Reza Moghaddassi : la méditation au-delà de la raison et des mots

 

 

Happinez : D’où est né votre intérêt pour le bouddhisme et les maîtres tibétains ?

Reza Moghaddassi : L’horizon de l’existence présenté à la majorité des adolescents réside bien souvent en deux choses : Il y a d’une part l’horizon de la réussite mondaine consistant à mener à bien ses études pour pouvoir avoir un travail qui nous plaise, si possible prestigieux, qui nous permette de vivre confortablement. D’autre part, il y a l’horizon de la jouissance : « profiter de la vie » au sens de mener une vie de fête renouvelée, une vie de voyages et d’aventures aussi exaltantes que nombreuses. La rencontre inattendue de maîtres tibétains à l’âge de 14 ans est venue bouleverser cette double équation : la figure du sage, qui était si exotique et inconnue de mes camarades et de moi-même est devenue, soudain, une figure vivante et inspirante. Elle a dessiné pour moi un nouvel horizon placé non plus sous le signe de l’avoir ou du faire mais de l’être. À côté du chemin horizontal de ma vie, se profilait un chemin plus vertical. J’ai compris à ce moment, à travers quelques témoins vivants, une autre forme de transmission, étrangère à la société et l’école dans lesquelles j’avais grandi : la transmission spirituelle, qui est d’abord une transmission d’être. La deuxième raison de mon engouement est le discours que m’ont tenu ces maîtres tibétains : plutôt que de me pousser à croire à des dogmes, ils m’ont invité à expérimenter la prière et la méditation, le silence et les chants. Plutôt que de chercher à me raisonner, ils m’ont proposer d’entrer dans l’expérience de ce qui est au-delà de la raison et au-delà des mots. Et enfin, plutôt que de m’inciter à devenir bouddhiste, et à adhérer à leur religion qui aurait le monopole de la vérité, ils m’ont conduit à approfondir mes propres racines spirituelles. Je les ai écoutés et je n’ai pas été déçu car j’ai découvert ensuite dans les pratiques spirituelles de l’islam et du christianisme des trésors que je ne soupçonnais pas, ces religions m’ayant été présentées au départ comme une simple affaire d’adhésion ou de non adhésion à des dogmes. J’étais dans l’erreur.

 

Happinez : Peut-on rapprocher l’acte de philosopher de celui de méditer ?

Reza Moghaddassi : Philosopher, c’est aspirer à la sagesse, c’est-à-dire aspirer à déployer toute la noblesse dont un être humain est capable quand il devient le serviteur du vrai, du beau et du bien. Le travail de la raison est essentiel pour se libérer de certaines illusions. « Tout commence dans la pensée, dit le Bouddha. Quand la pensée est fausse, l’affliction s’ensuit comme la roue de la charrette suit le pas du bœuf ». Ainsi, philosopher, c’est méditer au sens de réfléchir sur.  Mais il y a au moins deux autres sens du mot méditation en français que la philosophie a parfois oublié : méditer c’est aussi “ruminer” sa pensée, se laisser habiter par ce qui nous parait juste, de manière à passer d’une compréhension seulement intellectuelle à une compréhension du cœur et des tripes. C’est tout le travail d’incarnation de la pensée qui est aussi une mise en cohérence entre sa pensée et ses actes. Il s’agit de passer de la pensée qu’on a à la pensée qu’on est. Et enfin, méditer, c’est mobiliser une autre caractéristique mystérieuse de la conscience dite réfléchie, c’est-à-dire la capacité à devenir l’observateur de ses propres processus mentaux (sensations, émotions, pensées). C’est apprendre à ne pas s’identifier à ses idées et à ce qu’on appelle trop vite son identité. C’est rencontrer en nous (puis chez les autres) cette dimension qui est plus grande que nos convictions et qui ne se réduit pas à la conséquence de nos actes. C’est partir à la conquête de notre liberté essentielle. C’est aussi mobiliser en nous d’autres forces que le raisonnement, comme par exemple l’intuition. Je ne crois pas que la philosophie puisse conduire à la sagesse si elle ne s’engage pas également sur ce troisième chemin.

 

« Passer de la pensée qu’on a à la pensée qu’on est. »

 

Happinez : La méditation est-elle une pratique bouddhiste ou indienne ?

Reza Moghaddassi : Si, par méditation, on entend l’acte qui consiste à devenir l’observateur de ce qui se passe autour de nous et en nous, à se rendre plus présent à ce qui est, notamment par l’attention portée au souffle, comment la méditation pourrait-elle être la propriété de l’Inde ou du bouddhisme ? Il faut commencer par sortir de l’image de la personne assise en lotus à côté d’un bâton d’encens pour revenir à l’expérience universelle de tout être humain. À chaque fois que nous sortons de l’agitation et de l’activisme pour se poser, pour s’accorder un moment d’arrêt et de silence, nous nous voyons lever la tête du guidon, reprendre souffle. Nous voyons ressurgir la question de notre véritable désir et du sens de ce que nous faisons. L’attention nous permet de revenir sur nos intentions. À chaque fois que nous cessons de chercher à posséder, à paraître, faire et avoir et que nous nous mettons à contempler le monde, qu’il s’agisse d’une œuvre d’art, d’un paysage ou d’un visage, nous sentons à quel point nous avons tendance à être trop dans le fonctionnement et pas assez dans l’émerveillement. « Nous mourrons non faute de merveilles mais faute d’émerveillement » a dit très justement Hugo. On appelle alors méditation l’acte qui consiste à susciter ou à arracher dans notre quotidien des moments pour entrer dans cette expérience. Une qualité d’attention au monde peut alors être développée qui va se diffuser naturellement dans le reste de notre journée, y compris au cœur de nos activités et autres engagements. C’est ce qu’on peut appeler, l’intégration de la méditation dans l’action. Le but de cette méditation n’est pas seulement le bien-être mais le déploiement de qualités humaines fondamentales et d’une plus grande aptitude à être dans le monde.

