« Écouter le silence à l’intérieur », lu par Thierry Janssen

Après plus de trente ans passés du domaine chirurgical à la psychothérapie auprès de patients atteints de maladies physiques, Thierry Janssen se définit aujourd’hui comme un accompagnant psychospirituel, titre que, pour lui, tous les professionnels de santé devraient désormais assumer.

Au sortir de six années d’introspection, souvent nécessaires pour faire mûrir une création et grandir à ses côtés, il nous revient avec son livre audio Écouter le silence à l’intérieur, un témoignage authentique et une invitation à nous abandonner, au-delà du mental et ses bavardages, au langage de notre essence, plein d’une universelle et silencieuse poésie.

Pour écouter un extrait : https://soundcloud.com/audiolib/ecouter-le-silence-a-linterieur-de-thierry-janssen-lu-par-lauteur

Pour vous procurer ce livre audio : www.audiolib.fr/livre-audio/ecouter-le-silence-linterieur-9782367629506s

 

Prenez, enfin, la place que la vie vous offre

Happinez : L’expression “prendre sa place” n’implique-t-elle pas nécessairement un rapport conflictuel aux autres et au monde ?

Gilles Devilleneuve : Tout d’abord, il convient de noter le titre de ce P’tit Guide : son intitulé est le suivant … pour prendre MA place et non pas « … pour prendre SA place ». Ce qui montre bien qu’il s’agit avant tout d’un travail personnel intérieur dans un premier temps, et non pas d’une conquête à l’encontre des autres et du monde. C’est pour cela que je préfère parler d’épanouissement personnel plutôt que de développement personnel.

Nous sommes manipulés par des grands mythes qui nous font croire que nous avons le pouvoir de rendre les autres heureux ou malheureux, et qu’ils ont la même capacité de faire notre bonheur ou notre malheur. Ces mythes (et notre insatisfaction) sont nourris par nos différents besoins tels que le besoin de reconnaissance, le besoin d’amour,  de compter pour quelqu’un, d’avoir de la valeur à nos yeux, le besoin de se situer par rapport aux autres et de rechercher la sécurité, de réagir par rapport au monde, etc. De ce fait, nous adoptons des positionnements orientés par la comparaison, l’acceptation ou le refus de soi et de l’autre. Ces positionnements sont tournés vers l’extérieur.

Prendre ma place permet d’adopter un (nouveau) positionnement centré sur moi-même, ce qui n’a rien à voir avec l’égocentrisme ou le nombrilisme, mais permet de me (re)connaître moi, d’identifier mes besoins, mes aspirations, mes potentiels et mes difficultés. Tout ce qui constitue mes fondations, avec des limites qui vont permettre une identification de territoire : ici, c’est chez moi, rien qu’à moi, et là c’est le point de rencontre avec les autres. Chaque zone est bien identifiée, différenciée.

Lorsque je me positionne clairement, cela pousse instinctivement mon interlocuteur à faire de même. Chacun reste libre de se positionner ou non.

Quand je suis centré, quand je prends ma place, je vais chercher en moi ce que j’ai à offrir au monde, de manière cohérente, dans le respect de moi-même et de mon environnement. Bien sûr, cela passera par des désaccords, ces fameux conflits qui font si peur car trop souvent nous les assimilons à la violence et au combat. Bien sûr, il va falloir apprendre à dire non, dans le bon temps, à la bonne personne. S’il y a des soucis, des problèmes, nous pouvons chercher des solutions ensemble, partager nos points de vue pour évoluer, chacun par rapport à lui-même, à ce qui est ”juste” pour lui. Je ne parle pas là de justice mais de justesse. Nous pouvons aller de l’avant l’un avec l’autre, chacun sur sa route, en individu responsable et libre. C’est aussi cela, prendre ma place.

Je vais devoir accepter le fait que je ne peux pas transformer l’autre, mais que je peux transformer ma façon d’être avec lui. Ce n’est pas en m’opposant à lui que je vais exister. Notre désaccord éventuel n’est pas désamour mais clarification de positions, ce qui permet de se manifester mutuellement du respect, et d’éviter ainsi des conflits stériles en vivant en bonne intelligence. Nous sommes tous différents, chacun unique et original, c’est donc tout à fait normal que nous pensions et agissions différemment. L’important c’est de toujours être clair, “juste” avec soi-même afin de pouvoir être pareillement clair et “juste” avec les autres.

Je prends ma place, je lui laisse la sienne.

La notion de place est ainsi : elle ne peut se définir par rapport à quelqu’un ou au monde extérieur. Cela ne correspond qu’à un rôle, pas à une place.

Ma place c’est simplement, mais totalement, être moi.

 

Happinez : Qu’est-ce qui peut nous avoir empêché, jusqu’ici, de prendre notre place ?

Gilles Devilleneuve : Nous subissons de nombreux conditionnements qui nous attribuent une place dans ce que j’appelle notre “position de base”. Les projections parentales, le couple que nos parents ont formé, son évolution, la construction d’une famille, l’éducation reçue, l’amour reçu ou non, la position dans la fratrie, les différents événements qui jalonnent notre vie (divorce, famille recomposée, deuil), l’activité professionnelle, tout cela nous positionne, mais pas forcément à notre juste place. Nous adoptons des comportements conformément aux idées et valeurs inculquées ou acquises.

D’autre part, nous n’avons pas appris à dire ou à entendre NON. Puisque souvent nous pensons être aimés pour ce que nous faisons plutôt que ce que nous sommes, nous avons appris à dire OUI même si nous pensons NON. Cela évite de faire des vagues, de provoquer conflits et disputes.

Nous avons aussi tendance lorsque nous entendons le besoin de l’autre à nous croire obligé de le satisfaire immédiatement, comme si nous étions responsables de ce besoin. La notion de devoir ou d’attention à l’autre peut constituer une véritable fuite de soi sous couvert d’un comportement familial ou social correct. Mais attention : si je prends soin de l’autre en me négligeant moi-même, j’entretiens la négligence et non pas le soin.

La pseudo maîtrise de soi est aussi un leurre dangereux : en se maitrisant soi-même, il serait possible de se libérer de ses émotions, de ses peurs, de ses phobies ou de ses inhibitions, mais le pouvoir sur soi conduit à une négation de soi. Je maitrise, je réfrène et finalement je me coupe de mes émotions donc de moi-même. Quand je veux maitriser, cela veut dire qu’une partie de moi ne me convient pas, que je ne l’aime pas et que je veux la remplacer par autre chose.

