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Avons-nous une aura ?

Catégorie(s) : À la une, À découvrir, Sagesse & spiritualité

Cela ne fait aucun doute, nous avons tous une aura. Il peut nous arriver de percevoir l’aura de quelqu’un d’autre, sans forcément être familier de ce phénomène.

Il ne s’agit pas ici d’entrevoir une sorte de nuage coloré flottant autour des personnes, comme sur une “photo d’aura” (nous y reviendrons plus loin). Mais plutôt, par exemple, de sentir, alors qu’elle tente désespérément de ne pas le montrer, que votre amie est au bout du rouleau. Ou de déceler la colère qui gronde chez votre partenaire, alors que vous n’en voyez que le dos. Ou encore d’approcher une personne spirituelle et de percevoir la forte impression de paix et de sérénité qui émane d’elle, vous détendant tout aussitôt. Je me souviens avoir rendu visite à un écrivain et de m’être dit en le voyant que cet homme rayonnait littéralement ! Que s’était-il passé ? J’ai appris plus tard qu’il avait gagné un prestigieux prix littéraire. Il était déjà au courant de la nouvelle, mais ne pouvait encore le dire au moment de ma visite. Par contre, il n’avait pas pu contenir toute cette lumière qui émanait de lui. De même, un jour, une amie m’a accompagnée à une réunion de femmes, et nous avons toutes constaté la même chose : il se dégageait de cette amie un scintillement particulier, sans que personne puisse dire ce qui avait changé chez elle. Or, il se trouve qu’elle venait de passer une semaine à jeûner et à méditer.
Alors, oui, il existe quelque chose d’impalpable, que les cercles spirituels appellent “aura”. Pléthore d’ouvrages a été publiés sur ce thème et le concept lui-même remonte à la nuit des temps.

Une notion ancestrale
De nombreuses traditions et philosophies anciennes donnent un nom à cette lumière qui nous entoure. L’hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme s’accordent sur le fait que nous possédons non seulement un corps physique, mais également un corps énergétique, invisible pour l’œil non spirituel. Le drapeau bouddhique reprend les couleurs dégagées, dit-on, par l’aura de Bouddha au moment de son Éveil. Le bleu évoque sa compassion, le jaune la justesse de la Voie du Milieu qu’il suivait, le rouge sa vertu et sa chance, le blanc la pureté et la sérénité de sa foi, et l’orange l’enseignement qu’il professait. Sur les tableaux anciens, les principales figures du christianisme – Jésus, Marie et les saints – ont souvent le visage encerclé d’une auréole de lumière dorée, ou possèdent à tout le moins un halo, un anneau de lumière au-dessus de la tête. Selon la théosophie, chaque être humain possèderait plusieurs corps. Autour du corps physique, “matériel”, en chair et en os, gravitent plusieurs autres corps “subtils”, composés exclusivement d’énergie. La première couche qui entoure notre corps physique est l’essence vitale ou prana, puis viennent le corps astral et le corps mental. Selon les théosophes, lorsque vous dormez, vos corps astral et mental s’élèvent au-dessus de vous, pour ensuite réintégrer votre corps physique lorsque vous vous réveillez. Le premier vous permettrait de réaliser des voyages astraux, ou encore des sorties hors corps. Les fantômes seraient ainsi, selon cette théorie, les corps astraux de personnes défuntes qui ne sont pas parvenues à se détacher de la terre. Et les anges seraient les corps astraux des messagers célestes. L’anthroposophie aussi reprend le principe de quatre éléments ou corps distincts. Le corps éthérique fournit à votre corps physique sa force de vie et sa capacité de croître. Le corps astral est le siège de vos sentiments, préférences et aversions. Le corps égotique organise votre “moi” – c’est le siège de votre conscience, c’est grâce à lui que vous pouvez utiliser votre langue et pratiquer l’introspection.
Dans le New Age, l’aura est un concept consacré. Elle peut avoir jusqu’à sept couches différentes et scintille dans toutes les directions jusqu’à au moins trente centimètres de votre corps. Plus les différentes couches sont équilibrées, plus vous êtes sain et heureux. Quelques exercices suffisent pour apprendre à accroître ou à contenir son aura. Vous pouvez également laver votre aura, par exemple en vous frottant tout le corps de la tête aux pieds, comme si vous essayiez d’enlever les bouloches imaginaires d’un long manteau qui vous envelopperait. Ou en visualisant le fait que vous puissiez faire briller votre aura de couleurs claires. Enfin, une balade sur la plage vous permet aussi de purifier votre aura. Et cela se sent.