Les traditions religieuses ou spirituelles comme le bouddhisme ont, quant à elles, un horizon métaphysique qui déborde le champ de la méditation comprise comme précédemment. C’est pourquoi elles vont mobiliser des symboles et des images, des sons et des chants, des gestes et des postures, considérées comme sacrées et qui sont censés être le véhicule d’expériences surnaturelles. Elles vont invoquer des forces invisibles aux yeux du corps. Elles ont comme perspective le salut ou la libération du cycle de réincarnation, la résurrection ou l’éveil. Il ne s’agit donc pas du même type de méditation ni de la même finalité. La méditation de pleine présence apparaît du point de vue religieux comme une bonne propédeutique à la vie spirituelle, c’est-à-dire qu’elle nous y prépare. D’un point de vue non religieux, il est tout à fait possible de pratiquer la méditation de pleine présence en dehors de toute adhésion à une perspective métaphysique et religieuse.

 

Happinez : Pourquoi l’Occident semble-t-il alors découvrir la méditation comme une pratique exotique ?

Reza Moghaddassi : Ces pratiques ont existé vraisemblablement dans les écoles de philosophie antique mais nous n’avons conservé des grecs que des textes. Elles ont également existé dans la tradition chrétienne, dans certains lieux et à certaines époques. Les pères du désert enseignaient, par exemple, des pratiques d’attention au souffle. L’Occident chrétien n’a paradoxalement pas développé, dans son histoire, un rapport toujours apaisé avec le corps et il a eu tendance à délaisser des pratiques qui faisaient partie de son patrimoine.

Mais surtout, le rejet du religieux dans l’histoire de l’Occident a conduit à écarter, en même temps que les dogmes et les institutions religieuses, toute vie intérieure et contemplative, ou du moins à cesser de les penser comme un élément fondamental de l’éducation de l’être humain. Seul a demeuré l’intérêt accordé à l’intelligence rationnelle et conceptuelle, comme en témoigne l’école moderne. La perspective de la sagesse a été remplacée par la perspective du savant. Les conséquences d’un tel délaissement se font de plus en plus sentir au niveau individuel ou collectif, surtout dans une société surmenée par l’obsession de la vitesse, de la rentabilité et de l’efficacité. Dès lors, le détour par des pratiques comme le yoga, le taï-chi ou la méditation sont devenus des moyens pour renouer avec la vie, la santé et un peu plus de paix, là où les structures laïques n’ont que le sport à proposer et les organisations religieuses occidentales qu’une religion avec tout ce que cela implique comme adhésion à un certain nombre de convictions qui ne parlent plus à beaucoup de nos contemporains. Ce n’est pas un hasard si l’engouement pour la méditation est devenu d’autant plus fort aujourd’hui que la méditation dite « de pleine présence » s’enseigne dans des cadres laïques et qu’il n’est plus nécessaire de se rendre dans un temple bouddhiste pour s’y initier.

 

«  Sortir de l’image de la personne assise en lotus à côté d’un bâton d’encens pour revenir à l’expérience universelle de tout être humain. »

 

Happinez : La méditation de pleine présence est-elle compatible avec la religion chrétienne ou tout autre religion monothéiste ?

Reza Moghaddassi : J’aurais d’abord envie de comparer cette question aux questions suivantes : la foi chrétienne est-elle compatible avec le fait d’apprendre à réfléchir ou à nager ? Il est aussi incongru de poser ces questions que la précédente. Pourquoi ? Parce que les pratiques de pleine présence peuvent d’abord être vues comme des outils pour développer des facultés de notre esprit pouvant être mises au service de sa vie, et pourquoi pas, au service de sa foi, au même titre que le développement de la raison discursive. La chrétienté est habitée par des articles de foi et des pratiques religieuses qui lui sont propres mais ni la foi ni la prière ne font de nous, à elles seules, un être informé et cultivé, capable de raisonnement subtil et riche. L’obscurantisme religieux a toujours vu dans le développement d’une pensée critique un danger pour la foi. Je crois que c’est une même forme d’obscurantisme religieux qui conduit à opposer l’effort pour mobiliser les ressources qui nous habitent et l’action de la grâce, le “travail sur soi” qui caractérise toute voie de sagesse et le saint abandon à la providence divine.

Si la méditation de pleine présence, en tant que pratique régulière, peut être regardée comme un moyen pour développer l’attention, l’intelligence émotionnelle, l’intuition, la connaissance et la maîtrise de soi, elle est aussi, et peut-être plus profondément, une invitation à entrer dans l’expérience gratuite et silencieuse de l’être en tant qu’être, sans raison ni justification. À ce moment, la méditation de pleine présence n’apparaît plus seulement comme une propédeutique à la vie spirituelle mais comme une expérience de cet absolu qui est-delà des mots et des représentations et pourtant toujours présent en tout être et toute chose. Cela nous rapproche peut-être déjà de l’oraison.

J’entends parfois certains me dire qu’ils préfèrent se tourner vers Dieu plutôt que méditer pour justifier leur rejet de la méditation. Préfèrent-ils aussi se tourner vers Dieu plutôt que d’aller voir un film au cinéma, que regarder la route en conduisant, que lire un livre ?  Si Dieu existe, il n’est pas toujours en face de nous mais aussi derrière nous ou à côté de nous. L’existence de Dieu et la foi en Dieu ne nous déchargent pas de la responsabilité de prendre en main notre éducation.

 

Happinez : Mais la méditation n’est-elle pas une pratique égocentrique où on ne fait que rester avec soi-même ?

