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Dr. David Hamilton : notre esprit et notre corps sont profondément liés

Catégorie(s) : Santé, Rencontres, Sagesse & spiritualité, Rituels, Développement personnel, Bien-être, Art de vivre, Happi.Body, Non classé

Docteur en chimie organique, David Hamilton a passé quatre ans dans l’industrie pharmaceutique à développer des médicaments pour traiter des maladies comme le cancer, avant de comprendre le lien étroit qui unit notre enveloppe charnelle et notre esprit. Participant le 14 septembre 2019 à l’événement SE GUÉRIR (www.seguerir.fr), au Grand Rex de Paris, aux côtés de 11 autres prestigieux invités, l’auteur et conférencier international s’appuie sur de nombreuses études scientifiques pour nous expliquer l’influence particulière exercée par l’esprit sur le corps, son importance dans la prise de conscience de ce qui se joue en nous et son rôle primordial dans la conservation de notre santé sur tous les plans.

 

Happinez : Pourquoi avez-vous quitté l’industrie pharmaceutique ? 

David Hamilton : Pour écrire des livres, éduquer les gens sur la manière dont notre esprit et nos émotions influencent notre santé et expliquer comment nous pouvons utiliser notre cerveau pour améliorer notre état d’être.

C’est en étudiant l’effet placebo, qui m’a permis de mieux appréhender la connexion entre le corps et l’esprit, que j’ai enfin eu la motivation de quitter mon travail. J’étais fasciné par le nombre de personnes qui allaient mieux après avoir pris un placebo dans le cadre d’une étude clinique. Mes collègues avaient tendance à nier cet aspect, en décrétant qu’il ne s’agissait « que de l’effet placebo ». Ils disaient des choses comme « Leur état ne s’est pas amélioré. Ils pensent qu’il s’est amélioré. » Mais leurs suppositions étaient fausses.

Des études récentes ont démontré que dans certaines maladies, la biochimie de la personne prenant un placebo se modifie d’une manière qui reflète le médicament qu’elle croit avoir absorbé. Son état de santé s’améliore car sa croyance a modifié sa propre biochimie. Par exemple, quand une personne utilise un placebo pour soulager sa douleur, mais pense qu’il s’agit d’un véritable analgésique, son cerveau produit ses propres substances antidouleurs (on les appelle les opiacés endogènes, les versions cérébrales de la morphine). D’après une autre étude, lorsqu’un patient atteint de la maladie de Parkinson reçoit la piqûre d’un placebo en imaginant qu’il s’agit du médicament, son cerveau produit de la dopamine, car il croit que la piqûre contient un remède contre la maladie.

Mais je me suis aussi intéressé aux effets de la visualisation et de la méditation sur le cerveau et le corps humain. Quand j’ai eu suffisamment d’informations et mieux compris comment les croyances, mais aussi les émotions positives, pouvaient avoir un pouvoir de guérison, j’ai démissionné.

 

Happinez : Comment le corps et l’esprit sont-ils reliés ?

David Hamilton : Ils le sont de plusieurs manières. Comme je l’ai dit plus haut, l’effet placebo révèle que nos croyances modifient la chimie de notre cerveau. Par ailleurs, ce dernier se transforme physiquement lorsque nous pensons ou imaginons quelque chose de manière répétée. On appelle cela la « neuroplasticité ». Des études ont montré que lorsque nous visualisons quelque chose, par exemple un geste de la main, des modifications physiques se produisent dans notre cerveau. Elles peuvent néanmoins concerner le nombre de connexions d’une zone spécifique et sont plus ou moins importantes en fonction du degré de visualisation.

Des chercheurs de l’université d’Harvard ont comparé les cerveaux de personnes qui jouaient une simple série de notes de piano deux heures par jour pendant cinq jours d’affilée, avec les cerveaux de gens qui imaginaient la même chose pendant la même durée. À la fin des cinq jours, les cerveaux des personnes qui avaient joué les notes et les cerveaux de celles qui s’étaient imaginées en train de les jouer avaient subi des modifications dans les mêmes zones et ces modifications étaient tout aussi importantes dans les deux groupes. Le cerveau n’avait pas fait de distinction entre une personne qui avait vraiment joué les notes et une personne qui s’était figurée en train de jouer. Dans le cerveau, le réel et l’imaginaire sont souvent traités de la même manière.

C’est quelque chose qui a déjà été confirmé par le passé avec le stress (le cerveau libère les mêmes hormones lors d’une situation de stress que lorsqu’on se souvient d’une situation stressante, ou qu’on l’imagine), les sentiments de bienveillance et de compassion, certaines fonctions du système immunitaire, et même le fait de manger (si vous imaginez avoir mangé, vous pourrez convaincre votre cerveau que vous avez mangé, et donc, contrôler votre appétit même s’il vous réclame plus de nourriture).

L’idée selon laquelle le cerveau ne sait pas toujours faire la différence entre le réel et l’imaginaire a été exploitée avec succès pour aider les patients victimes de crises cardiaques à récupérer plus rapidement. Au cours de plusieurs études, des personnes se sont vues demander de visualiser chaque jour leurs membres affectés en train de bouger. Un mois plus tard, les patients qui avaient eu recours à la technique de visualisation avaient retrouvé une meilleure mobilité que les autres malades. Cette technique est désormais très répandue auprès des athlètes professionnels ou des sportifs amateurs qui souhaitent améliorer leurs performances.

