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“L’inconnue du 17 mars”, un petit bijou, remède contre la peur, de l’écrivain Didier van Cauwelaert

Catégorie(s) : Contes, poésie..., Sagesse & spiritualité, Livres, Développement personnel, Bien-être, Art de vivre, Nature, Santé, À la une, À découvrir, Rencontres

Sous la plume de Didier van Cauwelaert, prix Goncourt 1994, récits stupéfiants et style jubilatoire s’unissent pour réconcilier deux ennemis jurés : la science et l’extraordinaire. Auteur d’une œuvre qui a conquis une trentaine de pays, il rebondit aujourd’hui sur la crise sanitaire en en transposant les enjeux multiples – dont un gigantesque, notre liberté – dans L’inconnue du 17 mars. Vous lirez, vous aussi, ce nouveau roman inclassable, ce petit bijou, qui distance à vitesse d’O.V.N.I les véhicules traînants de la normalité. Vous découvrirez avec un plaisir difficile à dissimuler l’histoire du sans-abri que le confinement délivra. En attendant de vous le procurer, Didier van Cauwelaert vous raconte quelques grands motifs présents dans son livre et les non-dits de cette période-clé que nous vivons et à laquelle il est étroitement associé. Il partage également dans cette interview exclusive ses intuitions en révélant volontiers les fantastiques dimensions thérapeutiques que possède en puissance cette expérience commune : développement de notre esprit critique, lien à l’autre, capacité à rebondir et faculté à s’émerveiller.

Happinez : Vous avez l’habitude de proposer à vos lecteurs des œuvres aussi troublantes qu’originales. L’inconnue du 17 mars n’échappe pas à la règle. Comment définiriez-vous cet ovni littéraire ?

Didier van Cauwelaert : L’auteur n’est jamais le mieux placé pour définir son œuvre. Des critiques ont parlé de “conte philosophique façon Voltaire”, d’autres l’ont rapproché, pour son point de vue décalé et son humanité hors norme, du Petit Prince ou de E-T. Ce que j’ai souhaité raconter, c’est une histoire de reconstruction sur fond de chaos.

 

L’avez-vous écrit pendant le confinement ? Que symbolise pour vous l’idée du confinement et comment avez-vous vécu cet étrange printemps ?

J’ai commencé l’écriture la veille du confinement. Je ne pouvais pas rester les bras croisés durant cette privation de liberté inédite. Le confinement en soi ne bouleverse pas la vie d’un auteur, habitué à se couper du monde pour se retrancher dans une œuvre, mais il fallait que je reprenne le pouvoir sur le présent avec mes armes : l’imaginaire, l’humour, le réalisme fantastique et l’empathie active. Raconter la résurrection d’un sans-abri qui se rouvre à lui-même et au monde, alors que tout se referme autour de lui, m’est apparu assez vite comme une nécessité vitale pour moi et un cadeau d’espoir nécessaire à mes lecteurs, dans un moment aussi anxiogène.

 

Pensez-vous, comme l’un des personnages de votre roman, que la Covid-19 est un message adressé à l’humanité ? Si oui, quel serait pour vous ce message ?

On est toujours libre de trouver un message dans les épreuves qui nous affligent comme dans les bonheurs qui nous transcendent. Le pire des virus, c’est la peur, qui détruit les défenses immunitaires et les valeurs qui protègent nos civilisations, ouvrant la porte à la haine, à la méfiance générale, au besoin de boucs émissaires. Tant de personnes semblent prêtes aujourd’hui à renoncer à leurs libertés pour l’illusion de se sentir sécurisées. C’est la porte ouverte aux dictatures sanitaires. Mensonges d’État, vérités médicales contradictoires et fausses promesses se succèdent pour assommer les gens, à tel point que la léthargie universelle risque de supplanter l’instinct de révolte. Or, ce qui peut le mieux nous sauver, c’est la confiance dans les ressources de notre organisme, l’empathie, la solidarité, la lucidité critique face aux intérêts “supérieurs” qui nous manipulent. « Ce qui vous arrive sert à vous rappeler qui vous êtes, dit mon héroïne. Il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent. » On a eu de merveilleux exemples d’entraide et d’héroïsme au quotidien. Et on a vu le pire : les délations, les actions de copropriétaires pour déloger des infirmières “potentiellement contaminées”…

 

Certaines informations présentes dans votre livre pourraient sembler absurdes pour beaucoup, voire relever de la théorie du complot. Je pense notamment aux effets nocifs de la 5G. Ces informations ont-elles malgré tout une réalité ?