Reza Moghaddassi : La méditation de pleine présence ne consiste ni à chercher le vide ni à se regarder le nombril. Elle consiste à se rendre présent justement à ce qui est, là où habituellement nous circulons dans le monde et auprès des autres en leur étant en réalité absent. Il s’agit donc de faire l’acte le plus simple, se poser et se taire pour habiter sa vie, habiter l’instant présent. On apprend à être un peu plus dans l’écoute, des autres et de soi-même. C’est d’ailleurs un paradoxe fondamental : plus un être humain s’ouvre à son expérience intérieure plus il s’ouvre au monde et aux autres. À l’inverse, plus on reste à la surface de soi-même, plus on reste superficiel dans sa relation aux autres. Ce paradoxe, on le retrouve d’ailleurs dans toutes les traditions spirituelles qui nous invitent à la fois à nous ouvrir à plus grand que nous et à la fois à jeter l’ancre en soi pour découvrir, comme le dit Saint Augustin, que « si je me connaissais, je Te connaîtrais ».  Ce qui est dans l’infini des cieux se trouve demeurer également dans la lumière du cœur.

 

« Ce qui est dans l’infini des cieux se trouve demeurer également dans la lumière du cœur. »

 

Happinez : Que peut, à votre avis, apporter la méditation aux jeunes ?

Reza Moghaddassi : Dans un monde soumis à la distraction et l’agitation permanente, la méditation apprend aux élèves à se recentrer (le contraire de “s’éclater”) et à retrouver une plus grande qualité d’attention. Dans un monde où l’on nous traite comme des consommateurs dont on cherche à augmenter sans cesse les besoins, les élèves vont pouvoir renouer avec des désirs plus profonds et avec une plus grande liberté intérieure. Ils vont également apprendre à mieux gérer leur stress. Dans un monde où sans cesse nous jouons des personnages et où nous sommes soumis au poids du regard des autres, la méditation aide à rejoindre la personne et à moins subir le regard des autres. La méditation permet également de développer l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire à reconnaître ses émotions et celles d’autrui, d’être à l’écoute des informations que ces émotions nous transmettent tout en développant la capacité à être moins leurs victimes. Dans un monde qui sans cesse nous évalue, la méditation offre un espace dans lequel l’élève est amené à renouer avec ce qui en lui relève d’une valeur absolue et non d’une valeur relative à ses performances. La méditation permet également de développer des ressources ou des facultés habituellement délaissées, comme l’intuition et la créativité. Inutile d’évoquer les effets de la méditation sur la santé, effets à présent bien connus avec une validation qui n’est plus seulement subjective, mais objective.

 

Happinez : Il n’est pas toujours simple, même pour les professeurs qui s’y intéressent de près, de convaincre leur administration, et plus généralement l’Éducation nationale, du sérieux de la pratique méditative. Quels arguments utiliser face à une administration qui conserverait des a priori négatifs sur la méditation ? 

Reza Moghaddassi : Il faut d’abord remarquer que la méditation n’est pas le lieu d’une transmission de doctrines ou d’une conception du monde mais une invitation faite à un élève de vivre des expériences personnelles qu’il ne s’agit pas de commenter à sa place. Il faut ensuite faire la démonstration la plus concrète de la dimension laïque de ce type de pratiques. C’est pourquoi il est essentiel de dépouiller l’enseignement de la méditation des symboles hérités des cultures orientales pour mettre en lumière sa dimension universelle. D’autre part il faut bien préciser qu’il ne s’agit en rien de faire une investigation d’ordre psychologique. Ces questions relèvent de la compétence de professionnels. Il faut également rappeler les objectifs précis de ce type de propositions : développement de l’attention et de l’intelligence émotionnelle, gestion du stress, développement de la bienveillance et de la confiance en soi.

Il y a deux volets à ces pratiques à l’école :

  • un usage de la méditation au service de la pédagogie. Par exemple faire un petit temps de pratique avant le début des cours pour mieux mobiliser l’attention des élèves.
  • Un usage de la méditation pour proposer une vision plus large et plus riche de l’éducation du futur adulte et citoyen.

Le but de l’école est de former des citoyens plus libres, notamment grâce au développement de la raison critique et l’acquisition de connaissances. Or, nous savons que l’homme est autant un être émotionnel qu’un être rationnel et que la manipulation et la démagogie s’appuient bien souvent sur ce ressort passionnel. C’est pourquoi, pour élargir le champ d’exercice de la liberté, l’école doit également offrir la possibilité à l’élève d’être davantage maître de ses émotions en commençant par cesser de les refouler et les reconnaître.

Enfin, il faut insister sur l’urgence aujourd’hui de ce que certains appellent une  “écologie de l’attention”. De même que notre vie sédentaire nous a conduit à faire du sport pour rester en bonne santé, l’usage omniprésent du smartphone et d’autres sources de distractions qui hachent et dispersent sans cesse l’attention produit une fatigue psychique qui exige son antidote.

 

« Cette vie n’est pas un dû mais un don. »

 

Happinez : De quelle manière peut-on répondre à cet appel de notre intériorité que vous évoquez dans votre livre La soif de l’essentiel (Marabout) ? 

Reza Moghaddassi : En commençant par se rendre justement plus attentif  à toutes les expériences qui nous ont rendu plus vivants, à ces instants de grâce où un regard d’amour, la beauté d’un paysage ou la splendeur d’une musique nous ont arrachés à l’enchaînement quotidien. Là est le point de départ, qui est une expérience et non une croyance ou une idée. Lorsque nous nous mettons au diapason de telles expériences, un élagage se produit dans notre existence et nous apprenons alors la valeur de la sobriété. Un vent de gratitude peut alors se lever pour cette vie qui n’est pas un dû mais un don. Ce qui a été enfin reçu veut alors être offert, c’est pourquoi la soif de l’essentiel nous conduit à mettre notre vie au service de plus grand que nous, à commencer au service du Bien/Aimé, non par obligation mais par choix et dans la joie.

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Astrid di Crollalanza

Tentative de bonheur n°4 : Prendre soin de ce qui compte

Ces vaillants œufs courent-ils le risque de tomber, malgré toute la maîtrise du geste mécanique ? Comment se terminera la rencontre entre l’artificiel et l’organique ?

Cette installation cinétique questionne nos souhaits de bienveillance autant que nos ardeurs de contrôle au sein d’une existence soumise à des aléas sur lesquels nous n’avons aucune prise. En tentant de maîtriser des phénomènes a priori aléatoires et imprévisibles, l’artiste canadien Samuel St-Aubin invente des dispositifs insufflant un mystère et une vie insoupçonnée à l’ordinaire, sans pour autant nier son immanquable précarité.

