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Un autre regard scientifique sur le monde est possible…

Catégorie(s) : À découvrir, Sagesse & spiritualité, Développement personnel, Bien-être, Art de vivre, Nature

Deux représentants majeurs du paradigme post-matérialiste seront à Lyon le samedi 19 octobre 2019 à l’occasion du colloque “Pour un monde plus conscient” organisé par Vertical Project Média (www.vertical-project.com/colloque-conscience-lyon-2019.html) en partenariat avec Happinez, Yoga magazine et respire. Mario Beauregard et Dean Radin parleront de l’évolution du regard scientifique porté sur l’homme et le monde qui l’entoure. Qu’est-ce que le post-matérialisme ? Existe-t-il de véritables bases scientifiques pour un autre regard sur le monde ?

Sommes-nous un corps qui a une conscience, ou bien une conscience qui a un corps ? La question peut sembler farfelue, et pourtant elle se pose avec beaucoup d’acuité à mesure que nos sociétés s’enfoncent dans une crise du sens. Les traditions spirituelles et religieuses nous disent depuis toujours que nous sommes d’abord conscience mais les progrès de la connaissance ont relégué cette conviction au rang de simple croyance. « Je n’ai pas trouvé l’âme sous mon scalpel ! », s’est fameusement écrié Claude Bernard, fondateur de la médecine expérimentale. « Le cerveau secrète la pensée comme le foie secrète la bile », avait affirmé Pierre Cabanis avant lui. Pourtant nous sommes entourés et même constitués d’énergies, de forces, d’influences subtiles dont il n’est guère tenu compte par la médecine classique alors que là réside certainement la clé de notre bien-être.

 

Une hypothèse devenue dogme

Pour un nombre croissant de scientifiques et de philosophes, le matérialisme relève d’une hypothèse scientifique qui s’est transformée en idéologie et en dogme. Dans l’histoire des sciences, on a écarté le sujet, l’observateur, pour atteindre à une vision “objective” du monde. Puis on a écarté l’esprit, l’immatériel, puisque seule la matière avait une existence objective. Aujourd’hui, le sujet et l’immatériel font un retour fracassant sur fond de “renversement de paradigme”, c’est-à-dire une vision du monde qui donne la primauté à la conscience. Toute notre expérience de la réalité est une expérience de conscience et il faut parvenir à articuler cette conscience au cerveau, donc au monde de la matière. C’est le “problème difficile” de la conscience posé par le philosophe David Chalmers et qui n’a pas vraiment de solution à ce jour. Soit le matérialisme ne reconnaît pas d’existence propre à “la conscience”, réduite à l’activité des neurones, soit un certain dualisme cartésien considère la conscience comme une substance distincte de la matière, mais dont on ne sait pas comment elle se relie et s’articule à elle. Un autre courant, qui se rapproche de l’idéalisme en philosophie, prétend que la conscience est la réalité première, la substance fondamentale du monde, dans laquelle la matière apparaît. Selon Mario Beauregard, chercheur en neurosciences actuellement affilié au département de psychologie de l’Université de l’Arizona, la conscience a une existence propre et elle agit sur la matière.

 

Les sciences étouffées et entravées

Venue des réflexions autour de la physique quantique et des sciences cognitives, c’est une révolution qui reste pour l’heure confinée à des cercles d’initiés, mais dont les porte-parole ont une grande respectabilité scientifique. À l’issue d’un sommet international réunissant, en 2014, des scientifiques d’horizons divers (biologie, neurosciences, psychologie, médecine, psychiatrie), Mario Beauregard a co-créé un institut baptisé Académie pour l’Avancement des Sciences Post-matérialistes et publié un manifeste qui en est l’acte fondateur. En dix-huit points, le texte dresse un constat de l’obstacle que représente désormais le postulat matérialiste pour les progrès de la connaissance. « Selon ce système de croyances, l’esprit n’est rien de plus que l’activité physique du cerveau, et nos pensées ne peuvent avoir aucun effet sur nos cerveaux et nos corps, sur nos actions et sur le monde physique », lit-on en particulier. On sait pourtant aujourd’hui les capacités de guérison que recèlent de nombreuses méthodes thérapeutiques alternatives, et qui reposent bel et bien sur un travail d’intention. Le texte n’oublie pas ni ne dénigre les progrès permis par la « philosophie matérialiste », dont les « méthodes scientifiques […] se sont avérées hautement fructueuses car elles ont permis une meilleure compréhension de la nature, ainsi qu’un plus grand contrôle et une liberté accrue par le biais des avancées technologiques. Toutefois, la dominance quasi absolue du matérialisme dans le milieu académique a étouffé les sciences et entravé le développement de l’étude scientifique de l’esprit et de la spiritualité. »

 