La connaissance de soi ne saurait supporter pareille amputation. L’affirmation de soi débute par l’accueil, la reconnaissance et l’amour de soi-même. Sur toutes les facettes de l’individu. Dans le respect de toutes ses composantes.

 

Happinez : Que conseilleriez-vous à tous ceux pour lesquels “prendre sa place” s’apparente à un insurmontable défi ?

Gilles Devilleneuve : Bien souvent, nous cherchons à l’extérieur ce que nous possédons à l’intérieur sans toutefois le connaître ou le reconnaitre, et c’est pour cela que cela ressemble à un véritable défi dans un monde inconnu et que nous ne maîtrisons pas.

Donc première chose, se centrer sur soi-même et oublier toute notion de perfection, d’idéalisation et de jugement.

Faire des inventaires : nommer clairement “ce qui va” et “ce qui ne va pas” en soi et reconnaitre les situations et les sentiments ou angoisses qu’elles génèrent. Sans juger ! Il faut juste nommer, inventorier.

Identifier et différencier mes sentiments et mes besoins de manière à poser des priorités en termes de besoins fondamentaux (besoin de reconnaissance, de sécurité, etc.) afin de m’engager dans ce sens sur mon chemin de vie.

Identifier mes qualités et mes potentiels afin de (re)connaitre les ressources dont je dispose pour me développer et me transformer. En même temps, cela va me rassurer sur le fait que je peux être heureux, que j’en ai le droit et les moyens.

Ces différents inventaires me concernent, donc ils ne me coupent pas de mon entourage et de mon environnement. En même temps, ils me donnent la responsabilité de tendre vers mes besoins prioritaires, sans me juger, sans crainte des autres. Cela se situe de moi à moi. Je m’écoute et je me respecte. Et je sais que je dois avancer avec tous ces éléments qui me constituent sur ma propre route, seul, indépendant, individualisé. Je m’en réjouis, et je me félicite à chacune de mes (petites) avancées. Je me fais confiance. Ce n’est pas le contrôle qui me permet de me sentir en sécurité, mais bien la confiance, la confiance en moi.

J’accepte de ne pas être tout-puissant et de rencontrer des obstacles et des difficultés. Parfois je vais tomber, me tromper, adopter des attitudes qui ne seront pas toujours “justes”.  J’ai le droit de ne pas être au maximum de ma forme tous les jours, de me sentir faible et perdu par moments, de douter. L’humilité permet d’accueillir ces difficultés, d’accepter que tous mes efforts ne soient pas toujours récompensés (ou pas forcément à la hauteur de mes attentes). L’humilité me permet de consentir à changer ma façon d’être et d’agir sans attendre que les autres changent, de renoncer à mon désir de toute-puissance. De m’aimer et me comporter d’une manière “juste”.

Le changement fait peur. Même lorsque l’on ressent un besoin impérieux de changer. La peur entre en lutte avec la confiance. Si nous restons dans une vision binaire des choses, nous aurons tendance à relâcher l’effort : « j’ai peur donc je ne change pas, je ne vais pas y arriver ». Ou alors je nie mes peurs pour avancer à tout prix, sans tenir compte des capacités, des freins, des circonstances. Lorsque je fais mes inventaires, je comprends que je peux envisager des situations qui sont complémentaires : « j’ai peur ET je veux changer ».

Vouloir changer en se comparant revient à se renier soi-même. Je suis unique, différent, donc je n’ai pas à me comparer, il n’y a pas de moyen de comparaison. Rien ni personne n’est mieux ou moins bien. Tous sont différents.

Il va donc falloir que j’accueille ma différence. Une nouvelle fois, retour aux inventaires. Sans jugement, avec empathie. Je suis ainsi, je suis riche de ce que je suis, je le développe et l’offre au monde. Je reconnais donc ma / mes différence(s). Je les aime, les accepte car elles constituent une pièce de puzzle unique que j’apporte au grand dessein du monde. Sans moi le puzzle ne pourrait pas être complet. J’y apporte un sens particulier, une couleur, une vie. Ma vie revêt un caractère sacré. Mon être, mon individu, MOI, aussi. D’où le grand respect que je me dois, que je dois aussi aux autres dans leurs différences et qu’ils me doivent pour ma particularité. Et cela à tous les niveaux : mon corps, mon cœur et ma pensée.

Enfin, si le chemin parait trop difficile dans la solitude, se faire accompagner par un professionnel compétent.

 

Happinez : Finalement, comment savoir si l’on se trouve à sa plus juste place ?

Gilles Devilleneuve : Vous avez raison de dire “à sa plus juste place”, car LA juste place n’existe pas en tant que telle. L’évolution de l’être est permanente et oblige ainsi à des remises en question régulières. Ce qui est ma place aujourd’hui pourra ne plus l’être demain, en fonction de mon épanouissement quotidien.

Il est donc important de se poser régulièrement la question « Ce que ce que je fais, ou ne fais pas, est-ce juste pour moi ? » Encore une fois, “juste” se comprend non pas au niveau de la justice mais de la justesse. Suis-je bien en accord avec ce que je fais, ce que je dis, la façon dont je me comporte ? Si oui, je suis à ma plus juste place. Si je doute, ou si je réponds non à cette question, alors il va falloir m’adapter, travailler pour tendre et grandir vers ma nouvelle place.

Cela passe notamment par la remise en question de mes valeurs et de mes croyances. M’appartiennent-elles vraiment ou sont-elles issues de mon éducation ou de mon entourage ? Sont-elles actuelles dans ma vie d’aujourd’hui ou me faut-il les mettre à jour, en changer ? Mes croyances sont-elles des ressources ou des limites ?

Lorsque je me sens en accord avec moi-même, j’établis un meilleur rapport avec le monde et les autres. C’est là que je me sens à ma place : centré et en même temps ouvert, accueillant pour mon entourage et mon environnement. Prêt à donner le meilleur de moi-même et à recevoir en échange, sans jugement, sans comparaison ni jalousie, en partage et en paix.

Lorsque je suis à ma plus juste place, je sais, je sens que je suis capable de m’assumer moi-même, je suis conscient de tous mes potentiels, de mes ressources, je vis pleinement mon indépendance et ma relation au monde sans dichotomie, je suis heureux d’être moi.