Retrouvez l’œuvre de l’artiste Samuel St-Aubin au fil de l’exposition “Tentatives de Bonheur”, jusqu’au 26 juillet au MAIF Social Club (37 rue de Turenne, 75003).

Pour en savoir plus : www.maifsocialclub.fr ; www.samuelstaubin.com

© Édouard Richard / MAIF

 

Conférence-événement de Jeanne Siaud-Facchin : (Re)trouver confiance et amour de soi

Jeanne Siaud-Facchin présentera, le temps d’une soirée, les fruits de son approche humaine, authentique et bienveillante du métier de psy qu’elle pratique depuis 30 ans, la même qui l’a conduite à fonder les Centres Cogito’z, dédiés aux enfants surdoués.

Prononçant sans rougir le mot “amour”, cet intérêt profond pour le bien-être de son patient, Jeanne partagera avec nous les précieuses clefs d’une psychologie nouvelle et adaptée aux besoins de chacun, une psychologie à la fois experte, intégrative et efficace qui ne nous réduit pas à notre passé comme pouvait le faire l’analyste d’hier, dans une posture froide et lointaine.Une psychologie qui se concentre sur nos ressources et nous aide à devenir, dans le présent, le véritable acteur de notre vie, en toute liberté. Une psychologie qui, enfin, « redonne une colonne vertébrale à la compréhension holistique de l’être humain » pour « aller bien, aller mieux, vivre bien, vivre la même vie mais en mieux ».

Pour plonger dans l’aventure :
• Rendez-vous le 7 octobre 2019 à 19h30
• Théâtre de l’Atelier à Paris
• Places à partir de 10 €
• Profitez de notre super tarif en catégorie 1 à 26 € au lieu de 36 € avec le code HAPPINEZ

Pour en savoir plus www.terre-etoiles.fr 

 

© Photo @stella&claudel

Entre rêve, spiritualité et sagesse amérindienne

Happinez : Par quelle quête est appelée votre héroïne Charlotte quand commence son histoire ?

Olivia Zeitline : Dans mon nouveau roman, Là où chante l’étoile, Charlotte, mon héroïne, est face à une quête inconsciente, celle d’aller vers son grand destin en accord avec ses désirs les plus profonds. Une quête qui la dépasse parfois tant elle demande beaucoup de sacrifices, de résilience, de foi et de courage. Une quête difficile à ancrer dans le fonctionnement de la société contemporaine. Charlotte cherche une place dans ce monde tout en respectant la profondeur de son chemin d’âme. Au début de son aventure, elle voudrait que plus rien ne bouge dans sa vie qui ressemble à tout ce qu’elle avait désiré depuis toujours, à ses rêves d’enfant : elle a enfin intégré la troupe de danse contemporaine d’un chorégraphe célèbre et sa vie amoureuse s’est stabilisée avec Tom, son compagnon. Mais d’étranges songes la réveillent en sueur. Il y a donc une sorte d’opposition entre la nuit et le jour… Qu’est-ce que la nuit nous révèle sur le jour ? Ces rêves nocturnes guident mon héroïne vers Los Angeles, où se rend sa troupe de danse, ville des rêves les plus grands et des stars, mais aussi des désillusions et des clochards… Je trouvais intéressant de suivre ce fil de la nuit qui fait irruption dans le jour et qui mène à la question de l’ombre et de la lumière. Quand on entre sur un chemin initiatique, la vie est une suite de transformations qui nous mènent là où on ne l’aurait pas imaginé. Il y a des phases de déconstruction et de construction, d’ombre et de lumière. Comment intégrer notre part d’obscurité dans notre grand jour ? Dans ce roman, mon héroïne va être confrontée à la nuit noire de l’âme. À chaque début de chapitre, j’écris une phrase poétique et celle-ci résume cette phase de l’évolution initiatique : « Plus on meurt, plus on renaît ». C’est dans ce trou noir que se trouve son étoile. Une étoile qui n’est peut-être pas celle de la danseuse étoile, du rêve de devenir une étoile qui brille mais une autre étoile, plus lointaine, plus mystique… Tout au long de mon roman, je traite avec poésie cette idée que la nuit jaillit pour redonner du souffle au jour si on ose écouter son message.  Ce roman, c’est aussi un récit où j’avais envie de donner de la force au lecteur pour continuer malgré les épreuves.

 

Happinez : Les rêves sont très présents dans votre livre. Quel est, à votre avis, le rôle de ces visions nocturnes dans une vie humaine ?

Olivia Zeitline : Les rêves sont le langage de l’âme, de l’intuition viscérale… Ils sont la porte d’accès à notre profondeur, à nos désirs enfouis. D’après mon expérience, ils peuvent nous montrer bien plus que ce dont nous avons conscience. Ils nous parlent par rébus, par symboles et parfois beaucoup plus clairement et simplement qu’on ne l’imagine. Les rêves de la nuit peuvent être des détonateurs, des déclencheurs, des messages de l’invisible, de nos guides, de personnes chères… Il y a autant d’explications que de sensibilités… Ils peuvent nous amener à trouver notre chemin. Je me suis beaucoup documentée à leur sujet avant d’écrire mon roman. J’ai lu notamment qu’il était important, pour s’en souvenir, d’essayer de les noter, de conserver un carnet à coté de sa table de chevet. Personnellement, les rêves sont venus me guider naturellement, souvent quand je m’y attendais le moins… De temps en temps, avant de m’endormir, je posais simplement l’intention d’avoir des réponses pendant la nuit. Les guidances ne sont pas forcément venues tout de suite mais cela a fonctionné sur la durée. C’est aussi de cette manière que mon héroïne obtient finalement le plus de réponses… Mais chacun a sa méthode et il est important de se connaître et de s’écouter. L’intrigue de mon roman est basée sur la quête de sens de Charlotte qui tente de comprendre les rêves quasi mystiques dans lesquels une ombre mystérieuse lui rend visite. Je pose la question des rêves télépathiques ou des songes en lien avec des guides, comme dans la tradition amérindienne. En réalité, ça n’est pas la réponse qui compte. C’est la manière dont toutes les interprétations font évoluer mon héroïne, dont ils la mettent en mouvement. Pour moi, les rêves nocturnes sont fondamentaux dans nos vies de par l’énergie qu’ils dégagent depuis le lieu d’où ils viennent.

