tout un chacun, peu importe sa nationalité, sa religion ou sa condition. Derrière leur apparente simplicité, ils questionnent en profondeur nos rapports aux autres, aux événements et au temps, nous permettant de faire la paix avec ces différents éléments constituant notre vie. En estimant successivement que « quiconque vous rencontrez est la bonne personne », que « ce qui arrive est l’unique chose qui pouvait arriver », que « chaque moment est le bon moment » et que « ce qui est terminé est terminé », ces perles spirituelles nous proposent de poser un tout nouveau regard sur l’existence, empreint de bienveillance à l’égard de soi, de l’autre et de la vie. Ce qui m’a séduite lorsque je les ai découvertes, c’est qu’elles ne sont pas coupées de la réalité matérielle : au contraire, elles sont totalement “incarnées” et peuvent être appliquées au quotidien, que l’on soit novice ou non en développement personnel. Pour guider au mieux le lecteur, je lui propose, au fil de pages, des exercices et rituels que j’applique moi-même : ces derniers lui font mieux appréhender ces sagesses et l’invitent à écrire, à son tour, son histoire avec elles.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

 

Contagion émotionnelle, comment s’en protéger ?

Happinez : L’expression “contagion émotionnelle” sonne comme une maladie. Devrions-nous donc éviter de vivre nos émotions ?

Christophe Haag : Il est vrai que le mot “contagion” a un fort potentiel anxiogène, désolé pour les hypocondriaques ☺ ! Mais l’idée est plutôt de dire que l’émotion, qu’elle soit “bénéfique“ ou “toxique“ pour celui ou celle qui l’attrape (on parle alors respectivement de contagion positive ou négative), peut se transmettre rapidement et facilement d’un individu à un autre. Le message, ici, n’est donc pas d’éviter à tout prix les émotions : celles-ci ont un rôle fonctionnel, aidant, socialisant et adaptatif, la plupart du temps. Mais il n’empêche que nous attrapons aussi des émotions dysfonctionnelles et destructrices. Nous savons, par exemple, qu’à l’heure actuelle, 9 peurs sur 10 sont fantasmées, irréelles et, par voie de conséquence, extrêmement énergivores pour notre cerveau et néfastes pour notre santé ; qu’il existe des individus toxiques dans notre entourage, personnel ou professionnel, qui nous contaminent négativement, provoquant en nous de la gêne, un malaise, nous amenant dans certains cas à expérimenter de l’angoisse, de la dépression ou des troubles psychosomatiques : on pense ici aux pervers narcissiques, aux individus machiavéliques, ladres, asociaux qui peuvent nous gâcher la vie.

 

Happinez : Pouvez-vous nous en dire plus sur le fonctionnement de ce phénomène de “contagion émotionnelle” ?

Christophe Haag : Au cours d’une conversation par exemple, nous avons tendance à imiter automatiquement et sans relâche les expressions faciales de notre interlocuteur, son ton de voix, ses postures, son langage corporel, et tous ses comportements saillants. Souvent dans le but de fluidifier et d’augmenter la qualité de l’échange que nous avons avec lui en affichant une certaine “proximité sociale“. Et tout cela se produit sans trop réfléchir. Mimer l’autre, inconsciemment donc, activera chez nous un état émotionnel correspondant à ce que l’autre ressent. Prenez ce cas de figure : vous vous retrouvez face à une personne qui est triste. Le simple fait de baisser automatiquement vos paupières, de serrer la bouche, de légèrement froncer vos sourcils pour leur donner cette forme / \ ou encore cette forme \ /, de vous tenir avachi sur votre chaise (autant de codes expressifs de cette émotion), enverra un signal à votre cerveau de l’émotion à ressentir. En l’occurrence ici, à un certain degré, de la tristesse. Le tour est joué, la contagion a opéré. Notez que récemment, des chercheurs néerlandais ont découvert, à travers plusieurs expériences, un nouveau mode de contagion de l’émotion, se concentrant notamment sur la peur et le dégoût : il suffirait de “sniffer“ la sueur froide d’une personne très angoissée pour se sentir soi-même, quelques millisecondes plus tard, apeuré…

 

Happinez : Comment se protéger ou se débarrasser des émotions négatives – colère, jalousie, peur, haine – que nous transmet parfois autrui, mais auxquels il nous arrive aussi très bien de donner nous-même naissance ?

