Le sommeil est un phénomène miraculeux.
Vivre avec l’invisible… Rencontre avec Marie de Hennezel
Rêves significatifs, sensation de présence, aide miraculeuse… Bien qu’il soit difficile, dans cette société où la raison règne en maître, d’oser se confier sur la réalité qu’est l’invisible, la psychologue et écrivaine Marie de Hennezel nous rassure : nous ne sommes pas seuls à en faire l’expérience et pouvons avoir confiance dans nos ressentis. Voici un extrait de l’interview parue dans Happinez 63…
C’est une question fréquente dans les dîners entre amis et que nous nous autorisons à poser à partir d’une certaine heure, quand les vapeurs d’alcool ont endormi notre petit censeur intérieur ou bien lorsque les lampes tamisées mysticisent suffisamment l’ambiance : « Est-ce que tu crois en l’invisible ? » Passées les railleries habituelles qui expliquent en quoi il est tout à fait absurde d’y prêter le moindre crédit, quelques témoignages émergent qui, s’ils ne renforcent pas les positions des uns, font parfois vaciller les certitudes des autres. Depuis trente ans, Marie de Hennezel tient un journal où elle consigne fidèlement tout ce qui se rapporte, dans son quotidien, à l’invisible, de sa vie intime aux récits de ses patients. Ayant choisi d’écarter la question de la croyance en l’invisible, dont l’importance lui semble secondaire au vu de l’état actuel des recherches scientifiques, au profit de l’expérience, la psychologue et écrivaine, qui a publié en septembre dernier le livre Vivre avec l’invisible (Robert Laffont/Versilio), s’est penchée sur la relation naturelle entretenue par nombre d’êtres humains avec cette dimension où demeurent des chers disparus, où veillent des anges gardiens et où naissent les rêves qui désignent le chemin à prendre. Au long de cette rencontre, les propos de Marie restent empreints d’un profond désir : celui d’offrir à ses lecteurs le sentiment de ne plus être seuls, de leur inspirer une confiance nouvelle quant à leur ressenti de l’invisible et de les inviter à partager, sans aucune peur, leurs expériences. Une invitation à conduire les mentalités actuelles au-delà d’elles-mêmes, là où la raison n’a parfois pas sa place.
Happinez : Faut-il considérer l’invisible comme quelque chose de paranormal et de surnaturel ?
Marie de Hennezel : Ce qu’il me semble important de dire d’abord, c’est que mon livre ne porte pas sur l’invisible, mais sur le lien que les gens partagent avec ce qu’ils nomment ainsi. J’ai découvert que chacun a sa propre définition de l’invisible et y met quelque chose de personnel. Il n’y a pas une définition de ce mot, si ce n’est une définition des plus banales : c’est ce que nous ne voyons pas. Dès lors, le champ de l’invisible s’avère très vaste. Je me suis aussi rendu compte que le lien entretenu par la plupart des êtres humains avec l’invisible est tout à fait naturel et normal puisqu’il fait partie de leur vie. Il n’est donc ni paranormal ni surnaturel. Et c’est justement parce que les signes qu’ils voient, les intuitions qu’ils ont ou bien la communication qu’ils entretiennent avec leur invisible entrent dans la catégorie de l’irrationnel qu’ils n’osent pas en parler. Ils ont peur d’être jugés, que nous ne les croyons pas. L’invisible, pour moi, n’est justement pas de l’ordre de la croyance, mais de l’expérience. C’est cette expérience de l’invisible que j’ai voulu raconter à travers cet ouvrage. Une expérience secrète, intime,
que beaucoup d’entre nous font mais que nous ne partageons qu’avec très peu de personnes. La chance que j’ai eue, c’est que les gens m’ont fait confiance et m’ont confié des histoires, parce que je me suis moi-même appliquée à leur livrer mon propre lien à l’invisible.
Pensez-vous pour autant que l’invisible échappe totalement à la raison ?
Je dirais que pour le moment – et parce que je ne peux pas présager de ce qu’il se passera dans l’avenir – l’invisible reste mystérieux. Personnellement, je n’ai pas voulu entrer dans cette tentative de prouver la véracité scientifique de ce que l’on me raconte. Ce qui m’intéresse vraiment, c’est de voir que les gens font l’expérience de l’invisible et comment cela les aide au quotidien. Et ils sauront, en lisant mon livre, qu’il leur est possible de partager ce lien autour d’eux. Pas plus tard qu’hier, j’en parlais avec un chauffeur de taxi qui m’a dit : « Mais moi je fais cette expérience, je communique avec mon grand-père. » C’est le genre de phrase que j’entends très souvent. Lorsque je discutais de mon prochain contrat avec un éditeur, celui-ci m’a montré un portrait de sa grand-mère, qui trônait sur sa table : « Vous voyez, elle est là, elle est présente et je lui parle. » Ce lien s’étend de lui à elle. J’y prends part quelques instants car nous évoquons le sujet, mais la plupart des personnes qui entrent dans son bureau continueront d’ignorer qui figure sur cette photo. Et ce que me dit cet homme, c’est qu’il ne s’agit pas d’un lien à sens unique. Il a l’impression, comme souvent les gens me disent, que le message est entendu et qu’il reçoit une réponse intérieure. Ils n’entendent pas des voix, cela fait juste partie de leur vie.
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Retrouvez l’intégralité de cette passionnante interview dans Happinez 63 !
Pour aller plus loin : écouter l’ITV sur Airzen !
Propos recueillis par Nathalie Cohen, Aubry François et Agathe Lebelle
Photographie Gwladys Louiset Photography