Toutes les données scientifiques et médicales que je cite sont réelles, résultats d’études indépendantes non financées par des laboratoires ou des opérateurs téléphoniques. À chacun de se faire son opinion et d’œuvrer pour sa santé en connaissance de cause.

Aujourd’hui, les censeurs et les “politiquement soumis” ont un peu trop tendance à qualifier de “complotisme” la circulation d’informations et l’esprit critique. C’est très commode pour les censeurs, le complotisme. C’est une vaste décharge à ciel ouvert, où les élucubrations parano et l’hystérie extrémiste neutralisent par contagion les alertes dérangeantes, les vérités illicites, les arguments trop convaincants pour être réfutés autrement que par l’opprobre et l’amalgame.

 

Quel rôle la femme, très présente – qu’il s’agisse de l’ex-épouse de votre héros Lucas, de son amour de jeunesse ou encore de sa belle-mère – joue-t-elle dans ce livre ?

Dans mes romans, les femmes ont toujours des rôles d’empreinte ou de révélateur. Mes personnages masculins se sont souvent construits sur des bonheurs, des manques, des rêves inaccessibles, puis déconstruits suite à des trahisons ou des drames. Lorsqu’ils se reconstruisent au travers d’une rencontre, d’une découverte ou de retrouvailles, c’est généralement grâce à une femme. Mes livres ne font que transposer mon vécu émotionnel dans d’autres destins, tout en s’efforçant de donner sa juste place au point de vue féminin. Ici, Lucas s’est construit sur six mois de bonheur avec Audrey, à 17 ans. Il s’est enfermé dans cet amour perdu, au point d’épouser Amandine pour sa seule ressemblance avec Audrey, et de gâcher leur histoire en lui imposant cette limite, ce refus de la voir telle qu’elle est. Sans dévoiler les rebondissements du roman, c’est l’union paradoxale de ces deux femmes qui le sauvera.

Quant à son ex-belle-mère… J’aime bien ces personnages qui en apparence vous pourrissent la vie, et se révèlent être vos meilleurs alliés lorsque tout le monde vous abandonne.

 

L’aventure de Lucas n’est-elle pas en quelque sorte une métaphore du rêve vécu par chacun d’entre nous au temps du confinement, lorsqu’il devenait difficile de distinguer parmi les informations transmises 24/24h ou le soudain chaos mondial – ce qui était de l’ordre du fantasme ou du réel ?

Bien sûr. Lorsque vous êtes soumis à la triple action du matraquage, de l’autorité liberticide “pour votre bien” et de vérités fluctuant au fil des manipulations induites par les conflits d’intérêt, vous perdez vos repères habituels. Vivre une situation surréaliste, ça vous casse, ou bien ça vous aide à exploser vos limites. L’aveuglement des autres peut vous pousser à voir enfin clair en vous. À remettre en question ce qui semble réel, tout en osant réaliser des fantasmes qui, dans une telle période, peuvent être de vraies planches de salut. Trois valeurs refuges (je préfère parler de valeurs tremplins) sont très importantes lorsque le monde autour de nous perd la boule : l’esprit critique, la faculté d’émerveillement et la capacité à rebondir. Lucidité face au pire comme au meilleur, audace individuelle et solidarité offensive sont les meilleures armes, face à un ennemi invisible qu’on voudrait nous faire croire invincible.

 

Avez-vous l’impression, comme dans cette histoire, qu’il revient à chacun de nous de sauver le monde – ou du moins une part du monde – avant qu’il ne soit trop tard ?

