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Être ensemble, la clé du bonheur pour Samuel le Bihan

Catégorie(s) : Bien-être, Art de vivre, À découvrir, Rencontres, Livres, Développement personnel

Le bonheur peut-il se savourer seul ? En imaginant le fil autobiographique que pourrait dérouler un prochain livre – même si Laura, héroïne de son premier roman Un bonheur que je ne souhaite à personne (J’ai lu, janvier 2020), s’inspire déjà beaucoup de lui –, l’acteur, réalisateur et désormais écrivain Samuel Le Bihan nous raconte quelle place le lien aux autres tient pour lui dans une existence placée sous le signe du courage, de la détermination et de la responsabilité.

 

Ensemble

C’est la question essentielle. Je me disais que si j’écrivais un deuxième livre, je l’appellerais Ensemble. Ce serait vraiment mon histoire, celle d’un père qui s’est retrouvé à s’occuper d’une petite fille alors que ce n’était pas au programme.

D’abord, ça m’a fait très peur. Et ce qui est intéressant, c’est ce que ça a provoqué en moi, ce que ça a nourri et ce que ça a enrichi. Soit on est écrasé par la situation et on a l’impression d’être pris en otage, soit on se dit « Bon, quoi qu’il arrive, je refuse que cette situation m’empêche de vivre ce que je dois vivre ». On met donc plus d’énergie, plus d’organisation et plus de détermination pour être un bon père sans que cette situation devienne un sacrifice. Ça a été une façon de faire des choses que je n’aurais peut-être jamais faites. Bon, ce que je viens de dire n’est pas tout à fait vrai, dans le sens où on ne peut pas tout optimiser, il ne faut pas rêver ; à un moment, il faut accepter la part de sacrifice et remplir ses responsabilités. C’est assumer sa vie, ses choix, ce qu’on a fait à un moment donné, ce qu’on a créé. Et en même temps, dès qu’on prend conscience de ça, on est nourri par quelque chose qui, justement, nous pousse à protéger, à sécuriser, et, du coup, se réaliser aussi. On devient très déterminé et on met beaucoup d’énergie à des endroits très précis. On hiérarchise, on se crée des objectifs.

Cette histoire serait une histoire de résilience. Dans cette histoire, il y aura une leçon de développement personnel, liée à l’effort, au courage, au sens de la vie et à l’acceptation des choses. Ma fille a une particularité, l’autisme, et ça ne nous a pas empêché de voyager. L’année dernière on a fait cinq pays, j’ai travaillé dans des endroits invraisemblables, elle a tout le temps été avec moi, partout. Ça demande toute une organisation, une batterie de baby-sitters, une AVS à l’école, mais ça fonctionne, les gens nous aident, ils en ont envie.

Ensemble, c’est la clé du bonheur. Avoir des amis, une famille, une vraie vie sociale. Nous sommes des animaux sociaux, qu’on le veuille ou non, on n’a pas le choix, notre bonheur et notre apaisement se font au contact des autres. Avoir un enfant autiste, ça isole. L’enfant fait des crises et les dîner chez des amis se finissent dans les cris. Doucement, on perd un peu de son cercle amical, la relation aux autres devient compliquée.

C’est ça, l’histoire de Laura, le personnage de mon livre. Celle d’une femme qui a très peur de finir seule. Elle se pose les mêmes questions que nous tous dans cette société : quel est le sens de tout ça ? Et le sens de tout ça, c’est de trouver le moyen d’être ensemble.

Il y a un truc que j’ai constaté. Tu peux t’attarder à ne voir que les choses négatives ou voir, au contraire, le positif. Pareil, avec un ami, tu peux ou voir tous ses défauts, ou ne voir que ses qualités, tout en étant honnête. Te dire « Bon, je connais ses défauts, mais je décide de ne voir que ses qualités », partant du principe qu’il n’est pas con et qu’il se rendra compte de ses défauts – et au pire, si c’est vraiment gênant, tu lui diras. Eh bien, c’est dingue, parce que ça a deux facultés :  la faculté de permettre à la personne de s’améliorer parce qu’effectivement, elle se rend compte quand même au bout d’un moment de ce qui ne va pas ; et aussi la faculté de s’aimer plus, soi, parce qu’à force de ne plus voir les défauts chez les autres, on ne voit plus non plus les défauts chez soi. Non seulement ça fait du bien, mais en plus on part du principe que tout le monde ne voit que nos qualités. On remodèle notre cerveau différemment.

Propos recueillis par Nathalie Cohen

Photo Roberto Frankenberg © Flammarion

 

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