Christophe Haag : Le psychologue Rick Hanson écrivait : « Le cerveau humain agit comme du Velcro avec les expériences négatives et comme du Téflon avec (ou sur) les expériences positives. » Tout ça pour dire que les émotions toxiques sont plus contagieuses que les émotions bénéfiques et qu’elles laissent des traces prégnantes dans nos têtes, consommant de l’énergie, même souvent beaucoup d’énergie… Pour décrotter ces émotions toxiques, il convient, d’après des résultats de recherches scientifiques, de revoir son mode de vie : en se reconnectant à la nature, en (re)créant du lien affectif avec sa famille (que je considère dans le livre comme une “valeur psychique refuge” vous permettant de mieux réguler la toxicité émotionnelle), en gérant mieux son temps de connexion sur les réseaux sociaux, en mangeant plus sainement sachant que le cerveau “du bas” agit comme un mentor sur le cerveau “du haut”, en adoptant un animal de compagnie – véritable anxiolytique naturel, etc. Pour les personnes hypersensibles qui s’imbibent facilement des émotions toxiques, une spécialiste des émotions de renom a mis au point, tout spécialement pour ce livre, deux sas de dé-contagion émotionnelle qui fonctionnent en 7 étapes. L’un à utiliser uniquement lorsqu’une seule personne (conjoint, ami, supérieur hiérarchique, collègue de travail) vous a contaminé d’une émotion toxique. L’autre à utiliser dès lors que la contagion émotionnelle se joue dans un contexte de groupe (auquel vous appartenez).  En conclusion, notez que ce livre, qui est un livre d’espoir avant tout, est réellement un appel à renverser ce que j’appelle le “hum émotionnel“ négatif ambiant, autrement dit, ce trop plein d’émotions négatives collectivement partagées sur notre planète et qu’il nous faut rapidement transformer en dynamique collective positive.

Propos recueillis par Aubry François

 

 

 

5 astuces pour retrouver la voie de son féminin sauvage

1 Le premier pas vers le féminin sauvage est de découvrir son rythme en se mettant à l’écoute de ses propres énergies. Que nous dit notre corps à certains moments du mois ? En tant que femme, notre cycle menstruel est la base de ce rythme, il fonctionne en 4 temps : règles, pré-ovulation, ovulation et phase prémenstruelle, chacun de ces moments constituant une vague énergétique différente. Nous savons toutes comment fonctionne notre cycle, mais avons-nous appris à l’écouter ? À exprimer ce que ces phases nous font ressentir ? Selon ces mouvements, nous serons dans l’action, la communication, le partage, ou bien dans l’intériorisation, l’introspection, le repos. Le constat premier est que nous ne sommes pas des êtres linéaires mais cycliques. Ne plus avoir ses lunes (les règles) n’empêche pas de s’ouvrir à cette voie car il est possible, grâce au cycle lunaire, de s’éveiller à un nouveau rythme. Il nous faut revenir à notre premier terreau, notre corps, et se mettre à son écoute active.

2 À partir de là, reconnectée à soi, nous pouvons nous ouvrir vers plus grand que nous et lever les yeux vers la Lune. Ce corps céleste, qui a un impact sur toute vie sur Terre, a beaucoup à nous apprendre. En prenant conscience que nous sommes liées, nous découvrons que le cycle lunaire figure notre cycle intérieur. Il fonctionne selon deux mouvements – un ascendant et un descendant – et 4 phases : premier quartier, pleine lune, dernier quartier et nouvelle lune, qui correspondent au cycle du vivant : naissance, croissance, décroissance et mort. Les énergies de la Lune nous impactent chaque mois lors des deux moments particuliers que sont la nouvelle lune et la pleine lune. Ils nous apprennent à ralentir quand cela devient nécessaire et à agir au meilleur moment.

3 Le retour au féminin sauvage passe aussi par nos retrouvailles avec la Terre-Mère et sa sagesse, qui nous ouvre les bras. La meilleure façon de s’y relier est de vivre au rythme des saisons, de les intérioriser, de s’éveiller à l’air du printemps, de vibrer au feu de l’été, de s’épancher à l’eau de l’automne et de poser son corps sur la terre de l’hiver. C’est utiliser tous ses sens pour ressentir pleinement le vivant, marcher nus pieds dans l’herbe, contempler l’écorce des arbres, sentir les parfums du vent, goûter les fruits de nos cueillettes, écouter le chant des oiseaux.