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Cécile Gorce – PhotoExpress

Lâcher prise et agir selon vos vraies valeurs

Happinez : Quels sont les mécanismes de la souffrance humaine ?

Steven C. Hayes : Nous connaîtrons tous la douleur physique et psychologique. La perte d’un être cher, une déception amoureuse, la peur, les blessures… toutes ces épreuves sont inhérentes à la vie elle-même. La souffrance humaine est différente : il s’agit de l’amplification artificielle de cette douleur par une résistance cognitive, qui nous pousse vers le déni, la lutte, l’évitement, ou d’autres stratégies mentales utilisées à tort contre la douleur. Notre plus grande force, en tant qu’êtres humains, est le langage symbolique qui nous permet d’augmenter nos facultés de coopération et de résolution des problèmes. Notre plus grande faiblesse, qui est aussi la plus grande source de notre souffrance, est de se servir de cette force pour tenter d’éviter des expériences humaines pourtant utiles. Ainsi, la vie s’éloigne d’un processus que l’on doit vivre, pour devenir un problème que l’on doit résoudre. C’est l’origine même de la souffrance.

Happinez : Comment pouvons-nous passer de la souffrance à l’engagement ?

Steven C. Hayes : L’engagement est une promesse nous incitant à forger de plus en plus d’actions basées sur les valeurs, qui sont les pierres angulaires de la vie. Pour nouer avec l’engagement, il faut commencer par ressentir les choses plus pleinement, car nous avons mal quand quelque chose nous tient à cœur et nous prenons les choses à cœur quand nous avons mal. Il faut se dire que les valeurs sont le revers positif de la douleur. Quand nous renonçons à un évitement inutile, et que nous écoutons nos pensées et notre cœur, nous pouvons nous servir de ce qui constitue notre douleur comme d’une lampe de poche pour éclairer notre destin. La douleur d’un chagrin d’amour renferme les graines d’un engagement à devenir plus aimant. La douleur d’une déception amicale renferme les graines d’un engagement à se montrer plus attentionné. La douleur creuse un vide en notre capacité à prendre les choses à cœur ; les engagements ancrés dans les valeurs comblent ce vide.

Happinez : Que signifie lâcher prise ?

Steven C. Hayes : En lâchant prise, vous pouvez commencer à l’endroit où vous êtes plutôt qu’à l’endroit où vous n’êtes pas, et ajouter des moments bâtis sur les valeurs au lieu d’essayer de soustraire des douleurs ancrées dans l’histoire. L’expérience est le fruit de votre histoire et des circonstances. Les circonstances peuvent évoluer mais vous ne pourrez pas changer votre histoire d’un iota. Notre esprit s’apparente à une personne qui, constatant que l’eau est trop salée, essaye de trouver des pinces pour retirer le chlorure de sodium dissous dans le verre. Pourtant, la meilleure solution serait d’ajouter de l’eau douce, mais ce voyage-là peut seulement commencer quand vous aurez abandonné vos pinces. En fait, lâchez les pinces (“lâcher prise”) revient déjà à ajouter de l’eau douce. Renoncer à un changement superflu est le changement le plus sain que vous puissiez faire.

Pour en savoir plus sur Steven C. Hayes (en anglais) : http://www.stevenchayes.com

 

Propos recueillis par Aubry François

Traduction d’Emma Garzi

Portrait © Drew Altizer Photography

 

 

Dance Lab : libérez votre corps !

Ils vous invitent à explorer la répétition gestuelle et le lien entre le mouvement et l’imaginaire, autour de danses inspirées des traditions égyptiennes, tunisiennes et afghanes et de rondes dévotionnelles, dans une connexion au groupe. À mille lieux des projections esthétiques ou des productions chorégraphiques, chacun partage un temps d’ouverture où le corps se relie à la musique.

Aucun niveau n’est requis. Tous les jeudis (de 19 h 15 à 20 h 15) et samedis (de 19 h 15 à 20 h 30) au gymnase Ostermeyer (22 ter rue Pajol, 75018 Paris). www.alexiadanse.com

Une session exceptionnelle du Dance Lab, intitulée « Danser en Calligraphie » est également prévue. Alexia proposera aux participant(e)s de ressentir le lien entre expression corporelle et graphique, à partir de gestuelles originaires de l’Égypte et du Maghreb. Le calligraphe RamZ, avec qui elle collabore, sera présent. Le samedi 18 mai, à 11 h, à Gare au Théâtre (13, rue Pierre Sémard, 944000, Vitry-sur-Seine). Entrée libre, informations et réservations : compagniedayma@gmail.com

© Behlole Mushtaq / ClassyProd

 

En mai, renouvelez vos énergies

Activités traditionnelles de cultures orientales douces et pacifiantes, les arts énergétiques favorisent le bien-être en travaillant sur la libre circulation de l’énergie dans le corps par le biais de mouvements, de la respiration ou de la méditation. Ils améliorent les capacités naturelles de chacun, l’éveil à soi et construisent l’unité de l’être en impliquant aussi bien nos aspects physique et psychique, qu’énergétique, émotionnel et spirituel.

Comptant pas moins de 350 clubs et 20 000 licenciés en arts énergétiques, la Fédération Française Sports pour Tous vous propose de découvrir, tout au long du mois de mai, différentes disciplines comme le Qi Gong et le Taï-chi Chuan. Plus de 55 événements gratuits sont organisés partout en France par les Clubs de la Fédération, entre démonstrations, initiations et/ou conférences. Équilibre, enracinement, détente, nature… Il y en aura pour tous les goûts !

Pour consulter les dates et programmes des manifestations : www.sportspourtous.org/fr/la-federation/nos-evenements/mois-des-arts-energetiques.html

 

Sublimez vos blessures avec le Kintsugi

Happinez : En quoi consiste le Kintsugi et quelle est son origine ?