 

Happinez : Votre roman évoque notamment la spiritualité amérindienne. Que vous a appris cette sagesse ?

Olivia Zeitline : Avant de commencer à écrire mon roman, j’ai fait énormément de recherches sur cette culture qui me fascinait depuis toujours, sans trop savoir pourquoi, comme si j’étais appelée à parler d’elle… Pour les Amérindiens, tout est interconnecté, chaque chose a un esprit et est une part du grand Esprit. Cela m’a fait du bien de découvrir cette manière très simple d’expliquer une sensation que j’avais instinctivement en moi depuis toutes ces années d’introspection, de rencontres et de lectures sur la spiritualité.  En effet, je me suis souvent sentie connectée aux éléments, comme si je pouvais leur parler. Dans mes romans Et j’ai dansé pieds nus dans ma tête ou Là où chante l’étoile, j’ai travaillé les éléments de la nature, le désert, la forêt, les collines comme de véritables personnages qui ont, eux aussi, des messages à délivrer à mon héroïne. Je trouve ça beau et poétique. Pour moi, cette sagesse invite donc à voir l’invisible, à entrer en relation avec cette force cosmique impalpable mais omniprésente, celle du mouvement fondateur de l’univers, et à lui faire confiance.

Dans ce roman, je me suis demandé comment comprendre leur culture et comment l’appliquer à notre mode de vie occidental… Nous ne serons jamais des Amérindiens, nous ne vivons pas en interaction avec le désert. La question que pose ce livre est de savoir comment regarder leurs enseignements pour qu’ils nous servent à nous positionner dans l’existence. Pour mon héroïne, j’en reviens à sa place dans le monde, à son envie d’être là où chante l’étoile…

Et puis, après avoir lu beaucoup de livres, j’ai eu envie d’aller les rencontrer. Tout s’est déroulé par un enchaînement de coïncidences. Avec mon compagnon, Dominique Filhol, nous sommes allés à Sedona car son court-métrage avait été sélectionné à un festival de films là-bas. Au milieu de ces roches rouges à l’énergie yang, nous avons rencontré des personnes qui, de fil en aiguille, nous ont présenté un Amérindien de la tribu des Hopis. Celui-ci nous a invités à venir chez lui et à visiter son atelier de bijoux. Nous avons roulé pendant de longues heures, dont les deux dernières au milieu du désert d’Arizona, pour finalement arriver sur un haut plateau, aux roches jaunes cette fois. Sa ville s’appelle Second Messa et il n’y a rien à part un hôtel restaurant. Les réserves sont comme les décrivent les films et c’est assez difficile à voir mais leur culture ancestrale reste très belle. Notre nouvel ami nous a conduits jusqu’à la pierre de la prophétie et nous avons été autorisés par les Esprits de leurs ancêtres à reprendre le message gravé sur ces pierres. Cette prophétie raconte comment nos ancêtres ont réussi à passer du troisième au quatrième monde, à travers le Ciel, pour arriver au Grand Canyon, le centre de l’Univers. Il faut aujourd’hui que l’humanité ouvre son cœur pour passer dans le cinquième monde, un monde d’équilibre et d’harmonie. L’important pour ce peuple, désormais, est de diffuser le message selon lequel la présence des ténèbres en tout chose doit être équilibrée. Chacun de nous peut devenir Hopi s’il développe de la compassion envers lui-même et pour ses erreurs – car nous en faisons tous – mais surtout une humilité à retrouver en urgence face à notre Mère la Terre.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

Tentative de bonheur n° 3 : Créer le merveilleux

Mais que fait-il si loin du ciel où nous nous amusions, enfants, à contempler, allongés dans l’herbe fraîche d’une matinée paisible, les cumulus à la danse éphémère, paissant près du soleil, tels des moutons immaculés ? Immobile, il flotte, comme suspendu sous une lumière zénithale, sans chercher à s’effacer ou se disperser – comportement attendu généralement de ces amas de vapeur d’eau condensée. Approchant un peu de lui, privilège rare pour des humains sans ailes, nous pourrions être déçus de découvrir que le nuage n’en est pas vraiment un, mais le brio de cette installation constituée de plaques de verre gravées et successives qui créent l’illusion, le volume et le caractère vaporeux du nuage, nous émerveille tout autant qu’une vision céleste.

Présentée pour la première fois sous cette forme en Europe, l’œuvre de l’artiste argentin Leandro Erlich nous incite à remettre en question ce qui est considéré comme réel ou comme artificiel. Ainsi, la révélation du mécanisme de l’illusion nous rappelle que le réel lui-même n’est qu’une construction de l’esprit, une mise en scène que l’on peut modifier à l’infini.

Retrouvez l’œuvre de l’artiste Leandro Erlich au fil de l’exposition “Tentatives de Bonheur”, jusqu’au 26 juillet au MAIF Social Club (37 rue de Turenne, 75003).

Pour en savoir plus :www.maifsocialclub.fr ; www.leandroerlich.art

© Édouard Richard / MAIF

 

Un autre regard scientifique sur le monde est possible…

Sommes-nous un corps qui a une conscience, ou bien une conscience qui a un corps ? La question peut sembler farfelue, et pourtant elle se pose avec beaucoup d’acuité à mesure que nos sociétés s’enfoncent dans une crise du sens. Les traditions spirituelles et religieuses nous disent depuis toujours que nous sommes d’abord conscience mais les progrès de la connaissance ont relégué cette conviction au rang de simple croyance. « Je n’ai pas trouvé l’âme sous mon scalpel ! », s’est fameusement écrié Claude Bernard, fondateur de la médecine expérimentale. « Le cerveau secrète la pensée comme le foie secrète la bile », avait affirmé Pierre Cabanis avant lui. Pourtant nous sommes entourés et même constitués d’énergies, de forces, d’influences subtiles dont il n’est guère tenu compte par la médecine classique alors que là réside certainement la clé de notre bien-être.

