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Serge Marquis : Être présent dans sa vie

Catégorie(s) : Bien-être, Art de vivre, Rencontres, Sagesse & spiritualité, Psychologie, Développement personnel

L’importance de l’ici et maintenant, la capacité de chacun à aimer, la dictature de l’ego ou encore le pouvoir de la gratitude… Au travers de quatre mots, Serge Marquis nous apprend à être bien présents dans nos vies.

Ici et maintenant
Trop souvent, à notre époque, on passe à côté de la signification de ces mots. On se sert même du “moment présent” pour vendre de la bière ! Récemment, j’ai appris que mon père avait fait une hémorragie cérébrale massive ; j’étais en France et lui au Québec, il me fallait absolument garder mon attention dans le présent – observer la sensation de peur et les pensées catastrophes – pour prendre des décisions justes. C’est ainsi qu’on discerne ! Aujourd’hui, les termes “ici et maintenant” sont galvaudés. Pour beaucoup de personnes, ils signifient essentiellement être dans le plaisir, dans un sens hédoniste ; ce n’est pas du tout ça. « Ici et maintenant », c’est être connecté sur le réel ! En voici un magnifique exemple : affligé par le chagrin, j’étais avec mon petit-fils, Jules, 2 ans et demi qui, à table, passe sa main sur mon avant-bras ; je lui demande : « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? », il me répond : « C’est juste une caresse. » J’en suis encore ému, parce que ce sont ces moments qui rappellent l’importance d’être là, connecté, relié. Et c’est alors que le verbe “aimer” apparaît. Parce que c’est dans la présence que s’effectue la connexion avec les autres, pas autrement ! C’est un travail permanent ; un rappel constant à soi-même : aimer, savourer, créer ; ce n’est possible que si l’on est dans l’“ici et maintenant”.

Aimer
On confond aimer et passion. C’est agréable de vivre la passion, mais ce n’est pas aimer. Le besoin d’être aimé est un piège qui fait obstacle à la capacité qu’on a d’aimer. Enfant, il est important de recevoir de l’amour : l’amour protège, met en confiance, assure la survie. Mais il y a un passage important à faire : celui du besoin d’être aimé à la capacité d’aimer. C’est le passage à l’âge adulte, à la maturité. Le soir, je me pose souvent la question : « Y a-t-il eu quelque chose de difficile pendant ma journée ? » Puis je ferme les yeux et me dis : « Ta capacité d’aimer est-elle menacée ? » Chaque fois, la réponse est non. Pendant trente ans, j’ai soigné des personnes en burn-out. Certaines me confiaient qu’elles venaient de vivre une rupture, et c’est comme si la personne qui les avait quittées avait volé leur capacité d’aimer. Mais à l’instant où elles comprenaient qu’elles étaient encore capables d’aimer, quelque chose s’apaisait. Quand on est dans le besoin d’être aimé, on fait souvent peur, parce que l’autre ne se sent pas à la hauteur. Alors que, quand on est dans la capacité d’aimer, étrangement, sans aucun effort, l’amour survient. J’en suis certain.

Se retrouver
On me dit régulièrement : « Vous êtes obsédé par l’ego », et bien c’est vrai ! Car il est partout. Il résulte d’un processus d’identification sans doute apparu au cours de l’évolution : on s’est mis à s’identifier à toutes sortes de choses. La première ayant probablement été le territoire. Un territoire peut être utile à la survie : on y trouve de quoi manger, boire, s’abriter ; mais à partir du moment où le cerveau affirme « je suis mon territoire », on se perd. Si je deviens ce que je possède, je crains de disparaître chaque fois que je perds ce que je possède. Grave confusion ! Vous savez, quand vous allez dans une boutique, vous essayez un vêtement, et quelqu’un vous dit : « C’est tout à fait vous, ça ! », on se sert de votre processus d’identification. Et le moindre commentaire négatif devient une blessure, puisqu’on est le vêtement. Se retrouver, c’est sortir de ces fausses identités qu’on a créées à cause de notre peur de disparaître. Pour y arriver, on doit sans cesse revenir à la phrase magique : « Il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais » (Marie de Hennezel). Et ce qui ne vieillit jamais, c’est notre capacité à être présents. Se retrouver, c’est ça. Le défi de toute une vie.

Gratitude
J’ai vu, auprès de mon père, à l’hôpital, des gens qui s’occupaient de lui d’une manière extraordinaire… Ces gens-là font leur travail dans la discrétion, ils ne sont pas happés par leur ego, parce que le lien, la relation suffit. Je crois que papa était dans la gratitude à leur égard. J’ai d’ailleurs été marqué par ses derniers instants. Papa a fait un effort monumental pour ouvrir les yeux et a tenté de formuler quelque chose – peut-être est-ce une interprétation de ma part – qui prenait la forme du mot “merci”. Dans ses derniers mois, il était beaucoup dans l’expression « je savoure ma vie, conscient du lien que j’ai avec ces êtres que j’aime et à l’égard même de la vie » ; c’est ça, la gratitude. On n’est plus dans l’ego, on n’est plus dans le besoin d’être à tout prix quelqu’un, on n’a plus peur. Parce qu’on se sent connecté, on savoure les regards qu’on échange, les mots qu’on partage. Et c’est là qu’apparaît ce mot merveilleux : “merci”. On n’est pas obligé de l’adresser à quelqu’un en particulier. C’est une expression qui sort librement, un témoignage associé à la conscience du privilège d’être relié.

Propos recueillis par Nathalie Cohen © Photographie : Gwladys Louiset

Médecin québécois, spécialiste de la santé au travail, Serge Marquis est l’auteur du best-seller On est foutu, on pense trop ! Comment se libérer de Pensouillard le hamster. Il donne plus de 150 conférences par an dans le monde.
Conférence exceptionnelle le 1er avril au Théâtre de l’Atelier, Paris. Réservations sur www.terre-etoiles.fr

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