Le sommeil est un phénomène miraculeux.
« Soyez l’amour que vous voulez voir dans le monde » Sofia Stril-Rever
Ouvrir, pour l’humanité et les générations à venir, une nouvelle voie d’amour qui inclurait l’ensemble des êtres de cette Terre, irremplaçable palette où viennent se déposer les couleurs de la vie : voici le désir profond et actif que nous transmet Sofia Stril-Rever dans son livre L’Urgence d’Aimer, publié le mois dernier chez Massot Éditions. Auteure, conférencière, biographe française du Dalaï-lama et enseignante spirituelle, elle y présente les médit-actions Be the Love qu’elle a créées et dont le protocole intègre les sagesses traditionnelles, l’écologie profonde, les neurosciences contemplatives mais aussi l’Agenda 2030 des Nations Unies. Car à l’heure où le pronostic vital de l’humanité est engagé, méditer c’est éveiller sa conscience et agir pour vivre mieux et prendre soin de la planète. Interview.
Happinez : Que signifie pour vous le mot “aimer” ?
Sofia Stril-Rever : Aimer, être aimé sont nos plus grandes joies humaines. Dans L’Urgence d’aimer, j’invite à développer l’amour au-delà de la sphère privée, au cœur de la transition sociétale. Aimer, c’est réaliser que l’ensemble dont nous faisons partie est l’essence de notre être. C’est prendre soin de la vie plus vaste que nous et de la vie en nous. L’amour est une force d’évolution et de co-création planétaire, parce que l’amour est une puissance plus grande que nos sentiments. L’amour est notre dimension d’universel, qui transcende la séparation opposant l’individuel et le collectif. Aimer, c’est créer des liens, et toute notre puissance en tant qu’humains est dans nos liens.
En 2020, l’urgence est urgence d’aimer en amont des crises. Car la Covid-19, les attentats, l’érosion de la biodiversité et le réchauffement sont les symptômes d’un mal civilisationnel profond. Un changement de paradigme s’impose afin d’éradiquer les causes structurelles de la violence, du terrorisme, de l’extrême pauvreté, de la prédation des ressources ou du changement climatique. Nous avons besoin de vivre notre rapport à l’autre (humain et non humain, habitant de l’écosystème Terre) avec tendresse, en l’aimant comme une part inaliénable de nous. Car nous sommes organiquement liés au sein du vivant inter-dynamique.
L’Urgence d’aimer sort dans un contexte éprouvant, pandémie mondiale, reconfinement et terrorisme. Mes premiers lecteurs me disent que ce livre les aide à traverser le chaos actuel en accompagnant leur quête de sens. Écoutons notre cœur qui sait transformer la peur en amour, notre cœur qui nous réunit à notre humanité, à notre liberté. Notre cœur n’est pas confinable. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait Gandhi au siècle dernier. En 2020 je lui réponds : « Soyez l’amour que vous voulez voir dans le monde ».
Quel bilan dresser de la relation entre l’homme et la nature ?
La civilisation matérialiste contemporaine s’est construite sur une relation de domination de la nature. L’idéologie de la supériorité humaine a légitimé une prédation et une exploitation du vivant qu’on a appelé “progrès”, mais qui a détruit la matrice délicate de la vie. Il en résulte la 6ème extinction massive. Une espèce animale ou végétale disparaît de la surface du globe toutes les 20 minutes. Considérant que les 5 extinctions précédentes étaient causées par des événements naturels, je préfère parler à ce sujet d’une Première extermination. Des prises de conscience se multiplient cependant et une initiative remarquable pour la préservation des écosystèmes est à saluer : en mars 2017, la cour de justice de l’État d’Uttarakhand, dans le nord de l’Inde, a reconnu tous les écosystèmes de sa juridiction comme sujets de droits, et les a placés sous la protection de “parents à visage humain”. Je me suis d’ailleurs portée volontaire pour être la Maman d’une source himalayenne. Récemment, le 29 octobre 2020, un amendement pour l’octroi d’un statut juridique aux forêts primaires du monde vient d’être présenté au Parlement européen, soutenant leur reconnaissance en tant que communs naturels mondiaux, dotés de droits à la vie et à la préservation. La révolution des droits de la nature est en marche et c’est une révolution du cœur.
Quelle serait d’après vous la solution à large échelle pour rééquilibrer ce rapport ?
Il existe une solution systémique et globale, l’Agenda 2030 voté à l’unanimité par les États-membres des Nations Unies en septembre 2015, qui comporte 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), accompagnés de 169 cibles et 232 indicateurs. Il s’agit d’une feuille de route balisant une transition réaliste afin de rééquilibrer le rapport entre humains et non humains. Le but est de transmettre aux générations futures une planète, dont l’avenir n’est pas compromis par l’irresponsabilité du présent. Tant qu’on reste des acteurs isolés du changement, on ne peut trouver de solution durable parce qu’il manque une vision d’ensemble. Je dis volontiers que nous ne sommes pas 1 personne parmi 7 milliards d’autres, mais 7 milliards en 1 personne. Chacun de nous est toute l’humanité. Passer à cette échelle de conscience globale, que j’appelle aussi dans ce livre la responsabilité universelle, c’est s’orienter vers une citoyenneté terrestre et une civilisation de l’amour. Et cette civilisation de l’amour est une éco-civilisation. Elle englobe non seulement les humains mais aussi les autres qu’humains, la grande famille planétaire des animaux, des végétaux, de tout le monde vivant dans son ensemble.