 

Une hypothèse devenue dogme

Pour un nombre croissant de scientifiques et de philosophes, le matérialisme relève d’une hypothèse scientifique qui s’est transformée en idéologie et en dogme. Dans l’histoire des sciences, on a écarté le sujet, l’observateur, pour atteindre à une vision “objective” du monde. Puis on a écarté l’esprit, l’immatériel, puisque seule la matière avait une existence objective. Aujourd’hui, le sujet et l’immatériel font un retour fracassant sur fond de “renversement de paradigme”, c’est-à-dire une vision du monde qui donne la primauté à la conscience. Toute notre expérience de la réalité est une expérience de conscience et il faut parvenir à articuler cette conscience au cerveau, donc au monde de la matière. C’est le “problème difficile” de la conscience posé par le philosophe David Chalmers et qui n’a pas vraiment de solution à ce jour. Soit le matérialisme ne reconnaît pas d’existence propre à “la conscience”, réduite à l’activité des neurones, soit un certain dualisme cartésien considère la conscience comme une substance distincte de la matière, mais dont on ne sait pas comment elle se relie et s’articule à elle. Un autre courant, qui se rapproche de l’idéalisme en philosophie, prétend que la conscience est la réalité première, la substance fondamentale du monde, dans laquelle la matière apparaît. Selon Mario Beauregard, chercheur en neurosciences actuellement affilié au département de psychologie de l’Université de l’Arizona, la conscience a une existence propre et elle agit sur la matière.

 

Les sciences étouffées et entravées

Venue des réflexions autour de la physique quantique et des sciences cognitives, c’est une révolution qui reste pour l’heure confinée à des cercles d’initiés, mais dont les porte-parole ont une grande respectabilité scientifique. À l’issue d’un sommet international réunissant, en 2014, des scientifiques d’horizons divers (biologie, neurosciences, psychologie, médecine, psychiatrie), Mario Beauregard a co-créé un institut baptisé Académie pour l’Avancement des Sciences Post-matérialistes et publié un manifeste qui en est l’acte fondateur. En dix-huit points, le texte dresse un constat de l’obstacle que représente désormais le postulat matérialiste pour les progrès de la connaissance. « Selon ce système de croyances, l’esprit n’est rien de plus que l’activité physique du cerveau, et nos pensées ne peuvent avoir aucun effet sur nos cerveaux et nos corps, sur nos actions et sur le monde physique », lit-on en particulier. On sait pourtant aujourd’hui les capacités de guérison que recèlent de nombreuses méthodes thérapeutiques alternatives, et qui reposent bel et bien sur un travail d’intention. Le texte n’oublie pas ni ne dénigre les progrès permis par la « philosophie matérialiste », dont les « méthodes scientifiques […] se sont avérées hautement fructueuses car elles ont permis une meilleure compréhension de la nature, ainsi qu’un plus grand contrôle et une liberté accrue par le biais des avancées technologiques. Toutefois, la dominance quasi absolue du matérialisme dans le milieu académique a étouffé les sciences et entravé le développement de l’étude scientifique de l’esprit et de la spiritualité. »

 

Notre place dans la nature

Le fait de « négliger la dimension subjective de l’expérience humaine […] conduit à une conception fortement déformée et appauvrie de nous-mêmes et de notre place dans la nature. » Ne voit-on pas l’extrême urgence à retrouver le sens de ce qui fait la nature humaine et son lien avec ce qui l’entoure, vivant et inanimé ? « La science est d’abord et avant tout une méthode non dogmatique et ouverte d’acquisition de connaissances au sujet de la nature », et elle doit pouvoir avancer sans a priori ni tabou. « Cette méthode est basée sur l’observation, l’investigation expérimentale et l’explication théorique de phénomènes. La méthode scientifique n’est pas synonyme de matérialisme et ne doit être influencée par aucune croyance, dogme ou idéologie. » La persistance d’un présupposé matérialiste dans la science moderne est pourtant un anachronisme depuis plus de cent ans. Les explorations dans le domaine de la physique quantique ont en effet montré au-delà du doute que la matière aux échelles infinitésimales se réduit à de l’information en interaction avec la conscience de l’observateur. Il n’y a plus d’objet, il n’y a plus de matière, seulement une entité mathématique qui traduit la relation entre ce qui est observé et ce qui observe. « Le monde physique […] ne peut pas être compris sans faire référence à l’esprit », résume le manifeste pour une science post-matérialiste.

 

Nos pensées influencent le corps

Des expériences ont d’ailleurs montré que la conscience d’un observateur pouvait interférer avec le comportement soit ondulatoire soit corpusculaire d’une particule quantique comme un électron. Pour que cela soit possible, il faut que la conscience ait une existence propre, qui se traduise en termes énergétiques afin d’agir sur la matière. Il faut que l’énergie psychique et l’énergie physique soient une seule et même chose ou bien que l’une se transforme en l’autre. Des milliers de publications scientifiques documentent aujourd’hui les effets de la méditation ou le pouvoir de l’intention sur le corps. « De surcroît, des travaux en psycho-neuro-immunologie indiquent que nos pensées et nos émotions peuvent grandement influencer l’activité des systèmes physiologiques (par exemple : immunitaire, endocrinien, cardiovasculaire) connectés au cerveau. Par ailleurs, les études de neuroimagerie de l’autorégulation émotionnelle, de la psychothérapie et de l’effet placebo, démontrent que les événements mentaux affectent significativement l’activité du cerveau », poursuit le texte. Les phénomènes psi, les expériences de mort imminente et même la médiumnité produisent des résultats de recherche qui doivent être pris en compte dans notre description du monde. Dans le même temps, les questions fondamentales de la physique sont plus que jamais ouvertes : qu’est-ce que l’espace, qu’est-ce que le temps, qu’est-ce que la matière ? « Les données qui ne sont pas compatibles avec les théories et croyances des scientifiques ne peuvent être rejetées a priori. Un tel rejet appartient au domaine de l’idéologie, pas à celui de la science. »