Céline Santini : Le Kintsugi est un art japonais ancestral qui date du 15ème siècle. Il consiste à souligner, avec de l’or pur, les cicatrices d’un objet cassé, au lieu de les masquer. Étrangement, l’objet en devient à la fois plus beau, plus résistant, et même plus précieux qu’avant d’avoir été brisé ! La légende raconte que le Shogun Ashikaga Yoshimasa utilisait au quotidien son bol préféré pour la cérémonie du thé, mais qu’un jour, il le cassa malencontreusement. Comme ce bol était originaire de Chine, il le renvoya là-bas pour le faire réparer. Mais après de longs mois d’absence, le bol revint muni de vilaines agrafes métalliques, qui non seulement le défiguraient, mais ne résolvaient pas le problème de l’étanchéité ! Le Shogun demanda alors à ses artisans japonais de trouver une meilleure solution, à la fois plus esthétique et plus pratique : c’est ainsi que l’art du Kintsugi est né…

Happinez : Comment un objet peut-il nous conduire sur le chemin de la guérison et de la résilience ?

Céline Santini : Nos émotions affleurent parfois à la surface, mais le plus souvent elles sont cachées, enfouies, tout au fond de notre inconscient. La magie des symboles, c’est de s’adresser directement à lui, dans un langage qui détourne le filtre du mental et franchit ses barrières. Avec ses lignes de failles recouvertes d’or, qui symbolisent à la fois la réparation, mais aussi, et surtout, la transformation, le Kintsugi est la parfaite métaphore de la résilience. En contemplant un Kintsugi, notre inconscient perçoit instantanément son message d’espoir : nos épreuves peuvent être transcendées, et nous pouvons – voire devons – être fier de notre parcours, quel qu’il soit, fier de nos cicatrices, fier de tout ce que nous avons traversé. Après tout, jusqu’ici, nous avons survécu à 100% des épreuves de notre vie… C’est ce qui nous définit, et nous rend paradoxalement à la fois plus fort, et plus précieux, à la manière d’un Kintsugi vivant.

Happinez : Pouvez-vous nous raconter votre première expérience de cette technique et la manière dont elle vous a marquée ?

Céline Santini : J’ai découvert le Kintsugi au moment où je traversais une période de vie très difficile. 15 jours avant, je venais d’apprendre que j’allais divorcer pour la deuxième fois, et me retrouver à élever mes deux filles seules (dont un bébé de 4 mois). Le Kintsugi est entré dans ma vie d’une façon très ironique : j’étais en train de lire un article intitulé Comment réussir son divorce, et le Kintsugi y était décrit rapidement. J’ai ressenti quelque chose de très fort en lisant ce texte. Mon intuition m’a soufflé d’aller voir de plus près : en tapant “Kintsugi” sur internet, j’ai trouvé des photos de bols Kintsugi, et ça a été une révélation. Une seconde a suffi pour que quelque chose se répare en moi. L’âme du Kintsugi m’a inspiré un message d’espoir et rappelé la force qui m’habitait depuis toujours, me soufflant que, cette fois encore, j’allais m’en sortir. Je me suis sentie complètement appelée, voire happée par cet art magnifique. J’ai alors cherché à en savoir plus, à me former, et par un concours de circonstances assez magique, j’ai eu l’occasion d’écrire le livre… que j’aurais voulu lire ! Les portes se sont ouvertes de façon inouïe, car j’avais enfin reconstitué mon puzzle et trouvé ma mission de vie, celle que je cherchais depuis toujours : aider les autres à recoller leurs propres morceaux et à resplendir.

Pour en savoir plus : esprit-kintsugi.com

 

Portrait © Catherine Delahaye

Propos recueillis par Aubry François

 

 

Guérir quand c’est impossible… rencontre avec le neurologue Antoine Sénanque

Happinez : Pourquoi notre médecine, qui n’a jamais été aussi perfectionnée qu’aujourd’hui et dont vous avez été l’un des représentants, ne vous satisfait-elle plus ?

Antoine Sénanque : Parce qu’elle est fermée. J’ai exercé la neurologie pendant plus de trente ans. C’est une spécialité difficile qui vous confronte à des handicaps majeurs, résistant aux traitements qui se limitent souvent à la gestion des symptômes, à la partie “émergée” des troubles. En 2019, on ne guérit aucune grande maladie neurologique. On réduit les poussées de la sclérose en plaques, on atténue le retentissement de la maladie de Parkinson, on accompagne les patients atteints de maladies d’Alzheimer. La récupération des infarctus cérébraux ne dépend pas de nous. La maladie de Charcot a le même pronostic qu’au temps de sa description, au 19ème siècle. Il y a eu des progrès en neurologie interventionnelle, dans la prise en charge des accidents vasculaires, des tumeurs, des tremblements invalidants, mais les grandes maladies neurologiques continuent d’évoluer sans qu’on puisse les guérir. Longtemps spécialisé dans le suivi des maladies dégénératives, j’ai vécu la vie d’un médecin qui ne guérissait personne. Et j’ai fini par me demander si mes patients ne méritaient pas mieux qu’un rendez-vous fixé trois mois plus tard pour renouveler une ordonnance et que des conseils de patience avant les progrès scientifiques à venir.

J’ai donc essayé de regarder autour de la médecine classique et d’étudier les autres manières de soigner, sans à priori, à la découverte de voies de guérison que l’on n’apprend pas dans les facultés. Hippocrate, au 5ème siècle av. J.-C. avait donné un conseil que la médecine moderne – qui se réclame pourtant de sa rationalité – n’a pas suivi. Il écrivait : « Je vais définir ce qu’est selon moi la médecine. C’est délivrer les malades de leurs souffrances ou émousser la violence des maladies et ne pas traiter les malades qui sont vaincus par la maladie ». Les médecins grecs abandonnaient les malades qu’ils jugeaient incurables. Sans le cacher. La médecine était définie honnêtement comme un champ limité. Elle reconnaissait qu’elle ne pouvait pas tout guérir. Que proposait-on alors à ces malades qui sortaient du champ ? « Envoyez les incurables au temple » conseillait le médecin sans remèdes.

La médecine hippocratique laissait la spiritualité et ses chemins obscurs de guérison en dehors de son territoire, mais sans nier son existence ou sa nécessité, et sans esprit de concurrence. Les médecins grecs s’opposaient aux devins, pas aux sanctuaires ; à la magie, pas à la religion. Et c’est une idée phare de l’enseignement de cette première médecine rationnelle : ne pas prétendre qu’il n’y a plus de solution quand la science n’en trouve pas. Et ne pas fermer les portes du spirituel et du sacré. Pas besoin d’initiation pour les ouvrir, mais croire à la force de l’esprit sur le corps. Et oser (car c’est aussi une affaire de courage) prendre des chemins qui ne sont garantis par aucune autorité.

