Le sommeil est un phénomène miraculeux.
À la découverte de votre sagesse cachée…
Il y a la connaissance et l’information, mais il y a aussi le savoir intérieur profond. Et peut-être vaut-il davantage que tous les livres et médias réunis lorsqu’on est face à des questions existentielles. Quel est donc ce savoir intérieur, d’où vient-il et comment y accède-t-on ?
Extrait de Happinez 18 – ensemble
Je vais vous raconter l’histoire de Nāropa, un moine bouddhiste indien du xie siècle. Érudit, il était à la tête d’une université renommée. Un jour, Nāropa eut une vision. Il vit une vieille femme, très laide, une sorcière, qui le regardait de ses yeux luisants et lui demanda : « Nāropa, qu’es-tu en train de faire ? » « J’étudie la philosophie, la religion, l’épistémologie, la linguistique, la logique… », se mit-il à énumérer. « Comprends-tu aussi la signification de ce que tu étudies, ou comprends-tu seulement les mots ? » demanda la sorcière, et ses yeux brillèrent si fort qu’il n’osa pas mentir. « Je comprends seulement les mots », répondit-il. La vieille femme se mit alors à rire et à danser de joie, et sa laideur se transforma en beauté. « Oh ! pensa Nāropa, rendons-la encore plus heureuse. » « Je comprends aussi la signification », ajouta-t-il. La femme s’arrêta de danser, se mit à pleurer et redevint une vieille sorcière. « J’étais heureuse car tu disais la vérité. Je suis triste à présent car tu mens. Tu sais comme moi que tu ne comprends pas la signification profonde de tous ces mots. » Cette vision transforma Nāropa en un autre homme. Il quitta l’université et ne toucha plus jamais un seul ouvrage théorique. Il trouva un professeur spirituel et devint l’un des plus grands sages de la tradition bouddhiste. La vieille femme était une projection de Nāropa lui-même. À travers cette vision, il lui était clairement apparu que la seule connaissance livresque n’est pas le vrai savoir et qu’elle rend intérieurement laid, vieux et ridé. Seul le savoir vivant et spirituel est frais et rend beau.
Profond réservoir
Parfois, en vous éveillant le matin, vous savez quelque chose que vous ignoriez la veille. C’est comme si cela avait pénétré votre esprit depuis les profondeurs de la nuit. Ce peut être une chose infime, comme : « Zut ! j’ai mal orthographié ce nom hier dans mon rapport de travail. » Ce peut être quelque chose, au contraire, de lourd : « En fait, mon père préférait ses fils à ses filles. » La nuit, lorsque votre conscience éveillée est débranchée, il peut remonter des profondeurs un savoir que vos pensées et préoccupations frénétiques de la journée empêchaient d’affleurer. Le dicton le dit bien : « La nuit porte conseil. » Lorsque vous rêvassez, les yeux perdus dans le vague, par exemple dans le bus, dans votre bain ou en somnolant devant l’âtre crépitant, ce savoir intérieur peut jaillir des profondeurs de votre être. C’est comme si vous aviez soudain accès à un réservoir plus grand, plus profond de connaissances lorsque vous êtes moins concentré sur vos pensées que d’habitude. Ce réservoir se niche naturellement dans notre inconscient ; quant à savoir ce qu’il est précisément, la lumière est loin d’être faite. Certains experts comparent notre esprit à une cave sombre où l’on évoluerait avec une lampe de poche. On ne voit que ce que le faisceau éclaire, ignorant le reste des objets présents dans la cave. Mais l’on peut s’y cogner et se faire très mal. Pour accéder au savoir spirituel, il faudrait éteindre notre lampe de poche et donner à nos yeux le temps de s’habituer à l’obscurité. Lentement mais sûrement, on distinguerait de plus en plus de choses.
Source de sagesse
L’inconscient est une instance mystérieuse et il semble qu’il ne s’arrête pas là où notre personne s’arrête. Sans aucune transition, il passe à un niveau de connaissance bien supérieur, auquel nous n’accédons que sporadiquement. Les expériences spirituelles peuvent nous y connecter. Les rêves prémonitoires, par exemple, existent réellement. Le maître spirituel Barry Long a dit un jour que presque tout ce que nous vivons, nous l’avons déjà rêvé, bien que nous ne nous en souvenions généralement pas. Lors d’une méditation profonde, des visions limpides apparaissent également. Les personnes ayant vécu une expérience de mort imminente racontent parfois qu’elles ont vu le futur, ou qu’elles ont vu le schéma complet, et en couleurs, de leur vie et de leur mort, et qu’elles l’ont compris. Une telle expérience est impossible à expliquer ; elle ne rentre tout simplement pas dans notre paradigme trop étroit. Mais elle change radicalement les personnes qui l’ont vécue, qui vivent ensuite leur vie avec une très grande confiance, sans avoir peur de la mort. Plus vous tirez votre sagesse des profondeurs de votre être, plus votre confiance en vous devient inébranlable. C’est à cette source que les artistes puisent leur talent. Les écrivains, qui ont le sentiment que leurs romans s’écrivent tout seuls, ont également accès à ce réservoir. Tout comme les chercheurs qui, aidés d’une manière mystérieuse, font des découvertes “fortuites” ou des rencontres miraculeuses, ou se réveillent avec la pièce manquante du puzzle.
La tête et le cœur
Aujourd’hui, la conception usuelle de la science est que notre conscience est produite par nos cellules cérébrales. En dehors du cerveau, point de conscience donc, et encore moins de connaissance. Mais de plus en plus de scientifiques, comme Pim van Lommel (cardiologue et auteur de Mort ou pas) et Arie Bos (médecin et écrivain), ont là-dessus une tout autre opinion. Ils prétendent que notre cerveau agit comme une sorte de filtre face à la conscience cosmique. Il y a dans l’univers un océan d’informations dans lequel nous baignons. Le cerveau ramène la conscience universelle à des portions humainement supportables. Les bébés possèdent encore cette “conscience océanique” : ils se vivent comme Un avec le grand tout. Au fur et à mesure que nous grandissons et accumulons des connaissances ordinaires, que nous construisons notre compréhension, formulons des jugements et partageons le monde entre bien et mal, nous sortons peu à peu de cette conscience océanique jusqu’à en être exclus. « Notre conscience ordinaire transforme l’information en langage, explique Arie Bos, et de manière toujours linéaire, énonçant un fait après l’autre. Mais la réalité n’est pas linéaire, tout se passe en même temps. Les expériences spirituelles sont, elles aussi, holistiques, et non pas linéaires : elles consistent souvent en images qui montrent tout en même temps. C’est pourquoi les expériences spirituelles sont si difficiles à exprimer par des mots. Les personnes disent par exemple : “Tout était amour” ou “Je me sentais Un avec le monde entier et je savais comment tout s’agençait”. Il semble donc que notre cerveau nous entrave plus qu’il nous aide, dès lors que l’on sort de la logique linéaire. »
Retrouvez l’intégralité de l’article (et 5 exercices pour accéder à votre sagesse cachée) dans Happinez 18 – ensemble
Texte L. Thooft
Photo Samuel Austin/Unsplash