 

L’existence d’un Esprit

Le matérialisme échoue « à expliquer comment le cerveau pourrait générer l’esprit et (est) incapable de rendre compte des évidences empiriques discutées dans ce manifeste. Cet échec indique qu’il est maintenant temps de nous libérer des chaînes de la vieille idéologie matérialiste, d’élargir notre conception du monde naturel et d’embrasser un paradigme post-matérialiste. »  Ce paradigme postule que « l’esprit représente un aspect de la réalité tout aussi primordial que le monde physique », et qu’il existe « une profonde interconnexion entre l’esprit et le monde physique », de sorte que « l’esprit (la volonté/l’intention) peut affecter l’état du monde physique et opérer de manière non-locale, c’est-à-dire qu’il n’est pas confiné à des points spécifiques dans l’espace (tels que le cerveau et le corps) et le temps (tel que le présent). » Comme le disait Erwin Schrödinger, codécouvreur de la physique quantique : « La conscience est un singulier qui n’a pas de pluriel ». Ainsi, les observations suggèrent « l’existence d’un Esprit qui englobe tous les esprits individuels », écrivent les auteurs du manifeste, alors que d’autres expériences aux portes de la mort suggèrent « la survie de la conscience […] et l’existence de domaines de réalité non-physiques. » Bien sûr, l’existence de la matière n’est pas rejetée : « La science post-matérialiste perçoit la matière comme un constituant fondamental de l’univers. »

 

Les auteurs de ce texte sont également pour la plupart des membres de l’Académie pour l’Avancement des Sciences Post-matérialistes. Outre Mario Beauregard, on y trouve Gary E. Schwartz (Pr. de psychologie et médecine), Lisa Miller (Pr. de psychologie), Larry Dossey (médecin), Dean Radin (ingénieur et psychologue), ou encore Menas Kafatos (physicien). Le manifeste en lui-même a été signé par des centaines de scientifiques et d’intellectuels, y compris en France. Même si la France est le dernier bastion du cartésianisme, elle s’honorerait à s’ouvrir davantage à ces réflexions. En effet, si les bases scientifiques d’une autre lecture du monde ne sont pas reconnues et valorisées, une large frange d’enthousiastes se tourne vers des sources alternatives, à la fiabilité douteuse.

 

Jocelin Morisson (journaliste scientifique)

Les clins d’œil magnifiquement simples de la vie…

S’ÉMERVEILLER

La personne qui m’inspire le plus à travers cette thématique est ma grand-mère de 95 ans. On échange sur énormément de sujets, c’est une véritable amie pour moi. Cette maîtresse femme a fait de grandes choses dans sa vie tout en restant extrêmement jeune et elle a une capacité incroyable pour s’émerveiller. Elle s’amuse du fait qu’: « il y a des personnes de 20 ans qui sont déjà des vieux car blasés et trop prudents, et des personnes âgées pétillantes et pleines de vie car elles ont le pouvoir de se réjouir de tout et de se projeter dans l’avenir. » J’ai observé que lorsque j’avais des attentes trop élevées, j’étais souvent déçue. Par exemple, en partant en voyage. J’adore l’Italie et j’avais nourri beaucoup d’espoir avant de visiter la Sicile, cette île volcanique à l’histoire si riche. Finalement, ça a été mon voyage le moins réussi. En revanche, en lâchant prise, en ne préparant presque rien, en vivant les choses sans les avoir planifiées, sans me dire ce que je dois absolument visiter ou faire, ma capacité d’émerveillement est largement plus forte. J’ai de très jeunes enfants et je les vois s’émerveiller plusieurs fois par jour, les yeux écarquillés, surpris d’observer quelque chose de nouveau, de beau ou simplement de différent. C’est toujours très spontané, à des moments où l’on ne s’y attend pas forcément. J’ai conscience que, plus le temps passe, moins j’aurai la chance d’observer dans leurs yeux ce rapport merveilleux au réel. Mais peut-être est-ce aussi à moi de cultiver chez eux ce regard neuf, cette fraîcheur, pour qu’ils puissent perdurer au fil des années.

GRATITUDE

Bouddha disait : « Une journée sans gratitude est une journée perdue ». Même les événements les plus douloureux peuvent nous faire grandir et devenir meilleurs. L’une de mes amies a traversé une épreuve terrible et aujourd’hui, quand elle en reparle, elle me dit : « Ce qui est arrivé est arrivé, je l’admets maintenant. Et je réalise que j’ai beaucoup appris. Aujourd’hui, je suis plus forte et plus heureuse car ma capacité à me réjouir a été décuplée ». Je trouve ça magnifique. En vivant quelque chose qui ne semblait pas tolérable, elle a appris à savourer les bonheurs simples du quotidien. Pour ma part, j’apprends à dire merci. Le soir, avec mes enfants, nous avons un rituel : on allume une bougie et nous faisons une petite prière en suivant cette trame : « Merci. Pardon. S’il-vous-plaît ». Le “merci” des enfants peut être inattendu voir déconcertant : « Merci pour le dessert qui était très bon », mais le simple fait de chercher à se remémorer les moments joyeux de leur journée change leur vision de la vie. Le pardon a aussi un vrai sens. Un jour, j’ai senti quelque chose se débloquer lorsque j’ai demandé pardon à mes enfants : « Aujourd’hui, je me suis énervée contre vous et je n’aurais pas dû. J’ai eu une journée fatigante et compliquée, mais vous n’y êtes absolument pour rien ! ». J’ai senti un vrai soulagement dans leur regard. Parce qu’ils comprenaient non seulement qu’ils n’avaient rien à se reprocher, mais peut-être également que les adultes aussi sont vulnérables et peuvent commettre des erreurs ? Enfin, le “s’il-vous-plaît” n’a pas moins d’importance : il inspire espoir et rêve.