Vous avez toujours une pensée pour les êtres non-humains que sont les animaux et les végétaux. Que vous inspirent-ils ?
Avant d’être un livre, L’Urgence d’aimer a été une prise de conscience douloureuse de la souffrance inouïe que ma consommation inflige aux non humains qui partagent avec moi l’aventure de l’existence terrestre. Je me suis fait le devoir de regarder les vidéos insoutenables tournées dans les abattoirs et dans les élevages, où les animaux sont victimes d’une cruauté générée par l’inconscience humaine. Devant ces images, j’ai parfois fermé les yeux tout en pensant que la souffrance que je ressentais était infime par rapport à celle des animaux. Ils sont 2 400 abattus chaque minute en France, des êtres conscients comme vous et moi, qui recherchent le bonheur et ne veulent pas souffrir, comme vous et moi. Je suis devenue végétarienne en 2004, non pour me conformer à un dogme ou une idéologie, mais par amour de la vie et de toutes les vies.
Une expression quelque peu sibylline revient plusieurs fois dans votre ouvrage, « l’humanité du deuxième feu ». Qu’entendez-vous par là ?
L’Urgence d’aimer propose 25 médit-actions pour expérimenter l’amour, vie de la vie, l’amour porteur d’information créatrice et force d’évolution. Teilhard de Chardin, paléontologue et théologien visionnaire disait : « Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour. Alors, pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’homme aura découvert le feu. » Ce jour est aujourd’hui. Je nous invite à mettre au monde cette humanité nouvelle qui veut naître à travers nous et qu’à la lecture de Teilhard de Chardin j’ai eu l’élan d’appeler “l’humanité du Deuxième feu”.
En quoi consiste une médit-action ?
J’ai créé le protocole des Médit-actions Be the Love en me basant sur les sagesses de l’intériorité, l’écologie profonde et les neurosciences. La médit-action repose sur trois piliers, qui furent définis au 3ème siècle avant notre ère par Garab Dorje, premier maître humain de la méditation de “la Grande perfection”, le Dzogchen en tibétain. Le premier pilier est la Vue ou la réalisation que l’amour est notre réalité première d’humains conscients. Le deuxième, la Méditation, ou contemplation de l’amour que nous sommes. Le troisième pilier est l’Action, qui incarne l’amour dans toutes les situations de notre vie. C’est sur ces 3 piliers que j’ai fondé les Médit-actions Be the Love.
La médit-action est un engagement altruiste pour l’humanité et c’est aussi tout le sens de l’enseignement du Dalaï-lama sur la responsabilité universelle. L’esprit et la conscience humaine, moteurs de la transition ? La force du cœur pour un monde meilleur ? Ce ne sont pas des utopies. L’utopie serait de vouloir changer le monde, sans changer les cœurs et les consciences des citoyens du monde. Tel est le sens des médit-actions Be the Love qui créent une courroie innovante entre travail sur soi et travail sur le monde.
Pouvez-vous nous donner un exemple de médit-action ?
La médit-action Be the Love d’amour inconditionnel, en cette période de pandémie, est un vrai médicament de l’âme qui développe la résilience et renforce l’immunité. Notre immunité a besoin d’amour et cette médit-action nous reconnecte avec l’infini d’amour que nous sommes au plus intime. Grâce à un protocole très accessible, nous unifions les énergies de la Terre et du Ciel pour ouvrir le centre énergétique du cœur et faire rayonner notre essence aimante et lumineuse. D’abord à partir du cœur dans tout notre système énergétique subtil, puis dans notre système nerveux et notre système sanguin. La pratique se termine avec L’Overview du cœur : dans une conscience expansée, magnifiée par la reconnexion aux êtres saints et éveillés, nous enveloppons la Terre Mère de lumière et prenons l’engagement d’agir là où nous sommes, avec les capacités qui sont les nôtres, pour le bien de tous les êtres et l’Éveil des consciences. J’explique dans L’Urgence d’aimer les bienfaits de cette médit-action du point de vue des neurosciences, au plan personnel et collectif.
Il y a quelques années, vous avez vécu une guérison spirituelle. Pouvez-vous nous raconter cette expérience ?
J’ai souffert de 1997 à 2005 des symptômes invalidants d’une maladie neurologique. Il a été très dur de réaliser que le système de soins ne pouvait pas poser de diagnostic fiable et donc me proposer un traitement. Je me suis alors confiée à mon médecin intérieur, c’est ainsi que je l’appelle, et, 7 ans plus tard, il m’a guidée vers un spécialiste mondial des thérapies traditionnelles tibétaines qui m’a prescrit un protocole particulier de méditation d’un mantra de soin, associée à une pratique d’ouverture du cœur. Les symptômes ont rapidement disparu. J’ai éprouvé une reconnexion avec la puissance sacrée de la vie, une expérience d’amour inconditionnel. Ce n’est pas une construction intellectuelle, il s’agit d’un vécu de conscience intégré dans chaque cellule de mon corps. Mon rapport au monde s’est transformé, mon corps énergétique est devenu un canal de la vie universelle, traversé par un flux d’amour infini et de lumière. Très naturellement après ma guérison, je me suis mobilisée pour le vivant, la Terre Mère et les générations futures.
Pour en savoir plus : www.bethelove.global
Propos recueillis par Aubry François