Sauver le monde, c’est d’abord rester opérationnel. Savoir qui l’on est et ce que l’on veut, choisir un terrain d’action, sélectionner celles et ceux avec qui nous partagerons cet engagement, et ne pas se laisser décourager par ce qui paraît hors de portée, illusoire, perdu d’avance. Seul l’impossible peut nous donner des ailes. Sauver le monde, c’est restaurer la confiance en soi, la foi en l’autre et les capacités d’action qu’elles génèrent. C’est rendre au rêve et à l’idéal partagé la puissance de feu que tentent de détruire les pouvoirs totalitaires, les fanatismes et les objectifs financiers qui s’emploient à nous dresser les uns contre les autres ou à nous désactiver grâce à la peur. Beaucoup de gens me disent que lire L’Inconnue du 17 mars leur a redonné des anticorps face à une réalité pathogène. Mon espoir de changer le monde, il est là, au même titre que mes engagements humanitaires autour des animaux. Montrer, comme je le fais dans le roman, que les chiens sont les meilleurs testeurs de Covid dont on dispose, a eu des répercussions importantes dont je me réjouis. La fiction est là pour modifier la réalité, non pour la travestir.

 

Il est aussi question de la guérison par les sons. Au-delà de la fiction, que pouvez-vous nous en dire ?

C’est un fait quantifiable, mesurable et reproductible – la définition même d’un phénomène scientifique : chaque organe de notre corps émet une vibration particulière quand il est en bon état de fonctionnement. Lorsque ce n’est pas le cas, renvoyer aux cellules, par un simple casque à électrodes, leur fréquence optimale, peut les aider à se “réaligner”. C’est ainsi que mon médecin me soigne. Le grand inconvénient de ce genre de thérapie, c’est qu’il ne rapporte rien aux laboratoires, d’où les campagnes de dénigrement que ceux-ci orchestrent périodiquement. Mais de plus en plus de médecins se forment à ces techniques (système Mora, ondes scalaires SWD du Pr Konstantin Meyl…) Leurs résultats parlent pour eux.

Concernant le virus Covid 19, le séquençage de son génome a permis une conversion en notes musicales (les biolodies), dont l’audition pourrait constituer un traitement d’appoint. Des chercheurs affirment que, par résonance cellulaire, ces sons pourraient créer dans notre corps des conditions électromagnétiques empêchant le développement du virus. Le téléchargement de cette biolodie est gratuit sur Internet, des centaines de milliers de personnes l’ont effectué. J’en connais plusieurs qui disent avoir été guéries en six jours par ce “sérum sonore”. On est libre de ne pas y croire ou de s’en méfier, mais, en tout état de cause, la musique est rarement source d’effets secondaires indésirables…

 

Comment imaginez-vous l’après Covid ?

Les épidémies passent, mais les dommages collatéraux ne sont pas prêts de disparaître. Crises financières, faillites, destructions d’emplois, procès sans fin contre des responsables et des profiteurs présumés, dictatures sanitaires cherchant d’autres prétextes pour réduire les libertés, affiner le traçage, le contrôle et l’infantilisation des populations… Plus que jamais il faudra se battre pour nos droits, nos valeurs humaines et l’avenir de notre planète. Quand la mobilisation anti-Covid sera terminée, il faudra bien qu’on se rende compte que ce matraquage mondial (pour un virus qui tue moins que la grippe, comme vient de l’admettre l’OMS – 1,1 % de létalité contre 1,3%) nous a détournés de la menace planétaire la plus grave. Je veux parler de la fonte du permafrost, ces sols gelés de l’Arctique emprisonnant virus d’autrefois, méthane et gaz carbonique en quantité gigantesque.

Mais pour faire face à une si grande urgence, il faudra venir à bout des séquelles psychologiques de cette guerre d’usure contre un ennemi invisible dans laquelle on nous a enrôlés. Comme dit mon héroïne : « La fin de la pandémie dépend de vous. Du temps que vous mettrez à vaincre le déni, la panique, le désespoir, la peur de l’autre et de vous-mêmes, à les convertir en amour. Pour assurer votre survie. »

 

Propos recueillis par Aubry François

Portrait © Marine Brusson – Yoga magazine