 

Sandrine Mignaux, 41 ans, est directrice France de la marque de bien-être et de cosmétiques Rituals. En dépit d’un agenda chargé avec de nombreux déplacements en France et à l’étranger, cette maman de deux jeunes enfants (un troisième naîtra cet été) et pratiquante assidue de yoga ashtanga s’accorde des moments de pause auprès des siens ou seule, pour se recentrer et puiser son énergie.

 

Propos recueillis par Nathalie Cohen et Aubry François

Portrait © Rituals – Tous droits réservés

Entretenir l’énergie de l’amour

Happinez : Quel constat pouvez-vous actuellement dresser sur l’état général du couple ?

Marc Balhassen : Le couple est en crise. Aujourd’hui, et ce depuis des décennies, le nombre de divorces ne cesse d’augmenter. 45% des mariages finissent par un divorce, soit quasiment un sur deux. Vivre à deux n’est pas une entreprise facile et les turbulences que traversent les couples sont inévitables. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas la cause majeure des séparations bien qu’elles participent à l’émiettement des relations amoureuses. La difficulté grandissante de parvenir à une jouissance commune, partagée, en est la raison principale. Elle affecte l’équilibre du couple en amenant chaque partenaire à chercher des compensations narcissiques virtuelles. Il en résulte un appauvrissement de l’amour et du désir.

Happinez : Vous écrivez que nous n’avons plus aujourd’hui “l’énergie d’aimer”. Pour quelles raisons ?

Marc Balhassen : L’amour et le désir dans un couple ne sont pas des données immuables. Ils ne sont pourtant pas voués à disparaître avec le temps. L’amour ne va pas de soi. Il est pour cela nécessaire de l’entretenir et cela demande de l’énergie. Pour aimer, il faut donner. Cela se fait tout naturellement, me direz vous, surtout quand l’amour est réciproque. Mais aimer sans s’épuiser est presque impossible car l’amour en demande toujours plus. Chacun réclame en quelque sorte son dû, mais ça n’est jamais assez. Alors oui, l’amour, ça use et si l’on n’en prend pas soin, en re-dynamisant les dons réciproques, il risque de se mettre à dépérir parce qu’il en perd son âme qui n’est autre que l’autre, du moins partiellement. Partiellement car l’amour de soi subsiste souvent. Et puis il y a le monde virtuel, digital (sans oublier la télé), l’un des plus grands ennemis du couple, justement parce qu’il absorbe l’énergie de l’amour et du désir et la remplace par une nourriture narcissique incessante qui gratifie sans compter et sans discontinuer. Le couple, ainsi oublié, finit par se contenter d’un côte à côte nourri par un attachement de circonstance, pâle figure de l’amour.

Happinez : Auriez-vous quelques clés à nous offrir pour engager son couple dans une voie d’épanouissement ?

Marc Balhassen : Tout d’abord, il est indispensable que chaque membre du couple ait le désir de cheminer vers un bien-être commun et, pour ce faire, il faut en passer par des remises en cause réciproques pouvant aboutir à des consensus de vie fondés sur l’amour, le désir et l’épanouissement. Il faut éviter les rapports de force toxique où l’un des partenaires cherche clairement à dominer l’autre, quitte à engendrer encore plus de souffrance que celle déclenchée par l’amour. Communiquer sans se battre. Dialoguer explicitement sur ce qui ne va pas dans le couple, et pour chacun, est essentiel. Les problèmes de relations amoureuses ne se règlent pas par des passages à l’acte, mais par la parole. Accepter de ne pas être aimé comme on voudrait l’être car chacun aime à sa façon. C’est le travail psychique intérieur le plus difficile et le plus douloureux. Accepter les différences de l’autre et ne pas forcer son partenaire à être comme on voudrait qu’il soit et à faire à l’identique de soi. Tolérer que chacun s’épanouisse sans l’autre pour le plus grand bénéfice du couple. Vous en trouverez bien évidemment d’autres dans mon ouvrage.

 

Propos recueillis par Aubry François

 

 

 

 

 

Surmonter l’impossible pour une mère…

Le film Et je choisis de vivre raconte ce parcours plein de justesse et d’émotion. Sous l’œil de la caméra, les deux compagnons de marche partent à la rencontre de celles et ceux qui, comme Amande, ont perdu un enfant.

Ont notamment croisé leur chemin le psychiatre et psychothérapeute Christophe Fauré, spécialisé dans l’accompagnement des ruptures de vie, tel le deuil ; Nadette Galichet, femme vive et généreuse de 78 ans qui perdait son enfant il y a un demi-siècle et a soif de transmettre la manière dont elle s’en est sortie grâce à la foi, l’espoir et l’amour ; Armelle Six, qui a débuté un long cheminement intérieur suite à la perte de son fils, mais aussi la famille Clermont, père, mère et enfants, qui, suite au départ de leur fils et de leur frère Gaspard, ont dû réapprendre à vivre.

Ces rencontres précieuses et les moments de ressourcement passés dans une nature magnifique vont permettre à Amande de vivre pleinement son deuil, un processus qui n’a jamais de fin mais à travers lequel il est possible de trouver, un jour, un certain apaisement.

Au cinéma depuis le 5 juin.

 


Ce vendredi 28 juin, sauvons l’homéopathie !

Rendez-vous, vendredi prochain, à Paris à l’Esplanade des Invalides ou à Lyon place de la Comédie, de 10h30 à 14h.

Pour Paris : Esplanade des Invalides (entre les rues de l’Université, Saint-Dominique, de Constantine et l’avenue du maréchal Galliéni). Métro Invalides et Tour Maubourg (ligne 8) ou Assemblée Nationale (ligne 12).

Ces rassemblements se feront dans le calme et le respect des hommes et des lieux.

La pétition en ligne est toujours disponible  : www.monhomeomonchoix.fr