De manière plus simple, le corps et l’esprit sont reliés à travers le stress. Quand une personne se sent angoissée, ce sentiment provoque la libération d’hormones du stress (comme le cortisol ou l’adrénaline). On sait que ces hormones font augmenter la pression artérielle et qu’elles sont libérées à cause des émotions d’un individu. Au contraire, lorsque nous agissons avec bienveillance, les sentiments que nous ressentons (et cette impression d’élévation) libèrent l’hormone appelée ocytocine. Outre ses fonctions reproductives, cette hormone influence le système cardiovasculaire. Elle permet de réduire la pression artérielle, facilite la digestion, et améliore la cicatrisation. Ainsi, le sentiment de stress augmente la pression artérielle tandis que les émotions associées à la bienveillance le font diminuer. En vérité, la bienveillance génère de nombreux effets physiologiques qui sont à l’opposé du stress (j’ai évoqué ces effets dans mes livres The Five Side Effects of Kindness et The Little Book of Kindness, non encore traduits en français).

Parmi les autres éléments qui relient le corps et l’esprit, nous pouvons citer le nerf vague, qui fait partie du système nerveux autonome. On le surnomme souvent le nerf « soignant » car son activité est liée aux sentiments de sollicitude et de compassion. En effet, de nombreuses études ont mis en évidence l’augmentation de l’activité du nerf vague (nommée tonus vagal) quand une personne pratique la méditation tibétaine de compassion. Nous pouvons donc affirmer que ce sentiment influence le système nerveux. L’un des effets secondaires de cette pratique est la réduction de l’inflammation, car le nerf vague contrôle ce que nous appelons le « réflexe inflammatoire ». Les recherches ont dévoilé que lorsque le tonus vagal augmente, l’inflammation a tendance à diminuer. Certains scientifiques ont même observé une réduction de l’inflammation après six semaines chez les personnes pratiquant chaque jour la méditation tibétaine. On estime qu’une pratique quotidienne augmente l’activité du nerf vague, provoquant ainsi une diminution de l’inflammation.

 

Happinez : Comment développons-nous des systèmes de croyances et comment pouvons-nous faire évoluer ces systèmes s’ils affectent notre bien-être ?

David Hamilton : Nos systèmes de croyances découlent de notre manière d’interpréter les choses. Une personne qui a subi des maltraitances pendant son enfance pourra être amenée à croire que les gens sont fondamentalement mauvais. Même si quelqu’un fait preuve de gentillesse envers elle, elle sera convaincue qu’il a un mobile non-avoué.

Pour changer ces systèmes, il faut d’abord prendre conscience que nos croyances affectent notre manière d’interpréter les circonstances d’un événement, ou les paroles et les actions d’une personne. Une fois que nous avons compris cela, il faut constamment se rappeler « Ce que je pense être la vérité n’est pas la réalité ; c’est une croyance sur la réalité ». 

Cela peut nous permettre de nous extraire petit à petit des croyances négatives qui nuisent à notre épanouissement.

 

Happinez : Quels sont vos conseils pour améliorer notre état de santé général ? 

David Hamilton : J’ai plusieurs suggestions à apporter. Pour commencer, faites preuve de bienveillance le plus souvent possible. Pas seulement dans les actions physiques que vous allez accomplir, mais aussi dans votre manière d’appréhender les autres, de leur parler, et d’interagir avec eux (je pense aussi aux animaux). Le stress est la cause, ou l’accélérateur, de nombreuses maladies modernes, tandis que la bienveillance est son contraire physiologique. Celle-ci n’est pas seulement l’attitude la plus juste, elle est également la plus saine, car elle neutralise le stress.

Deuxièmement, j’aimerais conseiller aux gens de cultiver une attitude positive. Les études ont démontré que cela nous rendait plus heureux et plus résistant à la dépression, tout en renforçant notre système cardiovasculaire. Et si nous adoptons une autre attitude vis-à-vis de la vieillesse, c’est-à-dire, si nous regardons le fait de vieillir comme un processus positif au lieu de nous focaliser sur les choses que nous ne pouvons plus faire, nous vivons plus longtemps. Une étude menée sur 1 000 participants de plus de 65 ans a souligné que les personnes qui faisaient ce choix voyaient leur durée de vie augmenter en moyenne de 7,5 années par rapport aux autres.

Je suggérerais aussi de s’exercer à la gratitude. Des chercheurs ont demandé à des personnes de noter chaque jour entre 5 et 10 choses pour lesquelles elles étaient reconnaissantes et ils ont découvert que cela les rendait plus heureuses.

Pour garder un esprit apaisé, ce qui est très sain car cela réduit le stress, je préconise une pratique quotidienne de la méditation. Les recherches ont prouvé que cela augmentait l’épaisseur (et donc la performance) de certaines parties clés du cerveau, comme la zone située au-dessus des yeux (surnommée le cortex préfrontal), qui nous aide à nous sentir plus positifs, à nous concentrer, et à mieux contrôler les pensées qui nous traversent l’esprit.

En dehors des éléments que je viens de citer, je recommande aussi d’adopter un régime équilibré. Un très grand nombre d’études récentes ont montré que les aliments complets, et les régimes à base de plantes, étaient excellents pour la santé. Ils renforcent notre système digestif, qui est lié au système immunitaire, et améliorent le microbiome intestinal. Et pour couronner le tout, ce type de régime est également bénéfique pour la planète !

Vous pourrez en apprendre davantage sur la relation entre le corps et l’esprit dans l’ouvrage intitulé Guérir grâce au pouvoir de l’esprit (éditions AdA).

 

Propos recueillis par Aubry François