Ce sont ces voies spirituelles qu’il faut développer, non pas en les plaçant “au bout” d’une prise en charge médicale classique, qui n’aurait pas donné de résultats, non pas comme des recours aux échecs de la science, mais comme des voies associées. L’énergie spirituelle est une clé de guérison, elle devrait avoir sa place dans la prise en charge initiale de toutes les maladies. Elle est négligée et reste pour beaucoup de médecins une voie sombre et occulte. Les fantastiques progrès scientifiques qui nous attendent dans les décennies à venir ne pourront pas faire l’économie de la spiritualité. L’intelligence artificielle des ordinateurs de santé ne nous guérira pas sans l’intelligence spirituelle, qui nous est propre.

 

Happinez : Comment cette médecine officielle explique-t-elle les cas de guérison spontanée, qui sont une réalité ?

Antoine Sénanque : Les guérisons spontanées ou l’autoguérison sont des phénomènes reconnus par la science. Les études l’ont démontré, la guérison spontanée de maladies parfois gravissimes existe. En 1993, la publication d’une bibliographie très complète sur le sujet faisait le point (O’regan et Hirshberg). Cette méta-analyse, fruit de vingt années de recherche, retenait le chiffre de 1574 cas de rémission spontanée entre 1864 et 1992, dont plus de 70 % concernaient des cancers, et en particulier les mélanomes de l’adulte. Si les causes de ces guérisons restent obscures, les études ont identifié trois facteurs clés : l’immunité, l’environnement et… le mental.

De nombreux cas ont été associés à des modifications immunitaires, avec l’observation, dans le sang des personnes qui guérissent, d’une augmentation du nombre de lymphocytes Natural Killer(NK), clé de nos défenses, et d’anticorps produits contre les cellules cancéreuses. Ces modifications n’ont pas été retrouvées chez les autres malades. Une des raisons empêchant de guérir du cancer est que nos réactions de défense immunitaire sont trop faibles pour le repousser. Une explication possible serait que les cellules cancéreuses dérivant de cellules de l’organisme apparaissent pour nos défenses plus comme du “soi” que comme du “non soi”. Pas assez étrangères, en somme, pour provoquer une réaction de rejet suffisant. Pour la plupart d’entre nous… Dès le début du XXème siècle, certains médecins ont eu l’idée de stimuler l’immunité de malades atteints de cancer, parfois par des moyens radicaux. En injectant, par exemple, des germes très virulents suivant un principe inattendu : “infecter pour guérir”. La stimulation du système immunitaire, qu’elle qu’en soit la cause, aurait pour effet secondaire de le rendre plus efficace contre les cellules cancéreuses. Les germes introduits sont attaqués les premiers, mais les cellules immunitaires, dopées, ne s’en contentent pas. Fortes d’une nouvelle énergie, elles vont chercher tous les adversaires cachés, et en particulier les tumeurs. À vrai dire, beaucoup de patients mouraient à la suite de cette septicémie provoquée, mais parmi les survivants, on constatait des guérisons complètes de cancer. C’est dans cette logique que l’on a utilisé le BCG comme arme anti-cancer, par exemple dans le cadre des tumeurs de vessie. Une injection de BCG dans cet organe peut stimuler une réaction immunitaire pouvant aider à détruire la tumeur. Dans les années 70, on a rapporté le cas d’une régression spontanée d’un lymphome chez un jeune homme infecté par le virus de la rougeole. En 2013, une américaine touchée par un myélome a été traitée avec succès par une injection du virus de la rougeole.

Des miracles quotidiens se produisent peut-être à notre insu, dans le secret de notre organisme. Des phénomènes masqués qui tuent régulièrement les cancers débutants. Le pic fébrile qui nous fatigue nous sauve peut-être. Faudra-t-il prier pour que la fièvre vienne ? Ou se réconcilier avec les affections bénignes qui nous protègent ?

À côté de l’immunité, la dimension mentale est reconnue comme un facteur clé de l’autoguérison. Méditation, prière, yoga, hypnose, appartenance à un groupe de soutien, toutes ces pratiques ont été associées à un allongement de la durée de vie des patients et permettraient notamment de maitriser le stress responsable d’une diminution de nos défenses immunitaires. Des expériences ont montré que le nombre de lymphocytes NK était augmenté et les défenses améliorées après une période de suggestion positive comportant un discours rassurant et optimiste. Le découragement avait l’effet inverse. “Stress”, ”suggestion positive”, tous ces mots ont une traduction biologique, révélant la force des influences spirituelles sur l’évolution de nos maladies. Une nouvelle discipline a fait son apparition : la psycho-neuro-immunologie (PNI), qui étudie les relations entre les systèmes immunitaires, nerveux et endocrinien. Ces systèmes sont reliés et échangent des informations. Le développement de la PNI s’inscrit dans le cadre d’une médecine considérée comme nouvelle, mais qui a des racines anciennes : la médecine holistique (du grec holos : totalité)qui envisage la maladie comme un écosystème et non comme un ensemble d’organes pouvant être traités séparément. Quelle était la première question que posait Hippocrate, dans l’Athènes de Périclès, quand vous alliez le consulter pour une maladie que personne n’arrivait à guérir ? « Où avez-vous mal ? Quels sont vos symptômes ? » Non. La première question d’Hippocrate était : « Qui êtes-vous ? ».

 

Happinez : Où se cachent nos capacités d’auto-guérison, et peut-on apprendre à les maîtriser ?

Antoine Sénanque : Émile Coué, le père de la célèbre méthode, déclarait que nous avions en nous « une pharmacie intérieure » capable de guérir toutes nos maladies. Mais nous avons perdu les clés de nous-mêmes et nous ne savons pas où les chercher. Et cette ignorance nous donne le sentiment d’être limités, fragiles, vulnérables, alors que nous avons en nous des capacités d’autoguérison infinies. Nous ne sommes pas incurables, mais aveugles. On traverse les maladies en tâtonnant, les mains devant nous, dans l’obscurité, butant à chaque obstacle, et la science ne nous rendra qu’une vue partielle. C’est dans nos profondeurs intimes que les clartés se trouvent, là où l’intuition nous guide.

Il n’est pas question de rejeter les acquis et les promesses thérapeutiques de la médecine classique mais d’y associer des potentialités non explorées.

