Article

S’alléger des poids de l’héritage familial en BD !

Catégorie(s) : Psychologie, Développement personnel, Bien-être, Art de vivre, Rencontres, Sagesse & spiritualité, Livres, Rituels

La nuit se lève et le vent, comme un sculpteur à l’œuvre, fige le temps sous une couche de neige immaculée. Dans la librairie La Passe-Livres, des inconnus venus rencontrer leur auteure favorite, choisir un bon roman ou feuilleter une BD dans un coin s’inquiètent d’abord de l’arrivée de cette tempête apparemment inopportune puis, impuissants face aux éléments, décident de lâcher prise. Une réunion un peu insolite s’improvise alors à la lueur des bougies, où chacun livre une part précieuse de lui-même et où les autres accueillent cette parole trop longtemps tue. Quel nouveau départ s’offrira-t-il aux passagers de cette nuit d’hiver initiatique ? Créateurs des séries de BD à succès Les Rugbymen ou encore Studio Danse, Caroline Roque et Bertrand Escaich, que vous connaissez sous le pseudonyme BeKa, nous présentent leur nouvel album Le jour où la nuit s’est levée, cinquième tome de la série feel-good Le jour où… dont ils sont les auteurs, aux éditions Bamboo.

Happinez : Quel est le sujet de ce nouvel album de la série Le jour où… ?

Beka : Ce tome 5 traite des relations parents/enfants, du poids de l’héritage familial et de l’éducation qu’on reçoit, de l’influence de nos parents et de notre famille sur notre vie et nos choix.

 

Plusieurs personnages déjà rencontrés dans les précédents albums se retrouvent ici…

Effectivement, nous retrouvons Clémentine, qui est “l’héroïne” de cette série, même si elle n’était pas présente au tome 4 (Le jour où il a suivi sa valise). C’est une jeune trentenaire, qui manque de confiance en elle et qui a le sentiment de subir sa vie, sans avoir de prise sur les évènements. Après avoir cherché sa voie, elle a ouvert une librairie à Paris avec Sacha, son compagnon, rencontré lors d’un séjour à Berlin. Nous retrouvons également Chantal, une écrivaine de polars que Clémentine avait rencontré dès le tome 1 (Le jour où le bus est reparti sans elle), chez Antoine. Antoine est le déclencheur de la prise de conscience de Clémentine sur les éléments à changer dans sa vie (voir tome 1, tome 2 Le jour où elle a pris son envol et tome 3 Le jour où elle n’a pas fait Compostelle). Il l’a aidé à prendre confiance en elle et à dépasser ses peurs pour devenir elle-même. Antoine a également permis à Chantal d’oser s’aventurer loin des sentiers battus pour réaliser son rêve d’écriture.

Les personnages de Guillaume et Naori apparaissaient quant à eux au tome 4. Guillaume accompagnait sa compagne Solène à Bali, où il faisait la rencontre d’un soigneur balinais. Grâce à lui, Guillaume arrivait à se délester de certaines “valises” de son passé. Naori, elle, est une “évaporée” japonaise, qui a tout quitté pour se reconstruire après une dépression chronique. Guillaume et Naori vont se reconnaître, comme deux âmes écorchées.

Dans ce tome 5, de nouveaux personnages, de passage dans la librairie de Clémentine et Sacha ce jour-là, rejoignent le cercle des personnages déjà rencontrés : Maud et Jules, une sœur et un frère qui ne s’entendent pas, Noé, un adolescent dont les parents sont en train de se séparer et Fanny, une jeune femme encore sous la coupe de son père.

 

Cette réunion est-elle une sorte de rituel ou ce que nous nommons communément aujourd’hui un “cercle de parole” ?

En écrivant cet album, nous n’avons pas pensé à un rituel, mais plutôt à mettre nos personnages en situation de se parler plus facilement que lors de leur routine quotidienne. Nous avons voulu créer une sorte de bulle de temps et d’espace qui leur permettrait à tous de baisser leurs barrières et de se confier les uns aux autres.

 

Pensez-vous qu’il existe des relations parents-enfants parfaites, sans manques ni blessures ?

De par notre expérience et à travers les témoignages que nous avons pu recueillir durant l’écriture de cet album, les relations parents-enfants sans manques ni blessures sont assez rares, mais elles peuvent exister. Même si la plupart du temps, quand la relation semble bonne, c’est que l’une des deux parties s’efface et prend sur elle pour que les choses se passent bien. D’un autre côté, nous nous construisons en faisant face à l’adversité, qui nous oblige à aller chercher des ressources insoupçonnées en nous-même, à affirmer notre personnalité. Une relation parents-enfants “parfaite” n’impliquerait-elle pas qu’à un moment donné, des divergences surviennent, pour mieux se comprendre et accepter nos différences ? Ce qui est évidemment n’est pas toujours possible.

 

Quelle serait d’après vous la posture parentale la plus à même de protéger son enfant du traumatisme et de lui garantir une enfance heureuse et équilibrée ?

Répondre à cette question est extrêmement difficile… La base est l’amour bien sûr, mais le véritable amour, sans conditions et sans obligations. Il faut accepter son enfant tel qu’il est dans ses choix et son caractère, et ne pas vouloir le façonner à son idée ou à son idéal, ni à soi-même. L’aimer et le reconnaître pour lui-même, en tant que personne, tout simplement.

Pour cela, il convient de l’écouter, de le comprendre autant que possible, et de le respecter dans sa propre façon de penser et de voir le monde. « Raconte-moi » est sans doute une des meilleures choses à dire quand l’enfant rencontre un problème, pour ensuite l’écouter sans le juger. Et surtout, autant que possible, ne pas lui transmettre de peurs.

Ensuite, une relation parents-enfants doit être évolutive. Le rôle des parents n’est évidemment pas le même durant la petite enfance, où l’enfant est totalement dépendant des autres, qu’à l’adolescence et à l’âge adulte. En toute logique, la relation doit devenir tout autre quand l’enfant n’en est plus un. Une maman qui continue à appeler son fils ou sa fille de 40 ans “mon bébé”, comme le fait la mère de Clémentine, a depuis longtemps perdu de vue le véritable rôle d’un parent, qui est de permettre à son enfant de devenir un adulte émancipé, apte à affronter la vie sans peur et sans entrave. Quelqu’un d’indépendant, d’autonome, libre de ses choix, et capable de trouver son bonheur à sa façon. Pas facile, comme le racontent les personnages de l’album Le jour où la nuit s’est levée.

 

Propos recueillis par Aubry François

Illustration © Marko