4 Un des actes essentiels d’éveil à sa nature sauvage est de faire entrer le rite dans sa vie, et la connexion aux saisons peut en être l’entrée. À chaque portail que sont les équinoxes et les solstices, nous avons l’occasion de mettre en place un rituel. Cet espace physique et temporel est l’incarnation dans la matière de nos intentions, notre gratitude, nos demandes, nos guérisons, nos célébrations. Le rite redonne du sens, il se réalise seule ou se partage, c’est un espace de créativité. Nos intentions prenant ainsi corps, elles en deviennent palpables, donc présentes et ainsi puissantes.

5 Petit à petit, cette quête d’un soi plus authentique va nous amener à créer un espace intime où nous laisserons s’épanouir notre intuition. Apprenons à l’écouter, et continuons à la développer, notons nos impressions, nos rêves, faisons confiance à cette petite voix intérieure qui est celle de notre femme sauvage.

 

Le cercle des guérisseuses

Happinez : Le terme “guérisseuse” reste empreint de magie et d’ésotérisme. Comment décrire avec justesse cette pratique tant condamnée au fil des siècles et pourtant toujours présente ? 

Jean-Philippe de Tonnac : Les guérisseuses sont des personnes qui consacrent leur vie au soin et à l’accompagnement. En fonction des outils qu’elles revendiquent, des pratiques qu’elles exercent, des dons à partir desquels elles réussissent à enclencher chez leurs patients un processus de guérison, elles sont appelées énergéticiennes, médiums, magnétiseuses, chamanes, chercheuses en mémoire cellulaire, etc. À une autre époque, elles auraient été qualifiées de sorcières.

 

Happinez : Dans quelles circonstances avez-vous entrepris ce singulier voyage à la rencontre de guérisseuses en France, au Canada et en Suisse ?

Jean-Philippe de Tonnac : Sur le conseil d’une amie, je suis allé voir en 2015 une médium. Quelques années plus tôt, ma mère s’était donné la mort. Je n’avais pas su affronter ce tragique événement, “faire mon deuil”, selon l’expression consacrée ; pas davantage lui apporter à elle, dans son “au-delà”, un quelconque réconfort. Pour libérer l’âme de ma mère, la médium m’adressa à un prêtre orthodoxe exorciste. L’expérience me bouleversa ; elle transforma ma vie.

 

Happinez : Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer uniquement sur la guérison au féminin ?

Jean-Philippe de Tonnac : J’ai depuis mon adolescence la sensation d’appartenir à une espèce, Homo sapiens, qui a blessé son féminin. Il ne s’agit pas simplement de dire que les femmes sont les victimes d’une civilisation patriarcale, mais de constater que les femmes, comme les hommes, ont mal à leur féminin. Les guérisseuses sont pour moi des femmes blessées et souvent plus que la moyenne ; s’étant réparées, relevées, elles peuvent venir au secours de leurs semblables.

 

Happinez : Au sein du processus de guérison, la personne malade est-elle passive ? 

Jean-Philippe de Tonnac : Une des guérisseuses que j’ai rencontrées dit que le soin est « une association de bienfaiteurs ». L’expression est très belle. La guérisseuse doit être porteuse d’une “intention” de vous venir en aide et de vous guérir, “aidée” par ses alliés, ses instances invisibles, si jamais elle se réclame d’elles ; mais elle ne fera rien sans votre participation active. Le rôle de la guérisseuse est de faire de vous votre propre guérisseur.

 

Happinez : Avez-vous déjà vécu une séance de guérison dans la peau du patient ? Qu’avez-vous ressenti ?

Jean-Philippe de Tonnac : De chacune des guérisseuses rencontrées, j’ai reçu un ou plusieurs soins. La seule façon de témoigner de ce qu’était leur art de soigner était d’être soigné. À travers le soin, vous percevez que vous êtes interconnecté avec vos vivants et vos morts, que tout le monde interagit avec tout le monde, que prendre soin de soi, c’est prendre soin de tous. Le peu de considération que nous avons pour nos morts est à l’origine de beaucoup de nos difficultés.

Propos recueillis par Aubry François

Méditation guidée pour les tout-petits

À travers les enseignements d’un lama bouddhiste tibétain, sa découverte du Reiki et de la lithothérapie, Maude Liotard a pris conscience de l’importance de tout ce qu’on ne voit pas, qui échappe à la rationalité et au pragmatisme. « L’essentiel est invisible pour les yeux », écrivait si justement Saint-Exupéry.