La réhabilitation du mental comme force de guérison nécessite une validation scientifique et c’est chose faite, les preuves de l’effet biologique de la pensée sur notre organisme sont établies. On a prouvé, par exemple, que l’effet placebo, initialement purement psychique, prenait corps en nous, ses effets thérapeutiques sur la douleur se traduisent par d’objectives modifications chimiques identiques à celles déclenchées par la morphine.

La science d’aujourd’hui ne sait pas comment activer nos capacités d’autoguérison. Et dans le cadre des voies alternatives, le mystère est également opaque. Comment les guérisseurs guérissent-ils ? Les magnétiseurs parlent souvent d’une force qui se transmet et se perçoivent comme des canaux permettant de conduire une énergie thérapeutique, mais en reconnaissent le mystère. Deux voies de guérison explorées par la science vont s’élargir dans les années proches : les thérapies de régénération utilisant les cellules souches et l’épigénétique.

On a pu démontrer que le programme génétique commandant les premières étapes de la régénération d’un membre amphibien (comme chez la salamandre qui reconstitue sa patte amputée) était conservé chez les mammifères, et par conséquent chez l’homme. Nos capacités régénératrices n’ont donc pas disparu. Elles sont simplement silencieuses, inactivées au cœur de notre ADN. Les cellules souches sont la clé du renouvellement des tissus. Elles existent en nous. Grâce à celles de la moelle osseuse, nous renouvelons nos globules rouges, celles de notre peau permettent la cicatrisation, la plupart de nos structures en contiennent et pourtant nous vieillissons, nos membres ne repoussent pas et notre cerveau involue. En introduisant du matériel génétique, les scientifiques sont arrivés à réactiver les gènes permettant de transformer n’importe quelle cellule de notre corps en cellule souche. Si cette transformation est possible en laboratoire par une simple manipulation, est-il absurde de penser qu’il serait hors du pouvoir de l’esprit de réaliser cette transformation de l’intérieur ? Si l’évolution a gardé en mémoire le mécanisme de la régénération, endormi mais vivant au cœur de chacune de nos cellules, ce n’est certainement pas dans l’attente d’une technique de transfert génétique appartenant au XXIème siècle. La science de la reconstitution ne crée pas des mécanismes inconnus, elle réveille des systèmes anciens qui sont en nous. Si elle en est capable, l’esprit l’est encore plus. La cellule souche est aussi une cellule spirituelle. L’épigénétique est le système de contrôle de nos gènes. On peut concevoir notre code génétique comme une sorte de plafonnier à ampoules multiples figurant chacun de nos gènes. L’épigénétique correspond aux interrupteurs qui allument ou éteignent les ampoules. On a prouvé que l’environnement, l’alimentation, le stress avaient le pouvoir d’activer ou d’inhiber l’expression de certains gènes. On parle beaucoup moins des modifications épigénétiques induites par les influences spirituelles comme l’espérance, la croyance. Mais si la nourriture ou l’angoisse ont le pouvoir d’interagir avec nos commandes génétiques jusqu’à entraîner des troubles de la régulation de nos cellules et s’avérer capables de déclencher des processus de cancérisation, comment ne pas attendre davantage de l’influence des forces spirituelles positives sur nous-même ? C’est dans la réunion entre médecine classique et médecine spirituelle que nos capacités d’autoguérison pourront être développées.

S’il n’y pas aujourd’hui de “mode d’emploi” pour nos capacités d’autoguérison, il y a peut-être un terrain à offrir pour faciliter leur venue, un lieu d’accueil favorable. Et les conditions de cet accueil pourraient être le refus des diagnostics d’impuissance, l’ouverture aux voies de guérisons intuitives, la confiance en nos capacités de guérison spirituelle. Cette démarche n’a pas seulement un intérêt individuel mais aussi collectif. Croire dans les forces de guérison, c’est leur donner du pouvoir pour soi et pour les autres.

 

Happinez : Avez-vous été témoin de faits que la religion qualifierait de miracles ? Si, oui, pouvez-vous nous en raconter un ?

Antoine Sénanque : Je crois aux miracles. Je suis catholique, non pratiquant et peu concerné par les sujets touchant l’Église et les dogmes. Mais je crois profondément aux miracles.

En médecine, le sujet est encore délicat, on ne franchit pas la frontière sémantique de “guérison inexpliquée” et le mot “miracle” ferme toutes les oreilles. La médecine actuelle reste très imprégnée du scientisme et du scepticisme du 19ème siècle. Pour le professeur Charcot, les miracles de Lourdes n’étaient que des manifestations d’hystérie collective. Dans les sanctuaires, les pèlerinages, les assemblées de prières, de puissants mécanismes d’autoguérison peuvent se mettre en route. La science pourra-t-elle un jour les expliquer et retirer leur dimension religieuse ? Pourquoi pas, mais au fond peu importe.

La seule maladie de Parkinson que j’ai vu guérir est celle d’une sœur, Marie Simon Pierre, une religieuse française qui, peu après le décès de Jean Paul II et, selon l’église catholique, grâce à son intercession, a vu sa maladie disparaître brusquement. Le 5 juin 2005, sa supérieure lui demande d’écrire sur une feuille de papier le nom du pape pour une intention de prière. Elle essaie, mais écrire lui est quasi impossible. Elle griffonne ce qu’elle peut et confie qu’elle se sent désespérée de ne pas même « être capable de ça ». La nuit suivante, la sœur « se lève d’un bond » et ressent un irrépressible besoin d’écrire. Elle prend un stylo, une feuille, l’écriture est redevenue normale. Quelques jours plus tard, on la conduit à sa consultation de neurologie. En la voyant marcher devant lui, le spécialiste lui demande si elle a doublé les doses de son traitement. Elle répond : « je l’ai arrêté ». Aux experts qui l’interrogent sur la nuit du miracle, elle répond simplement : « Je vivais quelque chose ». Je pense souvent à cette phrase. Elle recèle peut-être une clé de guérison. Trouver de la vie à vivre dans la mort du corps, trouver la vie que la mort ne touche pas.