Voir l’aura ?
Existe-t-il des personnes capables de voir l’aura ? Capables de prédire les maladies sur le point de se manifester, de percevoir les sentiments cachés ou de vous en dire plus sur le véritable sens de votre vie ? Les “lecteurs d’auras” et nombre de leurs clients en sont convaincus. Quant à savoir si l’on peut réellement utiliser le verbe “voir”, au sens premier du terme, la question demeure. Nos auras ne sont en effet pas composées d’une lumière normale, solaire ou naturelle, qui nous permettrait de les photographier. Ce n’est bien sûr pas possible.
« Pas possible », dites-vous ? Il existe pourtant des personnes qui proposent des photos de cette aura, non ? Vous posez devant une caméra en plaçant votre main sur une plaque sensible, puis votre portrait apparaît, entouré de nuages de couleurs, sur une vraie photo que vous pouvez emporter chez vous.
Au risque de vous décevoir, le concepteur de la caméra d’auras lui-même, Guy Coggins, ne prétend pas photographier les auras. Personne ne peut le faire, dit-il. Ce que son appareil fait s’apparente à une photo Polaroid normale drapée de nuages de couleurs. Ces couleurs sont projetées par un logiciel. L’appareil prend des mesures à l’aide d’un dispositif placé dans votre main, comparable à un détecteur de mensonges et les traduit en couleurs. Mais qu’est-ce que mesure l’ordinateur, et selon quels principes traduit-il cela en couleurs ? Les experts s’accordent rarement sur ce point, quand ils ne se contredisent pas eux-mêmes. Coggins prétend que le capteur mesure les vibrations électriques au niveau des points d’acupuncture de la main. Aidé par des lecteurs d’auras expérimentés, il a converti ces vibrations en couleurs et en a fait un logiciel. Un photographe d’auras auquel j’ai posé la question m’a précisé que plus la fréquence des vibrations était élevée, plus la lumière était claire. Pour un autre, cela dépend de l’endroit où la lumière apparaît sur la photo. Mais tous se rejoignent sur le fait qu’il faut être un bon lecteur d’auras pour pouvoir ensuite interpréter correctement les couleurs. Car chez l’un, une aura où le rouge prédomine sera signe de colère, tandis qu’un autre y verra une quête de sensualité. Le vert peut évoquer une guérison, mais aussi la jalousie ou l’amour de la nature. Le jaune est associé tantôt à l’intellect, tantôt à la gaieté, etc.
Comment se fait-il alors qu’autant de personnes consultent des lecteurs d’auras et se laissent influencer par leurs constats ? Manifestement,
les meilleurs d’entre eux sont tellement sensibles qu’ils sont capables de cerner ce qui se trame en notre for intérieur. Quant à savoir si tout cela tient aux couleurs présentes dans cette prétendue aura ou aux informations qui leur parviennent (en partie) par d’autres canaux, le mystère reste entier.

Absence de preuve scientifique
Des lecteurs d’auras se sont certes soumis à des tests scientifiques, mais leurs résultats sont immuablement décevants. Dans une expérience, par exemple, quatre paravents étaient placés côte à côte. Un homme s’installait derrière l’un d’eux, près du bord, de sorte que son aura aurait dû rayonner au-delà du paravent. Les lecteurs d’auras (renommés) devaient ensuite indiquer derrière quel paravent l’homme se tenait, mais aucun d’entre eux n’est parvenu à dépasser les 26 % de réussite. Une prime de 100 000 dollars a même été promise au lecteur d’auras capable de réussir le test. Personne n’a répondu à l’appel. Malgré tout, il semble être prouvé que les personnes rayonnent : nous dégageons en effet des photons, une lueur extrêmement faible qui, amplifiée un million de fois, forme une projection du corps, laquelle est la plus forte autour de la tête. Selon le biologiste cellulaire Roeland van Wijk, tous les sujets photographiés présentent le même modèle, mais l’intensité de la lumière diffère fortement d’une personne à l’autre. Serait-ce l’aura ? Hum… L’étude a toutefois établi que les personnes pratiquant régulièrement la méditation émettaient moins de lumière que celles moins spirituelles. De plus, dès qu’un sujet commençait la méditation, son rayonnement s’affaiblissait. Comme si les personnes lambda laissaient s’échapper cette lumière tandis que les adeptes de la méditation étaient capables de la contenir.
Une preuve scientifique irréfutable de l’existence de l’aura n’existe donc pas. Mais peut-être n’est-ce pas non plus réellement nécessaire. Peut-être l’aura n’est-elle simplement pas composée d’une lumière visible ou naturelle.
Se pourrait-il qu’il existe deux types de lumière, la lumière spirituelle invisible et celle du jour, “normale”, que nous percevons tous ? Si vous êtes sensible à la sagesse biblique, cette suggestion emportera sans nul doute votre adhésion. Car dans le livre de la Genèse, le Créateur dit : « Que la lumière soit ! », et la lumière fut. Alors qu’il ne créa le soleil, la lune et les étoiles qu’au troisième jour. C’est grâce à la lumière du soleil que nous pouvons nous voir, avec nos yeux. Et peut-être toutes ces informations que nous percevons sur les uns et les autres d’une manière plus ou moins mystérieuse proviennent-elles de cette autre lumière, la lumière présente avant même la création de l’univers, la lumière spirituelle qui transcende tout, même les ténèbres les plus obscures.

Texte L Thooft