Passionnée par les mots, cette fidèle lectrice de Happinez écrit depuis toujours. À la naissance de ses enfants, elle a développé un don de dessinatrice afin d’éveiller leur curiosité, de leur donner confiance en eux-mêmes et de transmettre ce que les mots ne peuvent pas encore leur dire.

Plus que tout, elle souhaite que les plus jeunes comprennent qu’ils disposent d’une sagesse intérieure qui les guide et qu’en cas de choix difficile, il suffit de se recentrer en en appelant à cette richesse insoupçonnée, et pourtant facilement accessible.

De ce constat lumineux est né Turlupine – méditation guidée pour les tout-petits.

Ces douces illustrations invitent à l’introspection, aux visualisations, à la participation des sens, de l’énergie. Maude a d’abord lu et relu ce petit ouvrage “fait-maison” aux enfants de son entourage, puis à d’autres enfants, étonnée par son succès.

Avec l’espoir que ce livre puisse être utile à d’autres parents, elle a aujourd’hui le désir de l’éditer.

Vous pouvez l’y aider en contribuant à ce projet : https://fr.ulule.com/turlupine-meditation

Les effets thérapeutiques du son

Happinez : Après le yoga, qui a bouleversé votre vision du monde, pourquoi vous êtes-vous intéressé au son ?

Stéphane Haskell : Je peux mieux appréhender aujourd’hui les incidences de ces pratiques que sont le yoga et la méditation, qui nous permettent de considérer notre corps dans son ensemble et surtout de comprendre notre lien avec le reste de notre planète. En ouvrant de nouveaux horizons à nos esprits et à nos corps, nous pouvons nous accompagner dans nos guérisons par d’autres techniques. La Vie est, par essence, vibration, donc mouvement, et la maladie apparaît lors d’une immobilisation de nos vibrations sur l’un des plans. Le son, qui fait partie intégrante du yoga, que ce soit par les chants des mantras ou l’utilisation de bols d’Himalaya, a eu impact direct sur mes douleurs chroniques. J’ai voulu en savoir plus, enquêter sur la puissance du son et ses vertus thérapeutiques. Ma première professeure de yoga m’avait donné un mantra à me répéter quotidiennement : « Ressens, regarde, écoute », et c’est à partir de ce dernier mot, que je n’avais pas encore réellement exploré, que j’ai décidé de mener ma quête.

 

Happinez : Quel lien le son de notre planète entretient-il avec notre voix intérieure ?

Stéphane Haskell : De découverte en découverte, j’ai réalisé à quel point le son est en train de devenir la médecine du futur. J’ai donc décidé de vérifier par moi-même l’expansion de cette nouvelle alternative. En me rendant au MIT (Institut de technologie du Massachusetts) près de Boston, j’ai observé que des chercheurs travaillaient, aux côtés d’envoyés du dalaï-lama, sur l’incidence de nos voix sur notre organisme. J’ai participé à une expérience, et j’ai ressenti combien certains chants, selon le positionnement de ma respiration, détendaient mon système nerveux. Comme avec les “bains de sons”, les effets physiques et émotionnels sont impressionnants. Le rôle et l’impact de la voix sur notre santé est une évidence. La compréhension progressive de cet univers sonore m’a permis de réaliser que nous sommes étroitement liés à d’autres vibrations. Celles de notre planète. Notre voix intérieure est en relation avec la fréquence naturelle de celle-ci. Quand ce lien, cette communication, est interrompu, nos sens et nos émotions sont perturbés. Nous ne sommes plus en connexion avec notre voix intérieure, celle qui nous guide, celle de notre intuition, celle de l’écoute profonde, intime et silencieuse.

