Écrivaine, coach et blogueuse, Céline Santini est l’auteure d’ouvrages inspirants pour adultes et enfants. Son nouveau livre, “Kintsugi, l’art de la résilience”, nous présente une tradition ancestrale japonaise, symboliquement puissante, puisqu’à travers la réparation d’un objet, c’est notre propre lumière, dissimulée derrière nos cicatrices et autres fissures du passé, qu’elle nous propose de restaurer.

Happinez : En quoi consiste le Kintsugi et quelle est son origine ?

Céline Santini : Le Kintsugi est un art japonais ancestral qui date du 15ème siècle. Il consiste à souligner, avec de l’or pur, les cicatrices d’un objet cassé, au lieu de les masquer. Étrangement, l’objet en devient à la fois plus beau, plus résistant, et même plus précieux qu’avant d’avoir été brisé ! La légende raconte que le Shogun Ashikaga Yoshimasa utilisait au quotidien son bol préféré pour la cérémonie du thé, mais qu’un jour, il le cassa malencontreusement. Comme ce bol était originaire de Chine, il le renvoya là-bas pour le faire réparer. Mais après de longs mois d’absence, le bol revint muni de vilaines agrafes métalliques, qui non seulement le défiguraient, mais ne résolvaient pas le problème de l’étanchéité ! Le Shogun demanda alors à ses artisans japonais de trouver une meilleure solution, à la fois plus esthétique et plus pratique : c’est ainsi que l’art du Kintsugi est né…

Happinez : Comment un objet peut-il nous conduire sur le chemin de la guérison et de la résilience ?

Céline Santini : Nos émotions affleurent parfois à la surface, mais le plus souvent elles sont cachées, enfouies, tout au fond de notre inconscient. La magie des symboles, c’est de s’adresser directement à lui, dans un langage qui détourne le filtre du mental et franchit ses barrières. Avec ses lignes de failles recouvertes d’or, qui symbolisent à la fois la réparation, mais aussi, et surtout, la transformation, le Kintsugi est la parfaite métaphore de la résilience. En contemplant un Kintsugi, notre inconscient perçoit instantanément son message d’espoir : nos épreuves peuvent être transcendées, et nous pouvons – voire devons – être fier de notre parcours, quel qu’il soit, fier de nos cicatrices, fier de tout ce que nous avons traversé. Après tout, jusqu’ici, nous avons survécu à 100% des épreuves de notre vie… C’est ce qui nous définit, et nous rend paradoxalement à la fois plus fort, et plus précieux, à la manière d’un Kintsugi vivant.

Happinez : Pouvez-vous nous raconter votre première expérience de cette technique et la manière dont elle vous a marquée ?

Céline Santini : J’ai découvert le Kintsugi au moment où je traversais une période de vie très difficile. 15 jours avant, je venais d’apprendre que j’allais divorcer pour la deuxième fois, et me retrouver à élever mes deux filles seules (dont un bébé de 4 mois). Le Kintsugi est entré dans ma vie d’une façon très ironique : j’étais en train de lire un article intitulé Comment réussir son divorce, et le Kintsugi y était décrit rapidement. J’ai ressenti quelque chose de très fort en lisant ce texte. Mon intuition m’a soufflé d’aller voir de plus près : en tapant “Kintsugi” sur internet, j’ai trouvé des photos de bols Kintsugi, et ça a été une révélation. Une seconde a suffi pour que quelque chose se répare en moi. L’âme du Kintsugi m’a inspiré un message d’espoir et rappelé la force qui m’habitait depuis toujours, me soufflant que, cette fois encore, j’allais m’en sortir. Je me suis sentie complètement appelée, voire happée par cet art magnifique. J’ai alors cherché à en savoir plus, à me former, et par un concours de circonstances assez magique, j’ai eu l’occasion d’écrire le livre… que j’aurais voulu lire ! Les portes se sont ouvertes de façon inouïe, car j’avais enfin reconstitué mon puzzle et trouvé ma mission de vie, celle que je cherchais depuis toujours : aider les autres à recoller leurs propres morceaux et à resplendir.

Pour en savoir plus : esprit-kintsugi.com

 

Portrait © Catherine Delahaye

Propos recueillis par Aubry François