J’ai connu, indirectement, une guérison inexpliquée en neurologie. À l’âge de 34 ans, ce patient a un accident de roller, avec un grave traumatisme crânien. Un hématome qui comprime son cerveau est détecté au scanner et il est opéré en urgence, en état de coma profond. Le pronostic est sombre, une partie du cerveau écrasé comprime le tronc cérébral, centre de commande des fonctions vitales. L’hématome est évacué, le patient reste dans le coma. Douze jours plus tard, alors que son état reste identique, des membres de sa famille et des amis se réunissent pour une prière collective. Différentes religions sont représentées, chrétienne, juive, islamique. Chacun prie selon sa croyance ou donne des témoignages d’amitié ou d’amour. Le patient se réveille alors. Sa mort imminente avait été annoncée. La courbe de sortie d’un coma suit le plus souvent une pente ascendante progressive. On sort doucement d’un coma profond en remontant stade après stade jusqu’à l’état de conscience. L’étude de la courbe du patient révéla une pente à angle droit, transition inhabituellement rapide entre l’état de coma et de conscience, sans étapes intermédiaires. L’angle coïncidait exactement avec la date de la soirée de prière collective. Hasard ? Peut-être. La guérison fut totale et sans séquelles, mais également productive spirituellement, puisque la vie du patient changea radicalement, consacrée désormais au partage de son expérience et à une refondation affective profonde.

Paradoxalement les opposants les plus acharnés aux miracles, leur ont toujours reproché de ne pas être assez spectaculaires. « Les jambes ne repoussent pas à Lourdes »… Pourtant, l’histoire ancienne des miracles est riche en guérisons impossibles : des résurrections, des reconstitutions de membres amputés… Mais plus aujourd’hui. Pourquoi ? Peut-être parce que la spiritualité collective, à l’œuvre dans ces moments où la guérison impossible devient possible, n’a plus la même intensité. Une explication pourrait être que nos croyances ont un effet créateur sur les phénomènes. On croyait jadis aux résurrections miraculeuses et les résurrections se produisaient. Le pouvoir des miracles et plus communément de l’autoguérison dépendrait donc de notre confiance et de la puissance que notre espérance leur communique. À cet égard, la science n’a pas seulement désenchanté la vision que nous avons du monde, mais aussi les phénomènes qui y naissent. La puissance de notre espérance est en lien direct avec le nombre de ceux qui espèrent. Peut-on guérir de tout ? Oui, ensemble.

 

Propos recueillis par Aubry François 

Portrait © Astrid di Crollalanza

Pour assister à l’événement SE GUÉRIR, au Grand Rex de Paris : www.//seguerir.fr

 

 

Raphaëlle Giordano : faire rayonner l’énergie de l’amour, le 1er juillet au théâtre de l’Atelier !

ÉNERGIE

C’est une chose que l’on a beaucoup à des moments, puis certaines personnes ne vous laissent pas le temps de vous reposer, et votre énergie s’étiole. Chacun a une manière unique de fonctionner. Et bien se connaître est utile, pour repérer ce qui nous convient. Accepter d’être comme on est, et pas comme est le voisin. Il m’a fallu du temps pour inventer un mode de vie qui respecte mon rythme : c’est-à-dire une alternance de moments yin et de moments yang. Je suis plutôt une sprinteuse qu’une coureuse de fond. Je peux faire des choses extraordinaires devant des centaines de personnes, mais il me faut un temps après de retour à soi, de choses simples. Pour retrouver mon énergie. Quand j’étais en agence de communication, c’était du 400 % tous les jours. Trouver des idées, toujours plus, sans pauses. Et quand vous êtes usée, on vous jette. Se connaître, c’est adapter ses modes de fonctionnement. Savoir quand on peut donner son énergie, mais aussi quand il est temps de se ressourcer. Et là, il est important de savoir comment le faire, comment se procurer de la joie de vivre. Quel est votre carburant ?

AIMER

C’est le thème d’une vie. Ça a donné un sens à la mienne. Je le dis dans la préface de mon deuxième livre : « Aimer plus. Aimer mieux. Aimer mal. Mais aimer. Faire éclore ce magnifique potentiel de joie, de créativité et de bonheur, à faire rayonner en soi et autour de soi. » On peut partir de petites choses pour aller vers de plus grandes : aimer les petites pousses de la plante dont on a pris soin, aimer l’animal de compagnie qui nous le rend par de grands moments de fête, aimer les siens à travers un plat préparé avec affection… Laisser infuser ces moments d’amour, c’est le principe de la psychologie positive. C’est ce qui peu à peu aide à métamorphoser notre façon de voir la vie. On se laisse guider par ce mot. Quand je me lève, il y a un moment de paix. Je m’assois en lotus dans le canapé, j’ai un café, je prends le temps avec mes bonnes tartines, les feuilles qui s’agitent devant moi… Ce sont des moments de grâce. Après, il y a l’amour amoureux. C’est l’amour de l’autre, la qualité d’une présence, ce que l’on peut offrir. Il y a tellement à donner. Même avec une personne que vous ne connaissez pas ou peu, vous pouvez choisir de lui accorder une vraie qualité d’attention et non la “zapper”. Rien que pratiquer l’art du sourire, ça peut tellement changer le visage d’une journée chez les gens que vous croisez ! Donnons-nous ça plutôt que de l’agressivité. Ensuite, il y a l’amour de ses enfants, c’est encore différent. J’ai un ado de 12 ans, et l’aimer, c’est ne pas le brosser dans le sens du poil. Je l’aime tellement qu’il me faut parfois être dure, pour le guider vers l’autonomie, la responsabilité. C’est pour moi la plus belle preuve d’amour.

RAYONNER

On parlait d’énergie, et je pense que quand on s’est bien occupé de soi, on peut en exporter. On peut en distribuer autour de soi. On rayonne avec ce qu’il y a à l’intérieur de nous, ce que l’on a cultivé. Changer de posture intérieure a changé ma vie. Je me nourris de belles valeurs, inspirantes. Je me considère comme une exploratrice-créative existentielle. À travers mes livres, j’explore les grands thèmes de la vie, et j’en parle d’une manière qui me ressemble : légère et pétillante. Je dis avec mes mots ce que de grands maîtres et penseurs ont passé une vie à étudier. Il est bon d’accepter la vie telle qu’elle est, dans sa réalité, avec ses joies, ses souffrances, ses doutes, ses espoirs… Il apparaît que c’est en acceptant la vie avec ses règles du jeu qu’on peut la traverser avec plus de sérénité. La meilleure solution que j’ai trouvée pour calmer les crises existentielles que j’avais dans la vingtaine, c’est de regarder les choses en face : on ne peut influer sur les aléas de l’existence. Mais en changeant notre posture intérieure, on peut changer notre façon de voir les choses. Conscientisons les instants passés ensemble. Soyons amour, le reste est superflu, c’est comme cela qu’on quitte la peur.