 

Happinez : Cette « quête de guérison et de vérité » que vous avez entreprise a été parsemée de rencontres enrichissantes…

Stéphane Haskell : J’ai été particulièrement marqué par ma rencontre avec Karine Lethiec et Catherine Boni, qui soignent des enfants handicapés mentaux et autistes grâce à la musique classique et aux chants. Elles organisent des concerts avec des chorales qui permettent aux enfants de sortir de leur état de trouble et d’entrer dans celui de “flow”, plus calme, où leurs tics de difficultés disparaissent. L’énergie que développent ces deux femmes au sein de leurs associations,  L’ensemble Calliopée et les Vives Voix, m’a impressionné. La connexion qui s’établit au cours des concerts par le son, les vibrations, la respiration et le mouvement est d’une réelle puissance qui défie d’ailleurs tous les pronostics médicaux concernant leurs difficultés d’expressions verbales. C’est l’une des plus belles preuves qu’il m’ait été donné de constater sur l’effet thérapeutique du son. Je me rappelle qu’en sortant de leurs concerts, une citation de Schopenhauer me revenait chaque fois en mémoire : « La musique semble murmurer à notre oreille :  écoute-moi, je peux te transformer ». Je suis convaincu qu’il en est de même pour tous les sons de notre planète.

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Elia Kuhn photographe / 2019

 

Poètes, à vos plumes !

Apprentis rimbaldiens et aux autres amoureux des mots, n’attendez plus ! Depuis le 13 mars, la RATP organise la 5ème édition de son Grand Prix Poésie. Enfants, jeunes et adultes, qu’importe : il n’y a pas d’âge pour transmettre du Beau à ses lecteurs.

Libre à vous de choisir le thème et l’étendue de votre poème en prose ou en vers – 4 lignes maximum pour les créations courtes et jusqu’à 14 lignes pour les plus longues – mais n’oubliez pas de le déposer d’ici le 14 avril sur le site du Grand Prix.

Présidé cette année par la comédienne et romancière Isabelle Carré, le jury sélectionnera ensuite les poèmes les plus à même de sublimer nos trajets de métro.

Pour en savoir plus ou participer au concours : https://grandprixpoesie.ratp.fr/

 

© Carole Bellaiche-Charlette Studio

 

Un nouveau regard sur nos traumas, par Anne Cazaubon

Dans cette première conférence TedX, Anne Cazaubon, journaliste-animatrice radio et spécialiste du développement personnel, livre un plaidoyer pour « faire de nos traumas, nos alliés » et découvrir les fabuleux espaces de créations que dissimulent souvent nos épisodes de vie les plus difficiles.

Une intervention inspirante pour insuffler un mouvement d’écologie intérieure personnelle (et donc collective).

© Photographie Christophe Crénel

Les ateliers de Valeria : sensibilisation et éducation de l’Homme au respect de l’animal et de la nature

Rendre hommage à la Terre, notre unique vaisseau mère, voilà l’une des missions que Valeria Orfila remplit le cœur grand ouvert. Son message : « Arrêtons de nous dissocier du reste des vies qui ont été créées pour la même chose que nous : vivre et non pas survivre, car si la nature étouffe, nous étouffons. »

À travers différents supports pédagogiques (L214, ISFundation, le mouvement Fridays for Futur que la jeune suédoise Greta Thunberg a initié, ou encore en s’appuyant sur les réflexions de Frédéric Lenoir, Aymeric Caron ou Paul Watson), Valeria nous apporte des pistes lumineuses pour apprendre à contribuer à la protection de l’environnement et de ses habitants, de l’assiette au vestimentaire en passant par les cosmétiques.

Son fils Camille, 13 ans, l’accompagne pour transmettre, dans un langage adapté aux jeunes générations de l’école primaire et du collège, les gestes écoresponsables à adopter au quotidien.

Véritables bouffées d’oxygène, ces ateliers offrent aux participants une prise de conscience, un éveil. Chacun en ressort le cœur gonflé du souffle du « je peux », persuadé de l’utilité de son action, même infime, et de la facilité avec laquelle il peut faire passer ce message positif pour notre planète.

Les enfants comprennent mieux les problématiques de la souffrance animale et des gaz à effet de serre. Ils découvrent par exemple que les cotons tiges et les brosses à dents polluent. Ils apprennent aussi à lire les étiquettes au dos des produits, des paquets de biscuits et de bonbons.

Selon l’heure à laquelle il se termine, l’atelier est suivi d’une dégustation ou d’un goûter végétalisé. Crêpes, roulés de légumes et de riz, tofu aux cinq parfums… tant de recettes délicieuses vous attendent !

Ces ateliers ludiques et constructifs durent de 2 à 5 heures et incluent parfois une création sur le thème « nous pouvons nous en passer ». Valeria organise aussi des ateliers de confection de recettes végétariennes et vegan.

Pour en savoir plus : www.4sabots.org ou 07 89 44 19 97