Notre place dans la nature

Le fait de « négliger la dimension subjective de l’expérience humaine […] conduit à une conception fortement déformée et appauvrie de nous-mêmes et de notre place dans la nature. » Ne voit-on pas l’extrême urgence à retrouver le sens de ce qui fait la nature humaine et son lien avec ce qui l’entoure, vivant et inanimé ? « La science est d’abord et avant tout une méthode non dogmatique et ouverte d’acquisition de connaissances au sujet de la nature », et elle doit pouvoir avancer sans a priori ni tabou. « Cette méthode est basée sur l’observation, l’investigation expérimentale et l’explication théorique de phénomènes. La méthode scientifique n’est pas synonyme de matérialisme et ne doit être influencée par aucune croyance, dogme ou idéologie. » La persistance d’un présupposé matérialiste dans la science moderne est pourtant un anachronisme depuis plus de cent ans. Les explorations dans le domaine de la physique quantique ont en effet montré au-delà du doute que la matière aux échelles infinitésimales se réduit à de l’information en interaction avec la conscience de l’observateur. Il n’y a plus d’objet, il n’y a plus de matière, seulement une entité mathématique qui traduit la relation entre ce qui est observé et ce qui observe. « Le monde physique […] ne peut pas être compris sans faire référence à l’esprit », résume le manifeste pour une science post-matérialiste.

 

Nos pensées influencent le corps

Des expériences ont d’ailleurs montré que la conscience d’un observateur pouvait interférer avec le comportement soit ondulatoire soit corpusculaire d’une particule quantique comme un électron. Pour que cela soit possible, il faut que la conscience ait une existence propre, qui se traduise en termes énergétiques afin d’agir sur la matière. Il faut que l’énergie psychique et l’énergie physique soient une seule et même chose ou bien que l’une se transforme en l’autre. Des milliers de publications scientifiques documentent aujourd’hui les effets de la méditation ou le pouvoir de l’intention sur le corps. « De surcroît, des travaux en psycho-neuro-immunologie indiquent que nos pensées et nos émotions peuvent grandement influencer l’activité des systèmes physiologiques (par exemple : immunitaire, endocrinien, cardiovasculaire) connectés au cerveau. Par ailleurs, les études de neuroimagerie de l’autorégulation émotionnelle, de la psychothérapie et de l’effet placebo, démontrent que les événements mentaux affectent significativement l’activité du cerveau », poursuit le texte. Les phénomènes psi, les expériences de mort imminente et même la médiumnité produisent des résultats de recherche qui doivent être pris en compte dans notre description du monde. Dans le même temps, les questions fondamentales de la physique sont plus que jamais ouvertes : qu’est-ce que l’espace, qu’est-ce que le temps, qu’est-ce que la matière ? « Les données qui ne sont pas compatibles avec les théories et croyances des scientifiques ne peuvent être rejetées a priori. Un tel rejet appartient au domaine de l’idéologie, pas à celui de la science. »

 

L’existence d’un Esprit

Le matérialisme échoue « à expliquer comment le cerveau pourrait générer l’esprit et (est) incapable de rendre compte des évidences empiriques discutées dans ce manifeste. Cet échec indique qu’il est maintenant temps de nous libérer des chaînes de la vieille idéologie matérialiste, d’élargir notre conception du monde naturel et d’embrasser un paradigme post-matérialiste. »  Ce paradigme postule que « l’esprit représente un aspect de la réalité tout aussi primordial que le monde physique », et qu’il existe « une profonde interconnexion entre l’esprit et le monde physique », de sorte que « l’esprit (la volonté/l’intention) peut affecter l’état du monde physique et opérer de manière non-locale, c’est-à-dire qu’il n’est pas confiné à des points spécifiques dans l’espace (tels que le cerveau et le corps) et le temps (tel que le présent). » Comme le disait Erwin Schrödinger, codécouvreur de la physique quantique : « La conscience est un singulier qui n’a pas de pluriel ». Ainsi, les observations suggèrent « l’existence d’un Esprit qui englobe tous les esprits individuels », écrivent les auteurs du manifeste, alors que d’autres expériences aux portes de la mort suggèrent « la survie de la conscience […] et l’existence de domaines de réalité non-physiques. » Bien sûr, l’existence de la matière n’est pas rejetée : « La science post-matérialiste perçoit la matière comme un constituant fondamental de l’univers. »

 

Les auteurs de ce texte sont également pour la plupart des membres de l’Académie pour l’Avancement des Sciences Post-matérialistes. Outre Mario Beauregard, on y trouve Gary E. Schwartz (Pr. de psychologie et médecine), Lisa Miller (Pr. de psychologie), Larry Dossey (médecin), Dean Radin (ingénieur et psychologue), ou encore Menas Kafatos (physicien). Le manifeste en lui-même a été signé par des centaines de scientifiques et d’intellectuels, y compris en France. Même si la France est le dernier bastion du cartésianisme, elle s’honorerait à s’ouvrir davantage à ces réflexions. En effet, si les bases scientifiques d’une autre lecture du monde ne sont pas reconnues et valorisées, une large frange d’enthousiastes se tourne vers des sources alternatives, à la fiabilité douteuse.

 

Jocelin Morisson (journaliste scientifique)