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L’Amour selon Yor Pfeiffer, une histoire de lien

Catégorie(s) : Contes, poésie..., Sagesse & spiritualité, Développement personnel, Bien-être, Art de vivre, Rencontres

Après plusieurs lapins posés à la mort, Yor Pfeiffer comprend qu’il est temps de se consacrer pleinement à ce qui le fait vibrer, la musique. Devenu auteur, compositeur et interprète, il parcourt les routes pour transmettre la flamme du partage, de l’unité et de la résilience. Son histoire, il la raconte dans Je suis parce que nous sommes (éditions Ipagination, 2017) et la chante dans son premier album, Maintenant, qui sort le 4 juin. Cette interview “Paroles Inspirées” est l’occasion pour Yor de partager avec nous ce qu’évoque pour lui le verbe “aimer”. Une histoire de lien.

Aimer

C’est à la fois un verbe qui m’a fait peur pendant des années, et probablement aussi que j’ai trouvé cul-cul, parce que pas compris, en fait. Et peut-être pas compris parce que véhiculé à travers une foi qui, moi, ne me parlait pas. Lorsqu’on me disait « Aimez-vous les uns les autres », je ne l’entendais pas ; et même quand les gens répétaient « Il faut s’aimer soi-même », c’est une formule que je ne comprenais pas non plus. D’ailleurs, lorsqu’on parle d’estime ou d’amour de soi, je crois que quand on se trouve gros, con et moche, si en plus on doit s’aimer et qu’on n’y arrive pas, ça nous rajoute un complexe de plus. Donc, cette espèce de devoir de l’amour, de s’aimer soi-même et d’aimer les autres, je pense que c’est quelque chose qui est très difficile à saisir.

Mais si je commence à réfléchir et à me dire « mets-toi en lien avec toi », là c’est autre chose. Fondamentalement, je crois que cet amour qui, aujourd’hui, me parle, est entrevu et réfléchi à travers l’histoire du lien. Et c’est la raison pour laquelle l’Ubuntu, philosophie sud-africaine du “Je suis parce que nous sommes”, me parle aussi fort. Je me sens relié à un Tout, à quelque chose de plus grand, de plus haut, de plus fort que moi et je pense que c’est ça aimer, c’est se sentir en lien.

J’aime énormément ce conte du voyageur qui arrive aux abords d’un village et qui demande à un vieil homme : « Ils sont comment les gens, ici ? » et le vieux lui rétorque « Ils étaient comment les gens, chez toi ? ». Le voyageur répond : « Ils étaient horribles et se tapaient dessus tout le temps ! Ce n’était que rapport de force, envie, jalousie ». Et le vieux lui dit « Bah, ici, c’est pareil. » Et le voyageur s’enfonce dans le village avec une tristesse infinie. Et il y a un autre voyageur qui débarque, qui voit le même vieux et lui pose la même question. Comme précédemment, il lui répond par une question « Ils étaient comment les gens chez toi ? » et le voyageur s’éclaire : « C’était extraordinaire. L’amour, le partage, la solidarité… ». Et le vieux lui dit « Bah, ici, c’est pareil ».

Je trouve ça génial parce qu’effectivement, quand vous n’êtes pas en lien, comme le voyageur n°1, l’Univers vous prouvera que vous avez raison et que le monde est archi-pourri. Mais si, par hasard, vous retrouvez ce lien (avec vous-même avant tout), eh bien la vie ne vous enverra plus du tout le même message, de la même manière que le voyageur n°2.

Propos recueillis par Nathalie Cohen

© Pierre-Yves Touzot

L’album Maintenant sera disponible le 4 juin sur toutes les plateformes, et l’est déjà sur  yorpfeiffer.bandcamp.com/releases