SIMPLICITÉ

Vouloir posséder toujours plus, c’est un mal de l’époque. Or il me semble que trouver sa paix, c’est aller vers l’épure, un mode de vie simple. Avec un confort, mais sans excès. La quête du toujours plus n’amène pas plus de bonheur : une plus grosse voiture, un plus grand appartement, toujours de plus belles vacances. Pourtant, ce qui compte, c’est de qui nous sommes entourés. Le goût de la simplicité, c’est me dire que je n’ai pas besoin de plus. J’ai des moments parfois très yang, hors du commun, mais finalement, quand je retourne chez moi, j’aime vivre très simplement. Ça peut sembler invraisemblable, mais là, je fais les travaux dans ma cuisine, ça me permet de garder un contact avec le terrien, la Terre, les mains, faire, se débrouiller. La simplicité, c’est savoir faire son miel, et être heureux de peu.

 

Écrivaine, artiste peintre et coach en créativité, Raphaëlle Giordano est l’auteure des célèbres best-sellers Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, Le jour où les lions mangeront de la salade verte et Cupidon a des ailes en carton, son dernier roman.

 

Portrait © Isabelle Nègre

Propos recueillis par Agathe Lebelle et Nathalie Cohen

 

Le 1er juillet au théâtre de l’Atelier, à Paris, en partenariat avec Happinez, Simple Things et Rituals, Raphaëlle Giordano vous emmènera sur le chemin de votre ”love tour”, pour vous permettre d’améliorer votre ”amourability”, votre capacité à aimer, entre vous et vous, entre vous et l’autre, entre vous et le monde.
Renseignements et places sur www.terre-etoiles.fr

S’affranchir de nos traumatismes grâce à l’art-thérapie

Happinez : Que peuvent occasionner les grands traumas dont nous sommes parfois victimes au cours de notre existence ?

Alain Dikann : Aujourd’hui, dans le monde, environ une personne sur deux subit un traumatisme au cours de son existence – inceste, viol, agression, accident, maladie grave, guerre… Le traumatisme est, par définition, lié à un évènement extraordinaire durant lequel l’intégrité physique et/ou psychique d’une personne est menacée. Ce processus parasite l’organisation et la construction psychique et crée un phénomène de dissociation. Ainsi, toute personne qui a vécu un événement traumatique extrême aura tendance à se couper des autres. Dans le cas d’un syndrome de stress post-traumatique, l’individu, dont le psychisme est incapable d’intégrer son trauma, se retrouve hanté en permanence par la reviviscence de son vécu traumatique.

Happinez : Que propose aujourd’hui la médecine occidentale traditionnelle face à ces symptômes ?

Alain Dikann : Aujourd’hui encore, les moyens thérapeutiques à mettre en œuvre pour soigner le trouble lié à un vécu traumatique demeurent l’objet de débats. En règle générale, le travail thérapeutique a pour principal objectif d’aider la personne à intégrer ce trauma dans son propre schéma personnel en le délimitant, afin qu’elle puisse enfin trouver un nouveau sens à sa vie. Parmi les principaux traitements, il y a les psychothérapies “classiques”, les thérapies cognito-comportementales – complétées par différentes techniques telles que la méditation en pleine conscience, la sophrologie, et l’EMDR (technique de désensibilisation par mouvements oculaires et reprogrammation) –, la thérapie psycho-dynamique, ou encore la psychanalyse.

Happinez : En quoi l’art-thérapie peut-elle apporter une réponse plus adaptée à ces traumatismes ?

Alain Dikann : Il n’existe pas de traitement standard pour soigner un traumatisme sévère. Si les approches psychothérapeutiques sont fiables, elles peuvent aussi s’avérer limitées parce qu’elles sont basées sur l’expression verbale. Il est donc nécessaire que le traitement des troubles post-traumatiques soit multimodal. Ainsi, en complément d’une psychothérapie, l’art-thérapie permet à la personne psychotraumatisée, grâce au processus de création, de s’exprimer sur son trauma sans avoir recours à la verbalisation orale. De plus, la créativité et l’acte de créer favorisent la résilience. En exprimant esthétiquement ses émotions et affects en liaison avec son traumatisme, la personne peut historiser son expérience traumatique puis enfin s’inscrire à nouveau dans la vie.

Happinez : Chacun d’entre nous ayant des modes d’expression différents, quelles activités de création inclut l’art-thérapie ? 

Alain Dikann : Avant toute chose, l’expression créatrice doit se faire dans le cadre d’un atelier d’art-thérapie animé par un art-thérapeute certifié, possédant une très bonne connaissance de la clinique traumatique. Différentes médiations artistiques peuvent être proposées : les arts plastiques et visuels – peinture, dessin, collage, modelage, photographie –, la dramathérapie (théâtre thérapeutique), la danse-thérapie, la musicothérapie mais aussi l’écriture thérapeutique et le Land Art. Précisons enfin que l’art-thérapie s’adresse à tout le monde, ne demande ni pratique, ni connaissance artistique. En séance d’art-thérapie, il n’est pas question d’apprentissage mais uniquement d’expression, en s’appuyant sur le potentiel créatif de la personne psychotraumatisée.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Yoga et voile en Méditerranée

Le samedi 11 mai, commencez votre weekend à bord d’un voilier, les cheveux au vent, dans la position du lotus ou du chien tête en bas.

Accessibles à tous, les événements Voile & Yoga by SailEazy combinent le plaisir de la navigation et la pratique du yoga en milieu naturel. Une occasion unique de s’oxygéner l’esprit près des côtes marseillaises.

Au programme : méditation et exercices de respiration en mer, mouillage dans une calanque de l’île du Frioul, cours de yoga animé par Florence et collation détox offerte.

Le départ a lieu à 9 h du matin, dans le Vieux-Port de Marseille, et le retour à 13 h. Le tarif est de 70 € par personne.

Pour s’inscrire : www.eventbrite.fr/e/billets-voile-yoga-by-saileazy-60255554987

Une autre sortie est prévue le samedi 22 juin, puis une fois par mois jusqu’à octobre. Pour en savoir plus sur les dates : www.facebook.com/events/672824199840979/