Le sommeil est un phénomène miraculeux.
Chacun peut vivre un éveil spirituel, à tout moment
Journaliste et productrice de documentaires et de magazines pour la télévision, Caroline Coldefy a connu, des années durant, l’enfer des addictions. Des expériences de vie merveilleuses l’en ont un jour sortie, dont la rencontre avec une puissance incommensurable, dans un monastère. Au vide qu’elle ressentait adolescente et qui l’a poussée dans ses plus obscurs retranchements s’est alors substituée une connexion spirituelle profonde. Parsemé de partages d’expérience d’anonymes et de personnalités comme Alexandre Jollien ou Olivier Delacroix, son livre “Et enfin la vie prend tout son sens” témoigne de son éveil joyeux et serein à quelque chose de plus grand que soi. Un instant de plénitude que chacun peut vivre, à tout moment de sa vie.
Happinez : Vous évoquez les moments sombres d’une première partie de vie marquée par les addictions. Comment vous en êtes-vous sortie ?
Caroline Coldefy : J’ai eu la chance de trouver sur ma route un groupe de parole d’anciens toxicomanes. Dans cette fraternité, où je me suis tout de suite sentie comprise et à ma place, j’ai appris à vivre sans consommer. Car qui mieux qu’un ancien addict peut en aider un autre ? Ce principe très fort, et essentiel à la fraternité, m’a permis de sortir un peu de mon égocentrisme et de m’ouvrir à autrui. Aujourd’hui, je continue le chemin en aidant les autres et en partageant avec ceux en qui j’ai confiance, quand je ne vais pas bien. Dans ces groupes de paroles, au delà de l’entraide, j’ai aussi appris l’honnêteté, la bonne volonté, la confiance, l’amour des autres… Des notions auparavant totalement absentes mais que j’essaie, désormais, de placer au cœur de ma vie. Des notions qui, me semble t-il, sont au centre de toutes les spiritualités.
Happinez : Quel est le point commun de tous ces témoignages de diverses personnalités ?
Caroline Coldefy : Ce livre est d’abord un ouvrage de transmission et je me suis sentie plus forte – et peut être plus légitime – en l’écrivant accompagnée par d’autres hommes et femmes. Pour moi, c’est ensemble que nous pouvons changer les choses ! Plus concrètement, si j’ai voulu intégrer des récits de vie qui viennent préciser, éclairer et compléter ce que j’ai moi-même vécu, c’est pour que le lecteur comprenne que, quelque soit son milieu, sa notoriété, l’état de son compte en banque, son éducation religieuse ou son absence de religion, nous sommes tous des humains portés par les mêmes valeurs spirituelles. C’est souvent un accident de la vie, un début d’existence chaotique ou une prise de conscience difficile qui amène quelqu’un qui n’avait jamais été touché par la spiritualité à s’ouvrir à quelque chose de plus grand que soi. Cette multiplicité d’expériences est là pour prouver qu’un éveil spirituel peut advenir, chez tout le monde, à n’importe quel moment de son existence, et qu’il suffit d’être ouvert à ce que la vie place sur son chemin pour pouvoir y accéder.
Happinez : Un témoignage vous a-t-il particulièrement inspirée ?
Caroline Coldefy : Ils m’ont tous touchée et portent, chacun, une force de vie et de résilience qui fait du bien et donne de l’espoir. Mais si je devais en choisir un, ce serait celui de ma petite nièce Sérena. Non pas parce qu’elle fait partie de ma famille, mais plutôt parce qu’elle était très jeune quand elle a trouvé son chemin spirituel. C’était une enfant totalement perdue, une adolescente en danger qui semblait promise à une vie difficile et malheureuse. Grâce à la voie spirituelle à laquelle elle a adhéré par « le plus grand des hasards »,c’est aujourd’hui une jeune femme épanouie, une maman capable de transmettre à son fils ce qu’il y a de meilleur dans l’existence. Je pense que ce témoignage peut donner confiance à des jeunes un peu perdus qui ne trouvent aucun sens dans ce qu’ils vivent. C’est encourageant de constater qu’un éveil spirituel peut toucher tout le monde, y compris un ado plus préoccupé par la consommation de pétards que par la méditation.
Happinez : La spiritualité s’expérimente-t-elle forcément à travers la religion ?
Caroline Coldefy : Il n’est pas facile de répondre à cette question, car loin de moi l’idée de proposer un manuel du parfait éveillé ! Qui suis-je pour donner des définitions et des règles à suivre ? À chacun son chemin et sa manière de se connecter à sa puissance supérieure. Cela dit, il me semble que la spiritualité n’est pas forcément en lien avec une religion. C’est d’abord, pour moi, la conscience de la présence de quelque chose de plus grand que soi, le fait de comprendre – ou plutôt de ressentir – que l’on fait partie d’un tout et que l’on ne peut pas contrôler notre vie. En cela, il s’agit d’abord d’un chemin d’humilité. Mais la spiritualité, c’est aussi le respect de principes d’humanité comme la bienveillance, l’honnêteté, l’ouverture d’esprit, la bonne volonté et l’amour de soi et des autres. Elle s’exprime dans les liens que l’on noue avec les personnes, car à quoi bon être “spirituel” si nous restons seul avec nous-même, préoccupé uniquement de la satisfaction de notre ego ? Toutes ces valeurs n’appartiennent à aucune religion, elles sont la richesse de tous les êtres humains. Cela dit, le fait de m’intégrer à une pratique religieuse, avec ses rituelles, ses textes, ses traditions, m’aide personnellement à avancer sur le chemin de la spiritualité.
Happinez : Selon vous, peut-on définir cette mystérieuse force à laquelle la spiritualité nous relie ?
Caroline Coldefy : Je n’ai pas de définition de cette force à laquelle j’ai la chance d’être connectée pendant des moments de grâce. Ce que je sais, de manière expérientielle, c’est que je la ressens quand je suis alignée avec moi-même, centrée sur ce que j‘ai au fond de mon être, quand je fais une chose bonne pour moi, que je suis en cohérence avec les principes dont j’ai parlé plus haut. C’est un ressenti de justesse, de calme, comme la certitude de faire ce que je dois faire et d’être là où je dois être. Généralement cela m’arrive, mais trop rarement, lorsque j’adopte une attitude d’ouverture et d’amour envers moi et le monde qui m’entoure.
Propos recueillis par Aubry François